L’autorité en famille “ Chez l’enfant, le besoin de trouver un soutien auprès d’une autorité est si impérieux que pour lui le monde se met à vaciller si cette autorité se trouve menacée” (1) jacquesboulanger.com • • • • • • (1) S. Freud. Un souvenir d’enfance de 1 Léonard de Vinci, 1910, p. 148 Le besoin de rencontrer une autorité adulte ferme est essentiel à la formation de la personnalité de l’enfant Consultation CMPP : les marqueurs du fonctionnement de l’autorité dans la famille : repas, couchage,, endormissement, devoirs, télé, doudou ... Être disponible aux apprentissages scolaires (modules de la cognition : agir, parler, se souvenir, comprendre) suppose au préalable que l’autorité parentale soit harmonieuse pour que l’enfant soit rassuré dans son fonctionnement émotionnel. Pas de cognition sans émotion. Autorité n’est pas autoritarisme, ni violence, ni sadisme, ... L’autorité est morale, non physique. Lavage de nez intempestif • • 7h30 Préparer les enfants • • • • • • • Le refus Effondrement paternel Le matin, 7h30, départ à l’école pour Nicolas, 7 ans et Anaïs, 4 ans ; préparation toujours mouvementée des deux petits Le père se met en demeure de faire se moucher Nicolas, qui refuse Intercession maternelle : «Ce n’est pas le moment, laisse tomber !» Effondrement paternel ; le père part au travail et laisse la mère gérer seule le départ des enfants à l’école Moralité : la fonction du père, c’est d’être maladroit 3 L’oubli du doudou • Bastien, 4 ans, retard de parole, oppositionisme • Jamais sans maman 4 • • • • • • Les parents de Bastien, 4 ans, consultent sur le conseil de l’institutrice de MS pour un retard de parole et un oppositionisme dans le cadre scolaire Bastien, sucette et doudou Échec de la tentative de rencontrer seul l’enfant ; « Jamais sans maman » Au retour des parents effondrement maternel au constat de cet échec, Elisa, 7 ans, soutien de famille, vient rassurer sa maman Colère du père contre la mère, reproche de maternage excessif, accusation de Mme • Moralité : l’autorité doit être légitime ; que penser des objets de la petite enfance (sucette, doudou ?) “L’autorité doit être légitime” (1) « Et puis d’abord, “Nunquam duo, tu n’es pas mon père ! » semper tres (1) JP Rosenzweig, président du tribunal (1) JP Rosenzweig, président du tribunal pour de Bobigny pour enfant deenfant Bobigny 2 • • • • L’autorité ne fonctionne que si elle est vécue comme légitime par les deux partenaires (l’enfant, le parent) Cf les familles recomposées : «Et puis d’abord, t’es pas mon père !» ; rôle du beau-parent. Cf le modèle : «Fais ce que je te dis, ne fais pas ce que je fais», discours paradoxal. J’ai l’air d’une maman ? Objet transitionnel ou objet fétiche ? 5 Le doudou : des sensations pour soulager l’angoisse de séparation Winnicott, l’objet transitionnel, in “Jeu et réalité”, NRF, Gallimard, 1975 : p. 12 : “Le modèle des phénomènes transitionnels apparaît du 4è au 12é mois p. 18 : “L’objet transitionnel peut finir par devenir un objet fétiche” Green, La folie privée, Folio, p. 157, « Les états-limites sont caractérisés par l’incapacité fonctionnelle à créer des dérivés de l’espace transitionnel ; au lieu de phénomènes transitionnels, ils créent des symptômes qui en remplissent la fonction » Après deux ans ? 6 La question des fondements de l’autorité • • • • • 7 Se sentir légitime : les fondements de l’autorité Ne pas reproduire les erreurs : plus de moi dans le mélange ça-moi-surmoi ? Ratage : l’autorité comme processus ; ça s’anticipe (la procédure) La médicalisation de la petite enfance : l’emprise narcissique des mères ? La désertion des pères : la peur de l’amante religieuse ? Plan de l’exposé I Philosophie 1/ Étymologie 2/ Définition 3/ Philosophie II Métapsychologie 1/ Le surmoi 2/ Historique 3/ Formation 4/ Fille/Garçon 5/ Surmoi cruel 6/ Transgénérationnel 7/ Processus d’autorité 8/ Fonction paternelle III Sociologie 1/ L’anomie 2/ Big mother I. Le processus d’autorité II. Autorité et fonction paternelle III. L’anomie IV. Big mother 8 1 - Etymologie - Définition - Philosophie 2 3 Plus value Augere Achat Vente Augmenter 9 Avoir de l’autorité, c’est donner une plus value • Augere : augmenter. Auctor : auteur • août, aoûtat, aoûtement, aoûtien, augmenter, augure, augurer, auguste, auteur, autoriser, autoritaire, autorité, auxiliaire, bonheur, coauteur, gugusse, heur, heureux, inaugurer, malheur, octroyer. 1 - Etymologie - Définition - Philosophie 2 3 Auctor : celui qui génère l’autorité 10 août, aoûtat, aoûtement, aoûtien, augmenter, augure, augurer, auguste, auteur, autoriser, autoritaire, autorité, auxiliaire, bonheur, coauteur, gugusse, heur, heureux, inaugurer, malheur, octroyer. 