evaluation de la douleur oro- faciale chez le patient polyhandicape

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UNIVERSITE DE NANTES
UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE D'ODONTOLOGIE
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Année : 2013
N° : 053
EVALUATION DE LA DOULEUR OROFACIALE CHEZ LE PATIENT
POLYHANDICAPE
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THÈSE POUR LE DIPLOME D’ÉTAT DE
DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
présentée
et soutenue publiquement par
CANAC Marie
Née le 27 juin 1987 à BRESSUIRE
le 15 octobre 2013 devant le jury ci-dessous
Président
Monsieur le Professeur GIUMELLI Bernard
Assesseur
Monsieur le Docteur RENAUDIN Stéphane
Assesseur
Madame le Docteur HYON-ROY Isabelle
Directeur de thèse : Madame le Docteur DAJEAN-TRUTAUD Sylvie
Co-directrice de thèse : Madame le Docteur CASTELOT-ENKEL Bénédicte
1
Par délibération, en date du 6 décembre 1972, le Conseil de la
Faculté de Chirurgie Dentaire a arrêté que les opinions émises
dans les dissertations qui lui seront présentées doivent être
considérées comme propres à leurs auteurs et qu'il n'entend leur
donner aucune approbation, ni improbation.
2
REMERCIEMENTS
Au Professeur GIUMELLI Bernard
Professeur des Universités,
Praticien hospitalier des Centres de soins, d’enseignement et de recherche dentaires,
Docteur d’Etat en odontologie,
Chef du département de prothèses,
Pour avoir fait l’honneur de présider ma thèse,
Pour votre sympathie et votre disponibilité,
Avec tous mes remerciements et ma sincère reconnaissance.
Au Docteur DAJEAN-TRUTAUD Sylvie
Maître de Conférences des Universités,
Praticien hospitalier des Centres de soins, d’enseignement et de recherche dentaires,
Docteur de l’Université de Nantes,
Chef du département de Pédodontie,
Pour avoir fait l’honneur de diriger ma thèse,
Pour votre disponibilité, votre accompagnement et votre
engagement tout au long de la réalisation de cette thèse, et
tout l’intérêt que vous y avez porté,
Avec tous mes remerciements et ma sincère reconnaissance.
3
Au Docteur CASTELOT-ENKEL Bénédicte
Maître de Conférences des Universités,
Praticien hospitalier des Centres de soins, d’enseignement et de recherche dentaires,
Département d’Odontologie Conservatrice et d’Endodontie,
Pour avoir fait l’honneur de co-diriger ma thèse,
Pour votre gentillesse et l’intérêt que vous y avez apporté,
Avec tous mes remerciements et ma sincère reconnaissance.
Au Docteur RENAUDIN Stéphane,
Maître de Conférences des Universités,
Praticien hospitalier des Centres de soins, d’enseignement et de recherches dentaires,
Chef du département d’Orthopédie Dento-faciale,
Pour avoir fait l’honneur de faire partie de mon jury de thèse,
Avec tous mes remerciements et ma sincère reconnaissance.
Au Docteur HYON-ROY Isabelle,
Pour avoir fait l’honneur de faire partie de mon jury de thèse,
Avec tous mes remerciements et ma sincère reconnaissance.
4
A mes parents, Gervais et Brigitte, pour votre soutien, votre aide, vos
encouragements qui me permet d’exercer, aujourd’hui, le métier que je
souhaite.
A mon Chéri, Camille, pour ta patience, ton aide, ta présence.
A ma sœur jumelle Pauline pour ses moments de rire, de détente durant mes
périodes d’examen, et surtout pendant la p1.
A mes amis « dentaires » : Cécile, Claire, Elise, Laetitia, Marie-Liesse, Marlène,
pour toutes ses années d’études, d’amitiés, de rire et qu’elles continuent
longtemps…
Mais aussi
A mes collaborateurs, Cécile, Claire, Louis-Marie, Sandrine, et à tous les
membres du cabinet dentaire de Mauléon.
A tous les autres amis de la promotion et d’ailleurs
A l’ensemble des enseignants de la faculté
Et à tous les autres que je ne cite pas ici mais que se reconnaîtront…
5
Table des matières :
Introduction ……………………………………………………………………..……………………….. 9
Chapitre 1 : Le handicap et le polyhandicap
1-1)
Définition du handicap et du polyhandicap
1-1-1 : le polyhandicap ……………………………………………………………………………………… 10
1-1-2 : le handicap ………………………………………………………………………………………..….. 12
1-2)
Classification des handicaps ……………………………………………………………………………..… 12
1-3)
Epidémiologie et étiologies des handicaps
1-3-1) Epidémiologie ………………………………………………………………………….……………….. 15
1-3-2) Etiologies ………………………………………………………………………………………………….. 16
1-4)
Les difficultés de la prise en charge du patient polyhandicapé ………………….……….. 17
1-5)
Les pathologies buccodentaires chez le patient polyhandicapé …………………..….…. 18
1-5-1) Les anomalies dentaires ……………………………………………………………….………….. 18
1-5-2) Les pathologies infectieuses …………………………………………………………………….. 19
1-5-3) Les pathologies fonctionnelles …………………………………………………………………. 20
1-5-4) Les pathologies traumatiques ………………………………………………………………….. 20
Chapitre 2 : La douleur
2-1) Définition ………………………………………………………………………………………………………………. 21
2-2) La douleur oro-faciale ……………………………………………………………………………………………. 22
2-3) Les spécificités d’expression de la douleur, notamment bucco-dentaire et oro-faciale,
chez le patient polyhandicapé ………………………………………………………………………………………. 24
2-4) Pourquoi et comment évaluer la douleur oro-faciale ? ............................................ 25
2-4-1 : Pourquoi évaluer la douleur oro-faciale ? .....................……..…………………… 25
2-4-2 : Comment ? ................................................................................................. 26
2-4-2-1 : L’échelle visuelle analogique (EVA) …………………………..….. 26
2-4-2-2 : L’échelle numérique (EN) ………………………………………..….… 27
2-2-2-3 : L’échelle des visages ………….……………………………………….… 27
6
Chapitre 3 : Les outils d’évaluation de la douleur oro-faciale pour le
polyhandicapé
3-1) Les différents outils :
3-1-1) Les échelles ……………………………………………………………………………………………… 28
3-1-1-1) Douleur Enfant San Salvadour (DESS) ………………………………………… 28
3-1-1-2) Echelle EDAAP: Expression Douleur Adulte Adolescent
Polyhandicapé……………………………………….………………………………………………….………… 33
3-1-1-3) Echelle NCCPC-R: Non Communicating Children’s Pain ChecklistRevised ………………………………………………………………………………………………………….…… 37
3-1-1-4) Echelle NCAPC-R: Non Communicating Adult’s ChecklistRevised……………………………………………………..………………………………………………………… 39
3-1-1-5) Echelle Revised-FLACC: Face-Legs-Activity-Cry-Consolability
Revised……………………………………………………..………………………………………………………… 40
3-1-1-6) Echelle PPP: Pediatric Pain Profil ……………….…………………………….… 43
3-1-1-7) Echelle PICIC: Pain Indicator for Communicatively Impaired
Children…………………………………………………………………………….………………………………… 45
3-1-1-8) Echelle INRS: Individualized Numeric Rating Scale……………………… 45
3-1-2) Les paramètres physiologiques…………………………………………………….……..…… 46
3-1-3) Le rôle de l’entourage………………….…………………………………………………………… 46
3-2) Quelle(s) échelle(s) utiliser en odontologie ? ............................................................ 48
3-3) Validation statistique d’une grille d’évaluation. Exemple de l’EDAAP……………………… 50
Chapitre 4 : Les intérêts et limites de l’évaluation
4-1) Les intérêts ………………………………………………………………………………………………………….… 54
4-2) Les limites ……………………………………………………………………………………………………………… 54
Conclusion ………………………………………………………………………………….………………………..…… 57
Références bibliographiques ……………………………………………………………..………………… 58
7
INTRODUCTION
La douleur est une expérience multifactorielle qui va entraîner des réponses, verbales et non
verbales, de la part du patient. Mais comment faire pour la détecter et l’évaluer si le patient
n’a pas les capacités d’exprimer ce qu’il ressent, de parler?
La douleur chez le patient polyhandicapé a longtemps été sous-évaluée. Aujourd’hui, les
professionnels de santé ne remettent pas en cause le fait que les personnes
polyhandicapées ressentent la douleur, même s’il est difficile pour elles de l’exprimer, de par
leurs difficultés voire impossibilités à communiquer verbalement.
Le handicap hiérarchise les priorités des soins, de ce fait les problèmes dentaires sont
souvent passés en second plan, et peuvent alors constituer un sur-handicap en augmentant
les problèmes de santé.
L’évaluation de la douleur est une notion très importante dans notre exercice professionnel
et enseignée durant notre formation. Cependant, elle est souvent peu évoquée chez les
patients polyhandicapés, ce qui rend notre exercice plus difficile lorsque nous sommes
amenés à les soigner. Selon l’Association Dentaire Française, la « santé bucco-dentaire est
un domaine où s’exprime l’une des plus fréquentes inégalités sociales pour les personnes
handicapées ». On ne peut cependant pas, sous prétexte du handicap, laisser une partie de
la population sans soins !
Cette thèse a alors différents objectifs qui sont les suivants :
-
Identifier les différents modes d’expression de la douleur oro-faciale chez le patient
polyhandicapé.
Répertorier les outils d’évaluation permettant d’évaluer la douleur oro-faciale chez
ces patients.
Reconnaître l’importance de l’entourage du patient polyhandicapé dans la détection
et l’accompagnement de la douleur.
La reconnaissance et l’évaluation de la douleur oro-faciale permet d’améliorer le confort, la
qualité de vie des patients polyhandicapés.
8
Chapitre 1 : Le handicap et le polyhandicap
1-1) Définition du polyhandicap et du handicap
1-1-1) Le polyhandicap
Le polyhandicap se définit comme un « Handicap grave à expressions multiples associant
une déficience motrice et une déficience mentale sévère ou profonde, entraînant une
restriction extrême de l’autonomie et des possibilités de perception, d’expression et de
relation » (11).
Cette définition fut par la suite complétée, notamment par certaines associations comme le
Groupe Polyhandicap France, par :
« Le polyhandicap est une situation de vie spécifique d’une personne présentant un
dysfonctionnement cérébral précoce ou survenu en cours du développement, ayant pour
conséquences de graves perturbations à expressions multiples et évolutives de l’efficience
motrice, perceptive, cognitive, et de la construction des moyens de communication avec
l’environnement, qui nécessite une aide humaine et technique proche, individualisée et
continue. Il s’agit là d’une situation évolutive d’extrême vulnérabilité physique, psychique
et sociale au cours de laquelle certaines de ces personnes peuvent présenter de manière
transitoire ou durable des signes de la série autistique. La situation complexe de la personne
polyhandicapée nécessite, pour son éducation et la mise en œuvre de son projet de vie, le
recours à des techniques spécialisées pour le suivi médical, l’apprentissage des moyens de
communication le développement des capacités d’éveil sensori-moteur et intellectuelles,
l’ensemble concourant à l’exercice d’autonomie optimale » (33).
