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Nous assistons depuis quelques années à de profondes mutations dans les règles du marché amorcées
par la mondialisation et la globalisation des échanges, et accentuées par le développement des
nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Paradoxalement, le secteur
informel1 enregistre un développement remarquable.
En Algérie, le poids de l’économie informelle atteint 8 milliards de dollars chaque année selon Brahim
Bendjaber, président de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI)2. Ce chiffre illustre
le déséquilibre qui désarticule l’économie nationale.
L’un des aspects les plus informels dans l’économie de tous pays est la contrefaçon, forme de
concurrence déloyale. Du point de vue économique, la contrefaçon (brevets, marques, dessins,
modèles de produits) cause à l’économie un dommage considérable. En valeur, des estimations
conduisent à attribuer 5 à 7 % de part de marché mondiale aux produits contrefaits3.
Selon une étude menée par le groupe de protection des marques en Algérie (GPM), la contrefaçon fait
perdre à l’économie algérienne chaque année plus de 20 milliards de dinars (236 millions d’euros), 7
000 emplois et 14 milliards de dinars (165 millions d’euros) en recettes fiscales4.
En outre, les ventes des produits contrefaits n'étant évidemment pas officielles, elles se traduisent par
d'importantes pertes de recette fiscale pour les Etats. D’après le Directeur Général de l’ONDA, la
contrefaçon des phonogrammes et vidéogrammes en Algérie fait perdre à l’Etat des recettes fiscales de
l’ordre de 38 millions de DA ainsi que 33 milliards de centimes de TVA. Dans le domaine des droits
d’auteur, le Directeur Général de l’ONDA (l’Office national des droits d’auteur) a signalé que le taux
de contrefaçon en Algérie atteint 73% (contre 10 à 15% dans les pays du Nord)5. Les pertes sont
estimées à 207.000.000 de DA chaque année6.
Du point de vue managérial, la compétitivité est fondée sur l’innovation et la qualité. Or la
contrefaçon, crée une grande disparité en termes de compétitivité globale et un état d’immobilité
croissante pour l’entreprise. La contrefaçon fait perdre aux entreprises des parts de marché, et par
conséquent la baisse de leurs chiffres d'affaires. Elle menace l'emploi et amène les entreprises à revoir
à la baisse leur plan de développement.
Du point de vue marketing, la contrefaçon dégrade et banalise l'image des marques contrefaites, ainsi
que celle des entreprises authentiques. Elle pénalise les retours sur l’investissement des entreprises
innovantes7. Dans ce contexte, nous essayons dans ce travail, dans le cadre du marketing-mix du
produit, à expliquer la distinction entre la contrefaçon interdite comme aspect de concurrence déloyale
imposée par l'informel, et l’imitation tolérée en tant que stratégie d’un produit.
1 La définition internationale du “secteur informel » adoptée en 1993, à la 15ème Conférence Internationale des Statisticiens du Travail.
2 Synthèse de Ahlem, “L’économie souterraine en Algérie”, www.algerie-dz.com, d’après Liberté, avril 2007.
3 Rapport de l’OCDE, “Les incidences économiques de la contrefaçon”, 1998.
4 Synthèse de Billal, “L’Algérie désarmée face à la contrefaçon”, www.algerie-dz.com. D’après la Nouvelle république, janvier 2007.
5 Amel Blidi, “La contrefaçon en Algérie, un phénomène qui prend de l’ampleur”, Le Quotidien d’Oran : www.Actudz.com, Art 1, décembre 2005.
6 Z. Mehdaoui, “La contrefaçon en Algérie, un phénomène qui prend de l’ampleur”, Le Quotidien d’Oran : www.Actudz.com, Art 2, décembre 2005.
7 www.contrefacon-danger.com/publication/content/ART_9_243.php?archive=0&StartRow=0&order=1 consulté le 06/09/2007.