R´
ESUM ´
E 5
FORMES DIFF´
ERENTIELLES ET INT´
EGRATION
1. Formes multilin´eaires altern´ees
Soit Eun espace vectoriel sur Rde dimension n. On dit qu’une forme k-
lin´eaire α:EkRest altern´ee si elle v´erifie l’une des conditions ´equivalentes
suivantes :
(i) pour toute permutation σ∈ Sk,α(xσ(1), . . . , xσ(k)) = (σ)α(x1, . . . , xk) ,
o`u (σ) est la signature de σ,
(ii) α(x1, . . . , xk) = 0 d`es que deux des xisont ´egaux.
On note ΛkEl’ensemble des formes k-lin´eaires altern´ees ( avec par conven-
tion, Λ0E=R). C’est un espace vectoriel de dimension n
k(en particulier 0 pour
k > n). Si {e1, . . . , en}est une base de E, alors {ei1. . .eik,1i1< . . . < ikn}
est une base de ΛkE, o`u {e1, . . . , en}est la base duale de Eet
ei1. . . eik(x1, . . . , xk) =
ei1(x1). . . ei1(xk)
.
.
.....
.
.
eik(x1). . . eik(xk)
Pour E=Rn, on note {dx1, . . . , dxn}la base duale de la base canonique. On
d´efinit le produit ext´erieur αβΛk+lEde αΛkEet de βΛlEpar
αβ(x1, . . . , xk+l) = 1
k!l!X
σ∈Sk+l
(σ)α(xσ(1), . . . , xσ(k))β(xσ(k+1), . . . , xσ(k+l))
On a
(i) βα= (1)klαβpour αΛkE, β ΛlE.
(ii) α(βγ)=(αβ)γ.
2. Formes diff´erentielles sur un ouvert de Rn
On suppose que Uest un ouvert de E=Rn. Une k-forme diff´erentielle sur
Sest une application α:UΛkE. Elle s’´ecrit de mani`ere unique
αx=α(x) = X
1i1<...<ikn
ai1...ik(x)dxi1. . . dxik.
On supposera g´en´eralement que αest C, c’est-`a-dire les coefficients ai1...iksont
C. On note Ωk(U) l’ensemble des k-forme diff´erentielle sur Ude classe C. C’est
un espace vectoriel. Notons que Ω0(U) = C(U). On d´efinit le produit ext´erieur
αβk+l(U) de αk(U) et de βl(U) par (αβ)(x) = α(x)β(x).
On d´efinit aussi pour tout kla diff´erentielle d=dk: Ωk(U)k+1(U) par les
propri´et´es suivantes :
(i) pour f0(U), df =Pn
i=1
f
xi(x)dxi,
(ii) pour αk(U) et βl(U), on a d(αβ) = β+ (1)kα,
(iii) d2= 0.
Soit ϕ:URnVRmune application de classe C. On d´efinit
l’image r´eciproque ϕαk(U) de αk(V) : pour X1, . . . , XkRnet xU,
on pose
ϕα(x)(X1, . . . , Xk) = α(ϕ(x))(dxϕX1, . . . , dxϕXk)
Si α=ai1...ik(y)dyi1. . . dyik, on obtient ϕαen rempla¸cant ypar ϕ(x) et dyi
par dxϕi. On a
(i) ϕ(αβ)=(ϕα)(ϕβ),
(ii) d(ϕα) = ϕ.
Soit αk(U). On dit que αest ferm´ee si = 0. On dit que αest exacte
s’il existe βk1(U) telle que α=.
Th´eor`eme. (lemme de Poincar´e). Si Uest un ouvert ´etoil´e de Rn, alors toute
forme diff´erentielle sur Uqui est ferm´ee est exacte.
3. Formes diff´erentielles sur une sous-vari´et´e.
Soit Mune sous-vari´et´e de dimension mdans Rn. Une k-forme diff´erentielle
sur Mest une application α:pMα(p) = αpΛkTpM. Etant donn´es
X1, . . . , XkTpS, on peut donc d´efinir le scalaire αp(X1, . . . , Xk) et ´etant
donn´es des champs de vecteurs tangents X1, . . . , Xk, on peut d´efinir la fonction
p7→ αp(X1(p), . . . , Xk(p)). On dit que αest de classe Csi cette fonction est
Cpour tous champs de vecteurs tangents C. On note Ωk(M) l’ensemble des
k-formes diff´erentielles sur Mde classe C. On d´efinit la somme α+β, le produit
ext´erieur αβ, la diff´erentielle et l’image r´eciproque comme dans 5.2. (en
utilisant le cas ´ech´eant l’application lin´eaire tangente `a la place de la diff´erentielle
usuelle).
En fait, au moyen de cartes, on se ram`ene `a des formes diff´erentielles sur
des ouverts de Rm: si ϕ:UMest une carte de Met si αk(M), on d´efinit
ϕαk(U) par
ϕα(u)(X1, . . . , Xk) = α(ϕ(u))(ϕ0(u)X1, . . . , ϕ0(u)Xk)
pour uUet X1, . . . , XkRm. Soit (Ui, ϕi) un atlas de M. On obtient
une famille de k-formes ϕ
iαk(Ui) qui sont compatibles dans le sens que
ϕ
iα=h
jiϕ
jαpour le changement de cartes hji :UiUj. R´eciproquement, ´etant
donn´ee une famille de k-formes αik(Ui) qui sont compatibles, il existe une et
une seule k-forme αk(M) telle que αi=ϕαpour tout i.
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4. Formes de volume
On appelle forme de volume sur un espace vectoriel Ede dimension nun
´el´ement non nul ωΛnE. Pour n= 1 on parle plutˆot de forme de longueur et
pour n= 2 de forme de surface. Soit (e1, . . . , en) une base de E. Alors ω(e1, . . . , en)
est non nul et pour tout TL(E) on a ω(T e1, . . . , T en) = det(T)ω(e1, . . . , en).
Une forme de volume ωd´efinit une orientation de de E: une base (e1, . . . , en) est
dite positive relativement `a ωsi ω(e1, . . . , en)>0.
On appelle forme de volume canonique d’un espace vectoriel euclidien
orient´e El’unique forme de volume ωtelle que ω(e1, . . . , en) = 1 pour une base
(e1, . . . , en) orthonorm´ee positive. Si (f1, . . . , fn) est une base positive quelconque,
on a ω(f1, . . . , fn) = pdet(G) o`u G= (< fi, fj>) est la matrice de Gram de
(f1, . . . , fn).
On appelle forme de volume d’une sous-vari´et´e Mde dimension mun
´el´ement ωm(M) tel que ω(p)6= 0 pour tout pM. Une forme de volume
existe ssi la sous-vari´et´e Mest orientable.
On appelle forme de volume canonique d’une sous-vari´et´e orient´ee Mdans
Rnl’unique forme de volume ωtelle que pour tout pM,ω(p) soit la forme de
volume canonique de l’espace vectoriel euclidien orient´e TpM. Son expression dans
une carte positive (U, ϕ) est
ϕω=pdet(G)du1du2. . . dum
o`u Gest la matrice des coefficients de la premi`ere forme fondamentale. Si M=S
est une surface r´eguli`ere dans R3, On a, pour tout pSet tout X, Y TpS,
ωp(X, Y ) = det(X, Y, n(p)), o`u n(p) est le vecteur normal de longueur 1.
5. Int´egration des formes diff´erentielles
Soit ω=a(x)dx1. . . dxnune n-forme diff´erentielle sur un ouvert Vde
Rnet Aun sous-ensemble mesurable de V. On d´efinit l’inegrale de ωsur Apar
RAω=RAa(x)dx1. . . dxnpourvu que cette derni`ere int´egrale ait un sens (c’est-`a-
dire si aest int´egrable sur A). Pour tout diff´eomorphisme ϕd’un ouvert Ude Rn
sur Vpr´eservant l’orientation, on a Rϕ1(A)ϕω=RAω.
Soit Uun ouvert de Rket ϕ:URndiff´erentiable. Si Best un sous-
ensemble mesurable de Uet ωest une k-forme diff´erentielle d´efinie sur un voisinage
de ϕ(B), on peut d´efinir RBϕωquand cela a un sens. Dans le cas d’une courbe
param´etr´ee γ:IRnet d’une 1-forme ω=Pn
i=1 ai(x)dxid´efinie sur un
voisinage de γ(I), on d´efinit
Zγ
ω=ZI
γω=ZI
n
X
i=1
ai(x1(t), . . . , xn(t))dxi
dt (t)dt
o`u γ(t)=(x1(t), . . . , xn(t)).