Le terme polyhandicap est uniquement français.
De nombreux termes sont utilisés dans les études, tels que « Infirmité motrice d’origine
cérébrale » ou « cerebral palsy » pour les anglo-saxons (32). Le polyhandicap fait partie des
handicaps neurologiques. Ce schéma permet de situer le polyhandicap parmi tous les termes
utilisés. Dans un sens plus large, il s’apparente à « cerebral palsy ». Dans la « définition
élargie », le polyhandicap n’a pas de limites d’âge et les étiologies peuvent être anté, péri ou
postnatales.
9
inconnue
Place du Polyhandicap parmi les handicaps neurologiques
Congrès Polyhandicap, CTNERHI 2005
http://www.ctnerhi.com.fr/fichiers/ouvrages/Extrait_257.pdf
A l’issue du congrès Polyhandicap en 2005 relaté par le Centre Technique National d’Etudes
et de Recherches sur les Handicaps et les Inadaptations, une définition a été proposée :
« Enfants et adultes atteints de déficiences graves et durables dues à des causes variées, le
plus souvent pré et périnatales, mais aussi acquises, ou liées à des affections progressives,
maladies métaboliques et dégénératives, chez lesquels le retard mental, grave ou profond
(QI inférieur à 50) est associé à d’autres troubles, des troubles moteurs et très souvent à
d’autres déficiences, entraînant une restriction extrême de leur autonomie, nécessitant à
tout âge de la vie un accompagnement permanent et qualifié associant éducation, soins,
communication et socialisation » (32).
10
1-1-2) Le handicap
Dans le contexte juridique, la loi du 11 février 2005 donne une définition du handicap,
permettant la mise en place de droits des personnes handicapées: « constitue un handicap,
au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en
société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération
substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles,
mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant »
(3).
1-2 : Les classifications des handicaps
Plusieurs classifications du handicap ont été faites et ont évolué au cours des dernières
années.
Dans le domaine médical, la classification internationale des handicaps (CIH) est née en
1980, élaborée par Wood et publiée par L’Organisation Mondiale de la Santé (10).
Cette classification se divise en 3 niveaux de description :
-
« Déficience : concerne l’atteinte des organes ou systèmes organiques, perturbations
affectant les fonctions mentales, ou sensorielles, les organes internes, la tête, le
tronc et les membres » (description organique).
-
« Incapacité : concerne les limitations susceptibles d’être rencontrées dans la
réalisation des activités de la vie quotidienne » (description fonctionnelle).
-
« Désavantage (handicap) : il s’agit des éventuelles conséquences négatives en
matière d’insertion sociale» (description sociale) (2) (10).
Cependant, cette CIH a subi de nombreuses critiques, la principale étant qu’elle n’incluait
pas les facteurs environnementaux et leurs interactions avec ces trois descriptions (2) (10).
La CIH fut alors révisée, la classification internationale du fonctionnement, du handicap et de
la santé (CIF) fut alors adoptée par l’OMS en 2001 pour remplacer la CIH (9).
Différentes modifications y ont été apportées :
-la terminologie est renouvelée.
-l’interaction entre une personne et son environnement y est plus importante.
-les situations vécues par les personnes et ses proches y sont montrées. (3)
11
Elle ne crée aucun cloisonnement et ne sépare pas les adultes des personnes âgées (25). Une
version de la CIF pour les enfants et les adolescents existe (0 à 18 ans) car les manifestations
du handicap chez eux sont différentes des adultes (29).
La CIF est constituée de deux parties : (9) (15)
1- le fonctionnement et son corollaire négatif, le handicap incluant (29):



2-
Le fonctionnement : référence aux fonctions organiques et structures
anatomiques (15).
Les activités : exécution de tâches spécifiques par une personne
Ou
Les limitations d’activités : « difficultés que rencontre une personne dans
l’exécution de certaines activités » (9).
La participation : « participation d’un sujet aux activités de la vie courante au
niveau professionnel, familial, ou social, mais également au niveau de sa prise en
charge médicale (15) ».
Ou
Les restrictions de participation : « problèmes qu’une personne peut rencontrer
en s’impliquant dans une situation de vie réelle » (9).
les facteurs contextuels :
-
Les facteurs environnementaux (environnement physique, social, et attitudinal).
Les facteurs personnels (sexe, âge, mode de vie, caractéristiques psychologiques,
croyances, sensibilités, comportement vis-à-vis de la santé et de la maladie,
éducation, expériences personnelles, circonstances sociales). Ils ne sont pas classifiés
dans la CIF car sont à l’origine d’importantes variations culturelles et sociales (15).
Le fonctionnement et le handicap d’un individu résulte des échanges avec les facteurs
contextuels.
Le schéma suivant montre que les problèmes de santé peuvent être les conséquences de
l’influence des facteurs environnementaux sur la personne et inversement, peuvent modifier
la relation d’un individu avec le monde extérieur (15).
Les problèmes de santé se traduiront par une atteinte des fonctions organiques
(engendrant alors une déficience), et/ou une limitation d’activité, et/ou une restriction de
participation (limitation professionnelle et sociale), donc un handicap.
De même, le fonctionnement d’un individu va dépendre de son état de santé (problèmes de
santé) et de son interaction avec les facteurs contextuels (15).
12
Pathologies
Fonctions
organiques et
anatomiques
Activités
Déficiences
Possibilités et limitations
FONCTIONNELS
(ex : marcher…)
Facteurs
environnementaux
(Individuels et
sociétaux)
Participation
Possibilité et limitations
professionnelles, familiales,
sociales et médicales
Facteurs personnels
Modèle de la santé et du handicap
Adapté d’Interactions entre les
composants de la CIF, OMS 2001,
p18 (15)
Cette classification décrit la situation de chaque personne en se basant sur les domaines de
la santé ou domaines connexes de la santé, et en tenant compte de l’environnement (15).
La CIF, établissant un langage standard et normalisé pour décrire les différents états de
santé, permet alors d’améliorer la communication entre les professionnels médicaux, de
comparer les données entre différents services de santé et de réaliser des études sur les
pathologies et leurs conséquences (29).
Le terme « handicap » est donc multidimensionnel, prenant en considération les difficultés
liées aux fonctions organiques, aux limitations d’activités et aux restrictions de participation
(9).
13
1-3) Epidémiologie et étiologies des handicaps-polyhandicaps
1-3-1) Epidémiologie
Le handicap occupe une place importante en santé publique, mais le nombre de personnes
handicapées ou polyhandicapées est très difficile à évaluer du fait de leur
« polymorphisme ».
Dans le monde, on estime à 500 millions de personnes avec un handicap (23).
En France, parmi les données épidémiologiques retrouvées chez l’enfant, le taux de
déficience serait de 2% dans la population générale, avec un taux de déficience sévère de
8/1000. Les déficiences intellectuelles sévères concerneraient 3,6 cas /1000 et les
déficiences psychiques 1,9 cas /1000 (34) (19) (11).
La prévalence du polyhandicap serait de 0,7 à 1,3 pour 1000 (22). La prévalence du
polyhandicap d'origine pré et périnatale est de 0,7 à 1/1000 (soit 700 à 800 enfants
polyhandicapés naissant en France par an), et celle d'origine postnatale de 0,1/1000 (soit 80
enfants environ) (32).
Le nombre de polyhandicapés en France de 0 à 20 ans est estimé à 19600, dont 30 %
nécessite une prise en charge médicale lourde (4). Une enquête réalisée à l’hôpital de la
Roche-Guyon sur 157 patients polyhandicapés hospitalisés entre 2006 et 2009, dont 41
décès, estimait l’âge moyen de décès à 16 ans et demi pour les patients polyhandicapés
lourdement médicalisés (4).
L’enquête Handicap-Santé réalisée en 2008-2009 (auprès des ménages ordinaires et des
institutions) par l’INSEE en partenariat avec la DRESS avait pour objectif d’estimer le nombre
de personnes en situation de Handicap en France métropolitaine et Outre-Mer. Les premiers
résultats de cette enquête édités en 2010 et relatés dans le Rapport de la mission
« Handicap et Santé bucco-dentaire » montrent que 82100 individus de 20 à 39 ans et
156000 individus de 40 à 59 ans sont considérés comme dépendants, et que le nombre
d’enfants, d’adolescents et d’adultes vivant en institution ou en foyers et de 180000 (20).
Le nombre de patients polyhandicapés vivant en institution augmente avec l’âge, car leur
prise en charge par la famille est de plus en plus difficile (4).
14
1-3-2) Etiologies (22)
Les handicaps peuvent avoir plusieurs étiologies, dont l’importance va varier en fonction du
degré de handicap. On retrouve :
-les étiologies prénatales : exposition anténatale aux toxiques, virus comme le VIH ou
cytomégalovirus, anomalies de la morphogénèse, aberrations chromosomiques, anomalies
génétiques.
-les étiologies périnatales (de 22 semaines d’aménorrhée à 8 jours après la naissance) :
prématurité (sont à prendre en compte l’âge gestationnel, le poids de naissance, les
complications liées à la prématurité comme les lésions cérébrales), le retard de croissance
périnatal, la gémellité, l’anoxie périnatale, les fœtopathies toxiques, les infections
périnatales, les accidents neurologiques (AVC, hémorragie…).
La grande prématurité (entre 28 et 32 SA) a un impact très important sur le risque de
handicap. Le risque d’observer une déficience ou un handicap chez l’enfant est inversement
proportionnel au poids de naissance ou à la durée de gestation. Chez les prématurés, le taux
de déficiences est plus élevé que chez les enfants nés à terme.
-les étiologies post-natales : exposition postnatale aux toxiques, malnutrition, traumatismes,
infections, tumeurs.
-les causes inconnues. Dans 25% à 30 % des cas, le polyhandicap est d’origine inconnue.
Les déficiences sévères de l’enfant seraient à 20-35 % d’origine prénatale, 5-10% d’origine
post-natales.
Salbreux et collont établi, en 1979, les étiologies des déficiences intellectuelles sévères en
France (régions Ile-de-France et Auvergne) (34) :
-
Inconnue : 21 %
Génétique ou chromosomique : 29 %
Anténatale : 27 %
Périnatale : 15 %
Postnatale : 8 %
Les progrès obstétriques et néonataux des 30 dernières années ont permis la baisse de la
mortalité péri et néo-natale, avec cependant un taux de prématurité et de morbidité
néonatale chez les prématurés élevé (14).
