DEMANDE DES EXAMENS RADIOLOGIQUES ET RADIOBIOLOGIE I. Rappel Un examen radiologique repose sur : Justification : Il doit présenter une indication et une clinique. Optimisation. C'est-à-dire qu'on va le réaliser dans les meilleures conditions possibles Limitation. On va limiter les effets néfastes de l'imagerie (rayonnements, …) Responsabilité entre le demandeur et l'effecteur. L'information (consentement éclairé) Le rapport bénéfice – risque II. La demande d'examen A. Questions à se poser avant de prescrire Avant de prescrire un examen, il est important de se poser quelques questions telles que : Ai-je besoin de l'examen ? Maintenant ? L'examen a-t-il déjà été réalisé ? Ai-je expliqué le problème sur la demande ? Ai-je expliqué ce que j'attends de l'examen sur la demande ? Ai-je demandé le bon examen ? Le but est d'éviter la répétition du même examen ainsi que l'exposition des enfants, des femmes jeunes mais aussi des patients atteints de pathologies chroniques qui nécessitent beaucoup de ces examens. B. Qu'est ce qu'une demande d'examen ? La demande d'examen est une question a un collègue qui doit être bien posée, expliquée, argumentée (clinique +++). Il faut indiquer le but du dit examen et ce que l'on recherche. La demande doit être signée (ou au moins le nom du demandeur). De plus la prescription doit être écrite et justifiée. Il faut que les risques soient acceptés par le malade avant d'effectuer une quelconque demande d'examen. La réalisation de cet examen doit pouvoir permettre de poser un diagnostique et/ou de modifier un traitement Kevin CHEVALIER 1 C. Balance bénéfice / risque Pour qu'un examen soit réalisé, il faut que le bénéfice apporté par celui-ci soit supérieur aux risques encourus. Ainsi, on choisira toujours : L'examen le moins irradiant L'examen le moins agressif Mais l'examen le plus adapté et contributif. En cas de désaccord entre le prescripteur et le réalisateur c'est ce dernier qui a le dernier mot. D. Type d'imagerie Radiographie standard conventionnelle Disponibilité Irradiation Intérêt(s) Limite(s) Contreindication(s) Echographie Scanner IRM Grande Grande Grande (mais insuffisante) Faible Faible (sauf pelvis et enfants) Os Poumons Nulle Importante Nulle Etude des parties molles Poumons Urgences Vaisseaux Contraste limité Fréquence de la sonde Interface air/os Aucune Enfants Le contraste Os Parties molles Imagerie fonctionnelle Mauvaise définition spatiale Claustrophobie Pacemaker Clips chirurgicaux <1 mois et >10 ans Corps étranger métallique orbitaire Certaines prothèses cochléaires Obésité majeure Aucune (± femme enceinte) Kevin CHEVALIER Femmes enceintes Angiographie (Imagerie interventionnelle) Limitée à cause du coût du matériel et de la formation Importante mais sur peu de patients Intérêt majeur (curatif+++) Abord de la pathologie Absence d'indications 2 II. Radioprotection La radioprotection est un ensemble de mesures destinées à assurer la protection sanitaire de la population et des travailleurs. A. Principes de base 1. Justification C'est l'évaluation du rapport bénéfice / risque qui doit être faite avant chaque prescription et réalisation d'examen. Pour ceci, il existe un guide des bonnes pratiques. 2. Optimisation C'est le PRINCIPE A.L.A.R.A (As Low As Reasonably Achievable): Dose aussi basse que raisonnablement possible C'est-à-dire qu'on veut obtenir l'information diagnostique recherchée au moyen de la dose la plus faible possible. 