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ENJEUX ET PERSPETIVES DU SECTEUR INFORMEL EN AFRIQUE
La question de développement de l’Afrique est devenue une préoccupation majeure de la Communauté
internationale. Aujourd’hui, plusieurs zones du globe connaissent une implantation progressive de l’émergence
économique, mais force est de constater que malgré quelques succès mitigés, l’Afrique présente toujours des
résultats insuffisants. Cette situation est beaucoup plus marquée dans la partie subsaharienne qu’affirme René
Dumont, « l’Afrique est mal partie». Plusieurs facteurs expliquent les raisons de ce blocage économique.
D’après le récent rapport fait par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en 2011, sur
quarante deux (42) nations identifiées comme ayant « la plus faible valeur de l’Indice de Développement
Humain », trente quatre (34) se trouvent en Afrique
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. Ajoutant à cela, la dépendance financière extérieure qui
est l’une des manifestations les plus évidentes, en plus l’endettement croissant des Etats africains dû à la
mauvaise politique en matière de développement, lesquels seraient à l’origine du retard accusé de son
décollage économique.
C’est pourquoi, selon l’analyse macro économique faite, l’Afrique est classée parmi les pays pauvres très
endettés (PPTE), et elle reste le seul continent au monde le plus touché par l’extrême pauvreté. Mais à l’heure
actuelle, les territoires africains apparaissent comme de nouveaux espaces créateurs de richesses et
constituent de ce fait, un angle de recherche pour stimuler l’analyse des capacités sur l’entrepreneuriat local
neutralisé par l’absence de moyens financiers. Bien que l’Afrique dispose d’immenses potentialis de
ressources naturelles, mais qui demeurent inexploitées. La relance du secteur informel peut être une voie pour
l’aider à résoudre le problème de son déséquilibre économique.
Ainsi, que faut-il entendre par le secteur informel? Puis, ce secteur présente-t-il combien de variétés
d’activités ?
Le secteur informel selon le Bureau international de Travail (BIT), se définit comme « un ensemble d’unités
produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les
personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de manière
spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les
relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi occasionnel, les relations de parenté
ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en
bonne et due form
2
.
En effet, le secteur informel présente une gamme variée d’activités difficile à les définir. Ainsi, on distingue :
L’informel de production (agriculture périurbaine, production horticole, menuiserie bois et métal,
etc.);
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Rapport du PNUD, 2011.
2
Bureau international de Travail, 1993
2
L’informel d’art (bijouterie, sculpture, tissage, couture, broderie, maroquinerie, cordonnerie, peinture,
etc.) ;
L’informel de services (restauration populaire, transports urbains, coiffure, réparation mécanique ou
électrique, etc.) ;
L’informel d’échanges (petites industries, distribution, commerce, change, tontines etc.).
On se demande aujourd’hui, est- ce le secteur informel a d’impact dans l’économie de la sous région Afrique ?
Dans le contexte actuel, quel problème ce secteur rencontre t-il? Et comment peut-on relever les défis pour
une véritable intégration régionale de l’Afrique?
I Impacts du secteur informel dans la sous région Afrique.
Devant tant de questions, nous pouvons jeter des regards croisés sur le développement en Afrique pour lancer
des investigations objectives sur le problème de la croissance économique africaine. Aujourd’hui, pour une
intégration plus évidente de l'Afrique dans l'économie régionale peut stimuler les échanges commerciaux pour
la croissance économique à l’échelle régionale et mondiale. Pour qu’il ait une véritable croissance économique,
un accent particulier doit être mis sur le secteur informel, qui peut être soutenu qu’à travers le transfert de
connaissances en vue de l’intégration régionale de l’Afrique. C’est pourquoi, le recours aux poly activités est un
atout pour l’intégration régionale en Afrique. Le souci consisterait à multiplier les activités du secteur informel.