La prévalence du polyhandicap ne faiblit pas du fait des progrès médicaux constants
(amélioration des techniques obstétricales et de l’imagerie médicale, augmentation du
dépistage des malformations, amélioration du pronostic des populations à risques) (4) (22).
15
1-4) Les difficultés de prise en charge du patient polyhandicapé
La communication verbale occupe une place primordiale dans le diagnostic de la douleur.
Une des principales difficultés est, comme relatée dans la définition du polyhandicap, « une
restriction extrême des possibilités d’expression », signifiant la diminution ou l’absence de
communication verbale, et donc de plainte, chez les patients polyhandicapés (27).
L’observation du comportement pour « exprimer » ce que ressent la personne
polyhandicapée est alors un élément primordial dans le diagnostic (27). Les outils d’hétéroévaluation permettant d’évaluer les modifications du comportement du patient nous
permettrons de reconnaître une situation douloureuse.
De plus, ces patients vivent, dans une majorité des cas, depuis leur naissance avec ces
handicaps, leur perception de ce qui est « normal » ou non est modifiée. Il faudra se référer
à la « norme » du patient, à son état habituel, la connaissance de celui-ci sera très
importante. Il sera important de ne pas confondre une attitude liée au handicap à celle liée à
une douleur (24).
Les difficultés de communication devront ainsi être détournées afin de permettre une prise
en charge bucco-dentaire adéquate. L’entourage du patient polyhandicapé jouera un rôle
primordial dans la reconnaissance de la douleur oro-faciale (25).
L’utilisation de termes assurant la compréhension du patient et la présence des proches
seront nécessaires (25). Les outils d’auto-évaluation de la douleur utilisés habituellement
(exemple échelle EVA, échelle des visages) ne seront pas adaptés au polyhandicap (11) (36).
Un proche du patient (parent, famille, personnel soignant) devra systématiquement être
présent aux consultations car, de par sa proximité, son attention et sa relation avec le
polyhandicapé, il sera reconnaître les premiers signes d’appel de douleur (19) qui seront
expliqués par la suite dans la thèse.
L’examen clinique est également difficile de par le polyhandicap. Certains signes mettant en
évidence une douleur oro-faciale par le praticien peuvent être « indétectables ». Par
exemple, l’ « examen postural » et exobuccal permettant de détecter une douleur
musculaire, cervicale est rendu impossible car le patient est en règle générale dans une
coque, et sa manipulation est difficile (17). Le polyhandicapé peut aussi ne pas vouloir ouvrir
à bouche et rendre l’examen dentaire compliqué.
Le chirurgien-dentiste devra assurer les consultations dans des structures adaptées
(accessibilité du fauteuil roulant ou du brancard, coussins ou coques destinées à maintenir le
patient en place, cales ou ouvres bouches, une assistante assurant une aspiration efficace)
(14). Le nombre de consultations et la durée de chacune d’elle seront augmentés (14). Les
patients polyhandicapés présentent également une association de pathologies et donc de
traitements ; l’interrogatoire médical sera primordial et les soins seront effectués en
16
corrélation avec une prise en charge pluridisciplinaire tout en étant limités par des difficultés
éthiques (qualité de vie et pronostic vital) (18).
Toutes ces difficultés accentuent l’insuffisance de soins accordés à ces patients, et donc
aggravent leur état de santé bucco-dentaire, comme nous allons le voir par la suite.
1-5) Les pathologies bucco-dentaires chez le patient polyhandicapé
Les lésions intrabuccales et les problèmes dentaires font partie des causes les plus
fréquentes de douleurs, mais sont en général sous-estimées dans cette population (13).
Les personnes polyhandicapées présentent des pathologies bucco-dentaires plus fréquentes
et avec un stade de gravité plus important (18). En effet, les troubles systémiques
(immunodéficience) associés au polyhandicap, les troubles comportementaux (rendant
difficile la coopération pour l’hygiène et les soins dentaires), la difficulté d’accès et de prise
en charge des soins dentaires augmentent la prévalence et l’avancée des pathologies buccodentaires. Les personnes polyhandicapées ont aussi déjà subi de nombreuses interventions
liées à leur handicap ; l’acceptation de soins par le chirurgien-dentiste est donc très souvent
mal vécue (14).
Parmi les différentes pathologies du patient polyhandicapé, on peut citer les anomalies
dentaires, les pathologies infectieuses, fonctionnelles et traumatiques.
1-5-1) Les anomalies dentaires (5)
Les anomalies dentaires sont fréquentes chez les patients polyhandicapés, leur tableau
clinique étant le même que celui des personnes sans handicap.
Parmi celles-ci, il existe :
- les anomalies d’éruption qui concernent des anomalies chronologiques ou de
positionnement (les dents ectopiques par exemple). Elles peuvent être d’origine génétique
ou liées à l’encombrement dentaire.
- les anomalies de nombre : une réduction du nombre de dents s’observe le plus souvent. On
parle d’agénésie (absence d’une ou de plusieurs dents avec moins de 6 dents manquantes),
d’oligodontie (absence de plus de six dents définitives sauf les dents de sagesse) ou
d’anodontie (absence totale de dents). Les facteurs génétiques ou une embryopathie
peuvent en être à l’origine.
-les anomalies de forme qui comprennent les anomalies de taille (macrodontie ou
microdontie), localisées ou généralisées, ou de conformation [gémination (subdivision d’un
germe dentaire), fusion (union de deux ou plusieurs germes dentaires normaux)].
17
-les anomalies de structure, c’est-à-dire les anomalies de l’émail et de la dentine lors de
l’organogénèse dentaire, parmi lesquelles l’amélogénèse imparfaite, la dentinogénèse
imparfaite, les hypoplasies de l’émail (qui sont fréquentes chez les patients insuffisants
moteurs cérébraux), et les dyschromies.
1-5-2) Les pathologies infectieuses
Les caries dentaires sont les pathologies les plus prévalentes (23). En effet, différents
facteurs lié au polyhandicap favorise le développement de la carie :
L’hygiène bucco-dentaire trop souvent délaissée, influencée par l’étiologie du
handicap (troubles moteurs), le niveau d’éducation des parents et leur aide au
brossage (23).
La prise de médicaments comme les antiépileptiques, ainsi que les troubles moteurs,
entraînent une diminution de la salive et donc du phénomène d’auto-nettoyage de la
bouche (14).
Les reflux gastriques responsables de déminéralisation de l’émail du fait de l’acidité
(14).
La prise en charge trop souvent absente ou tardive par sous-estimation de la douleur
et du besoin de traitement (23).
Les parodontopathies sont courantes car elles concernent 80 à 90% de la population
handicapée (18). Leurs principales causes sont :
l’absence d’une bonne hygiène orale.
une diminution de l’état immunitaire.
les troubles moteurs et la prise de médicaments comme les antiépileptiques qui
peuvent entraîner une hyperplasie gingivale, favorable au développement d’une flore
anaérobie.
Ces parodontopathies sont responsables d’halitose et augmentent le phénomène de
« bavage », portant atteinte à l’intégration sociale de ces patients (14).
Les délabrements dentaires sont fréquemment retrouvés chez les polyhandicapés vivant en
institution spécialisée, le manque de formation à l’hygiène dentaire des soignants et de
temps accordé à celle-ci étant les principaux facteurs (18).
Ces pathologies infectieuses constituent des foyers douloureux qui sont indispensables à
détecter, car elles peuvent aggraver l’état de santé déjà préoccupant des patients. Elles
entrainent aussi une perte trop précoce des dents (14), s’en suivant des troubles
masticatoires, phonatoires et esthétiques.
18
1-5-3) Les pathologies fonctionnelles
Les troubles neuro-moteurs vont être à l’origine de troubles de la croissance cranio-faciale.
Le retard de maturation linguale a des conséquences sur le développement du massif facial
moyen qui s’en trouve modifié.
L’hyperactivité linguale chez certains patients favorise la projection en avant du maxillaire
supérieur et des béances (14) (18).
La ventilation est le plus souvent buccale.
Les troubles neuro-moteurs entraînent aussi des troubles de succion-déglutition,
augmentant le phénomène de « bavage » et le risque de fausse-routes, pouvant être à
l’origine d’infections pulmonaires (première cause de mortalité chez les personnes
polyhandicapées), notamment par contamination du système respiratoire par les germes
contenus dans la plaque dentaire, et d’insuffisance respiratoire chronique. Des perturbations
de développement de l’enfant sont par la suite observées (14) (18).
Enfin, les malpositions dentaires entraînent une instabilité de la mandibule, rendant difficile
la prise alimentaire et accentuant le risque de fausse-routes, engendrant dans certains cas,
des états de dénutrition (14).
Les traitements orthodontiques devraient être entrepris en cas de malpositions dentaires,
mais sont difficiles de par le polyhandicap (14) (18).
Lorsqu’elle est possible, une rééducation précoce de kinésithérapie et de psychomotricité
est importante pour limiter ces troubles fonctionnels (18).
1-5-4) Les pathologies traumatiques
Les automutilations et le bruxisme sont généralement retrouvés chez le patient
polyhandicapé.
Les malpositions dentaires, le bruxisme, les régurgitations acides entraînent une usure
prématurée des dents permanentes, une diminution de la dimension verticale et des
dénudations radiculaires (14) (18).
Les troubles comportementaux, neurologiques, ou l’existence de foyers infectieux buccodentaires douloureux peuvent être à l’origine de comportements d’automutilations, de
morsures (18).
Ces automutilations sont à prendre avec sérieux et doivent faire l’objet d’une surveillance
(14) (18).
19
Chapitre 2 : La douleur
2-1) Définition
Il est tout d’abord important de comprendre ce qui est à évaluer. De très nombreuses
définitions de la douleur ont été proposées (7).
Selon l'International Association for the Study of Pain (IASP), la douleur est "une expérience
sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou
décrite en fonction d’un tel dommage" (1979) (39) (33) (24) (13). Notons que le terme
« émotion » est intégré dans cette définition.
La HAS rajoute en cas de douleur chronique : « …susceptible d’affecter de façon péjorative le
comportement ou le bien-être du patient » (39).
La douleur est subjective, complexe et multifactorielle (24) (27). Elle comporte :
-une composante physique sensorielle qui permet de donner des informations sur la
localisation de la douleur, son étendue, son intensité, ses facteurs d’aggravation ou de
soulagement. La description de cette composante passe par le langage, ce que le patient
polyhandicapé ne possède pas.
- une composante affective et émotionnelle, présente chez la personne polyhandicapée, qui
permet de comprendre la façon dont le patient ressent, vit la douleur (désagréable, pénible,
insupportable…), et qui peut aboutir à des états d’anxiété ou de dépression.
