Bruit en electronique et detection synchrone

publicité
Dept GEII IUT Bordeaux I
BRUIT EN ELECTRONIQUE
et
DETECTION SYNCHRONE
(Vol. 7)
G. Couturier
Tel : 05 56 84 57 58
email : [email protected]
Sommaire
BRUIT EN ELECTRONIQUE
I- Fonction de corrélation et densité spectrale
II- Sources de bruit en électronique
III- Association de sources de bruit
IV- Caractéristiques de bruit d'un amplificateur
IV- 1- Bande passante équivalente de bruit
IV- 2- Facteur de bruit d'un amplificateur
IV- 3- Facteur de bruit des transistors et des amplificateurs opérationnels
V- Minimisation du bruit par adaptation d'impédance
VI- Facteur de bruit d'une chaîne de quadripôles
DETECTION SYNCHRONE
I- Intérêt de la détection synchrone et principe de fonctionnement
II- La détection synchrone en pratique
II- 1- Effet du temps d'intégration limité
II- 2- Effet de l'amplification
II- 3- Réalisation d'un détecteur synchrone
III- Applications de la détection synchrone
III- 1- Démodulation d'amplitude
III- 2- Démodulateur I/Q
III- 3- Recherche de non-linéarités
III- 4- Mesure en photoconductivité, photoluminescence
Le bruit est inhérent à tout montage électronique, dans nombre de montages cependant
on peut l'ignorer, mais dès qu'il s'agit d'amplifier des signaux bas niveaux, q.q. µV par exemple,
il y a un certain nombre de précautions à prendre.
Dans ce chapitre on commence donc par décrire rapidement les outils mathématiques
adaptés pour traiter le bruit en électronique, on introduit ainsi les fonctions de corrélation et
les densités spectrales. On fait ensuite un rapide tour d'horizon des différentes sources de bruit
en électronique en donnant leurs densités spectrales respectives. On s'intéresse naturellement à
la valeur efficace de bruit en sortie d'un amplificateur, on introduit ainsi la bande passante
équivalente de bruit et le facteur de bruit. On examine le cas des transistors et des
amplificateurs opérationnels. Pour terminer on calcule le bruit dans une chaîne de quadripôles
en cascade.
En électronique on utilise fréquemment le mot bruit pour qualifier tous les signaux
aléatoires indésirables.
Le bruit est-il un signal ?, porte t-il une information ? difficile de répondre à cette
question, impossible même. Prenons le cas d'un voyageur qui attend le métro sur le quai de la
gare, le bruit du train au loin est un signal qui prévient le voyageur de l'arrivée imminente du
train, ce signal est utile. Quand le voyageur est dans le train, il aimerait bien que le bruit du
train cesse .....
I- Fonction de corrélation et densité spectrale
Dans le cas des signaux déterministes on dispose des fonctions mathématiques
classiques (cos(ωt), exp(-t/τ), etc. ...) pour décrire les signaux dans le domaine temporel et des
transformées de Fourier pour l'espace des fréquences. Dans le cas où l'on ne peut pas disposer
d'une écriture mathématique pour décrire un signal il n'est pas possible d'en calculer sa
transformée de Fourier et donc de savoir comment il se répartit dans le domaine des
fréquences. De nombreux signaux ne sont pas déterministes, ce sont même les plus nombreux,
on les appelle signaux aléatoires. Pour les décrire il nous faut trouver de nouveaux outils, ce
sont précisément les fonctions de corrélation et les densités spectrales.
Prenons par exemple le cas du signal x(t) ci-dessous, ce signal passe aux instants t1, t2,
... tm-1, tm, tm+1 ... par la même valeur A. Question : existe t-il une relation entre les valeurs
de x(t) prises aux instants t1+∆t, t2+∆t, ... , tm-1+∆t, tm+∆t, tm+1+∆t, ... ?
t +∆ t t +∆ t
1
2
t
+∆ t t + ∆ t
m-1
m
t
+∆ t
m+1
x(t)
A
t
1
t
2
t
m-1
t
m
t
m+1
Fig. 1 Les valeurs de f(t) aux instants t1+∆t, t2+∆t, ... tm-1+∆t, tm+∆t, tm+1+∆t sont-elles quelconques ?
Il n'est pas toujours évident de dire si les valeurs aux instants t1+∆t, t2+∆t, ... , tm-1+∆t,
tm+∆t, tm+1+∆t,... sont complètement indépendantes les unes des autres. Des corrélations
peuvent existées, il peut même y avoir dans certains cas une périodicité cachée. Un moyen de
répondre à cette question est d'introduire la fonction de corrélation Cxx(τ) du signal x(t), elle
est définie comme suit :
C xx (τ ) = lim T→∞
1 T
x(t)x(t − τ )dt
T ∫0
(1)
Dans le cas où le signal x(t) est à valeur moyenne nulle, ce qui est vrai pour tous les
bruits en électronique, la fonction de corrélation Cxx(τ) sera nulle partout sauf en τ=0 si il
n'existe aucune relation entre les valeurs de x(t) aux instants t1+∆t, t2+∆t, ... , tm-1+∆t, tm+∆t,
tm+1+∆t,... et ceci quelque soit ∆t=τ (∆t≠0). Pour τ=0, il est clair que la fonction de corrélation
est différente de zéro, en effet on a :
C xx (0) = lim T→∞
1 T
1 T
x(t)x(t)dt = lim T→∞ ∫ x 2 (t)dt
∫
T 0
T 0
(2)
La quantité Cxx(0) représente la valeur quadratique moyenne du signal. D'après la
relation (1), la fonction de corrélation Cxx(τ) est une fonction paire de la variable τ, en effet :
C xx (τ ) = lim T→∞
1 T
1 T-τ
x(t)x(t − τ )dt =lim T→∞ ∫ x(t + τ )x(t)dt =C xx ( −τ )
∫
T 0
T -τ
Un signal aléatoire dont la fonction de corrélation Cxx(τ) est nulle partout sauf en τ=0
où elle vaut Cxx(0), est appelé bruit blanc. En général les sources de bruit présentent des
fonctions de corrélation avec l'allure suivante :
C
xx
(τ )
C xx (0)
−τ m
τm
τ
Fig. 2 Exemple d'allure de fonction de corrélation
Le fait par exemple que Cxx(τ) est différent de zéro pour τ petit signifie qu'il existe des
corrélations entre les valeurs de x(t) prises aux instants t1+∆t, t2+∆t, ... , tm-1+∆t, tm+∆t,
tm+1+∆t,... . Au fur et à mesure que ∆t=τ devient grand, les corrélations disparaissent et la
fontion de corrélation devient nulle.
Dans le cas des signaux périodiques, x(t+T)=x(t), on peut encore définir une fonction
de corrélation :
C xx (τ ) =
1 θ +T
x(t)x(t − τ )dt
T ∫θ
(3)
La fonction de corrélation est alors périodique, en effet Cxx(τ) = Cxx(T+τ). Prenons par
exemple le cas de x(t)=cos(ωt), il vient : Cxx(τ)=(1/2)cos(ωτ), on vérifie bien que
Cxx(0)=(1/2)=(1 2 )2 est la valeur quadratique, c'est à dire la valeur efficace au carré.
La fonction de corrélation Cxx(τ) ne nous renseigne pas directement sur la manière
dont l'énergie est répartie dans le domaine des fréquences, pour répondre à cette question on
introduit la densité spectrale du signal. Intuitivement on peut s'attendre à ce que le spectre soit
très étendu dans le cas où la fonction de corrélation Cxx(τ) est très concentrée autour de τ=0.
La densité spectrale est par définition la valeur quadratique moyenne par unité de
fréquence, c'est une grandeur mesurable au moyen du dispositif de mesure représenté sur la
Fig. 3 suivante :
df
s(t)
x(t)
mesure de la
valeur
quadratique
moyenne
e m =S(f)df
f
filtre sélectif
Fig. 3 Mesure de la densité spectrale
Le signal x(t) est passé au travers d'un filtre sélectif de largeur de bande df centrée sur
la fréquence f, en sortie on obtient encore un signal aléatoire noté s(t), on mesure alors la
valeur quadratique moyenne e m de s(t), elle est donnée par :
e m = lim T→∞
1 T 2
s (t)dt
T ∫0
(4)
On introduit la densité spectrale X(f) en écrivant la quantité e m sous la forme :
e m =X(f)df
(5)
La densité spectrale X(f)= e m /df représente donc la valeur quadratique moyenne par
unité de fréquence.
Il s'ensuit que la quantité
∞
∫ X(f)df
0
représente la valeur quadratique moyenne du signal
x(t), en effet on somme la contribution de toutes les plages df. La quantité
∞
∫ X(f)df
0
est bien
entendu égale à la valeur quadratique moyenne exprimée dans le domaine temporel, on obtient
donc la relation importante suivante :
∞
1 T 2
x (t)dt = ∫ X(f)df
∫
0
T 0
valeur quadratique
valeur quadratique
dans le domaine
dans le domaine
temporel
fréquentiel
lim T→∞
(6)
NB: On peut démontrer que la densité spectrale X(f) est la transformée de Fourier de la
fonction de corrélation Cxx(τ) ; théorème de Wiener-Kinchine (sans démonstration) :
X(f) = T. F. (C xx (τ )) = ∫ C xx (τ )e - jωτ dτ
∞
−∞
(7)
On remarque que dans le cas particulier où la fonction de corrélation Cxx(τ) est nulle
partout sauf en τ=0 où elle vaut Cxx(0), cas du bruit blanc, la densité spectrale X(f) = Cxx(0).
démonstration : en introduisant la distribution δ(τ), on peut écrire : Cxx(τ)=Cxx(0)δ(τ)
et
∫
∞
−∞
C xx (τ )δ (τ )e − jωτ dτ = C xx (τ )e - jωτ
τ =0
= C xx (0)
(8)
Si la densité spectrale X(f) est une constante quelle que soit la fréquence cela veut dire
que le signal x(t) comprend toutes les fréquences avec une égale amplitude.
La fonction Cxx(τ) est appelée en toute rigueur fonction d'autocorrélation, il est
possible dans le cas de deux signaux différents, x(t) et y(t) par exemple, de calculer la fonction
d'intercorrélation Cxy(τ) définie comme suit :
C xy (τ ) = lim T→∞ ∫ x(t)y(t - τ )dt
T
0
(9)
Dans le cas de deux sources de bruit non corrélées et à valeurs moyennes nulles, on
obtient : Cxy(τ)=0.
II- Sources de bruit en électronique
