étendu pour discuter des cas de discrimination du troisième degré. Nous
caractérisons principalement les distorsions allocatives, le degré de discrimi-
nation, les marges pratiquées par ce monopole et l’impact de cette
discrimination sur le bien-être. Nous retirons de cette analyse deux principes
fondamentaux.
•Principe 1 : le monopole discriminant réduit les quantités offertes en
comparaison avec la situation d’information complète. Cette réduction du
volume des échanges conduit à une diminution du bien-être social.
•Principe 2 : le monopole pratique des marges positives qui reflètent
l’étendue de son déficit informationnel sur les préférences des consom-
mateurs.
La robustesse de ces principes est alors analysée lorsque l’environnement
dans lequel la firme discriminante évolue devient plus complexe.
Dans la Section 3, nous discutons tout d’abord le cas où les préférences des
consommateurs sont plus complexes que dans le modèle canonique. Cette
complexité peut provenir du fait que l’information sur les « valuations »
(disposition à payer) des acheteurs ne leur est révélée que progressivement ou
bien encore de la multidimensionnalité de ces préférences. Nous montrons
dans le premier cas que le pouvoir de discrimination par un monopole est
généralement érodé par un apprentissage séquentiel de l’information. Nous
montrons aussi comment la multidimensionnalité des préférences conduit à
un élargissement, parfois spectaculaire, du spectre de quantités offertes à
l’équilibre mais, justifie aussi une certaine simplification dans les stratégies
commerciales. La complexité des préférences conduit ainsi à la fois à un
renforcement du premier principe élaboré dans le modèle canonique et à une
remise en cause du deuxième principe.
Dans la Section 4, nous isolons une autre dimension de complexité de l’en-
vironnement dans lequel la firme discriminante évolue : la possibilité que
l’échange entre cette dernière et ses consommateurs soit affecté par la concur-
rence potentielle ou effective d’autres vendeurs. Ici encore, les principes
fondamentaux de la discrimination sont battus en brèche. Lorsque l’échange
est contraint par les gains potentiels obtenus dans des relations contractuelles
avec des vendeurs alternatifs, l’applicabilité des Principes 1 et 2 est générale-
ment contrariée. Les volumes d’échanges et le surplus social augmentent avec
une érosion des marges. Ces résultats sont cependant sensibles à la nature
stochastique ou non des contraintes de participation qu’induisent les relations
contractuelles potentielles. Si la concurrence est effective, ie, si les gains
potentiels ci-dessus sont dérivés d’un contrat d’équilibre plutôt que donnés de
manière exogène, les conclusions précédentes continuent à être vraies dans
des modèles où l’externalité entre vendeurs est positive. C’est le cas quand
ces vendeurs produisent des biens substituts. Au contraire, dans le cas de
biens complémentaires, l’externalité négative entre vendeurs conduit à une
réduction des volumes d’échanges et à une augmentation des marges.
Dans la Section 5, nous considérons de nouvelles formes de discrimination
apparaissant lorsque l’histoire passée des achats des consommateurs, et en
particulier l’origine de ces achats, peut être utilisée à des fins discriminantes.
Nous montrons que ces nouvelles formes de concurrence font apparaître des
dynamiques de prix complexes et que la direction dans laquelle on doit modi-
fier les Principes fondamentaux de la discrimination dépend de la maturité du
LES LIMITES À LA DISCRIMINATION PAR LES PRIX 211