1 - Etymologie - Définition - Philosophie 2 3 Droit Pouvoir Force Attitude assurée qui impose le respect et la confiance • • • • • 11 Droit de commander Pouvoir d’imposer l’obéissance Force exécutoire Attitude assurée qui impose le respect et la confiance Référence des règles 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements L’acte d’autorité : interface entre nature et culture 12 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements • L’inné et l’acquis • L’archaïque en nous • Aristote : l’ordre naturel au fondement de tout ; la culture, forme rapportée 13 I. La nature : de l’origine à l’idéal 1. Des mondes séparés ? Il y a d’une part l’univers, d’autre part l’homme. Ces deux registres séparés se retrouvent au sein de l’humain : l‘inné et l’acquis. 2. Des significations contrastées Nature : de nascere en latin, croître. Culture, de colere en latin, cultiver, civilisation 3. De l’origine au modèle a)Les Grecs, Aristote. Conception harmonique : la nature est ordonnée et hiérarchisée (cosmos) ; elle est conçue comme un commencement (en fait), un fondement (en droit), et une norme (selon un idéal). Il y a un fond originel (la nature) et une forme rapportée (la culture). b) La Renaissance, Rousseau. Conception dysharmonique. En Occident, Rousseau : l’âme humaine est altérée par la culture. La nature devient un modèle fictif originaire. La culture n’est plus un achèvement, mais une « dénaturation ». Mac Lean, 1960 Les trois cerveaux Singe Juste dose Conscience Anticipation Synthèse Effet tampon Émotions mémoires Souris Dose maxi Dinosaure Comportements automatiques 1/ Mac Lean et les trois cerveaux de l’homme (1960, ou in Les trois cerveaux de l’homme, Robert Laffont, 1990) : 2/ Les trois cerveaux : -> cerveau reptilien (diencéphale), paléomamalien (système limbique) et néomammalien (cortex). -> Le cerveau reptilien (diencéphale) : formation réticulée et striatum, comportements de survie, automation. -> Le cerveau paléomammalien (système limbique) : émotions, mémoires -> Le cerveau néomammalien (cortex, 6 couches) : anticipation, choix des réponses, programmation. 3/ Il y a une hiérarchisation et spécialisation des trois cerveaux en un. Chaque cérébrotype a sa forme d’intelligence, sa propre mémoire spécialisée et ses propres fonctions motrices et autres. Chacun est capable d’opérer indépendamment des deux autres ». 4/ Jean-Pol Tassin attribue un lieu cérébral à l’inconscient : le système végétatif-affectif de l’hypothalamus. 4/ NEOTENIE : Grosse tête et petite hanche => épigénèse du cerveau 5/ Défaut d’anticipation, répétition, pulsion de mort 6/ Cf P. Marty : désorganisation progressive (Cf. John Hughlings Jackson (1835-1911) est un neurologue britannique qui décrivit le fonctionnement neurologique et cérébral sous une forme hiérarchique : les niveaux inférieurs voient leurs fonctions se libérer - souvent de manière inappropriée - quand les niveaux supérieurs de contrôle deviennent défaillants. Ce modèle a connu dans les années 1930 des développements dans le domaine de la psychiatrie, grâce aux travaux de Henri Ey et à sa théorie de l'organodynamisme. : 7/ Cf. Phénas Gage dont nous allons reparler avec Damasio 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements • L’humanité comme arrachement • Prohibition de l’inceste et de l’homicide • Pour le commerce, réglementer la sexualité 15 I. Instincts et institutions • • • • • • 1. L’humanité comme arrachement Platon : arrachement des hommes à leur à leur condition originaire (Cf paléontologie). « L’homme est le seul animal à s’être domestiqué lui-même » (Cl. Levi-Strauss, les structures élémentaires de la parenté (1947), Mouton, 1967, p. 6). L’instinct animal en l’homme n’est pas aboli mais a trouvé de nouvelles voies de satisfaction (institutions). Les institutions deviennent des « modèles d’action » contraignants (G. Deleuze) par leur fonctionnement : langage conventionnel, travail, interdits. La vie institutionnelle constitue une radicale rupture d’avec l’animalité (G. Bataille, G. Deleuze). 2. La prohibition de l’inceste et les institutions de l’échange Les enfants sauvages ne sont pas les témoins inespérés d’un âge révolu : l’humanité ne retrouvera jamais par régression un stade antérieur. C. Lévi-Strauss : c’est l’obligation d’organiser les échanges selon un lien de réciprocité qui a organisé le tabou de l’inceste (Cf. exogamie). Les institutions règlent les échanges au moyen de normes réglementant les trois invariants universels de la vie sociale : le langage, l’économie, la sexualité. 3. La pub comme capteur pulsionnel 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements “Kultur Arbeit” 16 I. Education et civilisation • • • • • • • • • 1. La notion de « perfectibilité » Rousseau : « perfectibilité » comme aptitude à la culture. Plasticité : l’homme peut s’adapter à n’importe quelle forme culturelle. Fragilité : l’intelligence est fragile (folie, vieillesse) 2. Des progrès cumulatifs ? L’éducation engage l’avenir de l’individu et du groupe. Kant : rôle déterminant de l’éducation dans le processus d’hominisation. Kant distingue soigneusement instruction et discipline. Discipline : dépouiller l’homme de son animalité, intériorisation de la Loi. Condorcet : les avancées culturelles sont cumulatives, chaque génération progresse (la notion de progrès des Lumières). Freud (1930) : l’inconvénient est que la civilisation d’édifie « sur la contrainte et le renoncement aux instincts », nourrissant les tendances antisociales et destructrices. 