La politique du médicament
Mémoire présenté à la
Commission parlementaire des affaires sociales
4 février 2005
Projet de politique du médicament
Collège des médecins du Québec
1
«La mission du Collège des médecins est de promouvoir une
médecine de qualité pour protéger le public et contribuer à
l’amélioration de la santé des Québécois».
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Le Collège des médecins du Québec vous remercie de lui permettre de vous présenter
le résultat de ses réflexions relativement au document intitulé La politique du
médicament rendu public le 16 décembre dernier.
Nous saluons le dépôt de cette politique qui se faisait attendre et dont la mise en place
était déjà requise par la Loi instaurant l’actuel Régime général d’assurance
médicaments (RGAM) en 1997. L’augmentation du coût des médicaments et de leur
utilisation menace de plus en plus la survie même du régime et rend urgente l’adoption
d’une telle politique pour sauvegarder l’objectif principal : que tous les Québécois aient
accès aux médicaments dont ils ont besoin. Tous reconnaissent, y compris le Collège
des médecins du Québec, que le RGAM est un acquis social important du Québec et
qu’il faut le préserver. Dans sa politique, le gouvernement soumet 34 propositions
s’articulant autour de quatre axes : l’accessibilité aux médicaments, le prix juste et
raisonnable, l’utilisation optimale des médicaments et le maintien d’une industrie
pharmaceutique dynamique. Arriver à concilier ces différents objectifs constitue un
véritable tour de force. Aussi, certains verront dans ce projet la tentative, un peu
utopique, de faire converger des intérêts divergents voire conflictuels. Nous y voyons
plutôt un défi qu’il est encore possible de relever; mais c’est à la condition de se donner
un objectif principal commun et de clarifier les rôles et les responsabilités de chacun.
Projet de politique du médicament
Collège des médecins du Québec
2
Sauvegarder le Régime général d’assurance médicaments
La tentation pourrait être forte de vouloir renoncer à l’objectif de départ, ce qui serait
une erreur. La hausse des coûts des médicaments et la disponibilité de nouveaux
produits ne s’arrêteront pas du simple fait que nous puissions remettre en question
l’idée d’un régime général d’assurance, bien au contraire.
Lors de la création du RGAM, le Collège des médecins du Québec avait exprimé son
accord avec les principales caractéristiques du régime : une accessibilité générale aux
médicaments avec une attention toute particulière aux plus démunis, un financement
mixte (privé/public) et l’appel à une certaine contribution des usagers. Tout en
réaffirmant la nécessité de préserver l’indépendance professionnelle des médecins, le
Collège suggérait des moyens pour favoriser leur collaboration. Lors des réévaluations
du régime réalisées en 2000 et en 2002, nous commencions toutefois à percevoir un
certain sentiment d’impuissance quant au contrôle des prix dans un libre marché. Dans
ses mémoires de l’époque, le Collège exprimait déjà ses préoccupations face à la
perspective que le contrôle des coûts se fasse à coup de mesures administratives
davantage axées sur des objectifs comptables que sur la qualité des services.
Heureusement, la qualité des services est une idée qui a quand même fait son chemin
et que l’on retrouve maintenant sous le thème de «l’utilisation optimale des
médicaments».
Choisir comme axe principal d’intervention l’utilisation optimale des
médicaments
Il est intéressant de constater que les quatre axes proposés reprennent, dans leur
séquence, l’historique du régime. Celui-ci est né en 1997 de la volonté de rendre
universelle l’accessibilité des médicaments à la population. Cependant, l’augmentation
constante de l’utilisation et du coût des médicaments a rendu nécessaires les
ajustements législatifs de 2000 qui permettaient de hausser la contribution des usagers
Projet de politique du médicament
Collège des médecins du Québec
3
tout en gelant le prix des médicaments. La notion d’une utilisation optimale des
médicaments est apparue plus tardivement. Mais elle constitue maintenant, selon nous,
la seule voie d’avenir. D’autant plus que le gel des prix ne peut durer.
Dans cette perspective, et ce sera notre première et principale suggestion, nous
croyons qu’une hiérarchie s’impose parmi les axes proposés et que les trois autres
axes doivent être assujettis à celui de l’utilisation optimale des médicaments.
Voilà en effet un objectif mobilisateur qui peut rallier tous les acteurs, comme l’a
démontré le colloque tenu sur ce thème en mai 2004 à Québec. Que cela soit dit
clairement : pour faire face à l’augmentation inévitable du coût du RGAM, il faudra
beaucoup plus qu’une opération comptable, un gel des prix, une liste de médicaments
et un contrôle administratif du médecin prescripteur. Cette responsabilité doit être
partagée et assumée par tous, et elle doit être basée sur une logique qui respecte à la
fois les données scientifiques, les besoins individuels et le bien commun.
On le dit dans le document de consultation, l’utilisation optimale des médicaments ne
concerne pas seulement les professionnels qui les utilisent, elle concerne également
les compagnies qui les produisent, les gestionnaires qui les paient et, finalement, les
patients qui les consomment. En fait, l’utilisation optimale des médicaments est la seule
issue possible pour tous les acteurs, même si ceux-ci ne le réalisent pas toujours :
- Pour le professionnel, cette approche centrée sur la qualité de la prescription est
encore le meilleur moyen d’aider un patient;
- Pour l’industrie, l’utilisation optimale des médicaments pourrait être vue comme un
mécanisme d’assurance-qualité après leur mise en marché, et une opportunité pour
rendre disponibles les résultats de la recherche et de l’innovation;
Projet de politique du médicament
Collège des médecins du Québec
4
Pour le gouvernement et le gestionnaire, une utilisation optimale pourrait permettre
de dégager la marge de manœuvre budgétaire nécessaire à la viabilité du régime et
à l’intégration des nouveaux médicaments, tout en améliorant l’efficience et
l’efficacité et en réduisant, notamment, les coûts associés aux effets secondaires
des médicaments;
- Pour la population, cela signifie l’obtention des effets attendus des médicaments et
une réduction des effets indésirables liés à une mauvaise utilisation, sans parler du
maintien de l’accessibilité aux médicaments.
L’utilisation optimale est en fait un objectif qui devrait permettre d’atteindre les trois
autres : l’accessibilité aux médicaments vraiment requis, le contrôle des coûts en
fonction d’objectifs de santé, et le dynamisme de l’industrie pharmaceutique en tant que
partenaire social.
Agir en impliquant tous les acteurs, dont les médecins
Qu’il soit d’abord clairement établi que ce n’est pas parce que le médecin prescrit des
médicaments qu’il est la source des problèmes auxquels le régime est confronté.
Peut-être existe-t-il des préjugés à cet égard?
Le médecin prescripteur doit se préoccuper non seulement de la santé de son patient
mais aussi de celle de la population dans son ensemble. À cet égard, il fait partie de la
solution et doit être supporté dans son rôle.
S’il y a place pour l’amélioration de la qualité des pratiques professionnelles pour
favoriser l’utilisation optimale des médicaments, ce sont d’abord aux ordres
professionnels, dont le Collège des médecins du Québec, qu’incombe cette
responsabilité.
1 / 20 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !