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Thème 3 : Dynamique des grandes aires continentales : L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de
la croissance
Japon-Chine : concurrences régionales,
ambitions mondiales
Enjeux :
Ce chapitre cherche à comparer les deux principales puissances de l’Asie de l’Est, à savoir la
Chine et le Japon.
 Les termes « concurrence » et « ambition » montrent bien la dimension comparative
de l’étude, mais ils sous-entendent que cette comparaison porte sur la puissance
respective de ces pays. Rappel : la puissance est la capacité d’influence sur un autre
état/acteur par la force (hardpower), l’influence culturelle (softpower) ou l’économie.
 Cette puissance doit être analysée à partir de deux échelles : l’échelle régionale (Asie
orientale) et l’échelle mondiale.
Plan du cours :
I.
Un contexte historique marqué par de multiples face-à-face : quels sont les rapports
entre les deux principales puissances asiatiques ? Quels sont leurs atouts respectifs ?
II.
Concurrences régionales : Jusqu’à quel point et dans quels domaines Chine et Japon
sont-ils concurrents au niveau régional ? Sont-ils concurrents ou complémentaires ?
III.
Ambitions mondiales : Comment s’expriment les ambitions chinoises et japonaises à
l’échelle mondiale ? Quels sont les moyens de leurs ambitions respectives ?
I.
Un contexte historique marqué par de multiples face-àface
a. Entre influence culturelle et rivalité politique
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Dès le IIe siècle avant notre ère, la Chine s’unifie et se dote d’un Etat fort et centralisé.
Elle soumet les pays voisins au rang de vassaux (Corée, Vietnam), mais pas le Japon.
Malgré cela, le Japon subit très tôt l’influence culturelle de la Chine. Dès le IVe siècle, le
bouddhisme et le confucianisme (philosophie, voire idéologie, qui prône le respect
des anciens et de la hiérarchie) sont introduits au Japon. Une série d’institutions et de
normes sociales chinoises sont adoptées au Japon, ainsi que l’écriture sous forme
d’idéogrammes. Le Japon a sa propre écriture et sa propre religion (le shintoïsme qui
fait de l’empereur un personnage divin) mais elles sont toutes les deux très
influencées par la culture chinoise.
Jusqu’au XIXe siècle, malgré le fait que la Chine soit impérialiste, son influence
politique sur le Japon reste très limitée : le Japon n’a jamais reconnu aucun lien de
vassalité avec la Chine (contrairement à ses voisins) et a toujours refusé de lui payer
un tribut.
Jusqu’au XIXe siècle, l’Empire manchoue a des ambitions sur le reste de l’Asie, mais en
règle générale, la Chine et le Japon sont relativement fermés au monde. Mais au XIXe
siècle, les Européens et les Américains s’industrialisent et augmentent leur puissance
politique et militaire. Or, ils ont besoin de débouchés pour les produits qu’ils
fabriquent, c’est pourquoi ils n’hésitent pas à utiliser la force pour inciter le Japon et la
Chine à ouvrir leur commerce.
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Pour rivaliser avec les puissances occidentales et ne pas tomber sous leur domination,
le Japon décide de s’industrialiser. Dès 1868, il entre dans l’ère Meiji (phase de
modernisation) et devient rapidement une puissance industrielle et militaire (il initie le
« vol des oies sauvages »).
De son côté, la Chine est plus faible et se voit dépecée par les puissances industrielles
qui agrandissent leurs empires coloniaux : le XIXe siècle est aujourd’hui encore appelé
le « siècle de la honte » : les européens et les japonais imposent leur tutelle sur une
partie du territoire chinois. Dès 1842, elle se voit imposer les « traités inégaux »
(traités diplomatiques qui défavorisent la Chine). En 1895, la Chine est battue par le
Japon qui lui arrache Taïwan et lui impose l’indépendance de la Corée.
Pendant la 1e Guerre Mondiale, le Japon est allié à la France et au Royaume-Uni. Il en
profite pour annexer la province du Shandong jusque-là sous influence allemande. La
Chine s’allie à son tour à ces trois pays pour essayer de récupérer cette province mais
au sortir de la guerre, le Traité de Versailles confie le Shandong au Japon. Cet épisode
marque les débuts du « mouvement du 4 mai 1919 » en Chine lors duquel les
étudiants nationalistes protestent contre les traités inégaux et pour une
modernisation du pays. Devant l’ampleur des protestations, le gouvernement chinois
refuse de signer le traité de Versailles et finit par récupérer le Shandong grâce au
soutien des Etats-Unis inquiets des ambitions japonaises en Asie.