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements Unité naturelle, diversité culturelle 17 I. Unité naturelle, diversité culturelle. • • • • • • • 1. L’illusion ethnocentrique Ethnocentrisme : prendre sa culture comme référence pour juger les autres cultures. Pour les Lumières, le progrès devait faire reculer les tendances archaïques de l’homme (xénophobie, intolérance). Montaigne : chacun tient pour « barbare, ce qui n’est pas de son usage ». L’autre étranger fait peur. 2. Unité de l’humanité Il faut prendre acte de la diversité des cultures et des croyances, pourtant « L’homme est la mesure de toute chose » (Protagoras, sophiste ; contrairement à Platon pour qui la norme suprême est divine). Sans tomber dans le relativisme (qui n’est qu’un ethnocentrisme inversé), qui suspend tout critique sur les normes de chaque société, Montesquieu affirme que toutes les normes ne se valent pas. Il refuse (Lettres persanes, chap. Les droits de l’homme, p. 463) d’assimiler tolérance et non-sens. Chacun porte en soi la notion de justice qui fonde la critique de toute forme d’expression culturelle. L’anthropologie moderne doit désormais penser l’hétérogénéité culturelle sans renoncer à l’horizon d’universalité. 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements Pourquoi les règles ? 18 • • • 1. D’où viennent les règles morales ? Pourquoi ce sentiment de culpabilité quand on s’écarte de la norme ? Pourquoi ces attitudes universelles : respecter la parole donnée, détester le mensonge, admirer le courage, ne pas tolérer l’injustice ? Quelle autorité fonde les règles de la vie commune : la religion, le groupe, la nature ? 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements Ethique et morale 19 • • • • • • • • 1. Ethique et morale La vie sociale exige une certaine régularité des comportements. Le besoin d’anticiper les réactions de ses semblables suppose des codes : les mœurs. Ethique : comment bien vivre, l’idéal du bien (sagesse) Morale : ce qu’on peut faire ou pas (l’autorité de la loi Hégel, différence éthique (harmonie grecque, sentiment d’unité, du « bien vivre ensemble) t morale (découverte de la subjectivité, chrétienté). 1. La difficulté de fonder Schopenhauer : « S’il est facile de prêcher la morale, il est difficile de la fonder » (Le fondement de la morale, 1840, trad. A. Burdeau, Poche, 1991. Ce n’est pas au philosophe à la fonder. Hume : ce n’est pas au scientifique non plus (Cf. JP Changeux et les fondements neurobiologiques) Il faut pourtant trouver un fondement universel, faute de quoi l’éthique donnerait prise au relativisme et au scepticisme. 1 Is God there ? - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements L’origine des normes morales 20 1. L’origine des normes morales a) Origine naturaliste. . Hobbes, Leviathan : La morale serait liée à une prise de conscience : livrés à leurs instincts, les hommes sont voués à s’entre-exterminer. Il leur faut, pour survivre, devenir raisonnables, s’imposer des règles de coexistence. . Nietzsche : La morale, qui procède de la peur de mourir, est une victoire des faibles, entretient une tendance masochique qui interdit l’expression des manifestations vitales. . Extension darwinienne : La morale est aussi le fruit de l’évolution. b) Origine religieuse C’est la morale des théologiens, conception longtemps dominante en Occident : . St Thomas d’Aquin : Les normes traduisent la volonté de Dieu ; obéir garantit le salut, regagner le paradis perdu. . Kant : La morale est fondée par un concept universel et nécessaire. Ce qui revient à dire, prétend Schopenhauer dans sa critique de Kant, qu’il y a un être suprême qui récompense les actes moraux. c) 3. Le fondement biologique de l’éthique ? • Les éthologistes et les neuroscientifiques voudraient trouver le fondement de la morale dans l’hérédité et le fonctionnement des neurones. « Nous ne sommes que des machines destinées à assurer la survie de nos gènes » (JP Changeux). Les règles du mariage, par exemple, ne seraient qu’une stratégie de transmission des gènes. Le cerveau est conduit, dans son développement, à sélectionner une certaine organisation de ses cellules propices à installer des comportements moraux élémentaires (lobe frontal). • Il y aurait une sorte de « syntaxe universelle à partir de laquelle se développeraient les systèmes de règles particuliers » (Changeux). 