1 Dédicaces 2 Toutes les lettres ne sauront trouver les mots qu’il faut… Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, L’amour, le respect, la reconnaissance. Aussi, c’est tout simplement que : Je dédie cette thèse... 3 A mon très cher père Tout l’encre du monde ne pourrait suffire pour exprimer mes sentiments envers un être très cher. Vous avez toujours été mon école de patience, de confiance et surtout d’espoir et d’amour. Vous êtes et vous resterez pour moi ma référence, la lumière qui illumine mon chemin. Ce travail est le résultat de l’esprit de sacrifice dont vous avez fait preuve, de l’encouragement et le soutien que vous ne cessez de manifester, j’espère que vous y trouverez les fruits de votre semence et le témoignage de ma grande fierté de vous avoir comme père. J’implore Dieu, tout puissant, de vous accorder une bonne santé, une longue vie et beaucoup de bonheur. 4 A ma très chère mère Aucune dédicace très chère maman, ne pourrait exprimer la profondeur des sentiments que j’éprouve pour vous, vos sacrifices innombrables et votre dévouement firent pour moi un encouragement. Vous avez guetté mes pas, et m’avez couvé de tendresse, ta prière et ta bénédiction m’ont été d’un grand secours pour mener à bien mes études. Vous m’avez aidé et soutenu pendant de nombreuses années avec à chaque fois une attention renouvelée. Puisse Dieu, tout puissant vous combler de santé, de bonheur et vous procurer une longue vie. 5 A mon mari Rachad Pour l’amour et l’affection qui nous unissent. Je ne saurais exprimer ma profonde reconnaissance pour le soutien continu dont tu as toujours fait preuve. Tu m’as toujours encouragé, incité à faire de mon mieux, ton soutien m’a permis de réaliser le rêve tant attendu. Je te dédie ce travail avec mes vœux de réussite, de prospérité et de bonheur. Je prie Dieu le tout puissant de préserver notre attachement mutuel, et d’exaucer tous nos rêves. 6 A mon frère Ahmed, ma belle soeur Hanane et mon adorable neveu Mehdi En signe de l’affection et du grand amour que je vous porte, les mots sont insuffisants pour exprimer ma profonde estime. Je vous dédie ce travail en témoignage de ma profonde affection et de mon attachement indéfectible. Que Dieu vous accorde santé, succès et félicité pour faire de vous un couple uni et heureux à jamais. Que Dieu protège Mehdi et le bénisse. 7 A mon frère Younes Ces quelques lignes, ne sauraient traduire le profond amour que je te porte. Ta bonté, ton précieux soutien, ton encouragement tout au long de mes années d’étude, ton amour et ton affection, ont été pour moi l’exemple de persévérance. Je trouve en toi le conseil du frère et le soutien de l’ami. Que ce travail soit l’expression de mon estime pour toi et que Dieu te protège, t’accorde santé, succès et plein de bonheur dans ta vie. 8 A ma Sœur Imane Aucune dédicace ne peut exprimer mon amour et ma gratitude de t’avoir comme sœur. Je ne pourrais jamais imaginer la vie sans toi, tu comptes énormément pour moi, tu es la sœur qui assure sone rôle comme il faut, je n’oublierais jamais ton encouragement et ton soutien le long de mes études, je t’estime beaucoup et je t’aime beaucoup. Je te souhaite beaucoup de succès, de prospérité et une vie pleine de joie et de bonheur. 9 A la mémoire de mon grand père paternel Puisse Dieu vous avoir en sa sainte miséricorde et que ce travail soit une prière pour votre âme. A Mon grand père maternel et mes grand-mères maternelles et paternelles Je vous dédie cette thèse pour vos attentions particulières, vos prières et votre amour inconditionnel. Merci pour tout et que Dieu vous donne bonne santé et longue vie parmi nous. 10 A mes tantes et oncles paternels et leurs conjoints A mes tantes et oncles maternels et leurs conjoints A mes cousins et cousines A ma belle mère Naima Je profite de la présente occasion pour vous remercier pour tout le soutien, la sympathie et l’amour que vous m’accordez. Que Dieu le tout puissant vous comble de santé, de bonheur et vous prouve une longue vie pleine de joie. A mon oncle Soulaimane, son épouse Rahma et leurs enfants : Sanae et Moujib 11 A mes chères amies Amal Laila Rabia Asmae Leila Rajae Hajar Nada Sanae Imane Nawal Sanae Kawtar Ntissar Sihem En souvenir des moments heureux passés ensemble, avec mes vœux sincères de réussite, bonheur, santé et de prospérité. Aux docteurs: Baizri H, Regabi C, Mouzouri H A tous ceux qui j’ai omis involontairement de citer 12 Remerciements 13 A notre maître et président de jury de thèse, Monsieur le Professeur CHRAIBI .A Professeur d’Endocrinologie et Maladies Métaboliques Mes sincères remerciements pour bien vouloir présider notre jury de thèse, vous nous offrez le grand honneur et le grand plaisir. Vos qualités humaines et professionnelles sont connues de tous et susciteront toujours notre admiration. Veuillez trouver dans ce travail le témoignage de notre gratitude et notre profond respect. 14 A notre maître et rapporteur de thèse Monsieur le Professeur RKIOUAK. F Professeur d’Endocrinologie et Maladies Métaboliques Je suis très sensible à l’honneur que vous m’avez fait en me confiant ce sujet. Votre modestie et votre simplicité font de vous en plus de vos qualités professionnelles, une référence de bon sens de compétence. La gentillesse et la bienveillance avec lesquelles vous avez guidé mes pas dans ce travail ont suscité ma bonne volonté de donner de mon mieux. Veuillez trouver dans ce travail l’expression de ma haute considération, ma profonde reconnaissance et ma sincère gratitude. 15 A notre maître et juge de thèse Monsieur le Professeur CHAARI .J Professeur de Médecine Interne. Je tiens à vous exprimer toute ma reconnaissance pour l’honneur que vous me faites de bien vouloir juger ma thèse. Vos qualités humaines et professionnelles, font de vous un enseignant aimé de tous. Veuillez trouver dans ce travail le témoignage de ma profonde estime et mon grand respect. 16 A notre maître et juge de thèse Madame le professeur SAFFI .S Professeur agrégé d’Endocrinologie. Vous nous avez fait un grand honneur en acceptant de siéger parmi les membres de jury de cette thèse. Nous avons beaucoup apprécié votre vigueur scientifique et votre dynamisme professionnel. Veuillez trouver ici, cher maître, le témoignage de notre profonde gratitude et nos vifs remerciements. 17 A CENTRAMEDIC TECHNIMEDE Maroc SANOFI AVENTIS Veuillez trouver dans ce travail le témoignage de notre gratitude et nos vifs remerciements pour votre collaboration. 18 Plan 19 INTRODUCTION ......................................................................................... 1 HISTORIQUE DE l’AUTOCONTROLE GLYCEMIQUE .................... 4 HOLTER GLYCEMIQUE........................................................................... 7 I. Importance d’une surveillance continue de la glycémie ......................... 8 II. Différentes techniques de monitoring continu de la glycémie ............... 10 1. Techniques non invasives ................................................................... 10 1.1. Glucowatch .................................................................................. 10 1.2. Senseur optique et spectroscopie ................................................. 13 1.3. Laser ............................................................................................. 15 2. Techniques micro invasives ............................................................... 16 2.1. Glucoday ...................................................................................... 16 2.2. Micro dialyse transcutanée non invasive ..................................... 18 2.3. Méthode viscométrique ................................................................ 18 3. CGMS.................................................................................................. 19 3.1. Définition ..................................................................................... 19 3.2. Matériel ....................................................................................... 20 a- Capteur ........................................................................................ 20 b- Moniteur ..................................................................................... 21 c- Logiciel ...................................................................................... 23 3.3. Calibration .................................................................................... 23 3.4. Fonctionnement ............................................................................ 25 3.5. Mise en place................................................................................ 26 3.6. Précautions d’emploi et recommandations .................................. 27 3.7. Lecture des résultats ..................................................................... 30 3.8. Etude de fiabilité du CGMS ......................................................... 31 3.9. Indications du CGMS................................................................... 33 20 3.10. Utilisation du CGMS jusqu'à présent ........................................ 39 a. Obtention de profils glycémiques continus ................................ 39 b. Comparaison des profils obtenus avec différentes thérapeutiques ............................................................................. 40 c. Utilisations du CGMS pour corréler la glycémie à certains événements .................................................................................. 42 d. Corréler les données du CGMS avec des données plus faciles à obtenir dans la vie quotidienne du diabétique ............................... 43 i. HbA1c .................................................................................. 43 ii. Glycémie capillaire ............................................................. 43 e. CGMS et éducation .................................................................... 44 f. CGMS et diabète gestationnel .................................................... 44 g. CGMS et détection des hypoglycémies ...................................... 45 h. CGMS et amélioration de l’HbA1c ............................................ 47 i. CGMS et paramètres de stabilité glycémique ............................ 48 3.11. Disponibilité et prix ................................................................... 57 3.12. Effets secondaires ...................................................................... 60 3.13. Limites du CGMS ...................................................................... 60 PATIENTS ET METHODES ...................................................................... 63 I. But de l’étude ........................................................................................... 64 II. Recrutement des patients ........................................................................ 64 III. Déroulement de l’étude ......................................................................... 65 1. Préparation de l’étude ......................................................................... 65 2. moyens mis en œuvre .......................................................................... 65 3. Déroulement de l’étude ....................................................................... 66 3.1. Première visite.............................................................................. 66 21 3.2. Deuxième visite............................................................................ 66 3.3. Troisième visite ........................................................................ 67 4. Durée de l’étude .................................................................................. 67 IV. Paramètres étudiés................................................................................. 68 RESULTATS ................................................................................................. 69 DISCUSSION................................................................................................. 87 CONCLUSION .............................................................................................. 101 RESUME ........................................................................................................ 103 ANNEXES ...................................................................................................... 107 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................ 115 22 Liste des abréviations ADO : Antidiabétiques Oraux BMI : Body Mass Index CGMS : Continuous Glycemic Monitoring System DAC : Décompensation Acido cétosique DCCT : Diabetes Control and Complications Trial ECG : Electrocardiogramme FAR : Forces Armées Royales GAJ : Glycémie à jeun GPP : Glycémie Post Prandiale HbA1c : Hémoglobine glyquée HTA : Hypertension Artérielle LBGI : Low Blood Glucose Index MAGE : Mean Amplitude of Glycemic Excursions MIME : Mean Indices of Meal Excursions MMT : Mixed Meal Test MODD : Absolute Means of Daily Differences NPH : Neutral Protamin Hagedorn P : Poids T : Taille TA : Tension Artérielle 23 Introduction 24 Le diabète sucré est un trouble métabolique caractérisé par la présence d’une hyperglycémie chronique : une glycémie à jeun supérieure à 1.26g/l (7mmol/l), ou une glycémie à n’importe quel moment de la journée supérieure à 2g/l(11.1mol/l) et ce à deux reprises, ou encore une glycémie à la deuxième heure de l’hyperglycémie provoquée orale (HGPO) supérieure à 2g/l. Les valeurs glycémiques indiquées ici correspondent à un dosage sur plasma veineux par la technique enzymatique spécifique de la glucose oxydase, avec une valeur normale comprise entre 0.70 et 1.10g/l (1). Le diabète est un problème de santé publique mondial. En France par exemple, on dénombre environ 3.5% de la population comme diabétiques connus (soit environ 2 000000), auxquels il faut ajouter 300.000 à 500.000 qui s’ignorent. En Europe aussi le nombre de diabétiques est évalué à 30 millions, aux Etats Unis il y’a 18 millions de diabétiques pour moitié méconnus, et au Maroc les diabétiques représentent 6.6% de la population. Dans le monde entier, le nombre de diabétiques est estimé à 200 millions. En fait, ces chiffres recouvrent deux maladies bien distinctes : - Le diabète type 1 ou insulinodépendant, survenant le plus souvent avant l’âge de 20 ans et représentant 10 à 15% des diabétiques ; - Le diabète type 2 ou non insulinodépendant, survenant le plus souvent après 50 ans et représentant 85 à 90% des diabétiques. Le diabète représente un coût financier important en raison du taux élevé de complications dégénératives. Il constitue la première cause médicale de cécité avant 50 ans, la première cause d’amputation non traumatique, une des principales causes de dialyse et une source importante de complications cardiovasculaires. 25 Pour prévenir les complications chroniques du diabète, un contrôle de l’équilibre de la glycémie est nécessaire. C’est dans ce but que les chercheurs s’ingénient depuis des années pour mettre au point des systèmes fiables de plus en plus rapides et de moins en moins invasifs, permettant aux patients d’effectuer de manière autonome et en ambulatoire des mesures fréquentes de leurs glycémies. L’auto surveillance traditionnelle, même si elle représente le plus grand progrès depuis la découverte de l’insuline, reste quand même imparfaite car les analyses capillaires 4 à 5 fois par jours ne révèlent que la valeur glycémique du moment; les hyperglycémies post prandiales ou les hypoglycémies nocturnes restent souvent non décelées. Comme dans les mesures de la tension artérielle, il est intéressant d’avoir des valeurs de la fonction variable en continu de la glycémie sur un ou plusieurs jours. Des recherches effectuées ont permis la mise au point d’un système fiable, peu invasif et de simple utilisation, gérant de manière autonome et continue la mesure de la glycémie et l’ajustement thérapeutique. Nous retracerons dans un premier temps les différentes tentatives de mise au point d’un suivi continu de la glycémie à travers une étude bibliographique, et dans un deuxième temps, nous exploiterons ce système à travers une étude prospective réalisée sur des sujets diabétiques. 26 Historique de l’Autocontrôle Glycémique 27 Il est connu que la fin des années 70 a constitué un véritable tournant dans l’histoire du traitement du diabète (2) , c’est à cette époque que sont publiées les données suggérant que l’apparition des complications du diabète est liée à la qualité du contrôle glycémique (3,4). Nous sommes passés en 70 ans environ, des mesures occasionnelles de la glycémie veineuse et de la glycosurie par colorimétrie (bandelettes urinaires en 1948), à des techniques enzymatiques de plus en plus rapides (15 minutes en 1959 grâce à la O'toluidine et 5 secondes de nos jours) avec un besoin en volume sanguin de moins en moins important, de quelques ml dans les années 30 à une goutte de 5 μl à l’heure actuelle. L’apparition de la mesure de la glycémie capillaire a été déterminante. Le premier lecteur de glycémie capillaire a été commercialisé en 1974; c’est l’année où sont développés les premiers pancréas artificiels reposant sur l’application, à la mesure de la glycémie, d’un principe physique permettant une mesure continue de la glycémie. Celle-ci est capable de commander le débit d’une pompe à insuline et de normaliser, au moins pendant quelques heures, la glycémie (5). En 1976 a lieu la découverte du rapport entre le taux d’HbA1c et l’équilibre métabolique des mois qui précèdent (6) , c’est aussi l’année où le pancréas bio- artificiel prend son essor, et où Paul Lacy applique à la greffe d’îlots de Langerhans le concept d’immunoaltération des îlots qui permet d’envisager une greffe en absence d’immunosuppression. C’est l’année des premières publications sur les pancréas bio artificiels dans lesquelles les îlots de Langerhans seraient immunoprotégés par une membrane artificielle, et où l’on 28 commence à parler de xénogreffe d’îlots en l’absence de toute immunosuppression. En 1979, a lieu la mise au point du premier appareil autopiqeur permettant de développer véritablement l’auto surveillance glycémique (7) , a été vues aussi les premières séries importantes de patients traités par pompes portables (8) , et, près de 3 ans plus tard, les premières publications sur les pompes implantables. Au cours des deux dernières décennies qui ont suivi, deux autres annonces ont fait espérer d’autres progrès permettant d’améliorer la qualité de vie de nos patients, et concernant , non pas le traitement, mais la surveillance du diabète : l’annonce en 1982, de la mesure continue de la glycémie au moyen d’un capteur de glucose implanté dans le tissu sous cutané (9) , qui permettrait aux patients de disposer d’un dispositif indiquant en permanence leur glycémie, et surtout qui déclencherait une alarme en cas d’hypoglycémie imminente ; celle en 1991, de la mise au point de la mesure non invasive de la glycémie par spectroscopie infrarouge qui ne nécessiterait plus l’obtention d’une goutte de sang capillaire, annoncée à grands renforts médiatiques sous le nom de dream beam (10). L’évolution a été marquée par le développement de techniques micro invasives de monitoring glycémique sous cutanées basées sur la glucose oxydase en l’occurrence le CGMS qui est apparu en novembre 1999, la Glucowatch autorisée en mars 2001 et le Glucoday en 2002. 