Au cours du XXe siècle, le Japon amplifie ses ambitions impérialistes. Il s’empare de la
Corée dès 1910 puis dans les années 1930, il profit de la guerre civile qui a lieu en
Chine entre le Guomindang (GMD) et les communistes pour occuper la Mandchourie
(1931) puis à partir de 1937, il se lance dans la conquête systématique du littoral
chinois. Cette phase de l’occupation japonaise est extrêmement violente. En atteste
l’épisode, encore brûlant dans les mémoires chinoises, du massacre de Nankin en
1937. Pendant les 6 semaines qui suivent la bataille de Nankin, des centaines de
milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20'000 et 80'000
femmes et enfants sont violés. Dès 1941, le gouvernement japonais lance la politique
des « trois Tout » : « Tue tout, Brûle Tout, Pille Tout ». La Chine orientale est donc
occupée par le Japon jusqu’à la victoire américaine de 1945.
b. Vers la croissance économique…
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En 1945, le Japon est occupé par les Etats-Unis qui imposent la démocratie (il y a
toujours un Empereur mais son rôle est symbolique, c’est le parlement qui prend les
décisions). Depuis cette date, pendant la Guerre Froide et aujourd’hui encore, le
Japon est un allié des Etats-Unis. Après la reconstruction, commence la phase de
« haute croissance » (1955-1973) au cours de laquelle le PIB du Japon augmente de
10% par an et le produit industriel de 15%. Le Japon devient la 2e puissance
économique mondiale en 1968.
En 1949, la Chine devient communiste avec l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong. Le
gouvernement du GMD se réfugie à Taïwan. Le gouvernement de Mao n’est pas
reconnu par les puissances occidentales à ses débuts (Guerre Froide). Mais dans les
années 1960, la Chine rompt son alliance avec l’URSS, elle obtient l’arme nucléaire en
1964 et dès 1971, elle remplace Taïwan au Conseil de Sécurité de l’ONU, renforçant
ainsi graduellement son hardpower. En 1972, la Chine se rapproche gentiment des
Etats-Unis, le Japon reconnaît la République Populaire de Chine (RPC) et en 1978, un
traité d’amitié et de coopération est signé entre la Chine et le Japon. Mais la Chine
reste fermée économiquement et culturellement (1958-1960 politique du « Grand
Bond en avant » pour faire travailler les paysans dans l’industrie / 1966-1976
Révolution culturelle pour éliminer les rivaux de Mao).
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Mao meurt en 1976 et il est remplacé par Deng Xiaoping qui lance les « quatre
modernisations » (1978-1979) (agriculture, industrie, commerce, société). Il ouvre
l’économie chinoise et son territoire au capitalisme : création des Zones Economiques
Spéciales, les ZES sur le littoral, industrie orientée vers l’exportation de produits
manufacturés bas de gamme (l’ « atelier du monde »)… En 1992 le parti valide le
principe d’ « économie socialiste de marché ». En 2001, la Chine entre à l’OMC (preuve
de la libéralisation économique) et devient la 2e puissance économique mondiale en
2010 (elle dépasse le Japon).
Depuis 1990, comme la plupart des pays industrialisés, le Japon connaît une croissance
faible mais il demeure une grande puissance économique. On est donc dans une
situation où Chine et Japon sont, pour la première fois de l’histoire, des puissances
régionales au même moment.