1 - Etymologie 2 3 - Définition - Philosophie . Nature . Culture . Fondements L’éthique de la discussion 21 1. L’éthique à l’ère des biotechnologies Toute tentative pour trouver un fondement est décevante (Ricoeur). Où chercher dans un monde contemporain dépourvu de l’ascendant des grandes figures morales traditionnelles (Arendt) ? Sentiment de perplexité croissant devant un monde vécu comme contingent et absurde. Ni Dieu, ni la nature, ni les traditions ne nous aident. Nous somme dans la « guerre des dieux » de Max Weber (conflits de valeurs). Naissance de la bioéthique (PMA, handicap prénatal …), risque d’eugénisme Comité de bioéthique : renoue avec la sagesse et la prudence. Désormais, le fondement de l’éthique est à chercher dans la raison et la discussion. 2. L’éthique de la discussion. Kant recommandait de fonder la loi morale sur le juste plutôt que sur le bien. Il a anticipé la conception collective de l’éthique qui est aujourd’hui développée. Jürgen Habermas, Karl Otto Appel : les philosophes anglo-saxons qualifient cette éthique de « déontologique » par opposition à l’éthique « utilitariste ». Il s’agit de privilégier la discussion pour fonder les normes. Jacques Monod et l’éthique de la connaissance : élaborer rationnellement des valeurs sur le modèle de la démarche scientifique : « Il est évident que poser le postulat de l’objectivié comme condition de la connaissance vraie constitue un choix éthique et non un jugement de connaissance » (Le Hasard et la Nécessité, Seuil, 1970, p. 220). C’est adopter le principe d’universalisation et l’impératif catégorique kantien : « Agis toujours de telle sorte que la maxime de tes actions puisse être érigée en loi universelle de la nature ». Karl Popper opposait qu’on ne saurait trouver une fondation ultime à l’éthique. 1 .................................. 2 . Définition . Historique 3 . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle Métapsychologie Autorité = surmoi 22 1. . Définition 3 1 2 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel Instance . Processus d’autorité . Fonction paternelle 2. Juge 3. Héritier de l’œdipe 4. Transmission des Juge règles 5. Règle la transmissio Idéal 23 I. • • • • • • Définition du surmoi Une des instances de la personnalité Décrite par Freud dans la seconde topique Fonction du surmoi : juge à l’égard du moi, conscience morale, auto-observation, formation d’idéaux Dans le développement, héritier du complexe d’œdipe Intériorisation des exigences et interdits parentaux M. Klein : formation du surmoi dès les stades pré-œdipiens (précurseurs du surmoi, Cf. Glover, Spitz) 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle De la censure du rêve 23 ans pour isoler le surmoi Historique du concept de surmoi chez Freud 1900 : La censure dans le rêve 1907 : la culpabilité du névrosé 1909 : l’enfant s’identifie aux parents 1910 : l’enfant a besoin de l’autorité 1914 : idéal du moi 1917 : une partie du moi critique l’autre 1923 : création du terme de surmoi 1924 : l’impératif catégorique 1930 : le délégué des instances sociales 1932 : tableau récapitulatif des fonctions du surmoi à l’idéal du moi 24 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité 1. Renoncement aux désirs œdipiens 2. Identification aux parents Quatre phases : 3. Intériorisation de l’interdit 4. Ouverture à la culture 1. La forma:on du surmoi selon Freud a) La fin de l’œdipe • La formation du surmoi est corrélative de la sortie de crise œdipienne. • En premier lieu, le surmoi est représenté par l’autorité parentale • Alternance gratifications/punitions => angoisse • • L’issue de l’œdipe suppose quatre temps : 1. Renoncement à la satisfaction des désirs œdipiens frappés d’interdit. 2. Transformation de l’investissement sur les parents en identification aux parents 3. Intériorisation de l’interdit. 4. Enrichissement du surmoi par les apports culturels (le surmoi devient porteur de l’idéal du moi) 25 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle • Chez la fille : plus longue durée de l’œdipe, surmoi plus souple • Chez le garçon : menace directe, surmoi plus rigoureux 26 • Le trajet ne se fait pas dans la même temporalité pour les garçons et pour la fille (Nouvelle conférence, 1932) du fait du rapport de la castration à la différence anatomique des sexes. b) Chez la garçon • La menace de castration, étant directement perçue, agit aussitôt et « un surmoi rigoureux lui succède ». c) Chez la fille • La menace de castration est antérieure au complexe d’œdipe, perçue tôt comme ayant déjà été exécutée, et le complexe œdipien dure plus longtemps. Pour Freud, le surmoi féminin en serait moins rigoureux. 