Car il joue un rôle très important en Afrique et constitue d’une part comme l’une des principales sources
d'emploi et de revenu, d’autre part l'un des gros producteurs de biens et de services et donc l’un des
contributeurs au produit intérieur brut (PIB) de l'économie. Selon l'Organisation International de Travail, au
cours des années 2000 en Afrique, la population active a augmenté de 96 millions de personnes, tandis que le
nombre d'emplois créés a augmenté de seulement 63 millions, soit un écart de 36 millions personnes sont
employés dans le secteur informel.
A l’heure actuelle, ce secteur reste toujours un acteur c du marché du travail sur le plan de l'intégration
régionale de l’Afrique. Tandis que les statistiques officielles indiquent que le commerce intra-africain
représente seulement 12,8 % du commerce extérieur total en 2011
3
. Quelques études spéciales ont trouvé
que le commerce transfrontalier informel représente de 15 % du commerce extérieur total au Nigeria à plus de
20 % dans des pays comme la République Centrafricaine et la Guinée équatoriale.
La récente enquête administrée par la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (UNECA)
montre que secteur informel est devenu le principal pourvoyeur d'emploi urbain et rural, bien que les
entreprises modernes assurent encore 80 % de la valeur ajoutée non-agricole. On peut toutefois affirmer que
l’informel a toujours été le principal moteur de la croissance économique. Dans la sous région, on assiste à la
création des micro-entreprises de construction des maisons, des fabricantes de meubles et des petites
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Rapport de la CEA sur les Perspectives Économiques en Afrique 2012.
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industries agroalimentaires, qui constituent comme l’un des moyens de lutte contre la pauvreté. D'un côté,
les petits producteurs appartiennent à des réseaux caractérisés par des relations interpersonnelles de
confiance et de coopération et liés aux unités domestiques par l’utilisation de la main-d’œuvre familiale, mais
qui sont insérés au marché, qui subissent la concurrence. En effet, plusieurs travaux montrent que les activités
informelles sont incompatibles aux normes économiques et à l’économie de marché. En outre, les échanges
informels trouvent leur source dans les disparités des politiques économiques, financières, monétaires et
commerciales bien distinctes selon les pays. Les activités informelles se déploient sur des espaces frontaliers, à
partir de réseaux marchands différenciés selon les régions, et structurés depuis longtemps. Sur la base de
solidarités ethniques et d'échanges régionaux, le comportement des acteurs n'est pas irrationnel s'insère dans
un cadre communautaire de référence. C’est pourquoi, la volonté des uns est de rendre officiel l'informel.
L'économie informelle dégage des ressources et représente un facteur de décollage économique.
De nos jours, on se rend compte qu’à de l’artisanat traditionnel se développe, l’informel de production,
qui vend des produits comparables aux biens et services modernes, mais les pouvoirs d'achat sont plus faibles
et avec des moyens plus limités. Les stratégies développées par l’informel de production nécessitent
l’adaptation des acteurs, la recherche et mise en œuvre des innovations technologiques, l’articulation avec le
secteur moderne, trois types d’activités sont à retenir à savoir : l’agriculture périurbaine, les activités de tissage
et la menuiserie de bois, illustrent ci-après à leur manière et ces dynamiques dans les contextes bien différents.
D’où une partie des citadins s’adonne à l’agriculture périurbaine, qualifiée de l’agriculture vivrière peu
développée. La population a troudans cette activité deux motifs de satisfaction : la création d’emplois et
l’approvisionnement en produits frais. Le rôle de l’agriculture périurbaine dans l’emploi, l’alimentation des
villes et surtout son mode de fonctionnement font qu’elle est ici abordée comme un pan de l’économie
informelle.