c. Les atouts respectifs de la Chine et du Japon
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La Chine possède l’atout d’une population de 1,360 milliard d’habitants contre 127,3
millions pour le Japon. La Chine possède donc une énorme ressource de main-d’œuvre
(24% de la population active mondiale) mais aussi d’une importante diaspora de 50
millions de personnes partout dans le monde. De son coté, le Japon a un taux
d’accroissement naturel négatif (-0,2%) et une immigration presque nulle, ce qui fait
que sa population décroit, mais aussi qu’elle vieillit (plus de personnes âgées que de
jeunes) et donc a une population active réduite. Mais la Chine vieillit encore plus (en
2050 il devrait y avoir 30% de personnes âgées…)
La Chine a reçu beaucoup d’IDE qu’elle a réinvesti dans son économie, ce qui lui
permet d’être aujourd’hui encore l’ « atelier du monde » et de bénéficier d’une
croissance vive. C’est un véritable pays émergent avec une classe moyenne qui
augmente et de forts excédents commerciaux. Le Japon, véritable puissance risque
donc d’être distancé en raison de la faiblesse de sa croissance, même si il a un
PIB/hab. extrêmement élevé (36’900$ par an pour 9’300$ en Chine). Toutefois,
l’économie japonaise est ultra-moderne, elle possède une avancée technologique
considérable sur le plan international, tandis que la Chine fabrique encore des produits
assez bas de gamme (même si son industrie est en train de monter en gamme).
L’innovation est l’un des principaux atouts du Japon. C’est un petit pays avec peu de
ressources naturelles et peu de main-d’œuvre => il a besoin d’importer produits
alimentaires, matière premières et sources d’énergies => il doit exporter des produits
à haute valeur ajoutée => nécessité d’innover pour gagner en productivité et en
qualité. Le Japon dépend donc de sa capacité à innover. Il investit actuellement 20%
du budget mondial en recherche-développement ! => leader en électronique,
robotique, nanotechnologies, production de batteries pour les véhicules électriques,
matériel solaire, fibres de carbone, appareils numériques…
 Chine domine le Japon jusqu’en 1868, puis c’est le Japon qui domine la Chine jusqu’en
1945. Ensuite peu de relations mais une réelle rivalité dans le cadre de la Guerre Froide et
aujourd’hui, les deux pays sont simultanément des puissances régionales avec des atouts
importants et équilibrés.
II.
Concurrences régionales
On peut dire qu’à l’échelle régionale, il existe une complémentarité économique croissante
entre les deux puissances, qui s’oppose à une concurrence politique réelle, fruit de cette
histoire de face-à-face.
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a. Rivalité ou complémentarité économique ?
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Le Japon et la Chine se disputent le rang de première puissance économique en Asie
mais en réalité leurs économies sont interdépendantes. La rivalité demeure toutefois
dans les investissements en Asie du Sud-Est (et en Afrique). La Chine a des excédents
commerciaux supérieurs qui lui permettent d’investir d’avantage que le Japon mais le
Japon s’affirme en Asie par sa suprématie technologique.
Les FTN japonaises jouent un rôle considérable dans le « circuit intégré asiatique »,
une forme d’intégration régionale informelle (division régionale du travail pas
officielle, contrairement aux organisations économique). Au XIXe siècle, le Japon se
tournait vers les marchés européens et américains pour exporter ses produits et vers
les pays voisins pour importer les matières premières et les produits alimentaires.
Actuellement, le Japon est le 4e exportateur mondial, mais 50% de ces exportations
sont destinées à l’Asie, ce qui renforce les liens régionaux.
C’est le Japon qui initie le développement de l’Asie à travers la production de produits
de plus en plus haut de gamme (robots, batteries électriques et solaires, appareils
numériques) et la délocalisation de la fabrication des produits bas de gamme vers les
pays voisins. Les FTN japonaises se délocalisent de plus en plus et aujourd’hui 65% de
la production électronique japonaise est réalisée en dehors du territoire nippon
(surtout Chine et Asie orientale).
Depuis l’ouverture économique de la Chine, les FTN japonaises ont donc investit
massivement dans la Chine voisine qui leur assure une main-d’œuvre nombreuse et
bon marché. Le Japon est actuellement le 1e investisseur étranger en Chine et ses
entreprises y emploient plus de 10 millions de salariés. Mais la Chine importe aussi des
produits à plus forte valeur ajoutée du Japon pour fabriquer ses propres produits et
envoie ses jeunes faire leurs études au Japon et se former aux technologies japonaises.
Si c’est le Japon qui impulse les flux commerciaux intra-asiatiques, Chine et Japon
semble plus complémentaires que concurrents dans le circuit intégré asiatique.