29 Holter Glycémique 30 I. Importance d’une surveillance glycémique continue Ces dernières années ont été marquées par de nombreuses publications montrant que l’amélioration du contrôle glycémique des patients diabétiques par une insulinothérapie intensive retardait considérablement la survenue des complications micro et dans une moindre mesure, macro vasculaires (11,12) . Malheureusement, ce bénéfice se fait au prix d’une augmentation de la fréquence et de la sévérité des hypoglycémies ainsi que l’a bien démontré l’étude américaine “Diabetes Control and Complications Trial” (DCCT) dans les années 90. Il a été montré que, des patients qui participaient à des programmes appropriés d’enseignement et de traitement pouvaient établir à long terme un bon contrôle métabolique sans accroître le risque d’événements hypoglycémiques (13). Néanmoins, la surveillance continue des changements glycémiques va aider le traitement insulinique intensif et diminuer les effets indésirables chez les patients diabétiques insulinotraités. De plus, la surveillance des changements glycémiques en continue sur 24 heures, devrait apporter aux patients pour la première fois, une image complète des oscillations de la glycémie pendant le jour, ceci ne peut pas être obtenu avec des mesures fréquentes ponctuelles, d’où l’intérêt d’un système de surveillance continue, peu invasif, qui permettrait d’observer la cinétique glycémique et qui comporterait un signal d’alarme fiable en cas de valeurs d’hypoglycémie. Si un tel capteur de glucose devenait disponible, et qu’il serait suffisamment fiable et précis, il pourrait alors être utilisé pour rétablir la situation physiologique, c’est-à-dire pour constituer un pancréas artificiel(14). 31 Cette idée est une des forces motrices majeures pour le développement d’un capteur de glucose. Avec un tel dispositif, les lectures de glucose des capteurs in vivo seraient immédiatement couplées, par le biais d’un ordinateur, à une pompe portable d’insuline. L’ordinateur calculerait les taux nécessaires de perfusion de l’insuline par des moyennes d’algorithmes appropriés de feed-back. L’implantation d’un pancréas artificiel pourrait conduire à une plus grande optimisation du contrôle métabolique et dans le même temps libérerait les patients diabétiques du fardeau de l’insulinothérapie. Cette évolution représenterait une percée majeure dans la thérapie du diabète. Cependant, une délivrance sûre de l’insuline par ce moyen requerra des capteurs de glucose qui auront prouvé leur totale fiabilité après des années de tests en circuit ouvert. 32 II. Différentes techniques de monitoring continu de la glycémie 1. Techniques non invasives 1.1. Glucowatch Figure 1- Le système Glucowatch La Glucowatch (Figure 1), mise au point par la société Cygnus Inc. de Redwood City, en Californie, apparue en 1999 et commercialisée aux Etats Unis et en Grande Bretagne, est un système de mesure miniaturisé sous la forme d’une montre se portant au poignet pendant un maximum de 12h (15) , le dessous de ce capteur est muni de timbres contenant un gel de glucose oxydase et des électrodes. La méthode utilisée est l’ionotrophorèse. Son principe est d’extraire, par un champ électrique, le liquide extracellulaire à travers la peau dans une chambre dans laquelle se trouvent les deux bornes d’une pile négativement, est sélectivement perméable aux cations. 33 (16) . La peau, chargée Le courant imposé entre l’anode et la cathode permet de provoquer vers la cathode un flux net d’ions et donc de solvant dans lequel des substances non chargées, comme le glucose, sont dissoutes en quantité micromolaire (17, 18,19) (Figure 2). Figure 2 – La technique de l’ionotrophorèse La concentration de glucose dissout dans le solvant est mesurée par un capteur ampérométrique (Figure 3) qui utilise la détection directe de l’H2O2 générée par l’oxydation du glucose. Ce système permet, après calibration à partir d’une valeur de glycémie mesurée au bout du doigt, d’afficher une valeur de l’estimation de la concentration de glucose toutes les 20 minutes, et dans la deuxième génération du système, toutes les 10 minutes pendant 12 heures. Une période de 3 heures de stabilisation du système est nécessaire avant l’affichage 34 de la première valeur. Le temps nécessaire à l’extraction du liquide interstitiel vers la chambre d’ionotrophorèse induit un délai de 18 minutes entre la mesure et l’affichage de l’estimation correspondante. Figure 3- Assemblage des électrodes du biocapteur L’étude de Satish k. Garg (20) a regroupé 28 diabétiques hospitalisés de type 1 portant chacun deux Glucowatchs et 12 patients ambulatoires ne portant qu’un à la fois. Le coefficient de corrélation avec la glycémie capillaire était de 90% parmi les patients hospitalisés et 85% parmi les patients ambulatoires. La variation de la mesure entre deux capteurs portés par un même patient n’excédait pas 8%. L’ensemble des études publiées (21) montre un certain effet de la Glucowatch sur la peau. L’application du système entraîne, pour la majorité des sujets, des irritations cutanées sous forme d’œdème ou d’érythème (22) . La Glucowatch contient des capteurs de température et de conductance. Les variations importantes de la température et de la sueur peuvent perturber la mesure du glucose interstitiel (la conductance étant liée à la quantité d’humidité 35 présente sur la peau), donc ces capteurs permettent de détecter les données aberrantes qui ne sont pas affichées (23) . Or, la transpiration est un des symptômes de l’hypoglycémie, ce phénomène parait donc gênant dans le cadre d’un projet de détection de l’hypoglycémie. Ceci rend son utilisation difficile en pratique de routine. Néanmoins, il fait encore l’objet de recherches et d’études. 1.2. Senseur optique et spectroscopie La méthode utilisée est la spectrométrie, qui est une technique basée sur la mesure de l’absorption ou de la dispersion de la lumière par un soluté en fonction de sa composition (dans le spectre des rayons visibles proches des infra-rouges (24,25) ou des rayons infra-rouges moyens (26) ) pour déterminer la composition du soluté. Le glucose comme d’autres molécules, montre une réduction typique de l’intensité lumineuse à différentes longueurs d’onde quand un faisceau lumineux est dirigé à travers une cuvette contenant une solution claire de glucose dans l’eau. Le spectre caractéristique d’absorption du glucose permet la quantification du soluté dans le laboratoire avec une grande précision. La spectrométrie, comme méthode de quantification des solutés dans les liquides, est basée sur les bandes d’absorption spécifiques des solutés dans les gammes du spectre visible proche de l’infrarouge et au milieu de l’infrarouge. Aujourd’hui la quantification ex vivo du glucose dans des matrices complexes comme le plasma, le sérum ou le sang total est réalisable par cette approche(27,28). Il est aussi possible d’enregistrer l’intensité de la lumière à différentes fréquences dirigées vers la peau humaine après qu’elle ait été transmise (et ait été absorbée par le tissu fin) ou ait été réfléchie de façon diffuse par la peau. 36 Les problèmes posés par cette technique sont la variabilité du coefficient de dispersion de la lumière par la peau (notamment aux changements de température) et l’hétérogénéité du milieu testé (par exemple une main). Le matériel reste également encombrant. De plus, le spectre du glucose est proche de celui des autres composés carbonés, et donc difficile à isoler dans un composant organique. Bien que de nombreux groupes de recherches aient rapporté une bonne corrélation entre les niveaux de glucose sanguin et les résultats de l’analyse spectroscopique (Figure 4) (27, 28,29, 30, 31) , l’évaluation de la précision et de la stabilité à long terme de cette approche a été décevante (32). Figure 4 – Résultats de l’analyse de la grille d’erreurs comparant les mesures de glycémies (axe des x) et celles obtenues par des mesures spectrométriques (axe des y) quand 7 patients diabétiques de type 1 ont été étudiés plusieurs fois à différents niveaux de glycémies. 37 1.3. Laser Paul G. Steffes (33) a travaillé sur des mesures non invasives du glucose effectuées par laser sur l’humeur aqueuse dans la chambre antérieure de l’œil. Le principe repose sur le fait que l’humeur aqueuse contient peu de substances actives optiquement et que leur concentration est relativement stable (comme l’albumine) et corrélée à leur concentration plasmatique. De plus, des études antérieures chez le rat et le lapin ont montré la faible latence entre les variations sanguines et celles de la concentration glucosée dans la chambre antérieure. Il a pu utiliser les propriétés spectrométriques du laser pour ces mesures, mais aussi le changement de polarité du laser une fois passé à travers la cornée, c’est-à-dire sans toucher à la rétine. En effet, le spectre transmis et le changement de polarité dépendent de la composition du milieu traversé. Ces études ne sont encore qu’expérimentales mais semblent prometteuses. 38 2. Techniques micro invasives 2.1. Glucoday Mis au point en 2002, ce dispositif (Figure 5) répond enfin à la demande de commercialisation d’un système de monitoring continu de la glycémie fondé sur la microdialyse. Figure 5 – le système Glucoday Le circuit comporte un boîtier électronique de 245g, une pompe, deux poches en plastiques contenant respectivement le liquide de perfusion et le liquide de récupération et un tube en nylon contenant la microfibre de dialyse insérée en position sous cutanée dans la paroi abdominale (Figure 6). Une électrode en platine, recouverte d’une membrane imprégnée de glucose-oxydase et située dans le boîtier, permet la traduction du signal chimique en signal électrique. 