Revue de presse « On ne badine pas avec l’amour »
Adèle Van Reeth – 26 avril 2010
Les Nouveaux chemins de la connaissance
Puisqu'on parle de théâtre, c'est l'occasion de vous parler d'une
autre mise en scène excellente, dans un registre bien différent, puisqu'il s'agit d'un spectacle
joué par le Vilain Petit Théâtre que l'on peut aller voir ces jours-ci au Bouffon Théâtre à Paris,
interpréter la pièce d'Alfred de Musset On ne badine pas avec l'amour, de manière délirante
et jouissive.
Le parti pris de la metteur en scène de cette troupe, Keti Irubetagoyena, est de valoriser non
seulement la technique et les décors, mais aussi la présence corporelle et vocale des acteurs.
Ce parti pris est porté par des comédiens excellents qui restent justes dans tous les registres.
Et le résultat c'est qu'en tant que spectateur on oublie l'espace exigu du Bouffon Théâtre
pour s'immerger dans cette pièce, encore considérée à tort comme mièvre et sentimentale.
C'est donc une très bonne mise en scène qui nous donne à voir que le cœur de cette pièce
n'est pas tant l'amour en tant que tel mais l'attachement au monde de l'enfance et des
rêves, et surtout la violence de l'orgueil.
Je vous recommande donc d'aller voir ce spectacle qui jongle avec tous les codes et les
différentes époques.
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Louise Beauchêne – 19 juillet 2010
Le drame amoureux d’Alfred de Musset est revisité avec fraîcheur
et modernité par le Cie du Vilain Petit Théâtre.
Une mise en scène dépouillée et une speakerine à microphone installent d’emblée une
distance entre le spectateur et les personnages.
Les acteurs restent en permanence sur scène, ils se changent et imitent devant nous les
bruits de la basse-cour. En associant avec imagination une panoplie simple d’objets, ils
créent de nouveaux décors.
Progressivement, la distanciation s’amenuise, laissant place à toute la virulence de la passion
amoureuse. De la comédie, on passe à la tragédie. Le ton devient de plus en plus agressif, les
jeux de Camille et Perdican toujours plus cruels. L’amour adolescent que l’on croyait léger
s’est empli de gravité.
Une adaptation fidèle au message artistique de l’auteur romantique que l’on prend grand
plaisir à redécouvrir.
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Semaine du 21 au 27 juillet 2010
La vierge et le libertin, une histoire… d’humour (4 étoiles)
On ne badine pas avec l’amour est l’un des plus grands textes de la période romantique.
Lorsqu’il l’écrit, Alfred de Musset n’a que 24 ans et souffre de ses amours tumultueuses avec
George Sand. Et pourtant, la Cie Le Vilain Petit Théâtre a réussi un tour de magie
exceptionnel : allier le drame à la comédie. Et des rires, il y en a, le public ne s’en prive pas.
Tout le génie de la compagnie réside dans une mise en scène en scène contemporaine,
farfelue et délurée. Ainsi, ne vous étonnez pas si vous voyez un cheval danser sur le tube de
France Gall, Elle, Elle l’a, tout est sous contrôle ! L’humour ne gâche en rien l’éternelle
histoire d’amour et de trahison entre Camille, une jeune femme qui ne veut détourner son
regard de Jésus-Christ et Perdican, son cousin, un libertin de 22 ans. Saluons l’excellente
performance des comédiens qui nous emmènent dans l’univers d’un classique, totalement
fou mais agréable à (re)découvrir.
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Pierre Galaud – 24 juillet 2010
Les plus beaux textes sont toujours les plus porteurs d’émotions. Ceux de Musset nous
enchantent depuis toujours. Joués et rejoués ils gardent à jamais le même charme même
s’ils diffèrent chaque fois, tant les metteurs en scène qui se succèdent savent y mettre leur
patte et en tirer la quintessence.
C’est le cas aujourd’hui de Keti Irubetagoyena qui nous propose un « On ne badine pas »
superbement adapté, vif et jeune dans sa conception comme dans on jeu, persuasif,
expressif mêlant à souhait le rire à la tragédie. Dès le début du spectacle on oublie qu’il s’agit
d’un drame. Le Baron (interprété par une femme), Dame Pluche (campée par un homme),
Maître Bridaine et Maître Blazius tiennent plus de la farce que de la comédie. Comme des
Augustes venus soutenir les propos des clowns blancs, ils mettent en exergue l’intention de
l’auteur. Au centre de tout cela, cependant, les relations amoureuses de nos trois
condisciples, Perdican, Camille et Rosette se risquent dans un jeu beaucoup plus classique.
Ce contraste, qu’on suppose voulu, permet de donner encore plus de poids au drame qui
s’approche inexorablement. La mort au centre du rire vient de tomber brutalement comme
un couperet ! Le badinage est fini, la tragédie atteint son paroxysme, le texte de Musset a pu
jouer avec brio son propre rôle, l’émotion est au rendez-vous. Sept comédiens jeunes et
pleins d’allant, aux talents multiples, y compris ceux de bruiteurs, ne quittent la scène à
aucun moment. Une pièce rondement menée les didascalies sont évoquées sous forme
de reportage radiophonique. On s’enflamme avec Perdican, on s’attriste avec Camille… on
aime Rosette. A voir, vraiment, c’est impitoyable mais pas iconoclaste, hors du commun
mais pas hors de propos !
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