3. Limitation Cela consiste en une limitation de l'exposition. NE CONCERNE PAS LES PATIENTS PUBLIC DOSE EFFICACE 1 mSv / an DOSE EQUIVALENTE Peaux, extrémités PERSONNEL < 20 mSv / an Cristallin GROSSESSE < 500 mSv / an < 150 mSv / an < 1 mSv de la déclaration à l'accouchement (9 mois) Les réflexes de la radioprotection sont pour les professionnels : Le temps : Moins de temps on passe au contact de la source, moins on y est exposé. La distance : Si on augmente la distance la dose est inversement proportionnelle au carré de la distance Des écrans (plomb ++) Kevin CHEVALIER 3 B. Les rayonnements ionisants Ce sont des rayonnements suffisamment énergétiques pour ioniser la matière. Il existe des rayonnements directement ionisants car ils sont chargés électriquement et vont ioniser leur parcours (rayonnements β et α) Il existe des rayonnements indirectement ionisant dits corpusculaires (Neutrons, Rayons X et γ) C. Modes d'exposition D. Les différents types de doses 1. La dose absorbée Elle représente l'énergie déposée par unité de masse dans les tissus. C'est une grandeur physique mesurable dont l'unité est le Gray (Gy). On la note D. 2. La dose équivalente Elle concerne l'exposition d'un organe ou d'un tissu particulier. La grandeur calculée est le Sievert (Sv). Elle est notée Ht. Ht = D x Wr Kevin CHEVALIER 4 Avec Wr : Facteur de pondération du rayonnement TYPE DE RAYONNEMENT X, γ et β Neutrons α VALEUR DE Wr 1 10 20 Ainsi, l'effet biologique varie en fonction de la nature du rayonnement. Remarque : Pour les rayons X : Ht (mSv) = D (mGy) 3. La dose efficace Elle traduit une exposition locale en termes d'exposition globale équivalente au corps entier La grandeur calculée est, elle aussi en unité Sievert (Sv) et est notée E. E = Σ (Ht x Wt) Avec Wt : facteur de pondération tissulaire (radiosensibilité de l'organe) C'est une dose fictive qui administrée au corps entier, induirait le même risque que l'ensemble des doses reçues par les différents organes. C'est donc un indicateur de risque qui permet de comparer des expositions. C'est donc un très bon outil de communication. E. Influence de l'âge et du sexe Kevin CHEVALIER 5 IV. Les différentes expositions A. L'exposition médicale 1. Idée générale 2. Exposition médicale en 2007 3. Rapport Kevin CHEVALIER 6 B. Les différents types d'exposition C. Exposition naturelle et due aux examens diagnostique DOSE EFFICACE / PERSONNE EXPOSITION NATURELLE EXPOSITION DUE AUX EXAMENS DIAGNOSTIQUES 2,4 mSv / an 0,4 mSv / an V. Radiobiologie Comme pour tout agent "toxique" la quantification est indispensable. Nb : le rapport peut être de 1 à 1 million entre une radiographie thoracique ou de la radiothérapie. C'est la dose qui fait le poison Kevin CHEVALIER 7 A. Irradiation aigue globale La dose létale 50% (DL50) chez l'homme est de 4 Sv. Stade Prodromes Latence 2 à 4 Sv Symptômes Nausées, vomissements, diarrhées, fatigue, malaises D'autant plus courte que la dose est forte Syndrome hématopoïétique : Lymphopénie, leucopénie, thrombopénie, anémie > 8 Sv Syndrome gastro-intestinal : Vomissements, diarrhées, hémorragie digestive, mort > 20 Sv Syndrome nerveux : Convulsion, coma, mort B. Risques potentiels 1. Mort cellulaire a. La nécrose C'est une agression majeure qui se signe par un signal d'agression et une réaction inflammatoire. Kevin CHEVALIER 8 b. L'apoptose C'est une mort cellulaire qui est physiologique. Elle intervient tous les jours pour le remplacement cellulaire ou la suppression de certaines cellules. Dans le cas d'une agression (moins importante que dans la nécrose) elle sera déclenchée par p53 + Back pour prévenir une mutation. c. La sénescence ou arrêt de la multiplication Les télomères sont des structures nécessaires à la stabilité des chromosomes. Ils sont renouvelés grâce à la télomérase. Or dans les cellules somatiques adultes, cette télomérase est absente. Ainsi, au fil des divisions cellulaires les télomères se raccourcissent jusqu'à la sénescence. NB : Une activité télomérase est observée dans la plupart des tumeurs solides. Ainsi on a une division cellulaire ininterrompue. 