39 Figure 6 – La mise en place du Glucoday Les mesures sont effectuées toutes les 3 minutes pendant 48 heures et un logiciel permet de lire les données en direct. Une calibration unique initiale par un professionnel est requise 2 heures après la pose. Le passage de solutions détergentes (30 mn) puis de maintenance (5 jours) sont nécessaires à l’entretien de l’appareil. Le Glucoday ne nécessite qu’une éducation minimale du patient. En revanche, l’entretien par le professionnel est un peu lourd. Ce système propose, en effet, une visualisation à posteriori des données enregistrées pendant 24 heures. L’étude de Maran et Al (34) a permis ainsi d’obtenir le profil glycémique sur 24 heures de 60 patients diabétiques et de préciser la fréquence des épisodes hyper et hypoglycémiques détectés grâce à cet enregistrement continu. Parmi l’ensemble des glycémies capillaires mesurées, 5,5% étaient inférieures au seuil hypoglycémique défini inférieur ou égal à 68mg/dl. L’analyse des données enregistrées par le Glucoday a montré une différence de 2% entre les estimations de la concentration de glucose sanguin et ces glycémies, prouvant l’efficacité de ce système à fonctionner pour 40 des valeurs faibles de la glycémie. Cependant, le nombre d’études validant ce système reste à ce jour limité. 2.2. Micro dialyse transcutanée non invasive Cette technique consiste à récolter un transsudat cutané obtenu en augmentant la perméabilité cutanée par un pansement en cellophane. Elle a été testée par De Boer J. (35) et son équipe néerlandaise sur des nouveaux nés nourris par voie veineuse. La perte d’eau était de 80mg/m²/h. La concentration glucosée du dialysat a été monitorée pendant 165mn, durée pendant laquelle la glycémie était modifiée par le débit de perfusion glucosée. Une relation linéaire unissait la glycémie plasmatique et la concentration glucosée du dialysat. Les expériences n’ont pas été poursuivies. 2.3. Méthode viscométrique Il s’agit d’un système de microdialyse transcutanée placé au niveau de l’avant-bras associé à des capteurs de pression. Au fur et à mesure où le liquide de dialyse s’enrichit en glucose, sa viscosité se modifie, d’où des variations de pression dans le circuit de dialyse. Le système nécessite une calibration une fois installé sur le patient. Le délai d’obtention des mesures est d’une dizaine de minutes. La corrélation avec la glycémie capillaire semble acceptable (36). 41 3. CGMS 3.1. Définition Figure 7 – Le CGMS de MiniMed Le CGMS (Figure 7) est un outil d’exploration fonctionnelle conçu pour mesurer la concentration du glucose dans le liquide interstitiel, au cours d’une période continue d’enregistrement en ambulatoire. Il constitue un outil de diagnostic destiné aux médecins et permettant de suivre pas à pas l'évolution du taux de glucose dans le tissu sous-cutané chez les diabétiques. Ce dispositif permet d’identifier les fluctuations de la glycémie, et d'observer les hypoglycémies et hyperglycémies qui passent inaperçues avec les tests standard de dosage de l'HbA1c et glycémies capillaires. Le système apporte un éclairage supplémentaire permettant d’ajuster le traitement, le régime alimentaire et le mode de vie des diabétiques. Le système de mesure du glucose en continu s’utilise comme un holter glycémique. Il est prévu pour être utilisé en complément, et non en remplacement, de l’autosurveillance classique de la 42 glycémie. Les patients peuvent porter ce dispositif aussi souvent que leur médecin le juge nécessaire. 3.2. Matériel a- Capteur Le capteur est composé d’une micro-électrode de platine recouverte d’une fine couche de glucose oxydase sous plusieurs couches d’une membrane biocompatible, avec une aiguille-électrode sous cutanée comparable au cathéter des pompes à insuline. La concentration du glucose est mesurée de manière électro-enzymatique, il convertit en continu le glucose présent dans le milieu interstitiel du patient en un signal électronique. Le dispositif effectue 288 mesures de la glycémie par 24 heures, soit 72 fois plus de données qu’avec la glycémie capillaire (4 fois par jour) (35). Le capteur (Figure 8) est inséré dans le tissu sous cutané de la région abdominale et porté pendant 1 à 3 jours pendant lesquels le patient peut vaquer à ses occupations. Durant 72 heures, des valeurs sont mesurées toutes les 10 secondes et des moyennes sont faites toutes les 5 minutes. Figure 8 – le capteur de glucose 43 Ce senseur doit être changé pour chaque patient, sa durée de vie dépend des soins et sa mise en place n’est pas plus douloureuse qu’une piqûre d’insuline. La mise en place se fait habituellement en milieu de semaine pour avoir des résultats pour une vie en semaine et en week-end, car la durée de vie moyenne est de 5 jours, bien que des résultats sur 8 jours, voir 10 jours, aient été observés si le site de mesure est bien protégé par le patient (36). b- Moniteur Le moniteur (Figure 9), porté à la ceinture ou dans la poche, ayant la taille d’une calculette, est connecté par un câble au glucosenseur inséré en sous cutané. Figure 9 – Le moniteur du CGMS Ce boîtier électronique, enregistre une valeur moyenne du taux de glucose interstitiel toutes les 5 minutes, et permet le téléchargement des données sur un ordinateur (Figure 10) sous forme de courbes et de tables Excel grâce à des émissions infra rouge transmises par un boîtier intermédiaire connecté à un ordinateur équipé du logiciel de téléchargement. 44 Figure 10 – Téléchargement des données sur un ordinateur Le moniteur du CGMS possède 5 touches (Figure 11) sur sa face qui guident l’utilisateur à travers les écrans de programmation, ces écrans sont utilisés pour programmer et entrer les données. Les heures des repas, des injections d’insuline et d’activités physiques peuvent être enregistrées dans le moniteur pour faciliter l’interprétation des profils glycémiques et la tenue d’un carnet d’accompagnement spécifique est recommandée lors de cet examen. Figure 11- Utilisation du moniteur 45 Les bains sont déconseillés mais le patient peut prendre une douche en protégeant le boîtier dans un sac en plastique étanche fourni « shower pack ». c- Logiciel Il existe un logiciel (Figure 12) qui permet de traiter les informations et de les présenter sous forme de données graphiques et statistiques qui permettent l’analyse des profils glycémiques. Figure 12- Le logiciel 3.3. Calibration Il faut bien comprendre que le capteur de glucose produit un signal, sous forme d’un courant électrique, qui doit être retransformé en une estimation de la concentration en glucose par une étape appelée calibration du système. En principe, il suffirait de mesurer une ou deux fois la glycémie au moyen d’un lecteur de glycémie, de donner le résultat au système, lequel tiendrait compte des paramètres du capteur qu’il aurait calculé, pour transformer ensuite, en temps réel, le courant produit à chaque instant par le capteur en l’estimation recherchée de la glycémie. 46 En fait, les choses ne sont pas aussi simples, pour trois raisons : Tout d’abord la sensibilité du capteur (l’augmentation du courant produit par une augmentation de la glycémie) varie au cours du temps, il est donc nécessaire de recalibrer le capteur plusieurs fois par jour. La qualité de la calibration dépendra de la précision de la mesure de la glycémie ; or celle-ci présente 10 % d’erreur pour la plupart des lecteurs de glycémie utilisés par nos patients. Enfin et surtout, lorsque le capteur n’est pas placé directement dans un vaisseau sanguin (et nous avons observé que cette option est critiquable du fait de son risque), il mesure alors, non pas la glycémie, mais la concentration du glucose dans le tissu sous-cutané, c’est à dire celle se trouvant dans le liquide interstitiel ; Or, s’il est exact que dans l’ensemble, la concentration en glucose dans le tissu sous-cutané suit les variations de la glycémie, les deux valeurs ne sont pas toujours exactement identiques (37) : par exemple, lorsque la glycémie augmente, la concentration en glucose dans le tissu interstitiel augmente avec un certain délai, et il y a donc une période où elle sera plus faible que la glycémie ; Or c’est à elle que le courant produit par le capteur de glucose est proportionnel, puisqu’il est placé non pas dans le sang mais dans le liquide interstitiel. A l’évidence, si on tient compte, pour calibrer le capteur de glucose, d’une valeur de glycémie qui est déjà élevée, alors que le courant électrique correspondant est encore bas, on aura une sous estimation de la sensibilité du capteur. Lorsqu’on utilisera cette valeur de la sensibilité pour calibrer le système, on obtiendra des valeurs surestimées de l’estimation de la glycémie. Pour résoudre cette difficulté, la firme MiniMed propose de ne pas utiliser une valeur, mais au moins quatre mesures quotidiennes de la glycémie (38). 47 La sensibilité du capteur est calculée comme la pente de la droite de corrélation entre les courants mesurés et les glycémies correspondantes, et cette sensibilité est alors utilisée de manière rétrospective pour donner une estimation de la concentration en glucose au cours de la journée. 