- une composante cognitive qui correspond à l’interprétation que le patient, même
polyhandicapé, tire de cette expérience douloureuse, c’est-à-dire de l’ensemble des pensées
qui sont susceptibles de modifier la perception de celle-ci et des réactions
comportementales qui en découlent (attention, distraction, anticipation…).
-une composante comportementale qui montre la manière dont la personne perçoit sa
douleur. Les manifestations peuvent être verbales ou non-verbales (attitudes, mimiques,
repli sur soi…). Elle nous intéresse beaucoup dans ce sujet car le patient polyhandicapé peut
signaler sa douleur par son comportement (39) (33).
La douleur peut être évaluée à partir des dires du patient (auto-évaluation), mais aussi par
l’observation d’une autre personne (soignant, membre de l’entourage) de son
comportement, de ses réactions motrices ou en mesurant ses réactions physiologiques face
à celle-ci (hétéro-évaluation) (39).
Un autre facteur essentiel dans la définition est le temps. Les douleurs aigues constituent un
signal d’alarme, sont accompagnées de signes végétatifs et font suite à un traumatisme ou à
une affection (38). Elles peuvent entrainer des modifications du comportement comme des
20
cris, pleurs, plaintes (39). Les douleurs chroniques se caractérisent par une durée supérieure
à 3 ou 6 mois, une résistance aux traitements antalgiques, une absence des signes végétatifs,
et par l’apparition de signes comportementaux et psychosociaux associés plus insidieux
(diminution de la sociabilité, calme, apathie...) (38) (39).
2-2) La douleur oro-faciale
La sphère oro-faciale est complexe car elle comporte à la fois une composante corporelle,
émotionnelle, psychosensorielle et psychoaffective.
Les douleurs oro-faciales sont fréquentes car on estime que 25 % de la population y est
confronté en 6 mois (6).
Selon la classification de Okeson en 1995, la douleur oro-faciale peut être purement
physique ou associée aux douleurs psychiques (38).
La douleur oro-faciale est spécifique de par (31) :
-
L’importance de l’innervation : les nerfs crâniens trijumeau (V), facial (VII),
glossopharyngien (IX) et vague (X) assurent l’innervation sensitive (6). Les
nocicepteurs sont présents dans les tissus superficiels et profonds de la sphère orofaciale.
-
La bouche, représentation symbolique car elle permet à la fois la ventilation,
l’alimentation, la communication.
-
L’anxiété qu’elle procure, la mémorisation d’un vécu douloureux, retardant souvent
les soins et aggravant la situation. Par exemple, 15% de la population adulte
limiterait les soins dentaires du fait de la peur qu’ils engendrent, 6% par phobie
totale.
La douleur est le principal motif de consultation au cabinet dentaire (31).
Les douleurs oro-faciales peuvent avoir plusieurs origines : les douleurs pulpaires, les
douleurs muco-gingivales (stomatites, brûlures…), les douleurs des muscles maxillaires, les
douleurs des ATM, les douleurs desmodontales (traumatisme occlusal, parodontite, abcès
apical…), osseuses (alvéolites, ostéomyélites…), vasculaires, nerveuses (38) (17) ou non
odontogènes et plus difficile à déterminer comme les odontalgies atypiques, les glossodynies
ou stomatodynies (38).
21
Les douleurs oro-faciales présentent différentes classifications (6) :
La classification « étiologique ».
La classification « temporelle » : les douleurs oro-faciales peuvent être aigues ou
chroniques. Dans la région oro-faciale, les douleurs aigues les plus fréquentes sont au
niveau des dents et du parodonte. Les douleurs chroniques se retrouvent plus
fréquemment au niveau des muscles masticateurs et des articulations temporomandibulaire (ATM) (38).
La classification « par mécanisme » : il existe différents types de douleurs qui
répondront à différents traitements (6) (17) (38):
-
La douleur par « excès de nociception » : elle résulte de l’irritation et de la
stimulation des nocicepteurs.
-
La douleur « inflammatoire » : il est difficile de distinguer une douleur nociceptive
d’une douleur inflammatoire ; elle est liée à la stimulation persistante des
nocicepteurs. Elle peut être accompagnée d’un phénomène infectieux. On retrouve
des signes associés : rougeur, chaleur, tuméfaction.
-
La douleur « neuropathique » : elle résulte de dommages ou de dysfonctionnements
des composants centraux ou périphériques du système nociceptif. Son apparition est
en règle générale retardée par rapport à la lésion et elle peut présenter des périodes
de rémission. Les névralgies faciales, les neuropathies post-traumatiques (après des
soins dentaires par exemple), les névralgies post-zostériennes sont les principales
douleurs neuropathiques oro-faciales périphériques. Les pathologies neurologiques
comme l’épilepsie, les AVC, les traumatismes sont à l’origine des douleurs
neuropathiques centrales.
-
La douleur « idiopathique » : l’étiologie est inconnue. La difficulté de prise en charge
de cette douleur entraîne souvent sa chronicité. Celles retrouvées dans la sphère
oro-faciale sont l’odontalgie atypique, la stomatodynie…
La classification « topographique » :
-
La douleur peut être primaire, c’est-à-dire que l’origine de la douleur et l’endroit où
elle est perçue sont identiques.
-
La douleur peut être secondaire rapportée (la douleur est perçue dans le territoire
d’innervation du nerf lésé) ou référée (la douleur est ressentie dans un territoire
différent de celui innervé par le nerf lésé).
La « douleur oro-faciale » est un terme large car il comprend à la fois les douleurs buccodentaires, ophtalmiques, les céphalées, les douleurs naso-sinusiennes… intéressant donc un
grand nombre de spécialités médicales et nécessitant une prise en charge pluridisciplinaire.
Les douleurs dentaires et parodontales étant les douleurs oro-faciales les plus fréquentes, le
chirurgien-dentiste devra établir un diagnostic bucco-dentaire avant de chercher une autre
origine (17).
22
Il devra être capable d’identifier la présence ou non d’une douleur, de la localiser, d’évaluer
son intensité, ses caractéristiques (aigue ou chronique…), ses facteurs déclencheurs ou
aggravants/atténuants, et son étiologie, pour par la suite la traiter.
2-3) Les spécificités d’expression de la douleur, notamment bucco-dentaire et
oro-faciale, chez le patient polyhandicapé
« Le terrain psychologique initial » joue un rôle dans l’augmentation ou la diminution du
sentiment de douleur. De par les lésions neurologiques, le développement psychologique du
patient polyhandicapé va être modifié, entraînant des conséquences sur sa perception du
corps et de l’environnement : « le corps est paralysé, l’exploration et les activités sont
difficiles du fait de mobilité réduite, la communication et la connaissance sont rendues
difficiles par une scolarité inaccessible et l’absence de langage verbal » (33).
Les patients polyhandicapés ont en général une expérience face à la douleur plus importante
(de par leur handicap et les traitements qui en découlent), mais qui est sous-estimée où
sous-évaluée du fait de leur difficulté à l’exprimer (1).
De plus, à cause du polyhandicap, les douleurs oro-faciales et notamment dentaires passent
en second plan. Les traitements dentaires sont considérés comme les soins médicaux les
plus insatisfaisants pour les personnes handicapées, entraînant à terme une dégradation de
leur santé buccale, ce qui constitue un sur-handicap. De même, lorsque les parents réalisent
l’existence d’une douleur, il est difficile pour eux de la relier à une source dentaire (14).
Les polyhandicapés ont d’autres possibilités de communication, en fonction du degré de
handicap, pour montrer ce qu’ils veulent, ressentent (25).
Une consultation ne peut s’effectuer sans l’aide de l’entourage du patient, car plusieurs
signes peuvent mettre en évidence la présence d’une douleur et ils seront facilement
détectés par les proches:
-
La « régression psychique », c’est-à-dire que le patient perd l’interaction avec
l’environnement, les sollicitations extérieures, il se renferme sur lui-même.
-
La « recrudescence des manifestations psychotiques » : celles-ci sont de plus en plus
présentes ou des troubles nouveaux apparaissent (troubles alimentaires,
automutilations…)
-
Les troubles neuro-moteurs (agitation, mouvements anormaux…) sont accentués.
Les troubles du sommeil apparaissent ou sont augmentés.
Les expressions somatiques comme les cris, les pleurs, les mimiques douloureuses
sont retrouvées.
23
-
Le patient utilise une position antalgique ou une réaction de protection, d’évitement.
(13) (24) (33)
Une étude réalisée par Giusano et collaborateurs en 1995 rapporte l’ensemble des réponses
comportementales de patients atteints de handicap cérébral âgés de 2 à 33 ans dans un
établissement de longue durée. Parmi ces réponses, on retrouve les pleurs, les changements
d’humeur, les expressions faciales, les comportements agressifs, les pertes d’appétit, ou les
diminutions d’interactions avec l’extérieur (1).
En 1998, McGrath et collaborateurs ont interrogé 20 parents ou personnels soignants
d’enfants avec handicap cognitif âgés de 6 à 29 ans. L’interrogatoire portait sur des douleurs
courtes comme la vaccination ou des douleurs durables comme les maux de tête. 31 signaux
de douleurs ont été mis en évidence. Les comportements sont souvent différents d’un
patient à un autre, mais il a été montré que des classes de comportements se retrouvent
chez la plupart des patients, qui sont : vocal/ alimentation-sommeil/ interaction sociale personnalité/ expression facial de la douleur/ activités/ corps et membres/ physiologie (21).
Hormis ces changements comportementaux, les lésions bucco-dentaires apparentes, le
changement de teinte des dents (17), la fièvre, les rougeurs (24), les gonflements faciaux ou
l’halitose peuvent être également des signes d’alarme quant à la présence de douleurs orofaciales.
De ce fait, depuis que la douleur oro-faciale est considérée comme une source importante
de détresse pour les patients polyhandicapés, les professionnels de santé sont de plus en
plus encouragés à utiliser des outils pour la détecter et l’évaluer (1).
2-4) Pourquoi et comment évaluer la douleur oro-faciale ?
2-4-1 : Pourquoi évaluer la douleur oro-faciale?
L’évaluation de la douleur est, tout d’abord, une démonstration du respect que l’on a
envers notre patient.
Selon l’article L110-5 du Code de la santé publique, « toute personne a le droit de recevoir
des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue,
prise en compte et traitée… », et l’article 37 du Code de déontologie médicale d’ajouter : «
en toutes circonstances, le médecin doit s’efforcer de soulager les souffrances de son
malade » (39). Dans le code de déontologie du chirurgien-dentiste, l’article R4127-211
ajoute : « Le chirurgien-dentiste doit soigner avec la même conscience tous ses patients,
quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou
leur non-appartenance à une ethnie, à une nation ou à une religion déterminées, leur
24
handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu'il peut éprouver à leur
égard. »
La douleur est une notion subjective, donc difficile à évaluer. Comme nous l’avons vu
précédemment, les personnes polyhandicapées sont susceptibles de présenter un grand
nombre de pathologies oro-faciales, souvent douloureuses, mais il est difficile de prescrire
des antalgiques dans un contexte d’incertitude, sans pouvoir discerner une douleur d’un
mal-être ou d’un comportement lié au handicap (42).