Les activités de tissage qui sont anciennes, ont su s’adapter à la modernisation des sociétés, notamment dans
le domaine de l’habillement. A côté du secteur de survie, on assiste ici à un mouvement dynamique soutenu
par la demande, accompagné par une innovation technologique. Ce secteur a un effet multiplicateur important
pour les nombreuses filières connexes allant de la culture du coton en passant par sa récolte, la filature, la
teinture, le tissage, la bonneterie, la confection, le lavage et la commercialisation. Ces différentes filières font
du secteur textile le plus grand pourvoyeur d’emplois en Afrique de l’Ouest après le secteur agricole. Le secteur
de tissage au Mali utilise environ 65 % des artisans, ensuite 50 % au Burkina Faso puis 40 % au Ghana.
Au Mali, la teinture du basin a connu un essor, il compte actuellement plusieurs milliers d’ateliers de teinture.
Cet artisanat s’est aussi développé ailleurs dans la sous-région avec des pôles importants en Guinée, au
Sénégal, au Bénin et au Nigeria, chaque région s’efforce à évoluer vers une performance. Les teinturières
maliennes demeurent cependant les plus réputées. Les actions les plus innovantes concernent l’abandon
progressif des teintures traditionnelles tirées de l’indigo et des écorces d’arbres, qui ne sistent souvent pas
au lavage. Ces produits sont ensuite remplacés par les colorants chimiques importés d’Europe.
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Or, le développement du textile traditionnel a connu des innovations parallèles tant dans le domaine de la
filature, du tissage que de la teinture. Ces innovations confèrent à ces tissus une nouvelle qualité qui pousse les
créateurs de mode à s’y intéresser et laissent penser que le secteur textile traditionnel peut devenir l’une des
composantes du décollage économique. La menuiserie du bois fait partie des secteurs les mieux encadrés de
l’artisanat africain. Elle concerne à la fois l’informel de production, de services et d’art. Au Bénin, les
menuisiers se sont constitués en coopératives sur l’ensemble du territoire national. Mais, ils peuvent être
classés en trois catégories :
La première catégorie rassemble le plus d’adhérents. Elle est constituée d’artisans qui travaillent à la main et
sans aucun équipement en dehors de la scie et du rabot. Ils travaillent le bois de façon mécanique pour
produire de petits objets de consommation courante.
Les artisans de la deuxième catégorie sont plus installés dans les petites agglomérations et les quartiers
périphériques des principales villes. Ils disposent d’un minimum d’équipements et utilisent les services de
scierie pour préparer les bois qu’ils transforment en fauteuils, meubles de salon de niveau moyen, tables à
manger, chaises et portes en bois, etc. Ces artisans peuvent accéder à de petits marchés liés à l’habitation ou
travailler sous-traitance pour les menuisiers de plus grande envergure et pour quelques entreprises de
construction.
La troisième catégorie de menuisiers du bois fait partie des « entreprises émergentes », établies sous forme de
Petites et Moyennes Entreprises (PME) et possèdent un équipement important et bien organisés. Ces
menuisiers peuvent répondre à des appels d’offre ou participer à de gros chantiers de construction. La
production est plus diversifiée, ce qui permet à ces PME d’exporter des meubles vers les pays limitrophes et
parfois vers l’Europe. La plupart de ces entreprises utilise d’importante main-d’œuvre composée d’ouvriers, de
machinistes, de décorateurs, de matelassiers et de dessinateurs. Actuellement, ce métier fait face à beaucoup
de difficultés liées au coût d’installation, aux normes de construction, à la rareté d’une main-d’œuvre qualifiée
et des matières premières etc. Toutes ces contraintes se traduisent par des difficultés pour trouver des
marchés.
L’informel apparait comme le principal pourvoyeur d’emplois. Au niveau des villes côtières, les unités du
secteur informel contribuent à 37 % du Produit Local Brut (PLB). Il est à noter que ce secteur contribue en
revanche peu aux dépenses publiques locales liées à l’urbanisation (eau, électricité, voierie...). De nombreuses
activités de l’informel ne sont peu assujetties aux impôts et taxes. Il en résulte que les collectivités locales
disposent de budgets qui ne reflètent en aucun cas le dynamisme économique des villes. Pourtant, des
expériences menées dans la sous région montrent que la marge de manœuvre des responsables locaux est
importante en matière de mobilisation de ressources locales. En dépit des efforts croissants déployés en vue
d’analyser l’économie informelle, les activités correspondantes demeurent insuffisamment mesurées voire non
enregistrées à l’échelle nationale.
