psychologue et l’infirmière, le groupe des garçons animé par un psychomotricien, au moins
deux éducateurs ou plus et moi-même, intégrée comme médecin. Depuis peu, ce groupe
accueille un second médecin.
C’est le groupe des filles qui a fonctionné en premier. Il s’agit d’un groupe qui mêle des
échanges verbaux et parfois des soins du corps.
Le groupe des garçons a eu plus de mal à prendre forme, il a nécessité davantage
d’élaboration institutionnelle. Il a fallu clarifier que les deux groupes n’étaient pas
symétriques, en particulier en ce qui concerne le rapport au « corps de l’autre » : en effet, les
filles entre elles, même autistes, à l’adolescence, témoignent d’une homosexualité latente
bien assumée dans ces échanges autour des soins corporels, ce qui fonctionne autrement
chez les garçons.
Dans le groupe des garçons, pas de soins du corps, mais un groupe fondé sur la parole,
quelques dessins, parfois ou des représentations schématiques à l’occasion, et, parfois
quelques théâtralisations de situations relationnelles.
Le choix d’un thème d’échange est le plus souvent laissé aux jeunes. Il peut être de notre
fait, si un événement important concernant la sexualité s’est produit dans l’institution.
Depuis peu, nous utilisons les séances filmées du Lucernaire
, mais il est trop tôt pour en
parler.
Les groupes sont dits obligatoires pour les patients, ce qui n’est pas sans poser problème :
forçage relatif des défenses de ceux qui aimeraient ne pas venir, thèmes abordés très
disparates et parfois encombrants pour tout le groupe, enfin, un patient qui va mal peut
sérieusement malmener le groupe entier.
En fait, nous respectons toujours le droit d’un patient de ne pas venir. Certains sortent en
cours de groupe.
Pour les « soignants », animer ce groupe à plusieurs nous permet de ne pas imposer nos
propres représentations de la sexualité : si les aspects très corporels de ces questions sont
plutôt laissés aux hommes du groupe plutôt qu’aux médecins, femmes, chacun d’entre
nous s’exprime avec ses mots, ses représentations, ses embarras qui sont forcément
marqués de nos personnalités différentes. Nous devons donc aussi beaucoup nous écouter
entre nous et parfois nuancer, compléter, approfondir le propos d’un intervenant. Cet
exercice nécessite confiance et respect entre les intervenants.
Des notes sont prises à chaque séance. Un temps de discussion entre les intervenants d’une
dizaine de minutes, à la fin du groupe, est nécessaire pour repérer ensemble les temps forts
de la séance ou les difficultés particulières qu’on y a rencontrées. Ce dispositif nous permet
de conserver le recul nécessaire pour ne pas nous engouffrer dans des projections de nos
propres représentations et pratiques de la sexualité, pour décrypter ce qu’un patient a voulu
dire et garder un ton commun qui s’est forgé au fil du temps : ne pas nous défiler devant des
propos ou des situations embarrassantes, tout en conservant une distance respectueuse. Ce
ton se repère dans le choix des mots : si nous ne condamnons jamais une formulation
familière ou argotique voire grossière d’un patient, nous la reprenons avec des mots usuels
en expliquant les différents niveaux de langue. Ce ton se retrouve aussi dans nos réponses
qui ne sont jamais normatives au regard d’une sexualité que nous pourrions imaginer
idéale.
En revanche, le fil rouge toujours tenu est celui de l’éducation aux interdits fondamentaux,
ce qui ne va pas sans répétitions.
Séances du théâtre forum effectuées avec la compagnie de théâtre P. Person et les patients de l’hôpital de
jour Santos-Dumont, depuis deux ans et demi, et filmées au théâtre du Lucernaire