12 Aproposdel’´equation de Schr¨odinger II
encore qu’elle soit assez ing´enue pour tout ignorer de l’interaction ´electromagn´e-
tique. L’op´erateur du membre de droite, l’hamiltonien, a pour rˆole, comme l’in-
dique le premier membre, de g´en´erer l’´evolution temporelle de la fonction-d’onde.
L’expression de l’hamiltonien d´epend:
— de l’environnement du quanton par la fonction potentiel V(r,t);
— de l’op´erateur impulsion, P=(¯h/i)∇∇
∇en repr´esentation de position qui, de
la mˆeme fa¸con que i¯h(∂/∂t), g´en`ere l’´evolution spatiale de la fonction-d’onde
lors d’une translation.
Depuis ses premiers pas dans l’univers quantique, Sophie a not´e que rien n’y
d´epend d’un changement de phase global de la fonction-d’onde. Ainsi, non seule-
ment la fonction
ψ(r,t)df
=eiωψ(r,t) (II.2)
satisfait-elle la mˆeme ´equation d’´evolution (II.1), mais de plus les grandeurs physi-
ques du quanton ont les mˆemes distributions (valeurs moyennes et divers moments),
que sa fonction-d’onde soit ψou ψ. Les fonctions-d’onde de la classe (II.2) sont
physiquement ´equivalentes; elles repr´esentent le mˆeme ´etat. Une transformation
telle que (II.2) est qualifi´ee d’interne car elle n’implique aucun d´eplacement spatio-
temporel. On parle ici de transformation de jauge globale du groupe U(1), le groupe
des matrices unitaires de rang 1, qui ne d´esigne rien d’autre — dans un style ampoul´e
— que les nombres complexes de module 1. Un coll`egue de Sophie qui utiliserait
la fonction ψpour d´ecrire la mˆeme situation n’y verrait aucune diff´erence, et l’une
comme l’autre n’ont nul besoin de se mettre d’accord sur un choix de phase absolu;
fort heureusement d’ailleurs puisque aucun n’est privil´egi´e par la nature.
Vous avez d´ej`a rencontr´elamˆeme ambigu¨ıt´e`a propos de deux observateurs en
mouvement relatif uniforme; les ´equations du mouvement d’un ph´enom`ene revˆetent
pour eux la mˆeme forme, mˆeme si les valeurs qu’ils attribuent respectivement aux
grandeurs physiques peuvent ˆetre diff´erentes. Le fait, ´erig´e en principe, que rien
dans les ´equations d’une th´eorie ne doive, jusqu’`apr´esent, permettre de distinguer
l’un d’entre eux est connu sous le nom d’invariance galil´eenne; les ´equations du
mouvement d’un pendule dans le T.G.V. sont les mˆemes pour la voyageuse et pour
le chef de gare.
Bien sˆur, selon les conditions initiales (qui n’ont rien `a voir avec les ´equations
du mouvement), un point de vue peut se r´ev´eler techniquement plus commode que
l’autre; la trajectoire du pendule a une expression plus simple pour la voyageuse.
Il en ira de mˆeme pour le choix de phase — le choix de la jauge — beaucoup plus
tard, selon que l’on souhaitera mettre plus particuli`erement en ´evidence l’invariance
de jauge ou l’invariance de Lorentz de l’´electrodynamique quantique, discuter du
m´ecanisme de Higgs ou s’interroger sur la renormalisabilit´e d’une th´eorie de jauge.