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Quant aux actifs émergents, l'interprétation par le marché du récent discours de la Fed et la diminution
possible mais progressive du QE a été extrêmement binaire : hausse des rendements des Treasuries US,
hausse du dollar face aux devises émergentes et matières premières, baisse des actions émergentes et
hausse des taux émergents. L'idée étant que ces classes d'actifs n'auraient performé ces dernières années
que grâce aux liquidités fournies par les banques centrales, Fed en tête... En parallèle, les investisseurs
découvraient soudainement le ralentissement chinois et commençaient à s'inquiéter des troubles en
Turquie et au Brésil.
Le raisonnement est rapide et surtout il tire un trait sur les fondamentaux solides de la classe d'actifs : un
taux de croissance de 5pc du monde émergent (qui ne se réduit pas aux BRICS), un niveau d'endettement
moitié moindre que celui des pays développés, un équilibre budgétaire dans nombre de pays, des réserves
de change largement reconstituées depuis 2008, une démographie positive...
Le potentiel de l’émergent est toujours là bien présent.
Les niveaux actuels nous paraissent attractifs et sauf à ce que les taux de rendement US ne se dégradent
fortement et rapidement, la dette reste un support d’investissement intéressant.
Après s’être affichés en régulière progression jusqu’à fin mai et avoir réalisé des performances positives
sur 2013, les marchés actions ont nettement reculé depuis trois semaines, et plus brutalement lors des
séances boursières du 20 au 24 juin pour accuser des baisses de 10 % sur un mois. Le marché américain,
comme à l’accoutumée plus résistant, conserve malgré tout une avance substantielle sur 2013.
Ailleurs, le Japon a été moins affecté, aidé par la faiblesse du yen, mais c’est surtout sur les places
émergentes que les reculs ont été les plus forts avec des chutes moyennes de 20 % sur un mois.
Cette nouvelle phase de nervosité est assez brutale car surprenante, mais excessive, en particulier à court
terme. Compte tenu d’une conjoncture mondiale sans flagrante accélération de la croissance (zone euro en
récession légère), les raisons de manifester un enthousiasme exagéré sur les perspectives américaines
pourraient être mises à mal. Dans la préparation de sa succession à la tête de la Fed, Ben Bernanke laisse
finalement plus d’options possibles pour le futur, au risque d’une perte de crédibilité. Il n’en reste pas
moins probable que les taux obligataires se maintiennent à des niveaux plus élevés que précédemment
sans que cela soit gênant pour les marchés actions tant les primes de risques (décote moyenne des
actions relativement aux obligations) demeurent élevées (surtout en Europe).
Toutefois si ces anticipations de poursuite de redressement de la conjoncture se révèlent justifiées, elles
pourraient contribuer positivement à l’Europe et l’Asie et favoriser un regain d’investissement aux Etats-
Unis, ainsi que le maintien de fortes rentabilités des entreprises.
Bien qu’il faille garder à l’esprit que les excès de liquidités générées par ces politiques de reflation ont
représenté un élément moteur pour toutes les classes d’actifs, l’inflexion monétaire pourrait se faire de
façon plus graduelle. En revanche, les faibles expositions des investisseurs aux marchés actions, ainsi que
les attractives valorisations des actions, (en particulier sur la zone euro) par rapport aux rendements
obligataires (en dépit des récentes tensions), nous portent à considérer cette phase de recul comme une
bonne "fenêtre d’entrée" sur le marché actions, et ce, en dépit d’une possible poursuite de volatilité à
court terme.
En termes de choix au sein des actions, et en l’absence de certitude sur la poursuite ou pas de la hausse
des taux longs de marché, nous avons une exposition équilibrée entre titres de secteurs de
croissance défensive d’une part, et de secteurs cycliques et valeurs du secteur bancaire d’autre
part.
3/ Point allocation d’actifs
Les marchés financiers ont été significativement fragilisés par deux éléments essentiels.
D’une part, la croissance des zones émergentes demeure instable.
Dans plusieurs régions, le passage à un modèle économique reposant davantage sur la dynamique interne
que sur les exportations et l’investissement affaiblit momentanément l’activité. Cette situation est
génératrice de remous sociaux comme cela est par exemple le cas au Brésil.
Par ailleurs, les autorités préfèrent ne pas encourager une relance trop hâtive, pour le moment, comme
dans le cas de la Banque de Chine qui demande au secteur financier de marquer une pause dans l’octroi
de crédit et d’effectuer préalablement un exercice de transparence.