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle • S. Ferenczi, 1925 • M. Klein, 1932 • R. Spitz, 1958 • J. Lacan, 1960 27 • • • • 1. Le surmoi précoce Pour certains auteurs l’intériorisation des interdits serait antérieure à l’œdipe. S. Ferenczi, Psychanalyse des habitudes sexuelles, 1925 : dès l’éducation sphinctérienne. M. Klein (Le développement précoce de la conscience chez l’enfant, 1932), dès la phase orale, formation du surmoi par introjection des « bons » et « mauvais » objets. Surmoi que la phase du sadisme infantile rendrait cruel. Spitz (Genèse des composants du surmoi, 1958) : les trois précurseurs indispensables à la formation surmoi : o Les actions physiques imposées o La tentative de maîtrise par l’identification au geste (imitation du geste par l’enfant). o L’identification à l’agresseur (Cf. Ferenczi, Confusion de langue entre l’adulte et l’enfant, 1932) I. Chez Lacan • Théorisation du couple idéal du moi/moi idéal. • Lacan le conçoit comme inscription archaïque d’une image maternelle toute puissante, qui marque l’échec ou la limite du processus de symbolisation. • A ce titre le surmoi incarne alors la défaillance de la fonction paternelle 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle • Identification à la fonction, pas à la personne • À l’image du surmoi parental • Fait de représentations de mots 28 I. Le surmoi, lien transgénérationnel • « L’établissement du surmoi peut être considéré comme un cas d’identification réussie à l’instance parentale », Freud, Nouvelles conférences. • Pas une identification aux personnes que sont les parents (Freud distingue bien le processus de l’identification et celui du choix d’objet) • Le surmoi de l’enfant se forme à l’image du surmoi des parents. • Il devient le représentant des traditions et des valeurs • Freud a insisté sur l’idée que le surmoi comporte essentiellement des représentations de mots et que ses contenus proviennent des perceptions auditives, des préceptes, de la lecture. (Cf cathose ??) 1 2 . Définition . Historique 3 . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle Malaise dans la culture : disqualification de l’autorité ? 29 I. Introduction • La crise d’autorité, composante de la crise de la culture : • « … L’autorité au sens le plus large a toujours été acceptée comme une nécessité naturelle, manifestement requise autant par la dépendance de l’enfant, que par une nécessité politique : la continuité d’une civilisation constituée qui ne peut être assurée que si les nouveaux venus par naissance sont introduits dans un monde préétabli où ils naissent en étrangers » • Hannah ARENDT (in La crise de la culture, Poche, 1989, p. 212). • La crise traduit la disqualification de la valeur de l’autorité. • Cette problématique classique de l’adolescence s’est étendue à la petite enfance. • Pour Freud, l’enfant a besoin de l’autorité : « Chez l’enfant, le besoin de trouver un soutien auprès d’une quelconque autorité est si impérieux que pour eux le monde se met à vaciller si cette autorité se trouve menacée ». (Freud, Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, 1910, p. 148). • « Le complexe de Richard III » (Shakespeare) et le rapport psychopathique à l’autorité : « J’ai tellement souffert qu’il m’est permis d’enfreindre les lois ». • Pour Freud, l’autorité, dès l’origine, menace le narcissisme. • Pour Freud, l’autorité est paternelle. • L’exercice de l’autorité suppose des ajustements (Cf « en bon père de famille »). • Autoritarisme : sacralisation (fétichisme ?) de l’autorité. 1 2 . Définition . Historique 3 . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle L’autorité est un processus 30 1. L’autorité est un processus • Etymologie : augere, augmenter et actor, acteur • L’autorité n’est ni un état ni une position : c’est un processus. • Le processus d’autorité se définit comme un mode de fonctionnement mental résultant et producteur de nombreuses opérations inter et intrapsychiques, centré sur la transmission-transformation du surmoi et idéal du moi, opération génératrice de croissance et/ou de souffrance psychique dans la triade père-mère-enfant au sein du groupe famille. • Dans l’idéal, il s’agit d’une autorité « de bon aloi » (le bon dosage carotte/bâton) et, surtout, d’un acte de médiation entre soi et l’autre, entre le groupe familial et le socius. 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle Rapport autorité/ conflit 31 1. Rapport conflit/autorité • Il y a un rapport autorité/conflit : l’acte d’autorité vise à régler un conflit (solution de compromis), mais il produit du conflit en retour. • L’autorité de bon aloi (aloyer, faire un alliage, Cf. le bon dosage entre carotte et bâton). 2. L’autorité est une forme de jeu (de rôles) • Le processus d’autorité est aussi un jeu avec ses règles (spatiales, temporelles, morales) 3. Les deux versants de l’autorité • Le processus d’autorité a un versant intrapsychique (internalisation) et interpsychique (rapport dissymétrique) • Production de ce moment de consentement que la morale appelle obéissance, facteur de croissance psychique (augere, augmenter) 4.Autorité, pouvoir, violence • Hannah Arendt : comme les états, l’autorité peut être démocratique, autoritaire, tyrannique, totalitaire. • Pour elle, l’autorité exclut l’usage de la violence : « Puisque l’autorité requiert toujours l’obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir et de violence. Pourtant l’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition ; là où la force est employée, l’autorité a échoué ». • Il existe donc un problème économique de l’autorité. 