3.4. Fonctionnement Le fonctionnement du capteur du glucose repose sur le principe de concordance entre les concentrations du glucose interstitielles et sanguines (Figure 13). Le glucose qui se trouve dans le liquide interstitiel est mesuré par méthode enzymatique et ampérométrique, il réagit avec le glucose oxydase qui se trouve sur l’aiguille du capteur polarisé à 0.65V (39) . L’oxydation du glucose par cet enzyme entraîne la formation de l’acide gluconique et de peroxyde d’hydrogène, ce dernier au contact du potentiel, se décompose en formant de l’eau, de l’oxygène, et un flux d’électrons générant un courant électrique dont l’intensité est proportionnelle à la concentration de glucose présent dans le liquide interstitiel. Figure 13 – Mécanisme de l’oxydation du glucose par la glucose oxydase 48 Cependant, toute molécule capable de s’oxyder en présence du potentiel imposé au niveau de l’anode serait source d’interférence, c’est le cas de substances endogènes comme l’acide ascorbique, l’acide urique ou certains médicaments comme le paracétamol. Il est heureusement possible de freiner l’accès de ces substances à l’anode par des membranes appropriées : acétate de cellulose pour l’ascorbate et l’urate, membrane composite à base de nafion pour le paracétamol (40) . Afin de réduire les interférences, une autre méthode consiste à utiliser un médiateur, transporteur d’électrons entre l’enzyme et l’anode. Ce système peut alors fonctionner à un très faible potentiel et il est moins sensible aux interférents 42) (41, . 3.5. Mise en place L’insertion du capteur de glucose se fait le plus souvent au niveau de la partie inférieure de l’abdomen ainsi qu’au niveau des quadrants supérieur et inférieur des fesses. Le senseur doit être inséré en sous cutané dans la couche adipeuse la plus adéquate, loin des sites d’injections d’insuline, des pompes, des cicatrices, et des tissus atrophiés. Au cours de la sélection du site d’insertion, il est important de choisir les zones non soumises à des mouvements violents durant l’exercice et l’activité, et les zones où les vêtements risquent le moins de se frotter à la peau ou de serrer le patient. Avant l’insertion du capteur, il faut veiller à ce que le site d’insertion soit propre et sec. Pour placer le capteur, il faut le tenir par la base et le placer dans le senserter jusqu’à ce qu’il soit convenablement mis en place (Figure 14). On repose solidement les pieds du sen-serter à 45° de la surface de la peau dans le sens 49 horizontal et on maintient cet angle en plaçant les deux doigts de l’autre main au niveau de la zone de l’insertion. Pour terminer, on insère le capteur puis on glisse le sen-serter en l’éloignant doucement et on retire l’aiguille guide en vérifiant l’absence de rougeur, de saignement, de l’irritation, de la douleur, de sensibilité ou du gonflement sur le site d’insertion. Figure 14 –Mise en place du CGMS 3.6. Précautions d’emploi et recommandations Comme avec l’auto surveillance glycémique, l’analyse des résultats d’un holter glycémique consiste principalement à rechercher, au cours des différents jours de l’enregistrement, des phénomènes glycémiques reproductibles, que l’on pourra corriger par des conseils adaptés. En l’absence d’observation de telles similitudes, l’enregistrement sera peu contributif à l’adaptation du traitement du patient. Ces situations sont fréquentes, d’autant plus que la courte période d’enregistrement rend difficile la mise en évidence de phénomènes répétitifs. 50 Elles sont frustrantes, tant pour les malades que pour les médecins, qui attendent souvent de cet examen la solution à leurs problèmes d’équilibration. Par expérience, il est possible de limiter les variations quotidiennes de l’équilibre glycémique des patients, mais il convient pour cela de s’entourer d’un certains nombre de précautions. a- Choix pertinent de la période d’enregistrement Il est crucial. Il ne doit pas être exclusivement guidé par la disponibilité du matériel ou du patient. La période d’enregistrement la plus propice à l’obtention de résultats reproductibles doit être décidée avec le patient pour éviter les journées où des activités inhabituelles sont prévues (repas, exercice physique ou autres). Pour être utiles, les enregistrements doivent en outre couvrir les périodes où les problèmes d’équilibre se posent réellement. Un enregistrement effectué un week-end ou durant les vacances n’apportera pas les enseignements souhaités si le principal problème d’équilibration du patient se situe au cours de ses périodes d’activités professionnelles. b- Recommandations aux patients Il parait préférable de demander aux patients de renoncer, durant l’enregistrement, à certaines activités exceptionnelles, non prévues, auxquelles ils pourraient participer (invitation à dîner,…) au profit d’activités plus habituelles et plus répétitives. Il faut insister pour qu’ils retranscrivent sur un carnet le maximum de renseignements concernant les doses d’insuline réalisées, le type et l’intensité des activités ou l’importance des repas effectués afin de faciliter l’interprétation ultérieure des résultats. Un interrogatoire du patient en 51 fin d’enregistrement peut s’avérer utile pour collecter des informations manquantes. Par ailleurs, un soin particulier doit être apporté à l’entrée des valeurs glycémiques utilisées pour les calibrations du CGMS. Sur un échantillon de 382 mesures ayant servi à cet effet, Buckingham (43) a retrouvé 5% de valeurs entrées avec un retard de plus de 15 min, 2% de valeurs erronées, 3% de valeurs entrées deux fois ainsi que 80 glycémies (21%) capillaires non utilisées pour la calibration. Le patient doit être sensibilisé à l’importance de ce recueil de données qui conditionne la qualité des tracés obtenus (44). c- Allongement de la période d’enregistrement L’allongement de la période d’enregistrement constitue sans doute la meilleure solution pour accroître l’efficacité du CGMS dans l’identification des phénomènes glycémiques répétitifs. Il se heurte néanmoins à des difficultés liées au surcoût qu’il impose (immobilisation plus longue du moniteur, utilisation de plusieurs capteurs pour un même patient) et à la nécessité d’apprendre aux patients de placer eux-mêmes les capteurs. Il est néanmoins intéressant de constater que dans la majorité des études publiées, où l’utilisation du CGMS a permis une amélioration de l’équilibre glycémique de patients diabétiques de type 1(45, 46, 47), la période d’enregistrement était supérieure à 3 jours. Des essais cliniques s’imposent pour préciser quelle est la durée optimale d’un enregistrement à l’aide du CGMS. Reste que la durée effective des tracés obtenus après mise en place du CGMS est parfois bien inférieure à 3 jours du fait de problèmes d’ordre technique (épuisement prématuré du signal du capteur, problèmes de déconnexion) qui peuvent entraîner une absence totale de résultats pendant une 52 période plus ou moins longue. Là aussi, l’utilisation successive de plusieurs capteurs chez un même patient pourrait limiter les conséquences de ces incidences non prévisibles. d- Consultation en fin d’enregistrement L’analyse des résultats de l’holter doit être effectuée le plus rapidement possible après la fin de l’enregistrement afin de proposer aux patients des adaptations thérapeutiques véritablement utiles. Dans ce but, la période suivant immédiatement le retrait de l’appareil parait propice pour la réalisation d’une consultation. 3.7. Lecture des résultats Une fois le relevé des glycémies effectué, le patient dépose le système auprès de son médecin qui transfère les données enregistrées sur son ordinateur, afin qu’il puisse visualiser et de mieux comprendre le fonctionnement du métabolisme glycémique du patient. Il ressort une courbe indiquant à la fois les glycémies capillaires (points rouges) et le tracé du lecteur de glucose en continu (trait bleu) (Figure 15). L’intérêt de ces données réside dans le fait qu’entre les heures de contrôle capillaire la glycémie varie beaucoup et que le patient ne perçoit pas forcément ses hyperglycémies et ses hypoglycémies puisque ses glycémies capillaires sont dans ou proche de l’objectif glycémique (35). 53 Figure 15 – Profil glycémique en continu 3.8. Etudes de fiabilité du CGMS a- Corrélation aux lecteurs de glycémie capillaire Nombreuses sont les études visant à évaluer l’exactitude de ce système par comparaison avec des glycémies de référence. Parmi celles-ci, celle effectuée dans le service de diabétologie de l’Hôtel-Dieu de Paris, qui a comparé l’exactitude de ce capteur avec des glycémies capillaires de référence aussi bien chez les patients hospitalisés qu’en ambulatoire. Les résultats ont montré que 97.5% des points chez les patients hospitalisés et 94.5% des points chez les patients ambulatoires se trouvaient dans des situations cliniquement acceptables selon la méthode d’«Error–Grid analysis » de Clarke. Cette méthode découpe, de manière arbitraire, l’analyse de corrélation entre les mesures effectuées avec les deux systèmes en 4 zones dont deux sont considérées comme cliniquement acceptables (48). 54 Lors d’une autre étude ambulatoire incluant 135 diabétiques, Gross retrouve ce chiffre de 96% d’acceptabilité et 91% de corrélation (50) (49) . Sachedina , plus récemment retrouve 97% des mesures dans la zone cliniquement acceptable (18 patients). b- Reproductibilité L’étude israélienne de Muriel Metzger en 2002 étudiant 11 sujets dont 2 sains portant chacun deux senseurs retrouve une corrélation de 84% entre les senseurs. 