En électronique, il y a diverses sources de bruit avec des origines physiques différentes,
on passe en revue ces sources de bruit.
1- Bruit thermique des résistances (Johnson noise)
Une résistance génère une tension de bruit due aux fluctuations spatiales de la densité
électronique engendrées par les vibrations thermiques du réseau cristallin. La densité spectrale
de bruit thermique est donnée par la relation suivante (sans démonstration) :
X(f ) = 4kTR (en V 2 / Hz)
(10)
avec k=1.38x10-23JK-1 la constante de Boltzman, T la température en degré Kelvin et R la
résistance en Ohm.
Une résistance peut donc être considérée comme une source de bruit blanc. Une théorie
plus approfondie montre cependant que pour les fréquences très élevées la densité spectrale
X(f) diminue suivant la loi :
X(f) = 4kTR
hf kT
(11)
(e hf kT − 1)
avec h=6.6x10-34Js, la constante de Planck. Un rapide calcul montre que pour f=1GHz, le
facteur correctif ( hf kT) ( e hf kT − 1) = 0.9999209 à 300K, pour le domaine de fréquence qui
nous intéresse une résistance est donc bien une source de bruit blanc. Le schéma équivalent
d'une résistance bruitée est donné sur la Fig. 4.
R
résistance
avec bruit
R
résistance
sans bruit
X(f)=4kTR
Fig. 4 Source de bruit associée à une résistance
En pratique, la densité spectrale de bruit dans les résistances est plus élevée que 4kTR,
en effet le passage du courant dans une résistance génère un bruit en excès, ce bruit varie
généralement 1/f avec f la fréquence. Les résistances à couches métalliques présentent le bruit
en excès le plus faible c'est la raison pour laquelle elles sont principalement utilisées dans les
amplificateurs faibles bruit.
2- Bruit de grenaille (Shot noise)
Le passage d'un courant I dans une diode solide (ou dans un tube à vide) génère un
bruit, il est dû au fait que le transfert des électrons et trous d'un matériau à l'autre est un
processus statistique. La densité spectrale de bruit de grenaille est donnée par la relation
suivante (sans démonstration) :
X(f ) = 2qI (en A 2 Hz −1 )
(12)
avec q=1.6x10-19C, I (en A) est le courant moyen passant dans la diode. Le schéma équivalent
d'une diode bruitée est donné sur la Fig. 5. Ici encore il s'agit d'une source de bruit blanc.
X(f)=2qI
diode
bruitée
diode
sans bruit
I
Fig. 5 Source de bruit asociée à une diode
III- Association de sources de bruit
Prenons le cas simple suivant de deux générateurs de bruit de densités spectrales
respectives X1(f) et X2(f), ces deux générateurs sont en série comme le montre la Fig. 6 cidessous, on cherche la densité spectrale de bruit équivalente Xeq(f) aux deux générateurs.
X 1 (f)
X eq (f)= ?
X 2(f)
Fig. 6 Générateur de bruit équivalent à deux générateurs
Pour trouver Xeq(f), on introduit dans un premier temps trois générateurs de tension
x1(t), x2(t) et xeq(t) dont les densités spectrales respectives valent X1(f), X2(f) et X3(f). On ne
connaît pas les expressions de x1(t), x2(t) et xeq(t), ce sont seulement des intermédiaires de
calcul. On peut donc écrire xeq(t)=x1(t)+x2(t). Calculons alors la valeur quadratique moyenne
du générateur de bruit équivalent, d'après la relation (6), il vient :
∞
∫X
0
eq
(f)df =lim T→∞
1 T 2
1 T
2
x eq (t)dt = lim T→∞ ∫ (x 1 (t) + x 2 (t )) dt
∫
T 0
T 0
= lim T→∞
∞
[
1 T 2
1 T
x 1 (t) + x 22 (t))dt + lim T→∞ ∫ 2x 1 (t)x 2 (t)dt
(
∫
T 0
T 0
]
= ∫ X 1 (f) + X 2 (f) df + 2C x1x 2 (0)
0
Dans le cas où les deux générateurs de bruit x1(t) et x2(t) ne sont pas corrélés, cas de
deux résistances en série par exemple, alors la fonction d'intercorrélation C x1x2 (0) =0. Il s'ensuit
que :
Xeq(f)=X1(f)+X2(f)
(13)
En conclusion, ce sont les densités spectrales de bruit qui s'ajoutent.
Nous donnons en suivant un autre exemple qui nous sera utile pour la suite, c'est le cas
de trois générateurs de bruit : un générateur de bruit de densité spectrale X1(f)=4kTR associé à
une résistance R et deux autres générateurs, un de tension et un de courant de densités
spectrales respectives X2(f) en V2/Hz et I(f) en A2/Hz. Le schéma de l'ensemble est donné sur
la Fig. 7.
Pour trouver la densité spectrale Xeq(f) de bruit équivalente aux trois sources de bruit,
il suffit de procéder comme précédemment, c'est à dire d'associer à chaque générateur de bruit
un générateur de tension ou de courant classsique puis d'exprimer la valeur quadratique
moyenne tant dans le domaine temporel que fréquentiel.
X 2 (f)
R
résistance
bruitée
X 1(f)=4kTR
R
I(f)
résistance
sans bruit
X eq (f) =?
Fig. 7 Association de trois générateurs de bruit et générateur de bruit équivalent
Dans le cas où les générateurs de bruit ne sont pas corrélés, on peut écrire :
∫
∞
0
X eq (f)df = lim T→∞
1
T
∫ (x (t) + x
∞
0
1
(t) + Ri(t) ) dt =
2
2
∫ (X (f) + X
∞
0
1
2
(f) + R 2 I(f) )df
avec x1(t), x2(t) et i(t) les générateurs tension et de courant des trois sources de bruit, d'où :
X eq (f) = 4kTR + X 2 (f) + R 2 I(f) en ( V 2 Hz -1 )
(14)
IV- Caractéristiques de bruit d'un amplificateur
Un amplificateur est composé d'éléments actifs, diodes, transistors, et de résistances,
tous ces composants sont des sources de bruit. Il s'ensuit que le bruit en sortie de
l'amplificateur est supérieur au bruit de l'entrée multiplié par le gain de l'amplificateur. Le
facteur de bruit NF (Noise Figure) permet de qualifier un amplificateur quant à ses
performances vis à vis du bruit.
Avant d'étudier la contribution de l'amplificateur à la valeur efficace de bruit en sortie,
nous allons analyser le cas d'un amplificateur idéal, c'est à dire sans bruit, et introduire la notion
de bande passante équivalente de bruit : BENBW (ENBW pour Equivalent Noise Band Width ).
IV-1- Bande passante équivalente de bruit
Soit un amplificateur dont le module du gain en tensione gain est G(f). Cet
amplificateur est attaqué par une source de bruit de densité spectrale e(f), calculons la valeur
efficace de bruit en sortie de l'amplificateur.
amplificateur
e(f)
valeur
efficace de
bruit ?
G (f)
f
Fig. 8 Introduction de la bande passante équivalente de bruit
D'après la relation (5), la valeur quadratique moyenne de bruit pour une tranche de
fréquence df est donnée par G 2( f ) e( f ) df (en V2). La valeur quadratique moyenne de bruit en
sortie de l'amplificateur est obtenue en intégrant sur toute la plage des fréquences, elle s'écrit
donc :
∞
valeur quadratique moyenne de bruit en sortie = ∫ G 2(f) e(f)df
(15)
0
Dans le cas particulier où la source de bruit est une résistance, e(f)=4kTR, l'intégrale
précédente peut alors s'écrire :
∞
∞
0
0
valeur quadratique moyenne de bruit en sortie = ∫ G 2(f) e(f)df = 4kTR ∫ G 2(f) df
La quantité
∫
∞
0
(16)
G (2f ) df représente l'aire sous la courbe G 2( f ) comme le montre la Fig. 9.
G 2(f)
G 2m
f
B ENBW
Fig. 9 Définition de la bande passante équivalente de bruit
On introduit la bande passante équivalente de bruit BENBW, telle que :
∫
∞
0
G(2f ) df = Gm2 B ENBW
(17)
avec Gm le gain aux fréquences moyennes.
En pratique la bande passante équivalente de bruit n'est pas très différente de la bande
passante à -3dB, dans le cas d'un simple ciruit R-C; BENBW=(π/2)B-3bB, il en est de même pour
un filtre passe bande constitué d'un circuit R-L-C (voir les TD pour les calculs).
NB : la notion de bande passante équivalente de bruit n'a d'intérêt que dans le cas où la
source de bruit est à densité spectrale constante, c'est à dire une résistance, c'est très souvent le
cas. La résistance de bruit, appelée généralement Rs (pour résistance de source), représente la
résistance de sortie de l'étage précédent.
Application numérique : T=300K, Rs=1kΩ, BENBW=106Hz et Gm=10
val. eff. moy. de bruit =[4kTRs G 2m BENBW]1/2 = [4x1.38x10-23x300x103x102x106]1/2 ≈40µV
Si l'on souhaite en sortie de l'amplificateur un rapport signal sur bruit de 80dB, il faut à
l'entrée un signal de valeur efficace E telle que :
80dB = 20Log10
G mE
soit E = 40mV
40 x10−6
NB : Pour diminuer le bruit il faut réduire la largeur de bande, évidemment il faut tenir
compte de la largeur spectrale du signal à amplifier. Il ne sert à rien d'avoir un amplificateur de
largeur de bande 1MHz pour amplifier un signal de largeur spectrale 100Hz par exemple. Il ne
faut cependant pas trop réduire la bande passante sinon on introduit une distorsion de phase.
A priori il faut également une résistance de source Rs très faible, nous verrons
cependant que lorsqu'on tient compte du bruit apporté par l'amplificateur il existe une valeur
optimale de Rs conduisant à un minimum de bruit en sortie de l'amplificateur.
Une diminution de température permet également d'abaisser le niveau de bruit, on
procède ainsi dans certains cas critiques, par exemple les amplificateurs de radiotélescope.
IV-2- Facteur de bruit d'un amplificateur
Le facteur de bruit NF (en dB) d'un amplificateur est défini comme suit :