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle L’autorité proscrit, mais aussi prescrit 32 5. L’autorité proscrit, mais aussi prescrit • Proscrire, interdire, est la fonction la plus évidente de l’autorité. Elle impose le renoncement pulsionnel en disant « Non ! ». • La qualité du « Non ! » témoigne de l’inconscient de celui qui le professe (du non catégorique, au « Non mon chéri », il y a toute une gamme). • En prescrivant, l’autorité désigne des valeurs : « Maintenant, il faut dormir », jusqu’aux Tables de la Loi. Educere : indiquer la direction, vectoriser la pulsion • Il entre aussi dans la fonction d’autorité d’autoriser, de dire « Oui ». • L’autorité peut aussi faire preuve d’humour. L’épreuve du non côté enfant 1. Interdit parental Attaque du narcissisme 2. Résistance Identification à l’agresseur 3. Conflit Rapport plaisir/déplaisir 4. Doute Ambivalence 5. Renoncement Intériorisation pulsionnelle 6. Retrouvailles Capitalisation surmoïque 33 I. L’amour, la pulsionnalité : l’épreuve du non surmontée ensemble. 1. Côté enfant : fabriquer du surmoi avec du non • « La crédulité de l’amour devient une source importante, sinon la source originelle de l’autorité » Freud, Trois Essais, 1905. • La situation « normale » décrite ici est celle de l’enfant de 18 mois à 3 ans, dans un climat familial bien tempéré, où l’acte d’autorité impose un renoncement pulsionnel, donc une frustration, donc un déplaisir. • Le déroulement du processus d’autorité serait un drame en six actes : 1. L’interdit tombe. Le parent dit non 2. L’enfant résiste, dit non à son tour. Il se risque à dire non au non de l’adulte. Il va déployer toute la gamme des sentiments (amusement, charme, défi, colère, rage). 3. Un conflit de pouvoir s’installe. Le dilemme de l’enfant, avant qu’il se soumette, est d’échapper à une simple soumission passive. Pour ce faire, il s’identifie à l’agresseur (dire non comme lui) Cf Anna Freud, Lagache (1973), Spitz. Il devient l’agresseur qui dit non pour affirmer sa puissance narcissique, sauver l’honneur. 4. L’enfant hésite. Moment d’ambivalence et de tentation de la violence, de flottement : hostilité mêlée d’amour qui permet la différenciation. Donc plusieurs alliages, couples de force, ici : activité/passivité, amour/haine, identification/investissement, soi/autre. Toutes ces liaisons/déliaisons sont génératrices de différenciation topique moi/surmoi. La haine activée par l’interdit ne devient pas lien interne sadomasochiste. L’idéal du moi est tempéré car l’ébranlement narcissique suscité par la prescription d’une valeur venue de l’autre n’est pas devenue blessure narcissique, mais au contraire référence interne. 5. L’enfant renonce ; il prend sur soi de renoncer temporairement à l’accomplissement du désir interdit. Il conserve à l’intérieur sa pulsionnalité. 6. Capitalisation surmoïque. Il peut désinvestir le parent externe devenu objet interne. Le surmoi s’impersonnalise, devient instance interne et non « corps étranger interne » • Ce processus d’autorité mené à terme génère chez l’enfant un sentiment de fierté, d’augmentation narcissique, d’autonomie. • L’épreuve du non est au cœur de l’internalisation et de la transformation de ‘autorité en surmoi. L’épreuve du non côté parent 1. Interdit parental Offre surmoïque 2. Résistance Culpabilité 3. Conflit Risque sado-masochiste 4. Doute Risque d’abstention 5. Renoncement Prescription 6. Retrouvailles Filiation/parentalité 34 1. Côté parent L’acte d’autorité dans sa forme complète interdit, mais aussi prescrit et autorise. 1.• Par l’acte d’autorité, le parent fait une offre surmoïque. Compétence parentale qu’on appelle la fermeté. La forme manifeste de cet acte est déterminée par le surmoi parental 2.• Le parent doute. Actualisation du SIC parental. L’enfant dispose très précocement d’un appareil à détecter la culpabilité d’autrui à partir d’indices perceptifs (voix, ton, regard). L’enfant évalue le SIC parental. C’est le fonctionnement transgénérationnel qui s’actualise dans l’après-coup parental que constitue l’acte d’autorité. 3.• Le scénario sadomasochiste organise l’acte d’autorité (peur d’être méchant, trop sévère avec son enfant). Contre-investissement de la fermeté. Le parent énonce des « Oui, mais », micro-messages paradoxaux. Risque de syndrome de Richard III. 4.• Abstention d’autorité (évitement de l’impératif catégorique), interprété par l’enfant comme un abandon. Co-excitation, érotisation. 5.• Séquence fréquente qui constitue la triade surmoi parental/autorité/surmoi infantile. 6.• Ici, la différence des sexes parentaux joue. Cf les lois de 1970 (autorité parentale conjointe) : mais égalité des droits ne signifie pas identité du rôle paternel et maternel. 7.• L’acte d’autorité actualise aussi la scène primitive et œdipienne. 8.• L’acte d’autorité est donc aussi un organisateur de l’appareil psychique familial à l’œuvre dès l’instauration du lien père-mère-bébé. 