De plus, lors des consultations bucco-dentaires, l’examen clinique peut être vécu comme
une agression pour les patients polyhandicapés, il faudra donc commencer par détecter la
présence d’une douleur, et la traiter (un traitement antalgique peut être en premier lieu
prescrit) pour que nos soins soient considérés par la suite comme étant non invasifs, non
iatrogènes. Une relation de confiance établie entre le chirurgien-dentiste et le patient
permet de mieux appréhender les soins par la suite (18).
L’évaluation de la douleur permet d’identifier une pathologie oro-faciale ou bucco-dentaire,
et aide au diagnostic étiologique. De par ses caractéristiques, elle améliore la prise en charge
en établissant un langage commun fiable
facilitant la communication entre les
professionnels de santé ainsi qu’en instaurant un traitement antalgique adapté et les
meilleurs soins possibles. Les objectifs thérapeutiques réalisables seront ensuite fixés, on
pourra alors surveiller l’évolution de la situation (en contrôlant l’efficacité des antalgiques
par des évaluations régulières), évitant alors la survenue d’une chronicisation de la douleur
(7) (16) surtout pour les douleurs oro-faciales non -odontogènes.
En résumé, la bonne connaissance de la sémiologie clinique de la douleur est importante,
assurant une meilleure prise en charge globale du patient, et évitant la chronicisation (16).
2-4-2 : Comment ?
Les échelles d’autoévaluation sont utiles pour mesurer la douleur lorsque la communication
avec le patient est possible.
Ces échelles se basent sur la propre évaluation du patient en situation de douleur, il en
existe un grand nombre (7). Voici quelques exemples.
2-4-2-1 : L’échelle Visuelle Analogique (EVA) :
Elle se présente sous la forme d’une réglette de 10 cm de longueur, avec triangle rouge ou
curseur (42). L’extrémité gauche se caractérise par l’absence de douleur et l’extrémité droite
par une douleur considérée comme la plus importante qui soit (7). Le patient doit déplacer
un curseur sur cette réglette qui indique au mieux l’intensité de sa douleur (7).
Le score de l’EVA correspond à la distance entre l’extrémité gauche et la position du curseur
établie par le patient (7).
25
Echelle visuelle analogique
Cette échelle permet d’évaluer les douleurs aigues et chroniques (7).
L’EVA présente des limites. Une des principales difficultés est de transformer l’intensité de la
douleur perçue (qui est subjective) en une représentation spatiale (7).
Cette échelle n’est pas validée pour une évaluation réalisée par un tiers (42) mais est validée
pour l’auto-évaluation.
2-4-2-2 : L’échelle numérique (EN) :
Le patient doit chiffrer l’intensité de sa douleur de 0 à 10 ou de 0 à 100.
Le niveau 0 correspond à une absence de douleur et le niveau 10 ou 100 à « la pire douleur
imaginable » (7).
Le patient peut évaluer sa douleur par l’intermédiaire d’une réglette ou de manière orale (7).
2-4-2-3 : L’échelle des visages :
Cette échelle est représentée par une série de visages reproduisant une intensité croissante
de la douleur depuis « absence de douleur » jusqu’à « la pire douleur imaginable ».
Une échelle référence doit être utilisée (42) avec des visages ne présentant pas de caractère
émotionnel (sourire, larmes) pour ne pas entraîner de biais dans la réponse des patients (7).
Les échelles d’auto-évaluation sont utilisables lorsque le patient à la capacité de les
comprendre et aussi lorsque la communication verbale le permet, ce qui n’est pas le cas
pour les personnes polyhandicapées (42).
D’autres échelles sont alors disponibles, il s’agit des échelles d’hétéro-évaluation qui seront
présentées par la suite.
26
Chapitre 3 : Les outils d’évaluation de la douleur pour le
polyhandicapé
3-1) Les outils
3-1-1) Les échelles d’hétéro-évaluation
Les échelles comportementales sont en plein développement. En l’absence de langage, pour
les personnes polyhandicapées, elles constituent une famille d’outils d’évaluation de la
douleur basée sur l’observation par un tiers des attitudes du patient en situation
douloureuse afin d’en tirer un score représentatif de l’importance de la douleur (7).
Il en existe plusieurs.
3-1-1-1) La Grille Douleur Enfant San Salvadour (DESS)
Cette grille, d’origine française, a été conçue par Collignon, Giusano et coll (11).
Pour concevoir cette DESS, ils ont réalisés une première étude avec l’utilisation d’un
questionnaire de 22 items (élaboré par des médecins et infirmiers grâce à leur expérience
clinique) et ont ainsi abouti à une grille de 10 items (11).
Une seconde étude, réalisée par Collignon et Giusano, 2001, a permis de validée cette
échelle de 10 items (12) et de déterminer le seuil de douleur. Cette étude comprend un
échantillon de 50 patients, et est basée sur des enregistrements vidéo, se déroulant dans
deux établissements de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris accueillant des patients
polyhandicapés (12).
Cette échelle a été validée chez l’adulte mais elle est essentiellement utilisée pour l’enfant
polyhandicapé (11) (42).
Son utilisation se fait en deux temps.
Tout d’abord, un dossier de base est réalisé en dehors de toute situation douloureuse. Il
s’agit d’observer et de répertorier les comportements habituels, l’expressivité du patient
polyhandicapé (7) (11).
Ce dossier de base est composé de 10 questions, les réponses étant obtenues auprès de
personnes connaissant le mieux l’enfant (parents ou personnel soignant). Ce dossier doit
toujours être présent lors des consultations bucco-dentaires (11) (24).
27
COLLIGNON P, GIUSANO B, COMBES JC.
La douleur chez l’enfant polyhandicapé.
Paris : Flammarion Médecine Science, 1999 :174-178.
28
Puis, lors des modifications du comportement habituel, une grille d’évaluation douleur est
utilisée par les soignants. (24)
Elle est constituée de 10 items répartis en 3 groupes :
1-signes d’appel de la douleur : ils mettent en évidence l’anxiété et les émotions induites par
la douleur.
Item 1 : pleurs et/ou cris
Item 3 : mimique douloureuse
Item 5 : gémissements, pleurs silencieux
2-signes moteurs :
Item 2 : réaction de défense coordonnée ou non à l’examen d’une zone présumée
douloureuse
Item 4 : protection des zones douloureuses
Item 10 : attitude antalgique spontanée
3-signes de régression psychomotrice :
Psychiques :
Item 6 : intérêt pour l’environnement
Item 8 : capacité à interagir avec une autre personne
Motrices :
Item 7 : accentuation des troubles du tonus
Item 9 : accentuation des mouvements spontanés.
Les items ne sont pas présentés de manière consécutive pour éviter les biais (11).
Les manifestations psychotiques (automutilation) ne sont pas inclues dans cette grille car
peu spécifiques (même si elles peuvent constituées un signe d’appel de la douleur chez les
patients polyhandicapés avec troubles psychotiques) (11).
La cotation s’établie de façon rétrospective sur 8 heures et chaque item est noté de la façon
suivante :
0 : manifestations habituelles par rapport au dossier de base
1 : modification douteuse
29
2 : modification présente
3 : modification importante
4 : modification extrême
Le fait d’avoir 5 niveaux de cotation permet d’augmenter la sensibilité de la grille.
Si un item est inadapté, il sera noté 0.
Le score final s’établit entre 0 et 40. A partir de 6, la douleur est certaine et un traitement
antalgique est mis en place. Entre 2 et 6, la douleur n’est pas certaine mais un test
thérapeutique est réalisé par l’administration d’antalgiques.
La réévaluation est régulière, toutes les 8 heures, jusqu’à ce que la sédation soit obtenue
(11) (13).
30
COLLIGNON P, GIUSANO B, COMBE JC.
La douleur chez l’enfant polyhandicapé.
Paris : Flammarion Médecine Science, 1999: 174-178.
31
3-1-1-2) L’échelle EDAAP (Expression Douleur Adulte Adolescent Polyhandicapé)
Cette échelle a été travaillée par le comité de lutte contre la douleur de l’hôpital marin
d’Hendaye, en partenariat avec l’Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et de
Développement (ISPED) de l’université de Bordeaux-2. Elle s’adapte à l’adulte et l’adolescent
polyhandicapés (33).
Elle a été construite à partir de deux échelles validées qui sont la DOLOPLUS (échelle
d’hétéro-évaluation s’appliquant aux personnes âgées présentant des fonctions cognitives
altérées, des troubles de la communication verbale) et la SAN SALVADOUR. Elle a bénéficié
d’une validation statistique en mars 2007 par l’ISPED de Bordeaux, ce qui rend son utilisation
fiable (24).
Il s’agit d’un outil simple, facile à utiliser, pouvant être utilisé par l’équipe soignante sans la
présence du médecin, devant toute suspicion de douleur.
L’évaluation se fait au minimum par un binôme de soignants, dont un infirmier, et est incluse
dans le dossier du patient.
Tout comme l’échelle SAN SALVADOUR, une évaluation de l’état basal (en situation non
douloureuse) du patient est effectuée en amont (33).
En situation douloureuse, une seconde évaluation est effectuée et comparée à l’état basal.
Cette évaluation prend donc en compte la différence entre l’état habituel du patient et son
expression perturbée dans l’hypothèse d’une douleur (33).
Chaque évaluation est individuelle et les scores obtenus pour chaque patient ne doivent pas
être comparés.
L’échelle comprend 11 items, répartis en 2 groupes :
1-le retentissement somatique, comprenant 4 items : les plaintes somatiques (émissions
vocales, cris, pleurs), les positions antalgiques au repos (« positions corporelles inhabituelles
visant à soulager ou éviter la douleur »), l’identification des zones douloureuses, les
perturbations du sommeil.
2-le retentissement psychomoteur et corporel, comprenant 7 items : le tonus (« état
permanent d’activité fondamentale des muscles lisses et striés, sous la dépendance du
système nerveux central et périphérique »), les mimiques, l’expression du corps, les
réactions lors de soins, la communication, les modifications de l’intérêt pour
l’environnement, les troubles du comportement. (24)
Une cotation dure environ 5 minutes, chaque item est noté de 0 à 3 ou 0 à 4 (excepté l’item
« identification des zones douloureuses » qui est côté de 0 à 5), avec un score maximal de 41
points. En cas d’item inadapté, le score est de 0.
32
L’existence d’une douleur est affirmée lorsque le score est égal ou supérieur à 7 (33).