70% des mesures diffèrent de plus de 10%. La reproductibilité du CGMS n’est donc pas ici si satisfaisante (51). c- Délai de réponse aux variations glycémiques Le délai de réponse du système doit être suffisamment court : Dans les conditions physiologiques, le pancréas répond à une variation de la glycémie en trois minutes pour pouvoir assurer l’homéostasie glycémique. Si le système doit être utilisé dans la cadre d’un système de régulation de la glycémie (pancréas artificiel), une modélisation a montré que le temps de réponse du capteur devait être in vivo inférieur à 10 minutes alarme d’hypoglycémie, il doit (52) . Si le système doit être utilisé comme donner l’information d’une manière suffisamment rapide pour que son utilisation par le patient puisse prévenir la survenue d’une hypoglycémie sévère, la rapidité de cette information dépend évidemment de la rapidité de la baisse glycémique. En 2000, Boyne retrouve chez 11 diabétiques un délai inférieur ou égal à 13 minutes entre la mesure de sang veineux et la mesure du CGMS lors des variations glycémiques. Ce délai n’est significatif que lors de la hausse du glucose sanguin (53). 55 Des études ont également été effectuées sur volontaires sains. En 2002, Cheyne utilise un clamp hyperinsulinique chez 9 sujets sains (54) . Il les laisse 1 heure en normoglycémie, puis 1 heure environ à 0.45g/l avant de les laisser revenir à l’euglycémie. Le coefficient de corrélation était correct de 79%. La chute de la concentration glucosée enregistrée par le senseur suivait de prés celle de la glycémie. En revanche, un délai de 26 minutes en moyenne était retrouvé entre la glycémie et le senseur lors de la normalisation glycémique. On en déduisait que le senseur était sensible pour détecter les hypoglycémies mais pas pour aider à quantifier les resucrages. En 2003, Garry M.Steil étudie 5 volontaires sains. Pendant 2 heures, ils sont en euglycémie, 3 heures en clamp hyperglycémique (11mmol/l), puis 90 minutes en clamp hypoglycémique hyperinsulinique (jusqu’à 2,8mmol/l). Le délai moyen de détection des variations glycémiques par le senseur était de 4 ± 1 mn, sans différence significative entre la hausse et la baisse (55). 3.9. Indications du CGMS a- Dépistage des hypoglycémies non ressenties L’identification des périodes d’hypoglycémie constitue l’un des principaux objectifs du diabétologue. Grâce à l’auto surveillance, et aux perceptions du patient, les hypoglycémies posent en général peu de problèmes dans leur détection diurne. Il n’en est pas de même pour les hypoglycémies nocturnes qui sont souvent peu ressenties et plus longues que l’on imagine, avec des effets délétères parfois très sérieux. La mesure continue du glucose devrait prendre une place de choix dans la recherche de telles situations (56) (Figure 16). Elle permet, non seulement, 56 d’établir avec exactitude le diagnostic d’hypoglycémie mais aussi de préciser le moment de survenue de l’épisode et de quantifier sa durée (57). Elle permet aussi d’objectiver un éventuel rebond post hypoglycémique. Figure 16 – Hypoglycémies non ressenties Une étude a été faite chez certains patients indemnes de neuropathies digestives, traités par analogue rapide de l’insuline, a permis de mettre en évidence des hypoglycémies post prandiales immédiates, passées inaperçues en dépit d’une auto surveillance glycémique réalisée 2 à 3 heures après le repas (Figure 17). 57 Figure 17 – Hypoglycémies post prandiales non détectées par auto surveillance glycémique b- Caractérisation des excursions glycémiques Le CGMS permet d’analyser les variations de l’équilibre glycémique sur le nycthémère de manière plus précise qu’avec les méthodes de l’auto surveillance glycémique ponctuelles. Comme pour les hypoglycémies, la possibilité de mettre en évidence la survenue et la durée d’excursions hyperglycémiques fournit des données importantes susceptibles d’influencer les conduites thérapeutiques à entreprendre. L’importance et la durée de l’hyperglycémie post prandiale peuvent être mieux optimisées par l’utilisation optimale d’analogues ultra rapides de l’insuline. Cette démarche est d’autant plus importante que l’hyperglycémie post prandiale joue un rôle non négligeable dans l’élévation du 58 taux d’hémoglobine glyquée et qu’elle est considérée comme délétère sur le plan cardiovasculaire. Le capteur de glucose en continu semble être l’outil idéal pour étudier le phénomène de l’aube : Celui-ci correspond à une élévation nocturne tardive de la glycémie, souvent de 03h00 à 08h00 du matin, liée probablement aux pics de sécrétion de l’hormone de croissance en début de nuit. Il permet de visualiser l’amplitude de ces variations et de définir l’allure générale des fluctuations glycémiques quotidiennes de chaque patient. Dans l’exemple de la figure 18, la mise en évidence d’une augmentation régulière des glycémies au cours de la nuit a facilité la prise de décision thérapeutique : Une majoration de la dose de NPH au coucher a été proposée, la crainte d’hypoglycémies nocturnes ayant pu être écartée. Figure 18 – Exemple d’une hyperglycémie nocturne régulière 59 La mise en parallèle des renseignements fournis par le patient et des tracés du capteur permet de mieux percevoir l’impact des activités quotidiennes du patient (exercices, alimentation) sur son équilibre glycémique. On conçoit que le CGMS puisse contribuer à l’amélioration de la gestion de certaines pratiques sportives, durant lesquelles l’auto surveillance n’est pas toujours de réalisation facile (58). c- Identification des conduites inadaptées L’holter glycémique est également un outil intéressant dans la mise en évidence des conduites inadaptées. En effet, les resucrages excessifs en cas d’hypoglycémies ressenties aussi bien que le maintien des doses d’insuline habituelles en cas d’exercice physique prévisible avec hypoglycémies consécutives sont des situations qui peuvent être mises en exergue. D’autres situations, telles que la non adaptation des doses d’insuline en cas d’excès alimentaire prévisible ou la non modification du schéma d’insulinothérapie en cas de décalage horaire et autant de situations, pour lesquelles l’holter glycémique peut être d’une utilité manifeste (36). d- Outil pédagogique individuel et collectif Contrairement aux résultats donnés par l’auto surveillance glycémique, l’analyse des enregistrements du CGMS n’impose pas l’effort d’extrapoler, à partir de quelques valeurs glycémiques et de leurs horaires de mesure, l’ensemble des résultats d’une journée. Le tracé d’un enregistrement donne quelque soit l’instant, une information complète dont le caractère visuel est directement compréhensible, en révélant l’ensemble des variations glycémiques y compris celles se situant entre 2 contrôles capillaires. La présentation 60 graphique des résultats en fonction du temps facilite la perception de certains phénomènes, comme la vitesse d’installation des hypo- ou des hyperglycémies. Ces éléments font des tracés de l’holter glycémique un support particulièrement adapté à la discussion des résultats entre le patient et son médecin qui va pouvoir se concentrer plus facilement sur la recherche des causes du déséquilibre glycémique et sur les moyens de les corriger. Ainsi, la mise en place d’un CGMS parait être indiquée pour tenter de modifier le comportement des patients, qui par crainte d’hypoglycémies, se maintiennent en hyperglycémie « de sécurité » permanente. Par ailleurs certains tracés sélectionnés peuvent être utilisés comme illustration d’une situation rencontrée en pratique, et servir de support à des sessions de formation collectives des patients (57). e- Aide à la décision thérapeutique Compte tenu de ses capacités à compléter les informations données par l’auto surveillance glycémique, un enregistrement continu de glucose est susceptible de fournir une aide précieuse pour l’adaptation thérapeutique du diabète chez des patients mal équilibrés, dans le cadre de modification de l’insulinothérapie (intensification, passage aux analogues d’insuline) et de l’optimisation du traitement chez des femmes enceintes diabétiques (60). 61 (59) ou d’enfants 3.10. Utilisations du CGMS jusqu'à présent a. Obtention de profils glycémiques continus Chez des diabétiques « standards » Elisabeth Boland et Francine Kaufman ont montré que l’on accédait ainsi à des informations non fournies par les lecteurs de glycémie capillaire discontinus : hyperglycémies post prandiales importantes malgré des HbA1c, glycémies à jeun dans l’objectif thérapeutique (61) , et hypoglycémies asymptomatiques notamment nocturnes (62). Chez des grands sportifs J. Largay étudie ainsi 4 cyclistes (63) et M. James 6 marathoniens (64). Grâce au CGMS, ils ont pu observer la variabilité des réactions des diabétiques à l’effort physique et ajuster plus personnellement leur dose d’insuline basale ou rapide et leur ingestion d’hydrate de carbone. Chez des diabétiques dialysés A. Carrie a ainsi pu observer que la moyenne glycémique calculée à partir de profils obtenus pendant les jours de dialyse n’était pas significativement différente de celle des jours sans dialyse (65) , sans données néanmoins sur l’instabilité. Plus récemment, Marshall J. (66) relate 8 cas de diabétiques insulinotraités en dialyse péritonéale à domicile, en les surveillant par CGMS. Il a pu mettre en évidence la supériorité des liquides de dialyse pauvres en glucose pour améliorer le contrôle glycémique de ce type de patients. 