JANVIER 2012 # NEPHROGÈNE N°54 • 13
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DE L’AIRG-FRANCE
bli aussi quavec le temps, la dialyse saccompagne
de complications qui viennent progressivement ;
en particulier les complications cardio-vasculaires.
Un malade qui passe plusieurs années en dialyse
peut développer des calcications vasculaires ou
des problèmes cardiaques. Ceci peut expliquer
quune fois transplanté, la survie du greon soit
moins longue. Il faut bien entendu prendre tout
cela avec précaution sachant que nalement des
études montrent quune transplantation préemp-
tive ou après 6 mois de dialyse cest à peu près la
même chose. Globalement, lidée est quil faut
faire la transplantation le plus vite possible. Mais
bien entendu sil y a besoin de dialyser le patient
pendant quelques mois avant la transplantation il
faut le faire et les conséquences potentielles évo-
quées précédemment nauront guère le temps de
se manifester.
Suivant les recommandations de la Société Fran-
çaise de Néphrologie, linscription sur la liste
nationale dattente (LNA) à la gree seectue
lorsque la clairance de la créatinine devient infé-
rieure à 20 ml/min, ce qui correspond à une capa-
cité de 20 % de la fonction rénale, sachant que cest
entre 15 et 10 % de la fonction rénale que lon
choisit le moment où on doit débuter la dialyse. En
conséquence linscription sur la liste de gree au
seuil de 20 % nous donne quelque mois pour pré-
parer la gree avant datteindre le seuil de la dia-
lyse. Il y a aussi un facteur très important à prendre
en compte, cest la vitesse de détérioration. Vous
avez des patients à 20 % mais qui vont mettre plu-
sieurs années pour arriver à 15% et dautres qui ne
mettront quun an.
La situation idéale est donc celle où linscription
sur la liste dattente à la gree est actée avant la
phase de démarrage de la dialyse an de disposer
dun créneau de quelques mois au moins pour pré-
parer la gree. Il est évident que sil y a un don-
neur vivant le processus est beaucoup plus simple
à gérer ; on inscrit le patient sur la liste et on le suit
régulièrement en consultation clinique ; quand on
juge que sa fonction rénale nécessite une interven-
tion, au lieu denvisager le passage en dialyse, on
envisage la transplantation. uand le patient na
pas de donneur vivant et quil faille envisager une
gree cadavérique, la gree préemptive à partir de
20% nest pas automatique ; là encore la vitesse de
dégradation sera prise en compte dans la dénition
de lurgence. Lorsquun greon potentiel est dis-
ponible, il se peut aussi que la gree soit refusée au
prot dun receveur qui serait plus prioritaire.
Néphrogène : Une nouvelle loi bioéthique vient
dêtre promulguée ; quelles en sont les grandes
lignes ?
Pr Mourad : Après la loi de 1992 révisée en 2004,
la France vient en eet de se doter dune troisième
loi bioéthique (loi N° 2011-814 du 7 juillet 2011).
Comme les précédentes elle vise à adapter les textes
aux évolutions de la science et de la recherche, ce-
pendant le texte ne remet pas en cause les principes
fondamentaux de la bioéthique, à savoir : la dignité
de lêtre humain, le respect dû au corps, la protec-
tion de lembryon, lanonymat, la gratuité du don
et le caractère libre et éclairé du consentement.
Il faut savoir que cette loi régit de très nombreux
aspects, le don dorgane nen étant quune partie.
Elle aborde en eet :
• lexamen des caractéristiques génétiques à des
ns médicales
• le don dorganes et de cellules
• le diagnostic prénatal, le diagnostic préimplanta-
toire et léchographie obstétricale et fœtale
• l’ IVG pratiquée pour motif médical
• lanonymat du don de gamètes
• lassistance médicale à la procréation
• la recherche sur lembryon et les cellules souches
embryonnaires
• les neurosciences et limagerie médicale.
Néphrogène : Comment avez-vous été impliqués dans
la préparation et lélaboration de cette nouvelle loi?
Pr Mourad : Nous avons en France la chance davoir
une réexion globale des politiques par le truche-
ment des parlementaires auxquels sont associés les
patients, les professionnels, la société civile. De cette
réexion naît un ensemble de principes qui régissent
nos interventions et nos activités quotidiennes dans
ce qui touche à la vie. Nous avons été dune façon
générale sollicités comme professionnels et, en ce
qui me concerne à lépoque de la préparation de
cette loi, en tant que président de la Société Franco-
phone de Transplantation (société savante). Javais
également la responsabilité de mexprimer en tant
que président de la commission de transplantation
de la Société Française de Néphrologie.
Nous avions deux argumentaires très importants
à faire valoir, lun concernant la transplantation
de rein de cadavre et lautre celle de donneur vi-
vant. La transplantation de donneur cadavérique
est bien entendu multi-organes alors que pour le
donneur vivant elle est essentiellement centrée sur
le rein. Il faut savoir quen France 90 à 95 % des
donneurs vivants donnent un rein.