Avant-projet de rapport sur la médecine traditionnelle

Distribution : limitée
SHS/EST/CIB-17/10/CONF.501/3
Paris, 29 septembre 2010
Original
: français
Avant-projet de rapport
sur la médecine traditionnelle et ses implications éthiques
Cet avant-projet de rapport a été élaboré par le Groupe de
travail du CIB établi par le Bureau dans le cadre du programme
de travail du CIB pour 2010-2011.
Il ne prétend pas être exhaustif, ni prescriptif, et ne représente
pas nécessairement les vues des États membres de
l’UNESCO.
- 2 -
AVANT-PROJET DE RAPPORT SUR
LA MÉDECINE TRADITIONNELLE ET SES IMPLICATIONS ÉTHIQUES
1 INTRODUCTION
1.1 Objectifs du rapport
1.2 Contexte
2 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
2.1 Définitions
2.1.1 Médecine traditionnelle
2.1.2 Médecine complémentaire, parallèle, alternative, douce
2.2 Typologie de la médecine traditionnelle
2.3 État de la situation
2.4 Médecine traditionnelle et médecine conventionnelle : approches et
perspectives
2.5 Médecine traditionnelle : bénéfices et risques
2.6 Médecine traditionnelle et système de san
2.6.1 Une médecine traditionnelle reconnue et intégrée aux systèmes de
santé
2.6.2 Une médecine traditionnelle reconnue, mais non intégrées aux
systèmes de santé
2.6.3 Une médecine traditionnelle tolérée
2.6.4 Une médecine traditionnelle ignorée
3 IMPLICATIONS ÉTHIQUES DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE
3.1 Principes éthiques de la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits
de l’homme
3.2 Pratique de la médecine traditionnelle : études de cas
3.2.1 Afrique
3.2.2 Région arabe
3.2.3 Asie et Pacifique
3.2.4 Amérique latine
3.3 Recherche en médecine traditionnelle
3.4 Formation, évaluation
4 CONCLUSIONS
LA MÉDECINE TRADITIONNELLE ET SES IMPLICATIONS ÉTHIQUES
« … leur art (celui des devins et guérisseurs
traditionnels) n’est pas un ersatz « magique »,
« primitif » ou « irrationnel » de la médecine
occidentale, mais bien sa part manquante qu’elle
a refouler en dissociant – à tort et à raison
scientifique – le social et le biologique
1
. »
1. INTRODUCTION
La Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme (ci-après dénommée la
« Déclaration ») adoptée par acclamation par la Conférence Générale de l’UNESCO le 19
octobre 2005 souligne dans son article 12 l’importance du pluralisme et de la diversité
culturelle. Elle réaffirme ainsi l’attachement de l’UNESCO au respect de ces principes,
également proclamés par la Déclaration universelle sur la diversité culturelle (2005) qui,
dans son article 4, met l’accent sur la défense de la pluralité culturelle comme impératif
éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine. De plus, l’article 17 de
la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme rappelle « le respect des
savoirs traditionnels ».
A la lumière de ces instruments internationaux et de l’importance de la médecine
traditionnelle et de son ancrage dans l’histoire et les cultures des peuples, le Bureau du
Comité international de bioéthique (CIB) a décidé d’inscrire la question de la médecine
traditionnelle et ses implications éthiques au programme de travail du CIB pour 2010-2011,
considérant que cette question était particulièrement importante notamment pour les pays en
développement.
1.1. Objectifs du rapport
L’objectif de ce travail est d’analyser les implications éthiques de la médecine traditionnelle
et de proposer des lignes de base pour la mise en place d’un cadre éthique de la pratique
traditionnelle, afin que celle-ci puisse s’intégrer à part entière dans les systèmes de soins de
santé. Ce cadre éthique peut aussi servir comme base de réflexion pour l’élaboration de
normes concernant la pratique, la recherche, la formation et le contrôle dans le domaine de
la médecine traditionnelle.