val. quad. moy. de bruit en sortie de l' ampli. réel
NF(en dB) = 10Log 10 

 val. quad. moy. de bruit en sortie de l' ampli. supposé parfait 
(18)
NF est toujours supérieur à 0dB. Si l'amplificateur a une bande passante équivalente de bruit
BENBW, un gain aux fréquences moyennes Gm et qu'il est attaqué par une résistance de source
Rs, alors la valeur quadratique moyenne de bruit en sortie de l'amplificateur s'écrit :
val. quad. moy. de bruit en sortie de l'ampli.= 4kTRsG 2m BENBW 10NF/10
(19)
En effet la valeur quadratique moyenne de bruit en sortie de l'amplificateur supposé
parfait est donnée par : 4kTRs G 2m BENBW (voir les relations 16 et 17).
La valeur quadratique moyenne de bruit apporté par l'amplificateur est donc égale à :
4kTRsG 2m B ENBW 10 NF/10 − 4kTRsG 2m BENBW
soit
4kTR sG 2m BENBW 10NF/10 − 1
Application numérique : T=300K, Rs=1kΩ, BENBW=106Hz, Gm=10 et NF=4dB
val. eff. moy. de bruit en sortie de l'ampli réel = [4kTRs G 2m BENBW10NF/10]1/2 =
[4x1.38x1023 x300x103x102x106x104/10]1/2 ≈63µV
Si on souhaite en sortie de l'amplificateur un rapport signal sur bruit de 80dB, il faut à
l'entrée un signal de valeur efficace E tel que :
80dB = 20Log10
G mE
soit E = 63mV
63x10 −6
Remarque n°1 : On trouve souvent comme autre définition du facteur de bruit la
relation suivante :
NF( en dB) = 20 log 10
( )
( S B)
( S B)
e
(20)
s
( )
où les quantités S B et S B
désignent respectivement les rapports signal sur bruit en
e
s
entrée et en sortie. Montrons que cette définition est bien identique à celle exprimée par les
relations (18) et (19).
NF = 10Log 10
(val. quadr. moy. de bruit en sortie)
(4kTR G
s
2
m
B EBNW )


