Le maïs valorise les sols bien pourvus en matières organiques et l’irrigation. Il faut qu’il s’installe rapidement et tout doit être mis en œuvre pour assurer son bon démarrage. Le maïs s’accommode bien des techniques de l’agriculture biologique tant que la culture est bien maîtrisée et que les conditions pédo-climatiques sont favorables. Implantation Choix de la parcelle Place dans la rotation Les précédents conseillés sont les lentilles, les féveroles, la luzerne, le trèfle et le soja qui offrent un sol riche en azote et ne laissent pas trop de débris végétaux en surface. Il est toutefois envisageable d’implanter deux maïs consécutifs mais à condition de les intégrer dans un cycle de rotation. Derrière les céréales à paille, il est souhaitable de semer un engrais vert (cf. fiche L’agriculture biologique en Aquitaine), à la fin de l’été, pour le détruire environ un mois avant le semis du maïs. Selon l’espèce choisie, un girobroyage peut être nécessaire, suivi d’un passage de cover crop ou de cultivateur afin d’incorporer le chevelu racinaire et le couvert végétal lacéré et ainsi favoriser sa dégradation. Dans le cas d’un retournement de prairies, veiller à assurer un retournement précoce dans de bonnes conditions d’ensoleillement et de température pour diminuer les risques d’attaques de taupins, nématodes, vers blancs, etc. À ÉVITER : les crucifères (effet dépressif), les successions de cultures de printemps au-delà de deux ans (favorisent la flore adventice du maïs : chénopodes, morelles, amarantes). Préparation du sol • • • • Girobroyage des résidus ou engrais vert. Déchaumage. Labour superficiel. Faux semis : 1 ou 2 passages pour une préparation fine du lit de semences (cette pratique n’est pas possible dans tous les types de sol). Le maïs est une plante à cycle court dont les possibilités de rattrapage de défaut de levée et d’enracinement sont très faibles. De la germination au stade 4 feuilles, les facteurs limitants du maïs sont le froid, l’excès d’eau et les parasites (taupins, limaces, nématodes). Ils peuvent avoir une incidence non négligeable sur le rendement et donc, pour limiter ces risques, il faudra semer dans un sol ressuyé et réchauffé pour une levée rapide et une croissance régulière. Les grandes cultures biologiques en Aquitaine Choix des variétés (se référer au classement AGPM) Le choix variétal se fait sur cinq principaux critères. • La précocité • • • • Il faut tenir compte de la corrélation négative qui existe entre le rendement du maïs et la précocité des variétés. Dans tous les cas de figure, il faut choisir la précocité adaptée aux sommes de températures disponibles pour la région, à la date de semis prévue. La vigueur au départ et le port de la plantule Choisir des variétés vigoureuses au départ permet de limiter les risques d’attaques de parasites, les intoxications ammoniacales et les carences. Les variétés à port dressé résistent mieux au passage de la herse étrille. La résistance aux maladies et ravageurs La sélection variétale actuelle répond aux principaux problèmes posés par les maladies courantes. La rapidité de croissance au stade 8-12 feuilles Ce critère variétal permet au maïs de mieux concurrencer les adventices. La puissance de fertilité C’est l’aptitude pour une plante à toujours faire au moins un épi malgré les blessures provoquées par les parasites ou la herse étrille. Soyez vigilant, l’utilisation de variétés OGM est interdite. Rapprochez-vous de votre organisme de contrôle et suivez la réglementation en vigueur. Semis et densité • Ne pas semer trop tôt (entre le 25 avril et le 30 mai avec une température du sol supérieure à 10 °C) afin que la croissance juvénile soit rapide. • Densité de semis de 85 000 à 100 000 grains/hectare en fonction de la précocité. Entretien de la culture Fertilisation Fertilisation azotée Le maïs valorise très bien l’azote organique. Sa période de végétation coïncide avec le moment où la minéralisation des matières organiques est optimale surtout si l’eau n’est pas un facteur limitant. Les besoins en azote du maïs sont de 2,2 kg/q de grains produits et de 13 kg/t de matière sèche ensilage. La fertilisation couramment pratiquée est : • avant semis : compost* de fumier de volailles ou compost* de fumier de ruminants ; • en végétation : amendement organique à minéralisation plus rapide (guano, sang, plume)**. Dans les sols à bon pouvoir tampon (au moins 15 à 20 % d’argile), l’apport de compost ou de fumier peut être effectué en une seule fois au printemps, avant le semis. Dans les sols lourds et battants, qui restent froids et humides jusqu’au mois de juin, l’apport précoce de fumier frais, riche en azote (par exemple : fumier de volailles), risque de provoquer des problèmes d’intoxication ammoniacale et/ou une attaque de taupins. Le calcul des apports peut se faire à partir de la méthode des bilans (type AGPM), tenant compte des besoins du maïs calculés à partir de l’objectif de rendement, mais aussi des ressources (sol, précédent, matière organique, etc.). Grâce à une analyse de reliquats des années précédentes, on estime l’azote potentiellement minéralisable. Il est aussi possible de se reporter à la plaquette Maïs et azote (AGCA-AGPM). * Faire une analyse de l’amendement organique utilisé pour connaître sa valeur fertilisante. ** Se référer au cahier des charges en vigueur. Une