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1. Introduction
L’arthroplastie totale de hanche est devenue en 50 ans une des interventions offrant le plus
de satisfaction en chirurgie orthopédique. Elle est aujourd’hui considérée comme fiable,
reproductible, les patients sont soulagés et présentent d’excellents résultats fonctionnels. Les
techniques de pose et les implants sont quant à eux en constante évolution. Les biomatériaux
progressent, l’instrumentation devient plus pratique et conviviale, la modularité permet une
restauration plus fidèle de l’anatomie du patient. Aussi, de nombreuses voies d’abord de la
hanche ont pu être décrites depuis la fin du XIXème siècle19,68 : voies antérieures, voies
antéro-latérales et voies postéro-externes. La voie postéro-externe est actuellement la plus
utilisée dans le monde : environ 85 à 90 % des arthroplasties totales de hanche s’effectuent
par cette voie. Ces procédures « conventionnelles » nécessitent des incisions entre 15 et 30
cm, en moyenne. Depuis moins d’une dizaine d’années, des chirurgiens89,107 ont essayé de
faire évoluer ces techniques, en partie grâce aux industriels, afin de diminuer l’agression du
geste chirurgical. Cela passe par des voies d’abord moins extensives, respectant plus les
structures anatomiques péri-articulaires. On considère ainsi comme minimales, les voies
d’abord dont l’incision cutanée est inférieure ou égale à 10 cm44,50,82,87,106. On assiste depuis à
un véritable engouement de la part des chirurgiens, mais aussi des patients, de mieux en
mieux informés par le biais des médias. Cet intérêt est multifactoriel1. De nombreux
avantages ont été rattachés à ces techniques qualifiées de mini-invasives : avantage esthétique
d’une cicatrice moins grande, récupération fonctionnelle plus rapide grâce à de moindres
douleurs post-opératoires7 et un geste chirurgical moins hémorragique103,107, durée
d’hospitalisation plus courte…, mais il faut aussi y voir l’intérêt des patients pour les
procédures les plus nouvelles, la compétition entre les chirurgiens et le marketing des
industriels. Plusieurs types de voies d’abord minimales ont été décrits : la voie postérieure
mini-invasive, la voie antérieure pure type « mini-Hueter »55,57,59, la voie antéro-latérale type
« Watson-Jones modifiée »9, les voies latérales directes minimales5,51 et la voie à deux
incisions6. Ces « nouvelles » techniques sont le plus souvent des évolutions ou l’association
de différentes techniques éprouvées. Néanmoins, leur pratique nécessite toujours une certaine
courbe d’apprentissage1,31,81 qui peut être alors associée à l’apparition de complications ou de
difficultés nouvelles pour le chirurgien : durée opératoire allongée, moins bonne visualisation
en per-opératoire avec des risques accrus de complications neuro-vasculaires, implants plus
difficiles à positionner ou avec une fixation plus aléatoire pouvant compromettre le devenir à
long terme de l’arthroplastie8. Déjà, des auteurs31,66,106 se sont faits l’écho des complications
apparues. Il est donc nécessaire d’évaluer ces innovations techniques82.
Il existe actuellement encore peu de publications13,77,106 les évaluant de façon prospective
et comparative. De plus parfois, il s’agit de techniques difficilement comparables entre
elles103. Voilà maintenant plus de 3 ans que nous pratiquons dans notre Service la voie
d’abord postérieure minimale pour la mise en place de prothèse totale de hanche.
Ce travail se propose donc d’évaluer, de manière prospective, les résultats cliniques
précoces d’une série continue de prothèses totales de hanche (PTH) de première
intention réalisées par voie postérieure minimale comparée avec une série continue de
PTH pratiquées par voie postéro-latérale classique.