62 Chez des patients devant subir une chirurgie orthopédique majeure D. Garfinkel étudie 42 patients dont 12 non diabétiques (67) . Il dépiste des excursions hypo ou hyperglycémiques chez 12 diabétiques avec le CGMS, versus 6 avec le glucomètre seul. La question est de savoir si cette connaissance débouche sur une amélioration de la morbidité post-opératoire des diabétiques, ce d’autant que les informations fournies par le CGMS ne sont pas utilisables en temps réel mais rétrospectivement. Chez des patients gastroparésiques Tannenberg (68) compare des diabétiques avec gastroparésie (authentifiée par une scintigraphie), des diabétiques sans gastroparésie et des sujets sains contrôles. Un CGMS est posé pendant 6 heures dont 5 heures post prandiales. On observe que les patients gastroparésiques ont la même élévation glycémique que les autres diabétiques mais moins rapide (la différence est significative une heure après le repas). b. Comparaison des profils obtenus avec différentes thérapeutiques Diabétiques sous pompe ou sous injections discontinues Javor ED. compare deux diabétiques (69) : l’un sous pompe le premier jour de l’enregistrement puis sous injections discontinues, l’autre sous injections le premier jour puis sous pompe. 63 La moyenne glycémique est meilleure les jours sous pompe, mais il ne s’agit que de deux patients peut être mal appariés et les résultats ne sont pas significatifs statistiquement. Pour Dana U (70) , 8 patients sous 5 injections discontinues sont moins souvent dans l’objectif glycémique et plus souvent à moins de 0,7 g/l que 11 patients sous pompe. L’HbA1c était équivalente dans les deux groupes. Diabétiques sous pompe, greffés rein-pancréas et greffés rein-îlots pancréatiques Kesseler (71) étudie 10 patients sous pompe, 9 patients greffés rein-pancréas et tous sous insuline, et 7 patients greffés rein-îlots pancréatiques dont 4 sous insuline. L’amplitude glycémique quotidienne (variabilité) est moindre dans les deux groupes greffés par rapport aux patients uniquement sous pompe. Dans ces 2 groupes, il y’a moins d’hypoglycémies, elles durent moins longtemps et la moyenne glycémique est meilleure dans le groupe non greffé. Les deux groupes greffés ne sont pas statistiquement différents sur ces paramètres. Néanmoins, le sous groupe greffés d’îlots, ne nécessitant plus d’insuline, a une variabilité glycémique moindre que ses homologues insulinotraités et ne connaît pas d’hypoglycémies. Les indications de greffe de tissu pancréatique ne sont pas les mêmes que celles de la mise sous pompe, et peut être que sous le même traitement, avant greffe, les patients uniquement sous pompe étaient déjà plus instables que les autres. 64 c. Utilisation du CGMS pour corréler la glycémie à certains événements La douleur neuropathique Oyibo (72,73) a étudié 20 diabétiques neuropathes, dont 10 présentent des crises algiques. Il trouve que la moyenne glycémique est plus élevée chez les patients douloureux. En revanche, des épisodes douloureux n’étaient pas corrélés à des excursions hyper ou hypoglycémiques. Les événements coronariens Cyrus Desorza (74) a montré une relation entre les épisodes hypoglycémiques ainsi que les chutes glycémiques de plus de 1 gramme par heure et l’élévation de la fréquence d’épisodes ischémiques. Pour ce faire, il a fait porter un appareil d’holter ECG aux patients en même temps que le CGMS. De nombreuses hypoglycémies ont été corrélées à des douleurs thoraciques, mais ces douleurs n’étaient associées que dans un petit nombre de cas à des modifications électrocardiographiques. Les perturbations du sommeil chez l’enfant Pilar G. a étudié 9 enfants diabétiques versus 8 sujets contrôles sains puis 15 diabétiques versus 15 contrôles (75) (76) . On retrouve dans ces études que la vitesse de décroissance de la glycémie est un facteur de réveil de l’enfant (dès 0,2g/l/h). Quand aux hypoglycémies stables mais pas parfois profondes, elles augmentent la durée du sommeil lent de l’enfant et l’activité delta sur l’électroencéphalogramme. 65 d. Corréler les données du CGMS à des données plus faciles à obtenir dans la vie quotidienne d’un diabétique i. Corrélation entre l’HbA1c et les données du CGMS Sharp PS. a montré en 2001 qu’il existe une corrélation entre la moyenne des glycémies obtenues par le CGMS et le niveau d’HbA1c (77,78). Claressa S.Levetan (79) montre dans une étude incluant 42 diabétiques que l’HbA1c est peu corrélée aux glycémies à jeun et en revanche très corrélée à la moyenne des glycémies suivantes : de minuit à une heure du matin, de minuit à cinq heures, de 0 à 90 minutes après les repas, et de 0 à 120 minutes après les repas. ii. Corrélation entre les glycémies capillaires et les données du CGMS Samara R. (81) montre que : - la glycémie capillaire à jeun avant le petit déjeuner est un bon reflet de la moyenne glycémique du CGMS dans les 8 heures précédant ce repas. - la glycémie capillaire d’avant dîner est un bon reflet de la moyenne glycémique du CGMS dans les 8 heures précédant ce repas et un bon reflet de la moyenne glycémique entre le déjeuner et le dîner. - la glycémie capillaire du coucher est corrélée à la moyenne glycémique obtenue entre le dîner et le coucher et entre le coucher et le petit déjeuner. De son coté, Elizabeth A. Boland montre chez 56 enfants diabétiques que la moyenne glycémique obtenue grâce au CGMS est très proche de la moyenne 66 des glycémies capillaires pré-prandiales, et que ces deux moyennes sont corrélées à l’HbA1c (82). Ainsi les études sont d’accord pour dire que la glycémie moyenne du CGMS est corrélée à l’HbA1c. En revanche, lorsqu’il s’agit de corréler l’HbA1c à un horaire précis de glycémie, les études s’avèrent plus contradictoires. e. CGMS et éducation L’obtention de graphiques clairs et colorés permet aux patients de mieux visualiser l’impact des erreurs diététiques ou des erreurs d’ajustement des doses d’insuline sur leurs profils glycémiques. Bruce W. Bode (83, 84) s’est ainsi aidé du CGMS pour faire prendre conscience à certains patients de leurs erreurs notamment alimentaires. Certes le CGMS n’a pas été sa seule arme et les résultats n’ont pas été statistiquement significatifs, mais la notion du CGMS comme outil éducatif adjuvent reste intéressante. De son coté, Ludvigsson J. a utilisé le CGMS dans l’éducation des adolescents diabétiques (85). f. CGMS et diabète gestationnel En 2000, Jovanovic (86) enregistre 10 femmes atteintes de diabète gestationnel et montre que leur glycémie est supérieure à 1,2 g/l plus de 5 heures par jour (cette hyperglycémie n’est d’ailleurs pas toujours relevée par de simples glycémies capillaires car le délai de survenue des pics hyperglycémiques post prandiaux est variable et peu prédictible). Or, il a été montré auparavant que la macrosomie fœtale était liée à la glycémie postprandiale et que le risque 67 diminuait notablement à moins de 1,2g/l. Un outil très sensible pour détecter les épisodes hyperglycémiques semble donc très intéressant. De nombreux auteurs (87, 88, 89, 90, 91) ont par la suite noté grâce au CGMS de multiples incursions hyperglycémiques non détectées par la glycémie capillaire seule. Reste à savoir si les ajustements thérapeutiques plus fins qu’il permet, auront un réel impact sur la morbi-mortalité périnatale. g. CGMS et détection des hypoglycémies Chez l’enfant En 2001, Deiss D. (92) utilise le CGMS pour dépister les hypoglycémies chez le tout-petit qui ne sait pas encore communiquer pour exprimer des symptômes précoces et risque de mal tolérer les hypoglycémies sur le plan neurologique. En 2002, Boland (93) parvient à réduire la fréquence des hypoglycémies chez l’enfant avec l’aide du CGMS mais pas leur durée. Quant à Schiaffin (94) , il a montré que le CGMS est plus sensible que la glycémie capillaire pour le dépistage des hypoglycémies. Les travaux de Kaufman avec le CGMS permettent de mettre en évidence de nombreuses fluctuations glycémiques liées à l’activité physique (95): Hypoglycémies du fait d’un surdosage insulinique ou au contraire excès d’anticipation et hyperglycémies liées à la suspension momentanée de l’insulinothérapie par pompe ou à l’ingestion excessive d’hydrate de carbone. Ils permettent également de définir les sujets à risque d’hypoglycémie nocturne (96) . Ce risque serait élevé si la glycémie au coucher est inférieure à 1g/l et varierait peu entre 1,1 et 3g/l. L’horaire préférentiel de survenue des hypoglycémies nocturnes serait de 21h00 à 1h00. 68 Chez l’adulte En 2000, Gross TM. (97) publie une étude multiconcentrique incluant 238 patients diabétiques pour comparer la sensibilité de détection des hypoglycémies du CGMS versus la glycémie capillaire simple. 87% des patients montraient des hypoglycémies avec le CGMS versus 59% sous contrôle capillaire seul. 36% des patients sous CGMS montraient des hypoglycémies nocturnes versus 17% sous contrôle capillaire seul. Toutes ces hypoglycémies supplémentaires étaient asymptomatiques. Néanmoins il convient de rementionner la surestimation des hypoglycémies par le CGMS. Ce même auteur a pris soins de montrer une bonne corrélation entre les hypoglycémies symptomatiques et les hypoglycémies enregistrées par le CGMS, ce qui donne plus de crédibilité aux hypoglycémies asymptomatiques détectées par le CGMS (98). Chico A. (99) a montré également la présence d’hypoglycémies asymptomatiques chez le diabétique de type 2 traité par sulfamides. Cheyne E. (100,101) de son coté, note qu’il y’a un délai de deux heures et demi entre l’apparition biologique de l’hypoglycémie et ses symptômes. Le CGMS pourrait donc éventuellement permettre la prise en charge précoce de l’hypoglycémie, à condition toutefois que sa lecture puisse se faire en temps réel ce qui n’est pas encore le cas. Concernant la prédictibilité des hypoglycémies nocturnes, Kaufman FR.