E2


4kTR s B ENBW

 = 20 log
= 10Log 10 
10
2
2

GmE


 val. quadr. moy. de bruit en sortie 
 S
 
 B e
 S
 
 B s
avec E la valeur efficace du signal d'entrée. Il faut interpréter la quantité (4kTRsBENBW)1/2
comme étant la valeur efficace de bruit ramenée à l'entrée de l'amplificateur supposé parfait. En
effet, si l'amplificateur est parfait, la valeur efficace de bruit en sortie est égal à
[4kTRsBENBW G 2m ]1/2, le bruit ramené à l'entrée est obtenu en divisant cette dernière quantité
par le gain G m , soit : (4kTRsBENBW)1/2.
Remarque n°2 : A la place du facteur de bruit NF, certains électroniciens parlent de
température équivalente de bruit Teq, établissons la correspondance entre ces deux grandeurs.
Pour cela écrivons de nouveau la valeur quadratique moyenne de bruit en sortie de
l'amplificateur réel, il vient :
val. quad. moy. de bruit en sortie de l'ampli.= 4kTRsG 2m BENBW 10NF 10
= 4kR sG 2mB ENBW T10NF 10
(21)
= 4kR sG 2m BENBW Teq
La température équivalente de bruit Teq est égale à T10NF/10, autrement dit tout se
passe comme si l'amplificateur était parfait mais qu'il était attaqué par une résistance de source
Rs portée non plus à la température T ambiante mais à une température Teq plus élevée donnée
par T10NF/10 (ex : NF = 4dB, T = 300K d'où Teq = 753 K) , voir la Fig. 10 ci-dessous.
amplificateur
sans bruit
amplificateur
avec bruit
NF
R
T
NF=0dB
R
T10
NF/10
Fig. 10 Facteur de bruit et température équivalente de bruit
IV-3- facteur de bruit des transistors et des amplificateurs opérationnels
Dans le cas des amplificateurs opérationnels et des transistors, le constructeur ne sait
pas à priori sous quelle largeur de bande le composant sera utilisé, les informations fournies
sont les densités spectrales à l'entrée. Le bruit est représenté sous forme de deux générateurs,
un de tension de densité spectrale en(f) en V2/Hz et un de courant in(f) en A2/Hz.
Deux générateurs sont nécessaires pour représenter le bruit dans les amplificateurs
opérationnels et les transistors. Un générateur de tension seul suffit à priori dans le cas où
l'entrée est en court-circuit mais ce générateur ne permet pas d'expliquer le bruit lorsque
l'entrée est en circuit ouvert. A l'inverse, un seul générateur de courant permet de représenter
le bruit dans le cas où l'entrée est en circuit ouvert mais pas dans le cas d'un court-circuit.
e n (f) amplificateur opérationnel
sans bruit
+
+
i n (f)
-
-
bruit
ramené à l'entrée
amplificateur opérationnel
avec bruit
e n (f)
transistor
transistor
i n (f)
avec bruit
sans bruit
bruit
ramené à l'entrée
Fig. 11 Représentation du bruit dans les amplificateurs opérationnels et les transistors
Les Data Books donnent, pour les composants "faible bruit" (Low noise), les courbes
en(f) et in(f). A titre indicatif, les caractéristiques de bruit d'un transistor et d'un amplificateur
opérationnel sont données aux annexes 1 et 2. Dans le cas des transistors il s'agit de faisceaux
de courbes paramétrées en courant de collecteur Ic. Les densités spectrales en(f) et in(f) sont
d'autant plus grandes que Ic est élevé.
Dans le cas des composants classiques, on trouve en général à titre indicatif les valeurs
de en(f) et in(f) à une fréquence particulière, par exemple en(1kHz) et in(1kHz).
e n (f)
Ic
i n (f)
Ic
A 2 /Hz
V 2 /Hz
f
f
Fig. 12 Allures des densités spectrales en(f) et in(f) dans le cas des transistors et amplificateurs
opérationnels, pour ces derniers il n'y a qu'une seule courbe.
Dans le cas des composants "faible bruit" on trouve également des courbes de facteur
de bruit NF en fonction de la résistance de source Rs. La valeur de NF n'a pas exactement la
même signification que dans le cas des amplificateurs, en effet ne connaissant pas la largeur de
bande sous laquelle le composant sera utilisé, NF est donné à une certaine fréquence pour une
largeur de bande de 1Hz.
e n (f)
amplificateur
amplificateur
Rs
Rs
opérationnel
ou
transistor
i n (f)
4kTR s
e eq (f)
opérationnel
ou
transistor
Fig. 13 Bruit à l'entrée d'un amplificateur opérationnel ou transistor attaqué par une résistance de source Rs
Le facteur de bruit NF à la fréquence f est donnée par :


val. quad. moy. de bruit à l' entrée de l' ampli. réel
NF(en dB) = 10Log 10 

 val. quad. moy. de bruit à l' entrée de l' ampli. supposé parfait 
 e n (f) + 4kTR s + R 2s i n (f) 
 e eq (f) 
=
10Log
= 10Log 10 


10 
4kTR s
 4kTR s 


(22)
Le facteur de bruit NF permet de comparer rapidement deux transistors ou
amplificateurs opérationnels. Dans certains cas, on trouve également le facteur de bruit pour
une certaine largeur de bande donnée, c'est souvent le cas pour les transistors utilisés en
audiofréquence, la largeur de bande est alors égale à la plage audio. Si Fmin et Fmax sont les
fréquences minimum et maximum de la plage, NF s'écrit alors :
NF(en dB)
[
]
 Fmax e (f) + 4kTR + R 2 i (f) df 
s
s n
 ∫Fmin n

= 10Log 10 
Fmax



∫Fmin 4kTR s df
[
[
]
]
 Fmax e (f) + 4kTR + R 2 i (f) df 
n
s
s n
 ∫F

= 10Log 10  min

4kTR s Fmax − Fmin


[
]
(23)
Il est à remarquer que dans le cas où les densités spectrales en(f) et in(f) dépendent peu
de la fréquence, les valeurs de NF données respectivement par les relations (22) et (23) sont
pratiquement identiques.
V- Minimisation du bruit par adaptation d'impédance
Soit un amplificateur à bande passante étroite dont la facteur de bruit NF dépend de :
1- de la fréquence d'accord f0
2- de la résistance de source Rs
Les caractéristiques de bruit d'un tel amplificateur sont présentées sur la Fig. 14, on
appelle contours de bruit les courbes à facteur de bruit NF constant. Les contours de bruit d'un
préamplificateur de détection synchrone sont présentés à l'annexe 3.
Rs
NF3
NF2
NF1
NF1 <NF2 <NF3
fréquence d'accord f 0
Fig.14 Contours de bruit typiques d'un amplificateur à bande étroite accordé à la fréquence f0
Soit Rs la résistance de source de cet amplificateur, la valeur efficace de bruit en sortie
de l'amplificateur est donc donnée par :
val. eff. de bruit en sortie = 4kTR s BENBW 10 NF/10
1/ 2
Le rapport signal/bruit s'écrit :

e
[S/B]a (en dB) = 20 log 10 
 4kTR s B ENBW 10 NF/10

[


1/ 2


]
(24)
avec e la valeur efficace du signal d'entrée.
Il est possible de diminuer la valeur efficace de bruit en sortie en adaptant la résistance
de source Rs afin de travailler avec un facteur de bruit moindre. Pour adapter l'impédance on
utilise un transformateur d'impédance comme le montre la Fig. 15.
n1
R
NF '
n2
amplificateur
transformateur
adaptateur d'impédance
Fig. 15 Réduction du bruit par adaptation d'impédance
En présence du transformateur, la valeur efficace de bruit en sortie est donnée par :
2


 n2 
val. eff. de bruit en sortie = 4kTR s   B ENBW 10 NF'/10 


 n1 
1/ 2
avec NF' le nouveau facteur de bruit. Le rapport signal/bruit devient :


n2


e


n1

[S / B] n (en dB) = 20 log 10 
1/ 2
2

 
 n2 
 4 kTR s   B ENBW 10 NF'/10  
 
 
 n1 
(25)