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Soient Mune sous-vari´et´e orient´ee de dimension m,ωune m-forme sur
Met Aun sous-ensemble mesurable de M. Supposons d’abord que A=ϕ(B) o`u
ϕ:UMune carte positive et Best un sous-ensemble mesurable de U. On d´efinit
alors RAω=RBϕωquand cette derni`ere int´egrale a un sens. Cela est ind´ependant
de la carte positive choisie. Dans le cas g´en´eral, on choisit une partition de l’unit´e
(hi) subordonn´ee au recouvrement (ϕi(Ui)) d’un atlas positif (ϕi, Ui). Soit Ai
l’intersection de Aet du support de hi. On d´efinit alors RAω=PiRAihiωquand
cela a un sens. Cela est ind´ependant de la partition de l’unit´e choisie.
6. Formule de Stokes
a) Domaines et sous-vari´et´es `a bord.
On dira qu’un sous-ensemble Dde Rnest un domaine `a bord si son
int´erieur IntDest non-vide et si sa fronti`ere D, qu’on appelle alors le bord, est
une hypersurface r´eguli`ere, c’est-`a-dire une sous-vari´et´e de dimension n1. Par
exemple, pour n= 1, un intervalle ferm´e born´e [a, b] est un domaine `a bord et le
bord consiste des deux points a, b. Pour n= 2, le disque D={(x, y) : x2+y21}
est un domaine `a bord et son bord est le cercle D ={(x, y) : x2+y2= 1}. Pour
n= 3, une boule est un domaine `a bord et son bord est une sph`ere.
On peut aussi consid´erer des sous-vari´et´es `a bord. Une sph`ere est une
surface sans bord (on dit aussi une surface ferm´ee) tandis qu’une h´emisph`ere
est une surface `a bord : le bord de l’h´emisph`ere nord est l’´equateur. Le bord d’un
cylindre consiste de deux cercles. En g´en´eral, une sous-vari´et´e `a bord est un sous-
ensemble d’une sous-vari´et´e de dimension m, d’int´erieur non-vide et dont le bord
(la fronti`ere topologique relativement `a la sous-vari´et´e ambiante) est une r´eunion
de sous-vari´et´es de dimension m1.
On consid`erera seulement des domaines `a bord et des sous-vari´et´es `a
bord orient´ees. L’orientation du bord doit ˆetre compatible avec l’orientation de
l’int´erieur. Dans le cas d’un domaine `a bord Ddans Rn, on demande que le
vecteur normal `a l’hypersurface D soit sortant, c’est-`a-dire dirig´e vers l’ext´erieur
de D. Dans le cas d’une surface `a bord Scontenue dans une surface orienee,
l’orientation du bord se lit dans une carte positive par la r`egle ci-dessus. Si un
observateur parcourt le bord de la surface avec sa tˆete dans la direction du vecteur
normal, la bonne direction est celle o`u la surface est `a gauche de l’observateur.
b) Enonc´e de la formule de Stokes.
Th´eor`eme. Soit Dun domaine `a bord compact dans Rnet ωune (n1)-forme
diff´erentielle d´efinie dans un voisinage de D. Alors
ZD
iω=ZD
,
o`u i:D Rnest l’inclusion et D a l’orientation compatible.
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Remarque. Cette formule est aussi valide pour une sous-vari´et´e `a bord M
orient´ee de dimension met une (m1)-forme diff´erentielle d´efinie sur un voisinage
de M.
c) Exemples.
(i) Pour n= 0, D= [a, b] et ω=fune fonction de classe C1efinie sur un
voisinage de D, c’est la formule
Zb
a
f0(x)dx =f(b)f(a).
(ii) Pour n= 1, Dun domaine du plan bord´e par une courbe de Jordan γet
ω=P dx +Qdy une 1-forme d´efinie sur un voisinage de D, c’est la formule
de Green-Riemann
Z ZD
(Q
x P
y )dxdy =Iγ
P dx +Qdy.
(iii) Pour n= 2, Dun domaine compact de l’espace bord´e par une surface ferm´ee
orient´ee Set ω=P dy dz +Qdz dy +Rdxdy, on obtient en introduisant
le champ de vecteurs X=Pi+Qj+Rket divX=P
x +Q
y +R
z la
formule de Gauss :
ZZZD
divXdxdydz =Z ZS
<X,n> dσ,
o`u nest le vecteur normal de Set est la forme de surface canonique.
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