La réévaluation est systématique, toutes les 2 ou 3 heures en fonction de la durée d’action
des antalgiques, jusqu’à ce que l’expression et le comportement habituels du patient soient
obtenus (33).
33
34
CLUD- HOPITAL MARIN HENDAYE
Evaluation de l’expression de la douleur chez l’adolescent ou adulte polyhandicapé
(33)
35
3-1-1-3) La grille NCCPC (non-communicating children’s pain checklist) Revised
Elle a été créée au Canada, par McGrath et coll dans les années 90, sous le nom de NCCPC,
puis examinée et complétée par la suite par Breau et coll, 2001 (36), devenue alors la
NCCPC-Revised (26).
Sa version française est le GED-DI (grille d’évaluation de la douleur-déficience intellectuelle)
(42).
Cette échelle est utilisable de 3 ans à 17ans (26), essentiellement dans le cadre du
polyhandicap (26).
Elle est constituée de 30 items, dans sept catégories différentes (vocale,
alimentation/sommeil, personnalité/socialisation, expressions faciales de douleur, corps et
membres, physiologie) (36).
Le score est compris entre 0 et 90 (42), chaque item pouvant être coté 0 (signe absent), 1
(signe observé occasionnellement), 2 (signe souvent observé) ou 3 (signe très souvent
observé). Un item peut être noté « ne s’applique pas » si le patient ne peut pas présenter ce
signe du fait de son handicap. En effet, elle comporte de nombreux items pour augmenter la
sensibilité en tenant compte du fait que tous ne sont pas possibles de part la grande
hétérogénéité du polyhandicap.
Une version post-opératoire existe (la NCCPC-PV), comprenant 3 items en moins (ceux
concernant l’alimentation et le sommeil). Le score est donc situé entre 0 et 81 (28). Une
étude réalisée par Breau et coll, 2002, montre que cette échelle est appropriée aux enfants
atteints de déficience intellectuelle sévère (8).
La douleur est considérée comme présente et légère pour un score situé entre 6 et 10,
moyenne à sévère pour un score à partir de 11.
Le professionnel de santé réalisant l’évaluation avec cette échelle n’a pas besoin de
connaître préalablement la personne polyhandicapée, ce qui constitue un énorme avantage
et elle peut s’appliquer quel que soit le niveau d’atteinte cognitive et quelque soit la
situation clinique (26).
Sa validation a été réalisée en considérant le fait que tous les items ne sont pas applicables à
tous les polyhandicapés (42).
La version française a été validée dans plusieurs centres français et canadiens par Zabalia,
Breau et coll, 2011.
36
BREAU L.M et coll.
Grille d’Evaluation de la Douleur-Déficience Intellectuelle.
Traduction CETD Robert Debré, Paris, 2010.
37
3-1-1-4) La NCAPC (Non-Communicating Adults Checklist-Revised)
Parmi toutes les échelles citées précédemment, aucune ne s’adapte spécialement à l’adulte
polyhandicapé.
Afin de développer une échelle qui leur est adaptée, une première étude en 2006 réalisée
par Defrin, Lotan et Pick a utilisé deux échelles : la NCCPC-R et la FACS (échelle des réactions
faciales à la douleur). Les auteurs ont alors mis en évidence que la NCCPC-R est plus sensible
dans l’évaluation de la douleur pour tous les degrés de handicap moteur et intellectuel,
contrairement à la FACS qui est seulement sensible aux personnes atteintes de déficiences
intellectuelles et motrice faibles ou modérées (26).
Des comportements similaires existent entre les adultes et les enfants polyhandicapés.
Cependant cette première étude a montré que certains items de la NCCPC-R ne s’adaptaient
pas à l’adulte polyhandicapé (comme les pleurs), ou que certains comportements n’étaient
pas retrouvés dans cette échelle ; d’où la nécessité d’adapter la NCCPC aux patients adultes
(26).
Une deuxième étude a alors été réalisée par Lotan, Ljunggren et coll, 2009, pour déterminer
la sensibilité de chaque item de la NCCPC-R lors de situation douloureuse chez les adultes
polyhandicapés. L’étude consistait à évaluer la douleur d’un échantillon de patients avec
handicap moteur et intellectuel de différents degrés lors de la vaccination contre la grippe
en utilisant les 27 items de la NCCPC-R (les items concernant l’alimentation et le sommeil
n’ont pas été utilisés) (26). L’observation était basée sur des enregistrements vidéos.
De cette étude, 13 items ont été supprimés de la NCCPC-R et 4 items ont été ajoutés, créant
la NCAPC (26) (27).
La NCAPC est constituée de 18 items, répartis dans 6 catégories (vocale, émotions,
expressions faciales, mouvements corporels, réaction de protection et réactions
physiologiques).
Chaque item est noté de 0 à 3, avec un score final compris entre 0 et 54 (27).
Toutefois, cette NCAPC a été créé à partir de scores établis par des enregistrements vidéo.
En situation clinique, ces enregistrements ne sont pas possibles car ils nécessitent du temps,
du matériel, et empêchent les réactions spontanées.
L’étude faite par Lotan, Moe-Nilssen et coll, 2010, avait pour objectif de déterminer la
sensibilité de la grille en situation clinique par rapport aux enregistrements vidéo (27).
Cette étude était basé sur l’observation clinique de 59 adultes avec divers degrés de
handicap (les mêmes ayant eu le vaccin contre la grippe) au cours d’une séance de
détartrage. Les résultats entre les scores obtenus lors de la vaccination et lors du détartrage
ont été comparés (27).
38
La validité de la NCAPC en situation clinique a été démontrée, mais sur un faible échantillon
(n=59).
Cette échelle permet d’identifier la présence de douleur chez les adultes polyhandicapés
dans toutes les situations cliniques, et pour tous les degrés de handicap moteur et
intellectuel (27).
Il n’existe pas de traduction française à ce jour.
3-1-1-5) Echelle Revised FLACC (Face Legs Activity Cry Consolability)
D’origine américaine puis traduite en français, cette échelle a été adaptée de la FLACC (28),
qui est une échelle évaluant la douleur post-opératoire et la douleur des soins de la
naissance à 18 ans (30). Elle intègre des descriptions comportementales supplémentaires
comme les tremblements, le changement du rythme de la respiration (28). Elle permet une
évaluation comportementale de la douleur post opératoire ou au cours des soins pour les
patients polyhandicapés de la naissance jusqu’à 18, 19 ans.
Elle est constituée de 5 items (visage, jambes, activité, cris, consolabilité) avec pour chaque
item une cotation possible de 0 à 2, le score total étant situé entre 0 et 10 (28).
Pour chaque item, on retrouve une description précise qui permet d’affiner la cotation (28).
L’observation peut être réalisée lorsque le patient est éveillé (de 2 à 5 minutes) ou endormi
(5 minutes ou plus) (40).
L’évaluateur n’a pas besoin de connaître préalablement l’enfant.
La prescription d’antalgiques s’effectue à partir de 3/10. Un score entre 4 et 6 signifie une
douleur modérée, et entre 7 et 10 une douleur sévère (40).
Elle est simple à utiliser avec cependant une limite : l’immobilité n’est pas prise en compte et
donc le patient immobile est considéré comme non douloureux (28).
Une étude statistique réalisée par Malviya et coll en 2006 montre la fiabilité et la validité de
la FLACC révisée (28).
39
UNIVERSITE DE MICHIGAN.
Echelle FLACC : Face Legs Activity Cry Consolability.
Traduction française CETD Robert Debré, Paris.
40
UNIVERSITE DE MICHIGAN.
Echelle FLACC : Face Legs Activity Cry Consolability.
Traduction française CETD Robert Debré, Paris.
41
3-1-1-6) Echelle PPP (Pediatric Pain Profil)
Cette échelle a été développée en Angleterre par Hunt et coll, 2001, à la suite de trois
études (21).
Elle a été traduite en français par Profil Douleur Pédiatrique (PDP).
Elle évalue toute douleur de la personne polyhandicapée (26) (avec un handicap
neurologique sévère) (21), et peut être utilisée de 1 à 18 ans.
Elle se constitue également d’items, au nombre de 20, avec une cotation possible de 0 (pas
du tout), 1 (un peu), 2 (beaucoup) à 3 (tout à fait), le score total se situant entre 0 et 60 (21).
Le temps d’évaluation de la douleur avec cette échelle est estimé à 2-3 minutes (21).
Une case « évaluation impossible » ou « sans objet » est présente lorsque le handicap ne
permet pas d’évaluer un signe.
Une quatrième étude réalisée par Hunt et coll en 2004, sur un échantillon de 140 enfants
non communicants, a conclu que la PPP présente une bonne cohérence interne et une
bonne fiabilité. Elle est validée pour être utilisée en clinique (21).
Une prescription d’antalgique est faite lorsque le score est égal ou supérieur à 14.
Il est indispensable de bien connaître l’enfant ou l’adolescent. En effet, un profil de base est
réalisé et peut suivre l’enfant partout où il est nécessaire (30).
42
HUNT et coll.
Echelle Profil Douleur Pédiatrique
Traduction française par l’Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur, Centre
Hospitalier Universitaire Robert Debré, Paris, France, 2009.
43
3-1-1-7) Echelle PICIC (Pain Indicator for Communicatively Impaired Children)
D’origine anglaise, et s’adaptant aux enfants, celle-ci est constituée de 6 items, et fut publiée
en 2002 (36).
Les 6 items sont :
-
pleurs avec ou sans larmes
cris, hurlements, gémissements, lamentations
visage paraissant perturbé, bouleversé
corps raide, tendu
difficulté à le réconforter ou le consoler
sursauts ou évitements au toucher (36).
D’après l’étude menée par Stallard et coll, 2002, les cinq derniers items sont directement
corrélés à la présence de douleurs chez l’enfant incapable de communiquer, alors que l’item
« pleurs avec ou sans larmes » est plutôt lié à la sévérité de la douleur (36).
Cette échelle est considérée comme simple, courte, facilement utilisable par les proches.
Il n’existe cependant que très peu de documents la concernant, et aucune autre étude après
2002 n’a été réalisée (36). D’autres études sont nécessaires, notamment pour déterminer le
seuil de douleur (36).
3-1-1-8) Echelle INRS (Individualized Numeric Rating Scale)
D’origine américaine, l’INRS a été initialement développée à l’hôpital des enfants de Boston
(35).
Cette échelle est adaptée aux enfants non communicants avec handicap intellectuel. Elle se
base sur la connaissance qu’ont les parents du comportement de leur enfant dans des
situations douloureuses passées. Les soignants se réfèrent alors à l’INRS établie par les
parents pour déterminer le score de douleur (35).
L’INRS est l’adaptation de l’échelle numérique, incorporant les descriptions des situations
douloureuses des parents ou des soignants de l’enfant. Elle est propre à l’enfant et est
graduée de 0 à 10 (35).
