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2. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
2.1. Définitions
2.1.1. Médecine traditionnelle
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la médecine traditionnelle se définit
comme « la somme totale des connaissances, compétences et pratiques qui reposent,
rationnellement ou non, sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et
qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en santé ainsi que pour prévenir,
diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales »
2
.
D'autres considèrent que c’est une « médecine fondée sur les croyances et pratiques
culturelles, transmises de génération en génération. Elle comprend des rites mystiques et
magiques, la phytothérapie et d'autres traitements qui ne peuvent pas être expliqués par la
médecine moderne »
3
.
En réalité, la médecine traditionnelle est un concept qui déborde largement le champ de la
santé pour se placer au niveau socioculturel, religieux, politique et économique. Elle peut
être considérée comme « un système de prise en charge du malheur (biologique ou non) qui
s’appuie sur des théories du corps, de la santé, de la maladie et de la guérison ancrées dans
les histoires des cultures et des religions qui ont construit et construisent un pays »
4
. On peut
dire qu’il existe presque autant de médecines traditionnelles que de cultures.
La multiplicité des médecines traditionnelles, qui diffèrent selon les régions du monde, les
pays et même à l’intérieur d’un pays, est un atout en même temps qu’un défi. A titre
d’exemple, si la médecine traditionnelle africaine ou latino-américaine est fortement
caractérisée par une tradition orale et un manque de formation reconnue des praticiens, la
médecine traditionnelle chinoise présente un caractère plus structuré et documenté. De
même, dans certains pays les dénominations de médecine parallèle, médicine alternative ou
médecine douce sont synonymes de médecine traditionnelle, alors que dans d’autre pays
l’expression « médecine parallèle et alternative » définit un ensemble de pratiques de soins
sans rapport avec la tradition du pays et qui ne sont pas intégrées dans le système de santé.
Par ailleurs, le terme « médecine traditionnelle » est parfois utilisé pour indiquer des
pratiques qui en fin de compte ne relèvent pas, à proprement parler, de la pratique médicale.
Par conséquent, tout en adoptant la définition de Médecine Traditionnelle proposée par
l’OMS, nous soulignons sa variété géographique ainsi que la multiplicité de ses pratiques.
Ce concept recouvre des réalités très différentes, ce qui entraînera une difficulté majeure
pour une unicité des discours et des approches. Cependant, en dépit de cette complexité
attendue, il est indispensable d’initier une réflexion plurielle du fait de l’importance que revêt
la médecine traditionnelle dans les pays en développement, mais aussi du fait de son
expansion dans les pays industrialisés où elle prend un essor important et s’enrichit des
moyens techniques et des savoirs scientifiques existants.
2.1.2. Médecine complémentaire, parallèle, alternative, douce
L’OMS considère
5
que « les appellations médecine parallèle, alternative ou douce sont
synonymes de médecine traditionnelle. Elles se rapportent alors à un vaste ensemble de
2. OMS, Principes méthodologiques généraux pour la recherche et l’évaluation relatives à la
médecine traditionnelle. WHO/EDM/TRM/2000.1, Organisation Mondiale de la Santé, Genève, 2000.
3. National Library of Medicine - Medical Subject Headings. MeSH Descriptor Data.
http://www.nlm.nih.gov/cgi/mesh/2010/MB_cgi. Consulté le 24 juin 2010.
4. A. Epelboin. Médecine traditionnelle et coopération internationale. Bulletin AMADES, 50, 2002.
5. OMS, Stratégie de l’OMS pour la Médecine traditionnelle pour 2002-2005. Organisation
Mondiale de la Santé, Genève, 2002.