e
= 20 log 10 
 4kTR s B ENBW 10 NF'/10

[


1/ 2


]
La comparaison des relations (24) et (25) montre que :
S / B n − S / B a = NF − NF'
(26)
Par adaptation d'impédance, on peut ainsi gagner plusieurs dizaines de dB dans le
rapport signal/bruit. En pratique les résultats sont un peu inférieurs à ceux prévus par la
relation (26) car le transformateur est également source de bruit, pour que l'opération ait un
sens il faut donc utiliser des transformateurs "faible bruit".
VI- Facteur de bruit d'une chaîne de quadripôles
On se propose de calculer le facteur de bruit équivalent d'une chaîne de quadripôles.
Pour simplifier le calcul et faire apparaître les paramètres pertinents gouvernant le facteur de
bruit nous prenons un cas simple, c'est à dire sur une chaîne de quadripôles adaptés en
puissance tel que le montre la Fig. 16, les résistances d'entrée Rin sont donc égales aux
résistances de sortie Rout, on pose Rin=Rout=R. La résistance de source Rs est aussi égale à R.
R
Rs
R
R
G1
NF1
R
R
R
G2
Rs
G3
NF2
R
NF3
R s =R
R
G1 G2 G 3
4
NFeq
R s =R
Fig. 16 Chaîne de quadripôles de facteurs de bruit respectifs NF1, NF2, NF3 et chaîne équivalente
Chaque quadripôle est caractérisé par son gain en tension Gi et son facteur de bruit
NFi. Les facteurs de bruit sont donnés pour une largeur de bande de un Hertz située à une
fréquence f donnée.
La résistance de source génère donc un bruit de densité spectrale 4kTR. D'après la
relation (19), la valeur quadratique moyenne de bruit en sortie du premier étage s'écrit :
2
 R 
G 4kTR 
 10 NF1 /10 = G12 kTR10NF1 /10
 R + R
2
1
(27)
La valeur quadratique moyenne de bruit apporté par le quadripôle est donc égale à :
G12 kTR 10 NF1 /10 − 1
(28)
Le bruit en sortie du deuxième quadripôle est égal à :
 2
NF1 /10 1  2
G + G 22 kTR[10 NF2 /10 − 1]
 G 1 kTR10
4  2
bruit de l' entrée
bruit apporté par le quadripôle
x par le gain
[
]
(29)
Finalement la valeur quadratique moyenne de bruit en sortie du troisième étage s'écrit :
 2
 1 2
NF /10 1 
2
2
NF2 /10
2
NF /10
+
−
G
G
kTR
10
1
[
]
   G 1 kTR10 1
 G 3 + G 3 kTR[10 3 − 1] (30)

2
2

4
 4

[
]
D'après le schéma équivalent de la Fig. 16, la valeur quadratique moyenne de bruit peut
encore s'écrire :
2
2
2

 G 1G 2 G 3 
 R   G 1 G 2 G 3 
NFeq /10
NF /10
= kTR
 
 10
 10 eq
4kTR





R+R 
4
4

La comparaison des relations (30) et (31) nous permet d'écrire :
(31)
10
NFeq /10
= 10 NF1 /10 +
(10 NF2 /10 − 1)
G1 
 2 
 
2
+
(10 NF3 /10 − 1)
2
G1  G 2 
 2   2 
   
2
(32)
La quantité (G i / 2) représente le gain en puissance Gpi de l'étage i, en effet ce gain
est donné par :
2
(G i U 2) 2 R  G i 
G pi =
=   avec U la tension d' entrée
R
U2  2 
2
Il s'ensuit que la relation finale s'écrit :
NFeq /10
10
= 10NF1 /10 +
(10NF2 /10 − 1) (10NF3 /10 − 1)
+
+ etc
G p1
G p1G p2
(33)
Cette relation montre que le facteur de bruit équivalent à une chaîne de quadripôles est
pratiquement égal au facteur de bruit du premier étage. Il faut donc apporter un soin tout
particulier à ce premier étage : choix d'un transistor "faible bruit", choix du courant de
collecteur, résistances à couche métallique, abaissement de la température si nécessaire, ....
Cette partie de cours est divisée comme suit :
- intérêt de la détection synchrone et principe de fonctionnement
- la détection synchrone en pratique
- Application de la détection synchrone
I- Intérêt de la détection synchrone et principe de fonctionnement
Soit un système linéaire dont on cherche à déterminer la fonction de transfert, c'est à
dire H(jω)=K(ω)e-jφ(ω). Une méthode consiste à soumettre le système sous étude à une
excitation sinusoïdale de la forme Acos(ωt) et à mesurer l'amplitude et la phase du signal de
sortie, comme le montre la Fig. 1.
Acos( ω t)
H(j ω)
AK ( ω ) cos(ω t- φ ( ω ) )
Fig. 1 Relevé de la fonction de transfert d'un système linéaire
Cette méthode est applicable dans la mesure où le rapport signal sur bruit en sortie est
suffisamment élevé pour permettre une mesure facile de K(ω) et φ(ω). Dans le cas où le
rapport signal sur bruit est faible, on peut procéder à un filtrage afin de diminuer la valeur
efficace de bruit comme le montre la Fig. 2.
AK( ω ) cos(ω t- φ ( ω ) ) +b(t)
bruit bruit
b(t)
Acos( ω t)
H(jω)
système sous étude
df
f
filtre sélectif
Fig. 2 Amélioration du rapport signal sur bruit par filtrage
Pour simplifier et bien faire ressortir les paramètres pertinents, on suppose que le bruit
b(t) en sortie du système sous étude est à densité spectrale constante b(f). En supposant un
filtre de bande passante équivalente de bruit df centrée autour de f, on obtient en sortie du filtre
un rapport signal/bruit égal à :
S
 B 
(en dB)
 AK(ω ) 


2

= 20 log 10 
1/ 2
 ( b(f)df ) 


(1)
L'augmentation du rapport signal/bruit nécessite un filtre sélectif très performant, il y a
bien entendu des limites à de tels filtres. S'il s'agit d'un filtre accordé de type R-L-C, la bande
passante équivalente de bruit est égale à (π/2)B-3dB=(π/2)f/Q, où Q est le facteur de qualité.
D'un point de vue pratique, il est difficile d'obtenir, avec des composants L-C, des coefficients
Q supérieurs à 100.
Une alternative à cette limite repose sur l'utilisation de la détection synchrone. L'idée de
base consiste à ramener la quantité à mesurer à la fréquence zéro, là où rien ne limite la
réalisation de filtre à bande passante équivalente de bruit étroite. Pour ramener l'information
contenue à la fréquence f vers la fréquence zéro, il suffit de mutiplier le signal par cos(ωt)
comme le montre la Fig. 3, ainsi est née la détection synchrone. Le mot synchrone vient du fait
que l'on "remultiplie" par un signal de même fréquence que l'excitation et surtout de même
phase ou de phase connue comme nous le verrons dans la suite de l'exposé.
AK (ω ) cos(ω t- φ (ω ) ) +b(t)
Acos( ω t)
Vm
bruit b(t)
multiplieur
H(j ω)
système sous étude
voie
générateur
signal
V out
intégrateur
cos ( ω t)
voie
référence
Fig. 3 Schéma de principe d'un détecteur synchrone idéal : mesure de la composante en phase
En sortie du multiplieur et de l'intégrateur supposé parfait les signaux Vm et Vout
s'écrivent respectivement :
Vm (t) = [AK(ω ) cos(ωt − φ (ω )) + b(t) ] cos(ωt )
(2)
et Vout (t) = lim T→∞
1 T
V (t)dt
T ∫0 m
Si le bruit b(t) est à valeur moyenne nulle, alors lim T →∞
signal Vout devient :
1 T
b(t ) cos(ωt )dt → 0 et le
T ∫0
Vout → Vout1 =
AK(ω )
AK(ω )
1 T
cos(φ (ω )) +
lim T→∞ ∫ cos 2ωt − φ(ω ) dt
2
2
T 0
(
=
)
AK(ω )
cos(φ (ω ))
2
(3)
La tension Vout1 donne accès à la composante en phase K(ω)cos(φ(ω)) avec le signal
d'excitation.
Pour remonter à K(ω) et φ(ω), il faut procéder à une autre mesure, il suffit d'attaquer le
multiplieur non plus par le signal cos(ωt) mais par cos(ωt-π/2)=sin(ωt) comme le montre la Fig.
4. On mesure dans ce cas la composante en quadrature de phase avec l'excitation. Par un
raisonnement identique au précédent, on obtient donc pour Vout :
Vout → Vout2 =
AK(ω )
sin(φ (ω ))
2
(4)
AK( ω )cos(ω t- φ ( ω ) ) +b(t)
Acos( ω t)
Vm
bruit b(t)
H(j ω)
système sous étude
voie
signal
générateur
multiplieur
V out
intégrateur
sin ( ω t)
déphaseur
π /2
voie
référence
Fig. 4 Mesure de la composante en quadrature de phase
A partir des relations (3) et (4) on trouve facilement les quantités φ(ω) et K(ω) , il vient :
 Vout2 
2
2
2
 et K(ω ) =
φ (ω ) = arctg
Vout1
+ Vout2
A
 Vout1 
(5)
A priori la détection synchrone permet donc d'extraire un signal de fréquence connue
noyé dans le bruit, le rapport signal sur bruit tend vers l'infini à condition que l'intégration se
fasse pendant une durée infinie, le prix à payer d'un tel dispositif est que le résultat Vout est
obtenu au bout d'un temps infini !
II- La détection synchrone en pratique
En pratique le rapport signal sur bruit en sortie de l'intégrateur sera fini, ceci pour
plusieurs raisons :
1- temps d'intégration limité afin de disposer du résultat Vout dans un délai
raisonnable
2- nécessité d'amplifier le signal avant et après le multiplieur afin d'obtenir un
signal Vout de q.q. mV à q.q. V, l'amplification rajoute du bruit (voir cours sur le bruit en
électronique).
II-1- Effet du temps d'intégration limité
On se propose donc maintenant d'estimer le rapport signal/bruit dans le cas où
l'intégration après multiplication est réalisée par un filtre passe-bas R-C classique. Dans un
premier temps on néglige le bruit apporté par l'amplification de la voie signal. La bande
passante équivalente de bruit d'un tel filtre est égale π/2 fois à la bande passante à -3dB, c'est à
dire 1/4RC.
Ecrivons de nouveau le signal en sortie du multiplieur, il s'écrit :
Vm (t) = AK(ω )cos(ωt)cos(ωt − φ (ω )) + b(t)cos(ωt)
=
AK(ω )
AK(ω )
cos( φ (ω )) +
cos( 2ωt − φ (ω )) + b(t)cos(ωt)
2
2
comp. continue + comp. 2f
+ bruit
Le signal à l'entrée du filtre passe-bas est constitué d'une composante continue, d'un
signal à la fréquence 2f et d'un bruit. D'après nos connaissances sur le bruit, il est facile
d'estimer la valeur efficace de bruit en sortie du filtre si on connaît la densité spectrale e(f) à
l'entrée. Pour calculer celle-ci, on utilise le fait que :
lim T→∞
2
∞
1 T
b(t)cos(ωt)] dt = ∫ e(f)df
[
∫
0
T 0
= lim T→∞
1 T 2 1 1
1 T b 2 (t)
1 T b 2 (t)