Une étude menée par Solodiuk et coll, 2010, sur un échantillon de 50 enfants non
communicants avec déficience intellectuelle profonde, avait différents objectifs :
-évaluer la faisabilité de l’échelle INRS par les parents.
-évaluer la fiabilité de l’échelle à travers de différents évaluateurs.
44
-examiner la validité des critères et de la construction l’INRS (35).
Tous les parents des 50 patients ont réussi à décrire et ordonner les critères de douleur de
leur enfant, ce qui montre la faisabilité de cette échelle.
Les résultats ont montrés que l’INRS est une méthode valide et fiable pour ces patients. Les
résultats obtenus entre l’INRS et la NCCPC-PV dans cette étude sont en corrélation (35).
3-1-2) Les paramètres physiologiques
De nombreux chercheurs ont tenté d’identifier un indicateur physiologique pour affirmer la
présence d’une douleur.
La variation des paramètres physiologiques (la pression artérielle, la conductance cutanée
(« résistance de la peau à conduire un déplacement de charge »), les réponses musculaires
réflexes) pourrait être un outil d’évaluation car elle peut refléter indirectement la réaction
du corps face à une agression douloureuse, pouvant représenter la composante sensoridiscriminative de la douleur (7).
Plusieurs techniques sont à l’étude comme la variabilité de la fréquence cardiaque (7).
Ces variables physiologiques ne garantissent cependant pas une évaluation précise de la
douleur car elles représentent des marqueurs de l’activité automatique du corps et peuvent
être influencées par des facteurs confondants (41). Par exemple, une augmentation de la
fréquence cardiaque peut être liée à un stress engendré par un changement
d’environnement, sans pour autant qu’une douleur soit présente.
Ces paramètres n’intègrent pas les composantes affective et cognitive de la douleur (7).
Elles ne sont donc pas utilisées aujourd’hui, mais de nombreuses études sont en cours, pour
trouver des bio-marqueurs de l’intensité de la douleur (41).
3-1-3) Le rôle de l’entourage
Les parents sont des éléments clés dans l’évaluation. Ce sont eux qui connaissent le mieux le
patient, son comportement habituel, ses troubles neurologiques, ses capacités de
communication et d’interaction (13). Plusieurs études montrent que les parents sont
capables de détecter les comportements de douleur chez leur enfant polyhandicapé (35). Le
chirurgien-dentiste doit mettre au point avec eux les objectifs à atteindre, ce qui induit en
premier lieu la construction d’une alliance thérapeutique avec eux, sans oublier de
communiquer aussi avec l’enfant ou adulte handicapé (37).
45
Le référent doit être sensible, proche du polyhandicapé. Il peut s’agir de la famille ou d’une
personne de confiance, qui doit pouvoir le toucher, le rassurer, le mettre en confiance lors
des soins, le contrôler en cas de situation douloureuse, l’observer dans son rapport avec
l’environnement et les autres, et peut aussi jouer le rôle de médiateur entre le patient et le
chirurgien-dentiste (33).
La personne polyhandicapée ne pouvant pas exprimer son avis, les parents ou le
représentant légal prendront les décisions médicales les plus appropriées (25), et assureront
la permission des soins.
Un patient handicapé peut mettre en place des stratégies de faire-face qui sont des
« réponses cognitives et comportementales face à un événement douloureux » (« procédés
d’ajustement, d’adaptation, d’affrontement de la douleur ») (43). Le polyhandicap peut avoir
une influence sur la manière dont le patient va répondre à la douleur. En effet, ses réponses
de faire-face peuvent être influencées par les facteurs individuels et environnementaux
(exemple : l’influence parentale qui peut modifier la réponse de l’enfant face à la douleur)
(43).
Une étude récente (2010), réalisée par Zabalia et coll, a pour objectif de comprendre les
stratégies de faire-face à la douleur chez les enfants atteints de déficience intellectuelle (43).
Les résultats montrent que ces enfants sont capables d’évoquer la douleur et d’utiliser des
stratégies de faire-face. Du fait de l’absence de réponse autonome, le recours à une tierce
personne, semble être une stratégie adaptée pour contrôler la situation (43).
De par leur connaissance et leur proximité, l’entourage est capable de distinguer ses
stratégies pour se rendre compte d’une situation douloureuse (42).
L’évaluation faite par la famille et les proches est considérée comme une source utile aux
professionnels de santé mais est tout de même considérée comme une stratégie « passive »
vis-à-vis de l’évaluation de la douleur (33) (42) (43) puisqu’elle n’est pas directement réalisée
par la personne polyhandicapée.
Un mauvais décodage de la part de ces proches entraîne un surcroît de difficultés dans
l’évaluation de la douleur (37). En effet, les parents ont généralement tendance à sousestimer l’étendue de la douleur (36). Trop d’intermédiaires constituent un biais aux résultats
pouvant être obtenus.
46
3-2) Quelle(s) échelle(s) utiliser en odontologie ?
Il n’existe, à ce jour, pas d’échelles spécifiques pour mesurer la douleur en odontologie chez
un patient polyhandicapé.
Tout d’abord, pour pouvoir être utilisé en situation clinique, l’outil doit être simple, facile à
employer, court d’utilisation et facilement compréhensible pour le praticien (41).
Les résultats obtenus doivent être reproductibles (doit avoir obtenu la validation clinique) et
l’échelle doit s’adapter à l’environnement clinique (7).
Elle doit s’adapter à l’âge du patient et permettre de guider le prescripteur (7).
Du fait des différentes échelles pouvant être utilisées, voici un tableau récapitulatif qui
permet de choisir la grille d’évaluation la plus adaptée au patient polyhandicapé rencontré.
47
Tableau récapitulatif des échelles d’évaluation de la douleur du patient polyhandicapé
EDAAP
France
Canada
Hôpital
d’Hendaye
Adolescents 3 à 17 ans
et adultes
Temps
d’évaluation
Quelques
minutes (24)
5 minutes
2 à 3 min
oui
Israel
Américaine
Norvège
(auteurs)
Age adulte 0 à 18-19
(à partir 18 ans
ans)
5 minutes
Eveillé : 2 à
(21)
5 min
Endormi : 5
min ou plus
non
non
non
Angleterre Américaine
Age
d’utilisation
San
Salvadour
(DESS)
France
Hôpital San
Salvadour
Enfant++
Adulte
oui
oui
11
30
18
5
20
Pas d’items
0, 1, 2 ou 3
0, 1, 2 ou 3
0, 1 ou 2
0, 1, 2 ou
3
3/10
14/60
oui
oui
Origine
Connaissance oui
préalable
du patient
Nombre
10
d’items
Cotation des 0, 1, 2, 3 ou 4
items
Seuil de
prescription
Validation
statistique
Caractéris
-tiques
De 0 à 3
De 0 à 4
De 0 à 5
A partir de ≥ 7/41
6/40
oui
oui
NCCPC
(GED-DI)
NCAPC
6 à 10/90 :
douleur
légère
≥
11 :
douleur
moyenne à
sévère
oui
oui
Utilisation
possible en
post
op
avec
3
items
en
moins
48
Revised
FLACC
PPP
INRS
1 à 18 ans
-
Adaptation
de l’échelle
numérique
,graduation
de 0 à 10.
Propre à
chaque
enfant.
En résumé :
L’échelle San Salvadour, d’origine française, est une échelle qui peut être utilisée chez les
enfants et adultes polyhandicapés et dans de nombreuses situations cliniques. Elle est
spécifique de par le nombre d’items et la cotation allant jusqu’à 4. Elle ne prend que
quelques minutes. Elle mérite d’être connue dans notre discipline d’odontologie ; le seul
bémol est la difficulté de l’utiliser en urgence si la réalisation du dossier de base n’a pas été
faite auparavant.
L’échelle EDAAP, élaborée aussi en France, peut aussi nous être très utile.
Si on ne connaît pas préalablement le patient, on peut utiliser l’échelle GED-DI.
La NCAPC-R est une échelle qui a spécialement été conçue pour l’adulte, donc plus
spécifique à partir de 18 ans, mais elle ne possède pas de traduction française pour le
moment et toutes les variables ne sont pas connues.
Peu d’informations sont données sur les échelles PICIP et INRS. Elles ne sont pas à utiliser en
première intention.
Une des meilleures façons de choisir une grille d’évaluation pour le chirurgien- dentiste est
d’être capable de l’utiliser la plus efficacement possible, tout en respectant ses modalités de
fonctionnement.
3-3) Validation statistique d’une échelle d’évaluation : exemple de l’EDAAP
Le terme « évaluation » est très important, nous ne « mesurons » pas la douleur, car la
mesure d’une grandeur doit comprendre des unités de mesure constante (7).
Pour qu’elle soit intéressante, l’échelle doit être valide, fiable et sensible au changement (7).
En clinique, elle doit donc permettre aux praticiens de pouvoir s’échanger des informations
sur le patient.
Les indicateurs utilisés, pris individuellement, sont insuffisants pour permettre de détecter la
présence d’une douleur ; mais dans une grille d’évaluation, c’est leur association qui fait que
ces indicateurs peuvent être utilisés (7).
Cette échelle devra être adaptée et validée à la situation clinique.
Elle doit comporter une « notice d’utilisation » assurant une bonne évaluation.
Voici un exemple français de validation statistique d’une échelle : l’EDAAP.
49
Méthode utilisée pour concevoir la grille EDAAP :
Une équipe de l’hôpital d’Hendaye a répertorié les « expressions somatiques » et le
« retentissement psychomoteur » de patients polyhandicapés n’ayant pas de
communication verbale en situation douloureuse et non douloureuse et s’est inspiré des
échelles San Salvadour et DOLOPLUS pour la concevoir.
Le déroulement de l’étude :
147 patients en situation non douloureuse ont été évalués par deux binômes distincts, afin
de réaliser l’évaluation de base en double insu.
Comme expliqué auparavant, le profil basal est modifié lorsque le patient présente une
douleur.
Sur ces 147 sujets, les données en situation douloureuse ont pu être recueillies chez 24
patients, toujours par deux binômes d’évaluateurs.
L’étude repose sur deux analyses (24) :
-une analyse descriptive qui permet d’évaluer les résultats obtenus entre chaque
évaluateur. Elle détermine la fiabilité (reproductibilité) de la grille en établissant la
« discordance », c’est-à-dire le nombre moyens de différences entre les observateurs.
-une analyse comparative évaluant les différences des scores obtenues pour chaque patient
à l’état sans douleur et celui avec douleur, déterminant alors la validité de la grille.