Le groupe de travail/CIB souhaite se concentrer sur léthique de la pratique traditionnelle et éviter
tout double-emploi avec les travaux mes par d’autres agences des Nations Unies, en
particulier l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la propriété
intellectuelle (OMPI).
1.2 Contexte
La médecine traditionnelle et la médecine complémentaire ou alternative se développent
dans grand nombre des pays, prenant plus d’importance non seulement sur le plan sanitaire,
mais aussi sur le plan économique. Cette situation ne doit toutefois pas nous faire oublier les
difficultés inhérentes à cette pratique qui se caractérise, dans un bon nombre des pays, par
un manque de réglementation, d’évaluation, de contrôle et de formation, et en ce qui nous
concerne, par une absence de normes éthiques qui puissent l’encadrer.
1. A. Zempleni, « La maladie et ses causes », in Causes, origines et agents de la maladie chez
les peuples sans écriture, L’Ethnographie, 1985, N˚ 96-97, pp. 13-44.
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2. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
2.1. Définitions
2.1.1. Médecine traditionnelle
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la médecine traditionnelle se définit
comme « la somme totale des connaissances, compétences et pratiques qui reposent,
rationnellement ou non, sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et
qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en santé ainsi que pour prévenir,
diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales »
2
.
D'autres considèrent que c’est une « médecine fondée sur les croyances et pratiques
culturelles, transmises de génération en génération. Elle comprend des rites mystiques et
magiques, la phytothérapie et d'autres traitements qui ne peuvent pas être expliqués par la
médecine moderne »
3
.
En réalité, la médecine traditionnelle est un concept qui déborde largement le champ de la
santé pour se placer au niveau socioculturel, religieux, politique et économique. Elle peut
être considérée comme « un système de prise en charge du malheur (biologique ou non) qui
s’appuie sur des théories du corps, de la santé, de la maladie et de la guérison ancrées dans
les histoires des cultures et des religions qui ont construit et construisent un pays »
4
. On peut
dire qu’il existe presque autant de médecines traditionnelles que de cultures.
La multiplicité des médecines traditionnelles, qui diffèrent selon les régions du monde, les
pays et même à l’intérieur d’un pays, est un atout en même temps qu’un défi. A titre
d’exemple, si la médecine traditionnelle africaine ou latino-américaine est fortement
caractérisée par une tradition orale et un manque de formation reconnue des praticiens, la
médecine traditionnelle chinoise présente un caractère plus structuré et documenté. De
même, dans certains pays les dénominations de médecine parallèle, médicine alternative ou
médecine douce sont synonymes de médecine traditionnelle, alors que dans d’autre pays
l’expression « médecine parallèle et alternative » définit un ensemble de pratiques de soins
sans rapport avec la tradition du pays et qui ne sont pas intégrées dans le système de santé.
Par ailleurs, le terme « médecine traditionnelle » est parfois utilisé pour indiquer des
pratiques qui en fin de compte ne relèvent pas, à proprement parler, de la pratique médicale.
Par conséquent, tout en adoptant la définition de Médecine Traditionnelle proposée par
l’OMS, nous soulignons sa variété géographique ainsi que la multiplicité de ses pratiques.
Ce concept recouvre des réalités très différentes, ce qui entraînera une difficulté majeure
pour une unicité des discours et des approches. Cependant, en dépit de cette complexité
attendue, il est indispensable d’initier une réflexion plurielle du fait de l’importance que revêt
la médecine traditionnelle dans les pays en développement, mais aussi du fait de son
expansion dans les pays industrialisés elle prend un essor important et s’enrichit des
moyens techniques et des savoirs scientifiques existants.
2.1.2. Médecine complémentaire, parallèle, alternative, douce
L’OMS considère
5
que « les appellations médecine parallèle, alternative ou douce sont
synonymes de médecine traditionnelle. Elles se rapportent alors à un vaste ensemble de
2. OMS, Principes méthodologiques généraux pour la recherche et l’évaluation relatives à la
médecine traditionnelle. WHO/EDM/TRM/2000.1, Organisation Mondiale de la Santé, Genève, 2000.