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle Accordage Humour 35 I. Autorité et processus transitionnel : le jeu d’accordage de l’autorité • Cette paradoxalité de l’autorité peut se métaboliser grâce aux processus transitionnels. • Le parent doit se livrer au délicat travail d’accordage pour ajuster son acte au moi de cet enfant-là, à cet âge-là, dans cette circonstance-là. • De son côté, l’enfant a besoin de temps pour s’approprier subjectivement l’autorité. Faire l’impasse sur ce différé entre l’acte d’autorité et l’obéissance, c’est courir le risque qu’à l’emprise parentale réponde la passivité de l’enfant. • C’est le temps du jeu de l’accordage de l’autorité, de la mise en processus ludique des contraintes exercées par l’autorité. • C’est créer l’espace-temps d’émergence du conflit entre soi et l’autre. • La limite devient barrière de contact, elle fait liaison/déliaison. • La temporalité permet une dimension ludique qui suppose que le parent sache faire preuve d’humour face à la résistance de l’enfant. II. Humour et autorité. • L’autorité a besoin d’être métabolisée par le jeu. Elle devient marqueur des différences entre soi et l’autre. • L’autorité est inhérente au travail de culture. • Les fondements de l’autorité, toujours relatifs, sont « oubliés ». • L’humour serait une sorte de catalyseur de l’émergence du consentement dans le conflit. • Le surmoi, on le sait, oscille entre deux formes : le surmoi protecteur, post-œdipien, et le surmoi cruel, archaïque, « surfort » de Freud, « surantimoi » de Racamier. • L’autorité, comme le surmoi, oscille entre ces deux formes. • L’humour transmis facilite la transformation des formes extrémistes du couple processuel autorité/surmoi en ses formes tempérées. • L’oubli des fondements de l’autorité est fondateur quand il fonctionne en dénégation, pas en déni. 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle Petit historique de la fonction paternelle 36 Petit historique de la paternité, tiré de Histoire des pères et de la paternité, de Jean Delumeau, Ed. Larousse. Le pater familias (Rome) Dans la société romaine, quand un enfant naît dans sa maison, le père fait le geste de le soulever. Même si l'enfant n'est pas de son sang, c'est par le geste du tollere liberum, le "libre soulèvement", qu'il le fait sien. Au vu et au su de tout le monde. Au contraire, l'enfant non soulevé sera "exposé" sur les marches du temple et abandonné à l'appétit des bêtes sauvages qui rôdent la nuit dans les faubourgs, ou à la compassion des passants. Le pater familias a le droit de vendre ou de tuer son enfant. Sa paternité est uniquement l'effet de sa volonté. La notion de filiation biologique, si elle fait débattre philosophes et poètes, est vide de sens juridique. Le père moral (Christianisme) Au deuxième siècle de notre ère, la paternité s'inscrit dans le cadre exclusif du mariage. Influence du christianisme, besoin d'ordre social plus serré contre l'ambiance décadente ? Les deux sans doute : le père est celui que de justes noces désignent. La morale devient loi. Le droit de tuer son enfant est aboli en 321, la coutume de l'exposition en 374. La parenté biologique fait son entrée dans le droit, mais par la petite porte seulement d'un point de vue négatif : un décret de l'empereur Justinien interdit l'adoption des rejetons incestueux ou adultérins. Les bâtards n'ont donc pas de père ; quant aux enfants "naturels" (issus d'une union libre), ils ne deviendront "fille ou fils de quelqu'un" que si leurs parents se marient. Ce qui n'empêche pas les aberrations : l'évêque Augustin, fondateur de l'éthique chrétienne du mariage, a préféré rester pour la postérité le Père de l'Eglise plutôt que celui du marmot qu'il avait eu, avant sa conversion au christianisme, d'une union jamais régularisée... Le père royal (Haut Moyen-Âge) Lors du Haut Moyen Age, dans l'immense brassage de peuplades qui accompagne le déclin de l'Empire romain, la chrétienté a bien du mal à préserver sa morale matrimoniale. Sous l'influence des barbares germains et nordiques, la notion de lignage entre en force dans les coutumes. Les bâtards peuplent les cours et occupent parfois des charges élevées. L'Eglise finit pourtant par faire entendre sa voix : Henry IV exclut les enfants illégitimes de toute prétention à la noblesse. Même s'il reste un certain décalage entre la loi et l'usage (pour Henry IV en particulier !), on s'achemine vers le modèle du père de famille géniteur, nourricier, éducateur, conservateur du patrimoine et des traditions, véritable roi dans son foyer. Le père guillotiné (Révolution française) On dira : quelle conception tyrannique du père ! C'est s'aveugler devant la profonde mutation en cours. Si la paternité est renforcée à ce point, c'est que ses prérogatives sont menacées ! Ces diverses fonctions paternelles seront désormais considérées comme les besoins (et bientôt les droits) des enfants naissant dans une société civilisée. On passe d'une situation de droit