2. Cancérisation a. Gènes responsables Les proto-oncogènes Ce sont des gènes dominants. Ainsi la capacité d'initiation d'un cancer est plus grande pour ce type de gène mais beaucoup moins probable. Les anti-oncogène ou suppresseurs de tumeurs (p53 + Back) Ce sont des gènes récessifs. Ainsi il faut que 2 allèles soient inactivés pour avoir une tumeur. b. Cancers radio –induit Ce sont les mêmes cancers que ceux de la personne âgée. En effet, le cancer est une maladie du vieillissement cellulaire. Le plus souvent ils sont dus à une mutation ponctuelle sur un gène suppresseur de tumeur et une perte chromosomique éliminant l'autre allèle (délétion). De plus, il faut une baisse de l'activité du système immunitaire pour permettre le développement du cancer. Aucun cancer radio-induit n'a été prouvé pour une dose faible (< 100 mSv). Kevin CHEVALIER 9 3. Effet mutagène Les rayonnements ionisants ont pour cible : La structure membranaire La structure enzymatique L'ADN, ce qui amène à des mutations. C. Effets stochastiques et effets déterministes EFFETS DETERMINISTES EFFETS STOCHASTIQUES Fortes doses Obligatoires Existence d'un seuil Précoces (sauf cataracte) La gravité est fonction de la dose Faibles doses Aléatoires Pas de seuil Tardifs La fréquence est fonction de la dose /!\ PAS LA GRAVITE (loi du "tout ou rien") D. Radiosensibilité des cellules 1. Généralités La radiosensibilité varie dans le même sens que la capacité de division d'une cellule. Ainsi, plus une cellule se divise vite, plus elle est sensible Elle évolue aussi en sens inverse de son degré de différenciation. Plus une cellule est indifférenciée, plus elle est radiosensible. Les cellules souches seront donc beaucoup plus radiosensibles. En cas d'irradiation, ce sont ces cellules souches qui seront remplacées en premier pour un bon renouvellement du tissu. Les cellules sont beaucoup plus radiosensibles au moment de la mitose Kevin CHEVALIER 10 2. Tableau de radiosensibilité 3. Effets de la dose Pour une dose élevée on a une mort immédiate de la cellule Pour des doses plus faibles on a : Souvent une réparation fidèle qui amène à une cellule normale. Parfois une perte de la division entraînant une mort immédiate (première mitose) ou différée (quelques mitoses). Rarement une anomalie chromosomique, première étape vers le cancer. Kevin CHEVALIER 11 E. Effets des faibles doses Par définition une dose faible est une dose inférieure à 100 mSv 1. Tableau DOSE Très faible Un peu plus élevée (= irradiation naturelle : 2,4 mSv) EFFET Pas de signalisation Pas de réparation : les cellules endommagées meurent L'effet tissulaire ou général est nul L'organisme est protégé contre le cancer Stimulation des mécanismes de défense par : La cellule lésée Les cellules saines de l'environnement Pas de réparation des cassures double brin : mort des cellules lésées 20 mGy Quelques centaines de mGy Kevin CHEVALIER Activation des systèmes de réparation : --> Réparation fidèle --> Réparation fautive (la probabilité croit avec la dose et le débit de dose) Stimulation et prolifération des cellules compensatrices Augmentation du risque de réparations fautives Echappement cellulaire à l'intégrité tissulaire Echappement au contrôle de prolifération NB : Variable en fonction des tissus, du type de cellules 12 2. Relation dose-effet La proportion entre la dose et l'effet est très incertaine dans le domaine des faibles doses. On a 3 modèles : Le modèle réglementaire (linéaire) qui est le modèle le plus facile à comprendre et le plus drastique mais qui scientifiquement est peu juste. Le modèle quadratique, plus juste. Le modèle hormésis qui donnerait une corrélation positive des rayonnements pour de faibles doses. F. Chez la femme enceinte PERIODE DOSE-EFFET De 0 à 9 jours Loi du "tout (avortement) ou rien" De 9 jours à 10 semaines de grossesse < 100 mGy = Rien 100 à 200 mGy = IVG a débattre > 200 mGy = IVG conseillée Kevin CHEVALIER 13