50
Les résultats :
Analyse descriptive
n
Situation non douloureuse
147
Situation douloureuse
24
Nombre d’évaluateurs
2 binômes
2 binômes
Nombre de mesures
294
48
Score global obtenu
De 0 à 10 / 41
De 0 à 35 / 41
Résultat global identique
entre chaque évaluateur
48 %
17%
Différence maximale du
score total entre deux
évaluations
7 points
15 points
Discordance
1,3
5,3
Ecart-type
1,45
3,95
Analyse comparative
N = 24
Score d’évaluation en
situation douloureuse
toujours > ou égal à 7
Score d’évaluation
représentatif de la situation
douloureuse dans 98,54 %
des cas.
51
Analyse des résultats :
En regard des résultats obtenus entre les deux binômes, la grille est reproductible. Elle est
donc fiable.
La grille peut détecter un sujet en situation de douleur, au vue des scores par item et du
score total (24). Le seuil de 7 à été défini pour permettre de déterminer une situation
douloureuse.
Les limites de l’étude :
Bien que la grille ait obtenu la validation statistique, on peut cependant soumettre quelques
limites à la réalisation de cette étude.
Tout d’abord, l’échantillon de personnes en situation douloureuse est faible (seulement 24
patients).
De même, l’évaluation n’est faite que par deux binômes d’évaluateurs.
Les caractéristiques de l’étude ne sont pas clairement définies. En effet, on ne connaît pas le
degré de handicap de ces patients, leur âge, ni leur critère de recrutement et d’inclusion.
Le contexte dans lequel l’étude a été réalisée et comment le profil de base et la grille
d’évaluation ont été rempli par les évaluateurs ne sont pas expliqués.
Les données concernant la seconde évaluation ne sont pas expliquées? Au bout de combien
de temps ont-ils réalisé la seconde évaluation ?
Trois items (communication, sommeil, et vie sociale) sont considérés comme non
représentatifs dans la grille et peuvent alors constituer des biais dans l’évaluation de la
douleur.
52
Chapitre 4 : Les intérêts et limites de l’évaluation
4-1) Les intérêts
En sélectionnant les échelles adaptées à la situation clinique et en les employant
correctement, on peut obtenir des données fiables et réitérables nécessaires au diagnostic
et aux soins pour la personne polyhandicapée (41).
Cette évaluation permet de guider le prescripteur. En effet, il est souvent difficile de
distinguer un comportement lié au handicap de celui lié à une douleur. En étant sûr, avec
l’évaluation, que le patient a mal, le praticien peut justifier une prescription d’antalgiques
et / ou un geste thérapeutique.
Les échelles peuvent également avertir les parents d’une douleur bucco-dentaire plus
précocement ; ainsi ces derniers peuvent demander rapidement une consultation chez le
médecin ou le chirurgien-dentiste pour éviter que la situation ne s’aggrave.
Ces échelles permettent également de mettre en relation le chirurgien-dentiste avec les
autres professionnels de santé et ainsi de suivre l’évolution de la courbe de douleur avant et
après traitement.
4-2) Les limites
Les échelles d’évaluation présentent des intérêts, mais ont aussi des limites dont le
professionnel de santé doit être conscient afin d’être le plus précis possible et d’éviter des
erreurs d’évaluation (24).
La première limite est l’ambivalence face au handicap. D’après Zabalia, 2012, « évaluer la
douleur d’une personne implique bien sûr un minimum d’empathie, mais aussi des capacités
d’identification à l’autre auxquelles peuvent s’opposer des attitudes défensives mobilisées
face à la défiance ». Le refus de soigner un patient polyhandicapé de la part du chirurgiendentiste peut être lié à la peur, car celui-ci n’a pas été formé aux soins de ces personnes. La
relation de confiance peut avoir du mal à se créer, le praticien se retranchant derrière l’acte
technique et oubliant la personne.
L’empathie doit être mise à profit dans ces situations mais ne doit pas changer notre
comportement professionnel. « Les émotions de la personne handicapée contribuent à faire
de ces situations un bain émotionnel dans lequel il vaut mieux apprendre à nager » (37). Le
fait de reconnaître les difficultés que la personne polyhandicapée éprouve permet de la
comprendre et de la considérer comme une partenaire active dans les traitements (37). Des
erreurs peuvent être commises par les professionnels de santé :
considérer un comportement lié au handicap et donc de ne pas diagnostiquer la
douleur.
53
A l’inverse, prendre en compte un comportement comme une attitude
antalgique et non comme lié au handicap.
se baser uniquement sur les bilans médicaux et non sur le comportement de la
personne handicapée ; d’où l’importance d’une alliance thérapeutique avec les
autres professionnels de santé, les parents et l’entourage (37).
La multitude des soins pour les personnes polyhandicapées constituent également une
limite. Depuis leur jeune âge, ils sont suivis par plusieurs disciplines médicales, « une
hiérarchie des valeurs entre les professionnels » s’instaure, l’odontologie passant en second
plan. Le patient et l’entourage doivent comprendre que le chirurgien-dentiste participe
aussi à sa bonne santé (37).
La couverture médicale de ces patients est inadaptée à notre exercice professionnel. Le
temps des consultations accordé dans un cabinet dentaire ne permet pas de mettre en place
une stratégie de soins efficace. En effet, la nomenclature reste inchangée pour ces patients,
alors que leur prise en charge nécessite une structure adaptée, du temps et un nombre de
consultations augmenté (14). Les soins ne sont pas toujours réalisés lorsque le patient n’est
pas coopérant. Différentes études ont montré que plus d’1/3 des handicapés ne coopère pas
pour les soins dentaires (18), ce qui généralement décourage rapidement les praticiens qui
les adressent alors vers des structures hospitalières.
En 2004, les services médicaux de l’Assurance Maladie ont réalisé une enquête sur l’état de
santé bucco-dentaire d’enfants et adolescents de 6 à 20 ans fréquentant un établissement
ou un institut médico-éducatif pour polyhandicapés. Les résultats montrent que des soins
thérapeutiques et de prévention sont nécessaires dans 90 % des cas : un acte ou en examen
bucco-dentaire urgent dans 20 % des cas, un examen bucco-dentaire dans 25 % des cas, un
soin dentaire dans 45 % des cas (14).
Dans l’évaluation de la douleur, de nombreux facteurs interviennent et se surajoutent, tels
que l’âge, le sexe, le contexte psycho-affectif, le milieu socio-culturel. Selon les patients, un
même stimulus nociceptif peut être à l’origine de différentes réactions, sensations (42). En
effet, l’évaluation de la douleur est difficile du fait du polymorphisme de la douleur : le seuil
de douleur et de tolérance est variable entre chaque individu (33), et l’intensité de la
douleur ne reflète pas la gravité de la cause. Un exemple : le début des cancers buccaux est
indolore alors que les caries dentaires sont souvent insupportables (33).
Les échelles d’évaluation comme la San Salvadour, l’EDAAP nécessitent de bien connaître la
personne polyhandicapée, notamment en réalisant un dossier de base par les soignants ou
proches. Ceci rend leur utilisation difficile en situation d’urgence, lorsque l’évaluation de
l’état de base n’a pas été faite avant. Ces échelles se réfèrent au comportement du patient
et des expressions de son corps, un corps qui a beaucoup de difficultés à bouger, à
« s’exprimer » (11) (33).
54
Ces échelles se basent sur le comportement habituel du patient et de son changement lors
d’une situation douloureuse. Une douleur chronique peut donc ne pas être révélée car le
patient s’est « habitué » à cette douleur et ses attitudes ne sont pas modifiées ou se sont
modifiées insidieusement avec le temps (11).
Enfin, la douleur est une notion subjective. Avec ces échelles, le praticien ne la mesure pas
directement mais il évalue une modification du comportement habituel du patient pouvant
refléter une probable douleur.
55
CONCLUSION
Toute personne polyhandicapée est sensible à la douleur, mais l’hétérogénéité du
polyhandicap, l’ambiguïté des signes de douleur et la difficulté de communication rendent
son évaluation difficile par les professionnels de santé, dont les chirurgiens-dentistes.
Cette évaluation nécessite de s’adapter aux moyens de communication des patients.
Il s’agit d’une évaluation comportementale de l’expression de la douleur, permettant de
distinguer une situation de confort à celle d’inconfort. L’auto-évaluation étant impossible,
l’évaluation de la douleur s’effectue principalement à l’aide d’échelle d’hétéro-évaluation
utilisée avec l’aide de l’entourage du patient polyhandicapé (parents, soignant…).
Plusieurs échelles d’hétéro-évaluation se sont développées au cours des précédentes années
et sont validées cliniquement.
Le choix de l’échelle se fait en fonction de la situation clinique.
Les échelles San Salvadour et EDAAP, conçues en France, peuvent facilement être utilisées,
le choix dépendant de l’âge du patient. Elle nécessite la connaissance préalable du patient.
Mais dans notre contexte professionnel, les parents ou un proche sont toujours présents et
peuvent aider le chirurgien-dentiste dans son évaluation de la douleur oro-faciale.
Des évaluations régulières doivent être effectuées pour suivre l’évolution de la douleur et
évaluer l’efficacité du traitement mis en place ou de l’acte opératoire réalisé.
Les personnes polyhandicapées étant principalement soignées en milieu hospitalier, il est
tout de même important pour chaque praticien d’être informé de l’existence de ces moyens
d’évaluation, de savoir les utiliser pour pouvoir reconnaître la douleur. Un chirurgiendentiste doit en première intention tenter de soulager le patient avant de le réorienter vers
une structure spécialisée.
56
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2013)
RESUME :
La douleur oro-faciale est souvent rencontrée chez les patients
polyhandicapés. En effet, les troubles moteurs, neurologiques, systémiques et
comportementaux associés au polyhandicap sont à l’origine de pathologies
bucco-dentaires et oro-faciales pouvant être source de douleur.
Comment faire pour évaluer sa présence et son intensité lorsque notre patient
ne possède pas les facultés de communication verbale ?
Les échelles d’hétéro-évaluation peuvent être utilisées par les chirurgiensdentistes, avec le concours des parents et des proches du patient. Ce sont des
outils nécessaires qui permettent
d’observer les changements de
comportement du patient et aident ainsi à la détection et l’évaluation de la
douleur oro-faciale. Nous les répertorions et les développons dans cette thèse.
La prise en charge de cette douleur est nécessaire pour améliorer le confort et
le bien-être du patient.
RUBRIQUE DE CLASSEMENT : Dentisterie sociale
MOTS CLES MESH :
Personnes handicapées – Disabled persons
Mesure de la douleur – Pain measurement
Douleur faciale – Facial pain
JURY :
Président : Professeur GIUMELLI Bernard
Directrice : Docteur DAJEAN-TRUTAUD Sylvie
Co-directrice : Docteur CASTELOT-ENKEL Bénédicte
Assesseur : Docteur RENAUDIN Stéphane
Assesseur : Docteur HYON-ROY Isabelle
ADRESSE DE L’AUTEUR :
49300 CHOLET
[email protected]
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