Toutefois, la Chine cherche actuellement à sortir de cette position de dominée à
travers la montée en gamme de ses technologies pour devenir une concurrente du
Japon. Elle a par exemple fabriqué le TGV le plus rapide du monde (jusqu’à 350km/h)
pour prouver sa capacité d’innovations.
b. Une intégration régionale source de rivalités
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Dans l’intégration régionale (= processus de rapprochement entre plusieurs Etats
géographiquement proches à travers la mise en place d’organisations politicoéconomiques), Chine et Japon sont en concurrence. Chacun cherche à être celui qui va
le plus profiter de chaque projet d’intégration (Rappel : dans chacune des grandes
organisations régionales, il y a un (ou des) pays qui domine, par exemple E-U pour
ALENA, Brésil pour MERCOSUR). L’ASEAN est une zone de libre-échange et un forum
de coopération politique qui cherche à s’agrandir en ASEAN+3 (Chine, Corée, Japon)
qui satisfait la Chine. Le Japon lui veut l’étendre à l’ensemble des Pays du Pacifique et
à l’Inde.
La Chine fait par ailleurs partie de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS)
créée en 2001 (Chine, Russie et 4 pays d’Asie centrale, quelques pays observateurs
comme l’Inde, l’Iran, le Pakistan) = alliance qui cherche à faire le contrepoids de
l’OTAN. Cette organisation a refusé le statut de pays observateur au Japon et aux E-U
car son but est de créer un nouvel ordre politique et économique international =>
renforcer la puissance politique et économique de l’Asie du Sud face à la
superpuissance des Etats-Unis et de ses alliés (OTAN). La Chine affirme donc son
leadership régional dans les grandes organisations : au Nord l’OCS, au sud l’ASEAN+3.
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c. Les rivalités géopolitiques :
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Malgré l’interdépendance économique entre les deux pays, dans le domaine
politique, les discours sont souvent agressifs (affrontements diplomatique, rhétorique
nationaliste) et les relations tendues. Cette situation est le fruit de l’histoire et du
contentieux mémoriel qui l’entoure. La Chine ne manque pas de rappeler le massacre
de Nankin et les crimes de guerre perpétrés par l’armée japonaise entre 1937 et 1945.
Le sanctuaire shintoïste Yasukuni, à Tokyo, dédié aux morts pour le Japon, est un
enjeu très sensible depuis que les noms de certains criminels de guerre y ont été
ajoutés. Chaque visite officielle déclenche une vague de protestations en Chine.
Les tensions les plus fortes sont concentrées en mer de Chine riche en ressources
halieutiques et hydrocarbures (pétrole, gaz). La Chine considère que la majorité de
cette mer fait partie de sa Zone Economique Exclusive (ZEE). Les îles Senkaku sont
administrées depuis 1895 par le Japon mais elles sont revendiquées tant par Taïwan
que par la Chine. Des incidents s’y produisent régulièrement et la zone a récemment
pris un nouvel intérêt en raison de la découverte de gisements pétroliers offshore.
Cette affaire permet aussi au régime chinois de souder son pays autour d’un
nationalisme anti-nippon (c’est souvent le cas, pour bien souder un groupe, rien de tel
que de lui trouver un ennemi commun…)
Par ailleurs, au niveau régional, dans les domaines politiques et militaires, la Chine est
beaucoup plus offensive que le Japon. Ses relations avec Taïwan, qu’elle considère
comme un territoire rebelle duquel elle devrait reprendre le contrôle sont aussi très
tendues. Elle crée une marine de guerre pour sécuriser ses approvisionnements en
matières premières (série de ports militaires dans les pays de l’Océan Indien, le
« collier de perles ») et pour combattre les pirates dans le Golfe d’Aden. La Chine
exprime donc de plus en plus fort ses ambitions de puissance régionale, tandis que le
Japon a plutôt tendance à se ranger derrière le bouclier américain.
 Chine et Japon sont plus complémentaires que concurrents dans le domaine économique,
chacun tenant sa place dans la division régionale du travail. Toutefois, la Chine affirme ses
ambitions économiques et géopolitiques régionales.
III.
Ambitions mondiales
a. Des softpowers encore assez faibles
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Le Japon cherche à diffuser sa culture et l’image d’un « cool Japon » => a beaucoup
développé son softpower depuis les années 1990 surtout : mangas, dessins animés,
jeux vidéos, gastronomie… Par ailleurs, il fournit une importante aide au
développement (environs 10 milliards de $ par an) et participe largement aux
opérations de l’ONU (douze interventions depuis 1992, c’est le 2e pays qui contribue
le plus au budget de l’ONU après les E-U). Enfin, son rayonnement technologique lui
confère un statut particulier.