b (t)  + cos(2ωt) dt = lim T→∞ ∫
cos(2ωt)dt
dt + lim T→∞ ∫
T ∫0
T 0 2
T 0 2
2 2

⇓
0
=
1 ∞
b(f)df + 0
2 ∫0
en effet par définition de la densité spectrale : lim T→∞
∞
1 ∞ 2
b (t)dt = ∫ b(f)df .
∫
0
T 0
Finalement la densité spectrale de bruit à l'entrée du filtre passe bas est : e(f)=b(f)/2. Si
on continue de supposer que b(f) est constant. La représentation spectrale à l'entrée du filtre
passe-bas est donnée à la Fig. 5.
En sortie du filtre on obtiendra donc trois termes :
1- le terme continu
2- la composante de fréquence 2f est fortement atténuée, en effet son amplitude
est multipliée par le gain correspondant du filtre à la fréquence 2f.
3- du bruit
Vout1 =
1
1
1
AK(ω )cos( φ (ω ) ) + AK(ω )
cos( 2ωt − φ (ω ) − arctg(RCω )) + bruit
2
2
2
1 + ( RCω )
densité spectrale
1 AK(ω )
2
1 AK(ω )cos(φ (ω ))
2
b(f)/2
B
ENBW
=1/4RC
2f
fréquence
Fig. 5 Densité spectrale à l'entrée du filtre et bande passante équivalente de bruit du filtre (en pointillés)
La valeur efficace de bruit est donnée par [BENBWb(f)/2]1/2. En négligeant la
composante 2f (2f>>1/2πRC), le rapport signal/bruit devient :
 (1 / 2) K(ω )Acos(φ (ω ) ) 
S

= 20 log 10 
1/ 2
 B 


(en dB)

 ( B ENBW b(f) / 2)
avec BENBW=1/4RC
(6)
Le rapport signal/bruit ainsi obtenu est à comparer au rapport obtenu par simple
filtrage. Plaçons nous dans le cas optimum où cos(φ(ω))=0 (le système sous étude ne déphase
pas), la comparaison des relations (1) et (6) permet d'écrire :
par détection synchrone
S
 B 
( en dB)
par filtrage
S
− 
 B  ( en dB )
 df 
= 10 log 10 

 B ENBW 
(7)
avec df et BENBW les bandes passantes respectives des filtres passe-bande et passe-bas. La
détection synchrone est intéresssante si BENBW<<df, c'est en général le cas. La bande passante
BENBW se trouve en général imposée par la bande passante du signal à étudier, voir par
exemple en suivant le cas de la démodulation d'amplitude par détection synchrone.
II-2- Effet de l'amplification
Pour que le signal continu en sortie de l'intégrateur atteigne q.q. mV à q.q. V par
exemple, il est nécessaire d'amplifier le signal, en effet, la détection synchrone s'impose
particulièrement en présence de signaux faibles, q.q. nV à q.q. µV. En général l'amplification
est scindée en deux parties :
1- amplification alternative avant le multiplieur
2- amplification continue en sortie de l'intégrateur
Le schéma électrique complet d'un détecteur synchrone se présente donc comme suit :
voie signal
amplificateur
sélectif
multiplieur
déphaseur
de π /2
intégrateur
amplificateur
continu
voie référence
générateur
Fig. 6 Schéma électrique complet d'un détecteur synchrone
Comment répartir l'amplification ? compte tenu de la dérive des amplificateurs continus
il est à priori préférable d'amplifier au maximum avant le multiplieur. Dans le cas des signaux
fortement bruités on ne peut pas trop amplifier avant le multiplieur, en effet il y a risque de
saturer l'étage d'entrée du multiplieur comme le montre la figure ci-dessous.
limite de saturation
multiplieur
limite de saturation
Fig. 7 Risque de saturation de l'étage d'entrée du multiplieur par une amplification trop élevée
Afin de réduire la valeur efficace de bruit à l'entrée du multiplieur, on utilise en général
un amplificateur accordé à bande étroite. Le rapport signal/bruit en sortie du détecteur sera
evidemment légèrement inférieur à celui donné par la relation (6), l'amplificateur apportant luimême du bruit.
L'amplification alternative sur la voie signal est en général réalisée avec un
préamplificateur très faible bruit suivi d'un amplificateur accordé, ceci en accord avec le fait
que dans une chaîne d'amplificateurs c'est le premier étage qui compte (voir cours "bruit en
électronique").
Pour minimiser le bruit de l'amplificateur accordé, on peut si nécessaire effectuer une
adaptation d'impédance.
II-3- Réalisation d'un détecteur synchrone
Suivant la gamme de fréquence, les techniques utilisées pour la réalisation des
détecteurs synchrones diffèrent. Dans le domaine des hautes fréquences on utilise des
multiplieurs analogiques et des filtres analogiques pour l'intégration, dans le domaine des
moyennes fréquences et des très basses fréquences, les réalisations sont de plus en plus
entièrement numériques. On utilise des DSP pour la multiplication et des filtres numériques
pour l'intégration.
voie signal
amplificateur
sample/ hold
analogique
CAN
DSP
DSP
àpour
virgule
flottante
multiplication
DSP
pour filtrage
CNA
voie référence
horloge θ
EPROM
sinus programmé
fréquence F
Fig. 8 Schéma de principe d'un détecteur numérique
Dans un détecteur numérique la fréquence du signal de référence dépend uniquement
de la fréquence de l'horloge (1/θ) qui permet de lire l'EPROM contenant le sinus programmé.
Un des avantages des détecteurs numériques est leur souplesse d'emploi, en particulier la
possibilité de recherche des harmoniques nF contenus dans le signal d'entrée. Les détecteurs
synchrones numériques présentent par ailleurs des dérives très faibles.
NB : un détecteur synchrone est caractérisé par sa réserve dynamique; c'est le plus
grand rapport Bruit/Signal admissible à l'entrée du détecteur. Pour un bon détecteur il est de
l'ordre de 100dB.
III- Applications de la détection synchrone
D'une manière générale, la détection synchrone est utile chaque fois que l'on veut
récupérer un signal de fréquence connue noyé dans du bruit. Parmi les applications, citons :
- démodulation d'amplitude ou encore démodulation synchrone
- démodulateur I/Q
- analyseurs de réseaux
- recherche de non-linéarité
- mesure en photoconductivité, photoluminescence, ....
Nous passons maintenant en revue certaines de ces applications.
III-1- Démodulation d'amplitude
La démodulation d'amplitude avec porteuse et bandes latérales peut s'effectuer
classiquement par une détection crête avec diode et circuit RC, on obtient de bons résultats si
l'amplitude du signal à démoduler est suffisamment grande devant la tension de seuil de la
diode. Un tel démodulateur ne permet plus de récupérer l'onde modulante dans le cas d'une
modulation sans porteuse ou encore d'une modulation à bande latérale unique (BLU). En effet
dans ces deux dernières modulations, la crête du signal modulé ne représente plus l'onde
modulante.
Nous montrons dans ce qui suit l'intérêt de la détection synchrone en démodulation
d'amplitude.
a) cas de la modulation d'amplitude avec porteuse
Soit donc une onde modulée en amplitude de la forme A(1 + mcos(Ωt) )cos(ωt)
où m, Ω et ω désignent respectivement le taux de modulation, une pulsation particulière du
signal modulant et la pulsation de la porteuse. On souhaite récupérer un signal proportionnel à
m cos(Ωt), pour cela on effectue le montage suivant :
A(1+mcos(Ω t)cos( ω t)
S1
amplificateur
multiplication
(K)
filtre
passe-bande
S2
Bcos( ω t- φ )
oscillateur
local
Fig. 9 Principe d'un démodulation d'amplitude par détection synchrone
En sortie du multiplieur, au point S1, on obtient un signal de la forme :
KAB(1 + mcos(Ωt) )cos(ωt)cos(ωt − φ )
=
=
KAB
(1 + mcos(Ωt))( cos φ + cos(2ωt − φ ))
2
(
)
KAB 
m