fertilisation starter à base de guano (100 à 150 kg/ha) ou de farine de plumes hydrolysées (180 kg/ha), localisée près du rang, favorise un démarrage rapide de la plante. Fumure phosphatée et potassique Les exportations de phosphore (0,6 kg P205/q de grains) et de potasse (0,5 kg K20/q de grains) sont largement compensées par les apports de compost. Dans le cas d’apport de guano ou de précédent légumineuse, il faut prévoir un complément de P et K si le sol n’en est pas suffisamment pourvu (analyse de terre). Oligo-éléments Les apports réguliers d’amendements organiques préviennent en général les carences. Il faut en particulier éviter : • les pH faibles ou élevés : un chaulage trop important induit un déséquilibre et produit une carence en manganèse ; • un sol trop tassé ou trop riche en matière organique favorise la carence en zinc. Des problèmes apparaissent surtout sur des sols de marais, des rendzines, des sols sableux grossiers lessivés (type Sologne et Landes). Les besoins du maïs sont en majorité satisfaits par une absorption au niveau des racines. Dans ces conditions, une bonne alimentation de la culture dépend d’un bon développement racinaire. Une fertilisation efficace commence donc par une préparation appropriée de la terre : ni trop meuble, ni trop compacte. Désherbage La lutte contre les adventices est un élément déterminant de la réussite du maïs. Plante sarclée, son semis en ligne permet d’utiliser largement les techniques du binage. De plus, son développement végétatif est capable de recouvrir suffisamment le sol dès le deuxième mois de végétation. L’ itinéraire technique suivant permet de maîtriser les adventices : Avant le semis : réaliser des faux semis si la météo le permet. Au semis : utiliser les chasses mottes et semer dans un léger creux que l’on pourra combler ensuite pour recouvrir les adventices. En pré-levée : réaliser le premier passage de herse étrille pour détruire les jeunes adventices par temps ensoleillé ou d’écroûteuse en sols battants. A 3-5 feuilles : repasser la herse étrille (jusqu’au stade 5-6 feuilles) ou réaliser un premier binage avec une bineuse pattes d’oie. A 6-10 feuilles : biner et butter le maïs avec une bineuse à socs ou à étoiles en travaillant le plus près possible de la surface pour ne pas endommager le système racinaire (faute de matériel spécialisé, un vibroculteur équipé de pattes d’oie peut réaliser un binage correct). Dans certains cas (contrôle mécanique des adventices difficile, par exemple avec le chénopode), le désherbage thermique peut être utilisé sur la ligne (coût 300 à 400 F/ha). Irrigation Le maïs est très sensible au déficit hydrique sur la période allant de 20 à 30 jours avant la floraison (stade 8-10 feuilles) jusqu’à 10-15 jours après et même pendant la phase de remplissage du grain (de fin juin à mi-août). Il faut donc prévoir 2 tours d’eau de 25 à 30 mm avant la floraison, 1 pendant et 2 ou 3 après. Afin de répondre au mieux aux besoins du maïs, en fonction du sol et de la climatologie de l’année, il est conseillé de suivre les recommandations des messages irrigation de l’appui aux irrigants. Lutte contre les maladies et ravageurs • Les pyrales Trichogrammes (Pyratyp ou TR16) méthode de lutte simple, efficace efficacité à vérifier Champignon Beauveria.sp (Ostrinil…) • Les taupins La lutte doit être avant tout préventive. Il faut éviter l’accumulation de matières organiques insuffisamment décomposées, les sols acides peu ameublis, les zones avec résurgences d’eau... • Les limaces Il faut éviter les sols creux : bien réappuyer l’horizon de surface, ne pas laisser de débris végétaux superficiels et éviter la présence de multitudes de mottes en surface. • Les pucerons En cas de pullulation de pucerons et de déficience de la faune auxiliaire, il est possible d’avoir recours aux pyrèthres naturels ou à la roténone. • Le charbon des inflorescences Il s’agit d’une lutte préventive par le choix de variétés tolérantes. La récolte des parcelles contaminées est réalisée en dernier. Attention aux fumiers contaminés par les spores. Récolte Stade : récolter précocement avant l’arrivée (et les dégâts) des maladies (en particulier la fusariose) : 30 % d’eau pour les précoces contre 36 % pour les tardifs dentés. Rendements : 40 à 60 q/ha en non irrigué, 60 à 90 q/ha en irrigué. Broyer finement et rapidement après récolte (le jour même si possible afin de détruire efficacement les chenilles présentes dans la tige : pyrales, sésamies). Disquage rapide pour incorporer les tiges broyées et favoriser leur dégradation. fév. mars avril mai juin Amendement organique* et PK Fertilisation azotée Girobroyage Labour Déchaumage Faux semis Hersage Semis juillet août sept. oct. nov. Binage Buttage Irrigation Récolte déc. janv. Broyage Disquage * hors zone vulnérable Association Grandes Cultures d’Aquitaine Maison de l’Agriculture et de la Forêt Cité mondiale • 6, parvis des Chartrons 33075 BORDEAUX CEDEX Tél. 05 56 01 33 33 – Fax 05 57 85 40 40 AGCA Association Grandes Cultures d'Aquitaine Fédération des Civam et Associations Agrobiologiques d’Aquitaine Maison de l’Agriculture 271, rue Péchabout 47000 AGEN Tél. 05 53 77 83 53 – Fax 05 53 96 98 Rédaction : E. Marseille • Conception : CRAA • Impression : Imprimerie de La Roque • Crédit photos : ADAP, AGPM • Décembre 2000 Itinéraire technique et calendrier