à un état de devoir. Le père manquant à ses fonctions peut désormais être remis en question. Le XVIIIème siècle est bien le siècle de l'apogée de la paternité ; c'est aussi celui de la 1 2 . Définition 3 . Historique . Formation . Fille/Garçon . Surmoi cruel . Transgénérationnel . Processus d’autorité . Fonction paternelle Ce qu’il reste au père : • • • Le tiers absent • L’impératif catégorique : à 2 ! La censure de l’amante 37 Pour le jeune enfant, la puissance paternelle prend figure de père sauvage et omnipotent, porteur des forces d'animalité. •Dans Totem et Tabou, l'absence du père marque le début de la fonction paternelle. •Les fils risquent une telle division à vouloir la mère que cette menace les oblige à intérioriser la fonction paternelle. Ils conviennent de renoncer à toucher, tuer, manger et nommer l'intime du père ; ils choisissent d'avoir de la retenue par rapport à la scène primitive ; ils s'interdisent l'inceste, le parricide et l'endogamie. •Du côté des filles et du féminin, Freud avait, depuis longtemps, pensé la violence, celle de la défloration dans Le tabou de la virginité. Défloration et pénétration déclenchent chez la jeune femme de la haine en relation avec la déception vis-à-vis d'un père qui ne la protège pas du vécu de vide narcissique qu'elle éprouve alors, faisant connaissance avec la différence des sexes ; son sexe est un creux, malgré tout ce qu'elle avait pu imaginer. •Devenir père, intégrer la fonction paternelle pour la représenter, passe par l'identification au père de l'inconscient, c'est-à-dire « la transformation d'un sentiment primitivement hostile en un attachement positif .» Ce processus est toujours à refaire, le « sentiment social » en est issu. •La référence paternelle à la culture de l'esprit est emblématique de la fonction séparatrice de la pulsion de mort qui se détourne de l'impulsion à détruire •Cette part transformable de la pulsion de mort est source d'avancée individuelle et collective •Lien entre refus d’identification au père et déliaison traumatique de la haine •XXè siècle : destruction des illusions,attaque du lien entre autorité et savoir, désintrication de la pulsion de mort 1 2 3 - Anomie - Big mother A-nomos : sans foi ni loi • • • • • • • ουδεν θεος ουδεν διδασκαλος 38 A partir du texte de Françoise Nayrou. A-nomos : sans loi, absence de critères normatifs. Durkheim en propose la première formulation dans son ouvrage De la division du travail social : « l’anomie est la négation de toute morale ». Sociologies américain de l’école de Chicago : « Effondrement complet de l’ordre normatif » pour Parsons, échec d’un individu qui n’a pas les moyens de ses objectifs, pour Merton. Bourdieu : le système appartenance/exclusion par rapport à des ordres symboliques et sociaux. Anomie : attaque du travail de culture, haine de la culture Désagrégation du lien social, désinvestissement du groupe social, désobjectalisation des personnes, déqualifiées, privées de leur statut symbolique 1 2 3 - Anomie - Big mother Psychopathologie : l’anomie 39 • • • Psychopathologie de la déliaison : régression schizo-paranoïde, position dépressive avec effondrement narcissique, la démentalisation, dépersonnalisation Symptômes : troubles du comportement, Ces atteintes dont peut souffrir le moi des parents vont avoir pour conséquence de perturber, plus ou moins gravement, la passation des valeurs aux enfants, d’autant que, comme le dit Pierre Legendre, « une transmission ne se fonde pas sur un contenu, mais avant tout sur l’acte de transmettre », c’est-à-dire sur le sens symbolique qui engage le sujet. 1 2 3 - Anomie - Big mother Maman voit tout 40 Ce que les hommes, depuis 1970, auraient du mal à intégrer : que la vie de couple soit aussi un rapport de force (non de violence) ; une enAté nécessairement conflictuelle, qui suppose de savoir gérer la part de haine que recèle l’archaïque en nous. L’homme moderne, de par la prédominance du désir sexuel dans sa vie, contrairement à la femme, se retrouve, là, en difficulté. Il n’ose, souvent, affronter Big mother. Conclusion L’œdipe, encore et toujours ... 41 • • • Jean-Pierre Rosenzweig président du tribunal pour enfants de Bobigny : • “ Les remaniements de la distance relationnelle avec les objets d'attachement que provoque la puberté ont pour effet de mettre à l'épreuve les ressources personnelles de l'adolescent et de questionner la solidité de ses assises narcissiques. Plus celles-ci sont perçues comme vulnérables, plus la relation d'attente et de dépendance avec les adultes s'accroit et conflictualise les échanges avec eux. La curiosité devient envie et le désir d'apprendre expose dangereusement l'adolescent à ce qu'il ressent comme une réddition passive au pouvoir de l'adulte “ Philippe Jeammet “ Pourquoi devrais-je subir des lois que je nai pas faites ?“ «A laudience, le procureur ma dit que javais une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Jai regardé en lair. Jai rien vu!»