cos φ + mcosφ cos(Ωt ) + cos(2ωt - φ ) +
cos[(2ω + Ω) t − φ ] + cos[(2ω − Ω) t − φ ] 

2 
2

avec K la fonction d'appareil du multiplieur. L'oscillateur local génère une pulsation ω égale à
la pulsation de la porteuse mais sa phase est quelconque par rapport à celle de la porteuse, c'est
la raison pour laquelle on introduit le terme de phase φ. Le spectre de ce signal est représenté à
la Fig. 10. Il comprend une composante continue et quatre composantes alternatives aux
pulsations respectives Ω, 2ω, 2ω+Ω et 2ω-Ω.
amplitude
filtre
passe-bande
bruit
0 ωb Ω
ωh
2 ω −Ω 2ω 2ω +Ω
pulsation
Fig. 10 Spectre du signal au point A, en sortie du multiplieur et filtre passe-bas
Pour récupérer le signal modulant de pulsation Ω, c'est à dire
KAB
mcos( φ) cos( Ω t ) , il
2
faut :
- un filtre passe-bande de pulsation de coupure haute ωh et de pulsation de
coupure basse ωb avec : Ω max < ω h < 2ω -Ω max et ω b < Ω min où Ω max et Ω min sont
respectivement les pulsations max. et min. du signal modulant. Pour éliminer au maximum le
bruit, il faut choisir ωh le plus près possible de Ω max et ωb le plus près possible de
Ω min. Compte tenu de la courbe de phase du filtre, il faut prendre cependant une marge sinon
on introduit une distorsion de phase importante.
- une phase φ nulle si possible, dans ce cas on obtient en S2, un signal de la
KAB
forme :
mcos(Ω t ). Si la phase φ=π/2, le signal en S2 est nul.
2
Une démodulation d'amplitude par détection synchrone exige donc une relation de
phase bien définie entre la porteuse à l'émission et la porteuse regénérée localement. Pour
réaliser cette relation de phase, on utilise une boucle à verrouillage de phase (PLL pour
Phase Locked Loop) comme le montre la Fig. 11.
cos(ω t-π/ 2)
boucle à verrouillage de phase
amplificateur
boucle à
verrouillage de
phase
multiplieur
(K)
déphaseur
π /2
filtre
passe-bande
cos( ω t)
S
comparateur
filtre
de phase
passe-bas
cos( ω t- π/ 2)
VCO
Fig. 11 Démodulation d'amplitude par détection synchrone et boucle à verrouillage de phase
La boucle à verrouillage de phase est constituée d'un VCO, d'un comparateur de phase
et d'un filtre passe-bas (voir cours et TP). Il s'agit d'un système asservi, la pulsation libre du
VCO est ajustée à ω, lorsque la boucle est verrouillée la phase du VCO se cale à π/2, c'est la
raison pour laquelle il est nécessaire d'ajouter un déphaseur de π/2 dans le démodulateur.
b) cas de la modulation d'amplitude sans porteuse
Dans ce cas, la modulation est équivalente à une multiplication et le signal modulé
s'écrit simplement : Acos(Ωt)cos(ωt). La suppression de la porteuse permet pour un émetteur
donné d'amplifier davantage les bandes latérales et par conséquent d'obtenir une portée de
transmission plus grande. Le spectre de ce signal est constitué de deux raies, l'une à ω+Ω et
l'autre à ω-Ω. Pour récupérer le signal modulant, c'est à dire Acos(Ωt), il suffit à priori de
multiplier localement par cos(ωt). Comme précédemment, l'oscillateur local génère cos(ωt − φ )
après multiplication on obtient :
Acos(Ω t)cos( ωt)cos(ωt - φ ) =
A
A
cos( φ) cos( Ω t ) +
cos (2ω − Ω)t − φ + cos (2ω + Ω )t − φ
2
4
Le spectre de ce signal est représenté sur la Fig. 12. Pour récuper le signal modulant il
faut comme précédemment :
- un filtre passe-bande de pulsation de coupure haute ωh et de pulsation de
coupure basse ωb avec : Ω max < ω h < 2ω -Ω max et ω b < Ω min où Ω max et Ω min sont
respectivement les pulsations max. et min. du signal modulant. Pour éliminer au maximum le
bruit, il faut choisir ωh le plus près possible de Ω max et ωb le plus près possible de
Ω min. Compte tenu de la courbe de phase du filtre, il faut prendre cependant une marge sinon
on introduit une distorsion de phase importante.
- une phase φ nulle si possible, dans ce cas on obtient un signal de la forme :
A
cos( Ω t ). Si la phase φ=π/2, le signal démodulé est nul.
2
amplitude
filtre
passe-bande
bruit
0 ωb Ω
ω
h
2 ω −Ω
pulsation
2ω +Ω
Fig. 12 Spectre du signal après multiplication et filtre passe-bas
Comme dans le cas de la démodulation d'amplitude avec porteuse il est nécessaire de
verrouiller la phase de l'oscillateur local. En l'absence de porteuse, le signal reçu ne contient
donc aucune énergie à la pulsation ω, il s'ensuit qu'une simple boucle à verrouilllage de phase
ne peut assurer le verrrouillage de phase de l'oscillateur local. On utilise dans ce cas une boucle
de Costas réalisée avec deux boucles à verrouillage de phase (voir cours boucle à verrouillage
de phase).
boucle de
Costas
amplificateur
multiplieur
(K)
S
filtre
passe-bas
Fig. 13 Démodulation d'amplitude par boucle de Costas
c) cas de la BLU
En BLU une seule bande est transmise. Par rapport au cas de la modulation à deux
bandes latérales sans porteuse on obtient un encombrement spectral réduit et une largeur de
bande de bruit réduite. Le signal reçu est donc de la forme Acos(ω+Ω)t dans le cas où la bande
latérale supérieure est émise. Au niveau du récepteur, l'oscillateur local génère un signal
cos(ωt+φ), après multiplication on obtient donc :
Acos((ω + Ω)t )cos(ωt + φ ) =
[
A
cos(Ωt − φ ) + cos( (2ω + Ω ) t + φ )
2
]
Le spectre contient deux pulsations, une est égale à Ω, l'autre à 2ω+Ω. La pulsation la
plus élevée est éliminée par filtrage, le signal obtenu s'écrit donc finalement : (A/2)cos(Ωt-φ).
La réception sera bonne si la phase φ reste constante. Pour qu'il en soit ainsi, à l'émission on
transmet une porteuse réduite qui sert à l'asservissement de phase de la porteuse locale. La
porteuse est isolée par filtrage et verrouille la phase de l'oscillateur locale. Le schéma du
démodulateur est représenté sur la Fig. 14.
ω
BLU
filtre sélectif
amplificateur
ω
multiplieur
(K)
boucle à
verrouillage de
phase
filtre
passe-bas
déphaseur
π /2
S
Fig. 14 Démodulation en BLU
NB : En télévision classique, on effectue une modulation dite BLR (Bande Latérale
Résiduelle), le spectre d'une telle modulation est donnée en Fig. 15. Avec ce type de
modulation il est encore possible de récupérer le signal modulant par une simple détection
crête (voir cours sur modulations et démodulations).
porteuse
bande latérale inférieure
bande latérale supérieure
Fig. 15 Modulation en bande latérale résiduelle
III-2- Démodulateur I/Q
Dans de nombreuses situations on est amené à utiliser une même porteuse pour
transmettre deux signaux modulants e1(t) et e2(t). C'est le cas par exemple dans les systèmes de
télévision PAL et NTSC (transmission des signaux de chrominance Rouge et Bleu), en
téléphonie numérique (transmission de deux symboles), etc ... . L'avantage de cette technique
est de réduire l'encombrement spectral comme le montre la Fig. 16.
Si on utilise deux porteuses différentes de fréquences fp1 et fp2, l'encombrement spectral
du signal modulé s(t) est de 4B, où B est l'encombrement spectral des signaux modulants e1(t)
et e2(t), on suppose que ces deux signaux ont le même encombrement spectral (voir Fig. 16-a).
Avec un modulateur I(In phase)/Q(Quadrature), l'encombrement spectral est divisé par
2, il vaut seulement 2B comme le montre la Fig. 16-b.
f p1
(a)
e 1 (t)
multiplieurs
2B
2B
f p1
f p2
s(t)
e 2 (t)
Modulateur avec deux porteuses
f p2
(b)
e 1 (t)
déphaseur
π /2
s(t)
2B
fp
e 2 (t)
fp
Modulateur I/Q (modulateur avec une seule porteuse)
Fig. 16 Réduction de l'encombrement spectral par utilisation d'un modulateurI/Q
Le signal modulé s(t) s'écrit : s( t ) = A e1( t ) cos(ωt ) + e2 ( t ) cos( ωt − π / 2 où Acos(ωt)
désigne la porteuse, on suppose pour simplifier l'écriture une constante du multiplieur égale à
l'unité.
La restitution des signaux e1(t) et e2(t) s'obtient au moyen d'un démodulateur I/Q
comme le montre la Fig. 17. Comme dans les cas précédents, il est nécessaire de verrouiller la
phase de l'oscillateur local pour obtenir les signaux e1(t) et e2(t) après filtrage. Le verrouillage
de la phase est encore réalisé au moyen d'un boucle de Costas.
Récepteur
Emetteur
e 1 (t)
e 1 (t)
déphaseur
π /2
s(t)
déphaseur
π /2
e 2 (t)
filtre passe-bas
fp
e 2 (t)
fp
Fig. 17 Modulateur et démodulateur I/Q
III-3- Recherche de non-linéarités
Soit par exemple un système non-linéaire dont la relation grandeur d'entrée-grandeur de
sortie s'écrit sous la forme y=ax+bx2+ ...., où a et b sont des constantes. Les constantes a et b
peuvent être obtenues par analyse spectrale, par détection synchrone, etc ... . Nous analysons
ici le cas de la détection synchrone.
Excitons le système en régime sinusoïdal avec x = Acos(ωt), la sortie y est de la forme :
y = aAcos(ωt) +
b 2
bA 2
bA 2
A (1 + cos(2ωt) ) =
cos(2ωt)
+ aAcos(ωt) +
2
2
2
Pour accéder à la constante a, il suffit d'envoyer sur la voie référence du détecteur
synchrone un signal de la forme Bcos(ωt), pour accéder à b il suffit d'envoyer Bcos(2ωt), en
effet par mutiplication, on obtient :
 bA 2

