Nous nous proposons de procéder à un premier bilan de ce qui nous semble être bien
plus qu’une ancienne étiquette à laquelle on a rendu son éclat3 et constituer bel et bien une
tentative de réponse offensive à la mutation et à la recomposition des paradigmes scientifiques
et culturels depuis les années 80. Déjà, les interrogations transversales de l’histoire de la
culture (Kulturgeschichte) allaient bien au-delà de l’héritage que leur avaient légué les
disciplines universitaires établies (comme la philologie ancienne, qui n’est pas seulement à
l’origine de la Literaturwissenschaft, mais a aussi posé les jalons des Kulturwissenschaften) et
les renouvellements dont ces dernières ont pu tirer profit - les théories de la modernité, la
réflexion épistémologique sur toutes les formes symboliques des cultures ou encore
l’anthropologie. L’histoire de la culture se distingue clairement d’une histoire sociale, d’une
histoire des mentalités ou d’une histoire des idées qui restent souvent attachées à une seule
discipline et à son mode d’approche historique. La différenciation fonctionnaliste des sciences
a radicalement modifié cette configuration des disciplines. C’est à partir du moment où les
disciplines particulières se sont fonctionnalisées qu’est né aussi l’intérêt pour l’approche
interdisciplinaire des Kulturwissenschaften. La prise en compte des contextes d’application
dans lesquels se jouent les transformations internes des différentes sciences a induit en outre
une évolution qui dépasse les fossés institutionnels entre sciences humaines et sciences
sociales, entre le social, le politique et l’art (la littérature et sa critique, l’esthétique au sens
large du terme). On peut même avancer l’hypothèse que s’esquisse ainsi une réponse
scientifique aux données nouvelles de l’auto-construction et de l’auto-représentation des
sociétés européennes.
Programme de travail
En collaboration étroite avec notre partenaire étranger, le Sonderforschungsbereich 644
Transformationen der Antike, qui réunit dix disciplines différentes à vocation culturaliste4,
nous souhaitons instaurer un débat entre chercheurs français et allemands sur les théories et
objets des sciences de la culture. Notre but est avant tout de créer un lien entre les
– De la Nationalökonomie à la sociologie de la culture. Max Weber (séminaire de 3e cycle de
G. Raulet ; ENS LSH et Groupe Weimar, 2001/2002)
– La naissance de la science politique (séminaire de 3e cycle de G. Raulet ; ENS LSH et Groupe
Weimar, 2002/2003)
– La naissance de la science politique moderne sous la République de Weimar (Groupe
Weimar ; responsable : Manfred Gangl ; programme de formation-recherche du CIERA,
2004/2006)
– Théories et philosophies de l’histoire en France et en Allemagne dans l’entre-deux-guerres
(projet de recherche du Groupe Weimar et de l’UMR IRICE commencé en 2004 ; séminaire
de master et postdoc 2004/2005 de G. Raulet)
– L’anthropologie philosophique (projet de recherche Groupe Weimar / Université de Dresde
/ Université de Lausanne / Université Charles de Prague commencé en 2004)
Il donne également suite aux réflexions développées par la section 10 du Congrès de l'IVG, à
laquelle plusieurs membres de groupe Weimar ont participé (Andrea Allerkamp, Anne Chalard-
Fillaudeau, Marion Picker, Gérard Raulet).
3 Georg Bollenbeck: « Die Kulturwissenschaften – mehr als ein modisches Label? » In: Merkur 3
(1997), pp. 259-265.
4 Cf. la version abrégée du concept Transformationen der Antike: http://www.sfb-
antike.de/Konzept.html