La Chine aussi cherche à développer son softpower (surtout dans les pays du Sud). Elle
crée des Instituts Confucius partout dans le monde (actuellement il y en a 300 répartis
dans 80 pays) pour enseigner la langue et l’histoire chinoise. Elle cherche à faire
véhiculer l’image d’une Chine moderne dans les médias internationaux (Jeux
Olympiques de 2008, Exposition Universelle de Shanghai en 2010).
b. La puissance économique
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Les deux pays sont engagés dans une course aux matières premières et aux marchés
mondiaux nécessaires à leur développement économique qui reflète bien leurs
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ambitions mondiales respectives. On dit que lorsqu’un officiel chinois fait une tournée
en Afrique, il est immédiatement suivi par un japonais qui fait lui aussi des offres de
coopération.
Les deux pays sont en effet très dépendants de l’extérieur : la Chine est le 1e
importateur mondial de pétrole depuis 2013 et le Japon le 3e. Cette dépendance
explique les liens privilégiés avec le Moyen-Orient et la Russie, ainsi que la
concurrence acharnée que se livrent leurs FTN pour l’exploitation des gisements
d’énergie et de matières premières, surtout en Afrique.
La Chine s’appuie sur sa diaspora d’environ 50 millions de personnes comme levier de
sa puissance économique (mais aussi culturelle => les restaurants chinois, les petits
commerces). 2e puissance économique mondiale, elle ambitionne d’égaler, voire de
dépasser les E-U. Depuis 2013, le président Xi Jinping impose la nouvelle devise du
« rêve chinois » (allusion au rêve américain) qui démontre ces ambitions de puissance
et de prospérité économique.
La puissance du Japon repose avant tout sur son économie (peu de hard et soft
power), grâce à ses grandes entreprises (Sony, Toyota) et à son savoir-faire
exceptionnel dans les hautes technologies. Il finance des grandes institutions
internationales (l’ONU, la Banque asiatique de développement) et Tokyo possède la
première place financière de l’Asie (le Kabuto-Chô). Enfin, il abrite une ville globale sur
son territoire.
c. Un hardpower inégal ?
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La situation est plus contrastée sur le plan du hardpower : la Chine fait partie des
vainqueurs de 1945 et détient un siège de membre permanent au Conseil de sécurité
de l’ONU (depuis 1971). Le Japon n’a pas ce statut qui donne un droit de véto. Il est
toutefois le pays qui a été le plus souvent élu membre non permanent mais la Chine
bloque ses revendications au statut de membre permanent. Par ailleurs, la Chine
cherche à se positionner en pays leader des BRICS et elle est devenue une puissance
spatiale majeure depuis les années 1990.
Par ailleurs, la Chine possède l’arme nucléaire, contrairement au Japon. Elle est
actuellement en train de moderniser ses forces armées : son budget militaire
augmente de 10% par an et a sextuplé depuis 2000 (c’est le 2e budget mondial).
Depuis sa défaite de 1945, le Japon n’a pas le droit de mener des actions offensives et
ses forces militaires sont limitées à l’autodéfense. Sa défense est encore très
largement assurée par les Etats-Unis qui disposent de bases aéronavales sur son
territoire. Toutefois, son budget militaire est au 5e rang mondial et augmente
constamment, avec des armements très avancés.
La puissance chinoise est au service de la « géopolitique des trois cercles » :
rassembler les Chines historiques (Hong Kong, Macao, Taïwan), s’imposer dans l’aire
Asie-Pacifique, affirmer sa puissance au niveau mondial, notamment face à
l’hyperpuissance américaine. À l’échelle mondiale, en dépit de quelques regains
nationalistes, le Japon n’a pas de volonté d’affirmation de puissance. Il se prépare
plutôt à devenir une « Suisse de l’Asie, prospère et pacifique ».
 Bien que relativement comparables dans leurs moyens actuels de hard comme de soft
power, Chine et Japon ont des ambitions mondiales différentes. Le Japon est plus tourné vers
l’influence économique, tandis que la Chine tend vers une expression globale de sa puissance.
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