bA 2
ω
+
+
B
aAcos( t)
cos(2ωt) cos(2ωt)
2
 2

 bA 2 aA

bA 2
aA
bA 2
= B
+
cos(ωt) +
cos(2ωt) +
cos(3ωt) +
cos(4ωt)
2
2
2
4
 4

x= Acos( ω t)
système sous
étude
y=ax+bx2
V out
multiplieur
intégrateur
voie
référence Bcos(2 ω t)
voie
générateur
doubleur
signal
Fig. 18 Etude de non-linéarité
En sortie du filtre passe-bas, de fréquence de coupure inférieure à ω/2π, on obtient une
composante continue égale à b(BA2/4).
Ainsi il est possible d'accéder à n'importe quel coefficient de la non-linéarité, pourvu
que l'on dispose de la pulsation nω. Dans les détecteurs synchrones analogiques on ne dispose
généralement que de la pulsation 2ω, par contre dans les détecteurs synchrones numériques il
est facile de disposer de la pulsation nω, en effet il suffit de lire l'EPROM contenant le sinus
programmé (voir Fig. 8) avec une fréquence n fois plus élevée.
III-4- Mesure en photoconductivité, photoluminescence, ...
Dans toutes ces expériences il s'agit d'aller rechercher un signal physique de très faible
amplitude en synchronisme avec une excitation de fréquence connue. Prenons par exemple le
cas d'une expérience de photoconductivité, c'est à dire de la variation de conductivité d'un
matériau sous l'action d'un éclairement.
Pour extraire le signal du bruit, on procède à une modulation de l'excitation lumineuse
par un chopper, c'est un disque percé de trous. Le matériau est donc illuminé périodiquement,
au courant d'obscurité vient se superposer un photocourant périodique. Pour extraire ce
photocourant il suffit alors de faire une détection synchrone, c'est à dire de multiplier le signal
par un signal en synchronisme avec l'excitation. Pour obtenir ce signal on utilise une boucle à
verrouillage de phase dont le signal de synchronisme est en général un signal TTL, de
fréquence identique à l'excitation lumineuse, issu du dispositif de commande de chopper.
Une expérience de photoluminescence est similaire à une expérience de
photoconductivité. L'excitation est une source de lumière, en général monochromatique, le
signal analysé est encore un signal lumineux de longueur d'onde différente de l'excitation. Pour
analyser une longueur d'onde spécifique on utilise un monochromateur (équivalent à un prisme
... ) puis un convertisseur photon-électron (diode PIN, photomultiplicateur, ...) pour générer le
signal électrique à envoyer sur la détecteur synchrone.
Eclairement
Eclairement
synchro.
commande
du chopper
matériau
E
convertisseur
couranttension
I
ampèremètre
courant d'obscurité
+
photocourant
+
bruit
I
(a)
boucle à
verrouillage
de phase
voie référence
filtre
multiplieur
passe-bas
matériau
E
(b)
Fig. 19 Dispositif de mesure de photocourant sans détection sychrone (a) et avec détection synchrone (b)
On pourrait ainsi citer de nombreuses expériences où un détecteur synchrone est utilisé.
En conclusion, la détection synchrone est l'outil idéal pour rechercher un signal de fréquence
connue noyé dans du bruit.
Téléchargement