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Les réseaux de commerce informel au niveau régional, représentent 12,5 % des échanges dans l’espace
CEDEAO. Mais il en résulte que ces réseaux s’effectuent sur une base intra-régionale. Le commerce régional
représente en réalité plus du double de commerce extérieur. Cependant, le poids dans les échanges de la
région des exportations de pétrole et la nature informelle d’une bonne partie des échanges entre pays non
exportateurs de pétrole, conduisent à sous-estimer l’importance de ce commerce, qui peut-être un véritable
moteur de l’intégration régionale. Les commerçants exploitent les opportunités liées à la production agricole
et industrielle régionale. La libre circulation des marchandises au niveau de la sous région Afrique doit faciliter
ces échanges et la création d’un marché régional. A cela s’ajoute la difficulté qu’éprouvent les acteurs à opérer
des transactions financières entre les pays, soit pour des raisons techniques ou pour des motifs
réglementaires : inconvertibilité des monnaies entre la zone francophone et la zone anglophone.
Les échanges informels s’appuient sur des réseaux marchands couvrent toute la sous-région. Les plateformes
commerciales entre les pays d’Afrique, les plus grandes de la région écoulent des biens manufacturés en
provenance de l’Europe, de l’Asie et du Moyen-Orient. Ces échanges sont devenus un facteur de régulation et
d’une meilleure distribution des richesses dans la zone. Au niveau local, l’informel joue un rôle incontournable
dans les échanges commerciaux et a réussi à avoir un poids dominant sur l’économique nationale.
En effet, la constitution des groupements régionaux peuvent relever d'un interventionnisme étatique, du jeu
des acteurs, ou d'une ouverture sur l'extérieur à partir de l'économie de marché : Le rôle de l'État se diffère
d’un continent à un continent. Sa légitimité, sa constitution, le comportement d'ordre ethnique et religieux,
constituent des variables à intégrer dans les politiques économiques africaines. Car elles influent sur les
grandes orientations politiques, sur la hiérarchie des objectifs sur le rôle assigné aux organisations sur le poids
et le respect des conventions sur la place laissée aux entreprises. Alors qu'en Asie de l’Est, le cadre libéral
relatif aux mécanismes de marché est un modèle pour l’Afrique de redynamiser le secteur informel en vue de
la réglementation administrative, qui tend à canaliser des dynamiques comportements.
A propos du jeu des acteurs, les enquêtes de terrain montrent que les politiques macro-économiques décidées
d'en haut se heurtent aux comportements des agents du bas. Les exemples récents des programmes
d'ajustement structurel en Afrique subsaharienne peuvent en témoigner. Il convient donc de tenir compte des
stratégies des acteurs insérés dans leur environnement social le plus proche.
Enfin, en Asie le secteur informel constitue un facteur non négligeable dans l'intégration sur la base d'un
potentiel de petites entreprises dont les responsables qualifiés ont des comportements d'entrepreneurs
dynamiques. L'acteur économique asiatique peut ainsi déployer son esprit d'initiative d'autant qu'il bénéficie
de conditions macro économiques initiales favorables : économies protégées, interventionnisme étatique avec
un rôle efficace d'orientation des ressources vers des projets à long terme (révolution verte, développement
des infrastructures), politique de substitution aux importations à partir de stratégies cohérentes, clairement
définies, liberté d'entreprendre, taux de change adapté aux conditions du marché, mécanismes du marché non
bridés. Il trouve donc dans le secteur informel des espoirs de réussite.
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