Urticaires chroniques chez l’adolescent
ADOLESCENCE & Médecine • Décembre 2015 • numéro 10 17
– l’urticaire retardée à la pression est
souvent très œdémateuse, mais peu
courante chez l’enfant, survient 3 à
12 heures après la pression, persiste
plus de 24 heures et est résistante au
traitement antihistaminique.
– l’urticaire solaire est rare avec une pré-
dominance féminine, parfois associée à
des photodermatoses qui devront être
recherchées (lupus érythémateux, etc.).
– les UC à la chaleur, aquagénique
et angioœdème vibratoire, sont
exceptionnelles.
• Les urticaires alimentaires : les ali-
ments et les additifs peuvent être impli-
qués plus rarement dans l’UC que dans
l’urticaire aiguë. Dans l’UC, il s’agit de
pseudoallergie alimentaire, du fait de la
consommation d’aliments histamino-
libérateurs, riches en histamine. Le rôle
des aliments dans l’UC est cependant
controversé. Dans une étude, un lien de
cause à effet entre les aliments et l’UC
est retrouvé. Les crevettes, les palourdes,
et les huîtres étaient responsables chez
l’enfant et l’adolescent dans 7 % des cas
d’une allergie alimentaire confirmée. Le
régime d’exclusion a permis la guérison
dans plus de la moitié des cas (6).
• Les urticaires médicamenteuses : les
anti-inflammatoires non stéroïdiens,
au premier plan duquel se situe l’aspi-
rine (hypersensibilité dans 10 à 24 %),
ainsi que les antibiotiques comme les
bétalactamines peuvent être respon-
sables d’UC.
• Les urticaires auto-immunes : elles
sont souvent diagnostiquées dans la
littérature grâce au test du sérum au-
tologue retrouvé positif chez plus de
30 % des enfants et des adolescents,
mais du fait sa non-corrélation avec
la sévérité de l’UC ni avec une plus
grande résistance au traitement, sa
réalisation n’est pas conseillée (7).
• L’œdème angioneurotique : il est
dû à un déficit quantitatif, voire plus
rarement qualitatif, de l’inhibiteur
de la C1 estérase. On l’évoque devant
des angioœdèmes des paupières, des
extrémités et des organes génitaux
externes. L’atteinte du tube digestif
est fréquente, responsable de dou-
leurs abdominales et de syndrome
pseudoocclusif souvent révélateur. Le
pronostic est lié à l’atteinte laryngée.
Les traumatismes tels que la chirurgie,
l’endoscopie ou la prise d’œstrogènes
sont des facteurs déclenchants évo-
cateurs. La plupart des cas sont héré-
ditaires avec une transmission auto-
somique dominante. Le diagnostic
repose sur le dosage de l’inhibiteur du
C1 et les fractions du complément C2
et C4, qui sont abaissées (8).
COMORBIDITÉS
L’auto-immunité thyroïdienne avec
des anticorps anti-thyroperoxydase
positifs est une association retrouvée
sans que l’on sache son lien de cau-
salité. La plupart des enfants ont une
hyper ou hypothyroïdie qui existe
avant ou après la survenue d’une UC.
Un traitement substitutif par la thy-
roxine fait parfois régresser l’UC. La
dépression/l’anxiété, les maladies au-
to-immunes, la maladie caeliaque (un
régime sans gluten peut guérir l’UC),
l’atopie ou la gastrite à Helicobacter
pilori peuvent être associées.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
On exclut du diagnostic les vascula-
rites urticariennes (dont les lésions
ont pour particularité d’être fixes
et non prurigineuses), la pemphi-
goïde bulleuse (à laquelle s’associent
des bulles) ainsi que les maladies
autoinflammatoires.
TRAITEMENTS DES
URTICAIRES CHRONIQUES
Il faut tout d’abord éliminer les stimuli
déclenchant l’UC.
• En première intention, on administre
des antihistaminiques (anti-H1) non
sédatifs de seconde génération (lévo-
cétirizine, cétirizine, desloratadine,
loratadine…).
• En deuxième intention, la posologie
des antihistaminiques (anti-H1) non
sédatifs de seconde génération est
augmentée, ou bien ils sont donnés
en association avec un autre antihis-
taminique (anti-H1 en veillant bien
à l’absence d’effets sur le myocarde
ou anti-H2). On peut également les
associer avec soit un antagoniste du
récepteur des leukotriènes (monté-
lukast, néanmoins l’AMM pour l’UC
n’est pas délivrée) soit avec un anti-
histaminique de première généra-
tion sédatif au coucher (hydroxyzine,
mequitazine).
• En troisième intention, on augmente
la posologie des antihistaminiques
de première génération sédatifs (hy-
droxyzine, mequitazine).
• En quatrième intention, les antihista-
miniques anti-H1 sont associés avec
l’omalizumab (anti-IgE, dans les cas
d’UC de plus de 7 ans d’évolution), des
anti-inflammatoires ou bien avec les
corticoïdes (3-5 jours). Les corticoïdes
sont néanmoins peu efficaces sur l’UC
à la pression et ne peuvent pas être uti-
lisés sur le long terme.
En ce qui concerne l’œdème angio-
neurotique, le traitement prophy-
lactique (plus d’une poussée/mois)
consiste en l’administration soit de
danazol (androgène qui augmente la
synthèse hépatique d’inhibiteur de la
C1 estérase) soit de l’acide tranexa-
mique (en cas de contre-indication).
Dans les cas de crise grave, une per-
fusion d’inhibiteur de la C1 estérase
purifiée à partir du plasma humain ou
injection d’icatiban plus ou moins aux
corticoïdes sera réalisée.
✖L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
MOTS-CLÉS
Urticaire chronique, Urticaire superfi-
cielle, Urticaire profonde, Angioœdème