3. National Library of Medicine - Medical Subject Headings. MeSH Descriptor Data.
http://www.nlm.nih.gov/cgi/mesh/2010/MB_cgi. Consulté le 24 juin 2010.
4. A. Epelboin. Médecine traditionnelle et coopération internationale. Bulletin AMADES, 50, 2002.
5. OMS, Stratégie de l’OMS pour la Médecine traditionnelle pour 2002-2005. Organisation
Mondiale de la Santé, Genève, 2002.
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pratiques de soins de santé qui n’appartiennent pas à la tradition du pays et ne sont pas
intégrées dans le système de santé dominant »
6
.
Le terme « alternatif » suppose le choix d’une approche distincte de la santé et de la maladie
que celle de la médecine conventionnelle. Le terme « complémentaire » ou « parallèle »
décrit une forme de thérapeutique qui est utilisée en plus de la médecine (acupuncture,
ostéopathie…). L’OMS regroupe ces notions sous le vocable de médecine complémentaire
et parallèle (MCP). Ce terme comprend de nombreuses approches différentes, parfois
mutuellement incompatibles. Si elles font l’objet d’un regroupement particulier c’est parce
qu’elles diffèrent des méthodes et traitements enseignés dans les facultés de médecine.
Le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) considère la
médecine complémentaire et alternative comme un « ensemble diversifié de systèmes,
pratiques et produits médicaux et soins de santé qui ne sont pas actuellement considérés
comme faisant partie de la médecine conventionnelle… »
7
.
2.2. Typologies de la médecine traditionnelle
Selon le type de thérapie proposée, on peut distinguer différentes pratiques :
Les thérapies médicamenteuses le soin passe par l’administration de médicaments à
base de plantes, d’animaux ou de minéraux ;
Les thérapies non médicamenteuses où les soins font l’objet d’une conceptualisation,
voire d’une codification : il peut s’agir de thérapies manuelles (massages, chiropraxie),
physiques, mentales, spirituelles ou associant plusieurs de ces éléments (yoga, qi gong,
tai chi...) ;
Les thérapies mixtes basées sur le mysticisme, les croyances diverses, avec ou non des
supports physiques (potions) et des pratiques des plus variées, des plus anodines
(comme l’imposition des mains) à des pratiques plus intrusives voire dangereuses.
Certaines pratiques sont, méthodologiquement parlant, plus accessibles à la recherche et à
l’évaluation. D’autres, comme les pratiques traditionnelles spirituelles (magico-religieuses)
présentent plus de difficultés méthodologiques, rendant la démarche scientifique plus
compliquée.
Les caractéristiques fondamentales des systèmes thérapeutiques traditionnels sont :
les systèmes thérapeutiques sont adaptés à l’environnement et contexte socioculturel et
géographique concret qui répond aux besoins de santé du groupe ethnique ;
ils utilisent les ressources naturelles locales (plantes, minéraux, animaux, eaux) comme
moyens thérapeutiques afin de prévenir et combattre les maladies et aussi comme
éléments étroitement associés à la culture et au système de croyances ;
dans la médecine traditionnelle, la santé-maladie n’est pas un binôme sectionné, ni
morcelé, mais plutôt une réalité variable (dialectique du yin-yang) en rapport direct avec
l’équilibre/déséquilibre de l’environnement, compris comme une réalité élargie
(environnement physique, espace du vécu et espace symbolique) ;
ils sont dépendants de la culture et de la société. De la même façon que santé-maladie
sont des états résultants d’un équilibre/déséquilibre avec l’environnement élargi, ce qui
peut être « santé » dans un cas, pour quelqu’un ou dans une situation déterminée, peut
être « maladie » dans d’autres ;
6. OMS. Médecine traditionnelle. Définitions. Consulté le 22 juin 2010.
http://www.who.int/topics/traditional_medicine/definitions/fr/index.html
7. National Center for Complementary and Alternative Medicine. What is Complementary and
alternative medicine. http://nccam.nih.gov/health/whatiscam/ . Consulté le 28 juin 2010.
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