(102) a montré que chez l’adulte la glycémie du coucher était peu fiable pour présager la survenue d’hypoglycémies nocturnes, contrairement à ce qu’ont objectivé ses travaux chez l’enfant. Des auteurs ont montré l’amélioration de la fréquence des hypoglycémies symptomatiques (103) grâce au CGMS versus le contrôle capillaire seul, et la 69 diminution significative des hypoglycémies sévères (104) à 3 mois et à 1 an d’un enregistrement CGMS. h. CGMS et amélioration de l’HbA1c Chez l’enfant En 2001, Chas HP. (105) étudie 11 enfants dont l’HbA1c est supérieur à 8% : 5 sous CGMS pendant 30 jours et sous contrôle capillaire, 6 sous contrôle capillaire seul. A un mois, l’HbA1c du groupe sous CGMS s’est significativement améliorée contrairement à l’autre groupe. Les travaux de Ludvigsson sont plus encourageants. En 2003, il publie 5 cas d’amélioration de l’HbA1c après CGMS (106). Il publie également des études en cross over (107,108) utilisant un enregistrement CGMS tous les 15 jours pendant 6 mois. Le traitement est modifié toutes les 6 semaines. Un groupe est enregistré en aveugle (les soignants ne consultent pas le CGMS), et l’autre est enregistré en ouvert. Les deux groupes sont interchangés à 3 mois. Ludvigsson montre une amélioration significative de l’HbA1c dans le groupe en ouvert sans augmentation des hypoglycémies. Ce que l’on peut éventuellement critiquer dans cette étude, c’est l’importance du coût et des contraintes mis en jeu pour parvenir à ce résultat, et qui en pratique courante ne peuvent être mis en œuvre. Récemment, Schaepelynck-Belicar P. (109) étudie l’HbA1c de douze adolescents avant et deux mois après enregistrement CGMS : les résultats obtenus ont montré une baisse significative de l’HbA1c de 10,3% à 8,75%. Chez l’adulte En 2001, Sabbah H. (110) publie une étude concernant 20 patients sous insuline randomisés en deux groupes. Un groupe est étudié par CGMS la 70 première et la troisième semaine tandis que l’autre groupe n’est surveillé que par glycémies capillaires. Les ajustements thérapeutiques ont lieu à la fin de la première et de la troisième semaine dans les deux groupes. L’HbA1c s’est améliorée significativement dans le groupe sous CGMS à 8 et à 12 semaines, et non dans l’autre groupe. En 2002, Broz J. (111) tend à améliorer l’HbA1c d’une cohorte de diabétiques sous pompe à 16 semaines d’un enregistrement CGMS de trois jours. Mais ses résultats ne sont en fait réellement significatifs que sur l’amélioration de la fréquence des hypoglycémies. Hissa MN. (112) améliore l’HbA1c de dix patients sous insuline (7,6% au début versus 6 ,9 % au troisième CGMS à 12 semaines). Quant aux travaux de Bode BW., ils montrent une amélioration de l’HbA1c à 5 semaines après deux enregistrements de sept jours suivis d’une adaptation thérapeutique (113) . Et cet effet perdure à 10 semaines, c'est-à-dire après 5 semaines sans suivi intensif (114) . Mais il y’a pas eu de groupe contrôle suivi par glycémie capillaire seule. Ce que l’ont peut retenir de ces études, c’est que le CGMS est un outil intéressant pour améliorer l’HbA1c des patients mal équilibrés avec des techniques de surveillance glycémique conventionnelles. Mais cela reste un outil contraignant et coûteux en matière de matériel et de personnel. Ces contraintes consistent dans le fait que la plupart des études montrant des résultats probants utilise des enregistrements répétés et un suivi intensif des patients. i. CGMS et paramètres de stabilité glycémique Les variations glycémiques observées chez le sujet non diabétique est essentiellement liées à la réponse métabolique post prandiale engendrée par les 71 prises alimentaires. Cette variabilité glycémique physiologique est reproductible d’un jour à l’autre à condition que les repas et les activités de la journée soient identiques. Chez le patient diabétique, la variabilité glycémique est par contre directement liée à la perte de l’homéostasie glycémique. Les mesures classiquement utilisées pour témoigner de la qualité du contrôle glycémique des patients diabétiques ne fournissent qu’une information partielle sur la qualité de la stabilité glycémique. C’est le cas en particulier de l’HbA1c ou de la moyenne glycémique. Afin de quantifier la variabilité glycémique, on utilise l’étude de la moyenne des glycémies, la déviation standard ainsi que des outils spécifiques de mesure ou de calcul évaluant les variations intra journalières de la glycémie (MAGE : Mean Amplitude of Glycemic Excursions), les variations interjournalières (MODD : absolute Means Of Daily Differences), les variations liées à la prise alimentaire (MIME : Mean Indices of Meal Excursions) ou le risque d’hypoglycémie sévère (LBGI : Low Blood Glucose Index), certains de ces outils sont de facile utilisation, d’autres beaucoup plus complexes ou difficiles à appliquer en pratique clinique, même en faisant appel aux moyens modernes d’enregistrement telle que la mesure continue du glucose interstitiel par holter glycémique (CGMS). Ainsi la variabilité glycémique asymptomatique témoigne d’une perte de l’homéostasie glucidique mais aussi d’un manque de pertinence ou de compatibilité des traitements entrepris pour le contrôle métabolique du patient diabétique. Sa détermination à l’aide d’outils modernes d’enregistrement des glycémies est susceptible d’aider à optimiser les choix thérapeutiques chez certains patients (115). Moyenne et déviation standard 72 Le calcul de la moyenne glycémique se révélant inefficace dans l’évaluation des oscillations glycémiques, la déviation standard des glycémies a été considérée comme le moyen le plus simple à utiliser pour exprimer la variabilité glycémique. En effet, les programmes informatiques et statistiques affiliés aux lecteurs de glycémie fournissent dans leurs majorités des informations sur le nombre de glycémies réalisées quotidiennement, la moyenne glycémique et la déviation standard. Malheureusement, la déviation standard est calculée sur l’ensemble des points enregistrés par les patients et par conséquent prend en compte toutes les oscillations glycémiques qu’elles soient mineures ou majeures. MAGE : Mean Amplitude of Glycemic Excursions L’objectif de ce paramètre est de prendre en compte essentiellement les excursions glycémiques majeures et d’exclure les excursions mineures. Ainsi, et de façon un peu arbitraire, ne sont retenues que celles qui dépassent une déviation standard de la glycémie moyenne durant la période étudiée. C’est le sens (ascendant ou descendant) de la première excursion glycémique qui indique quelles seront les autres variations glycémiques dont il faudra tenir compte (116). Dans l’exemple de la figure 19, la première excursion glycémique significative est descendante (125mg/dl) : les suivantes à comptabiliser seront donc 295, 116, 143, 126, 332 et 149mg/dl. Le MAGE final est alors égal à la moyenne des excursions glycémiques, soit 183mg/dl. A l’inverse de l’indice « M » (décrit plus loin), le MAGE est indépendant de la moyenne glycémique, ce qui est en fait un critère tout à fait spécifique. Sa valeur normale se situe chez le sujet diabétique entre 20 et 60mg/dl. Plus sa 73 valeur est haute et plus l’instabilité glycémique journalière du patient diabétique est élevée. La méthode de calcul reste cependant très « artisanale ». Figure 19 – Méthode de calcul de l’indice MAGE L’indice « M » L’indice « M » initialement décrit par Schlichtkrull (117) puis modifié par Mirouze et Al. (118) consiste en une transformation logarithmique de la glycémie à partir d’une valeur de référence idéale de glycémie plasmatique de 90mg/dl. La formule est la suivante : M= ∑10x [log glycémie /90] ³ + W/20 Où W correspond à la différence entre la glycémie maximum et minimum observées sur la période étudiée (en général 24 heures.) Ce type de formule privilégie les valeurs basses et les hypoglycémies plus que les excursions 74 hyperglycémiques. Cette transformation logarithmique est appliquée à chaque valeur glycémique puis la moyenne est calculée. Le MODD : Mean Of Daily Differences Alors que le MAGE tient compte des variations glycémiques intrajournalières, le MODD permet d’apprécier les variations inter-journalières chez un même sujet (119) . Le calcul repose sur la différence absolue entre les deux valeurs de glycémies mesurées au même moment, à 24 heures d’intervalle, sans tenir compte du signe négatif ou positif donné par le calcul de la différence. Il est intéressant alors de noter que les indices MAGE et MODD n’évoluent pas systématiquement dans le même sens. Dans l’exemple de la figure 20, la valeur la plus élevée de MODD est observée chez le patient dont la valeur de MAGE est la plus faible. Inversement, le patient dont la valeur du MODD est la plus faible présente une valeur élevée de MAGE. Molnard et Al ont également démontré que le MODD fournit une information plus précise de la variabilité glycémique inter-journalière que ne le ferait un calcul du coefficient de variation du MAGE ou de la moyenne glycémique (119). Ainsi, ces deux indices (MAGE et MODD) apprécient chacun une composante spécifique de la variabilité glycémique du patient diabétique insulinotraité. Certains auteurs considèrent que la MAGE est le témoin d’une variabilité endogène (défaut de sécrétion d’insuline) et le MODD le témoin d’une composante exogène (type de traitement utilisé) de la variabilité glycémique. 75 Figure 20 – Variabilité glycémique chez le sujet diabétique insulinotraité Le MIME : Mean Indices of Meal Excursions Cet indice glycémique évalue les excursions glycémiques post-prandiales liées à la prise alimentaire. Trois éléments de calcul sont utilisés, le niveau de référence correspondant au début de la prise alimentaire : - délai d’obtention du pic glycémique post prandial (∆T) ; - delta de glycémie entre la valeur pré et la valeur post-prandiale (∆G) ; - retour au niveau glycémique pré-prandial (RB) une heure après l’apparition du pic glycémique post-prandial (Figure 21). Selon le niveau calorique du repas, la réponse glycémique mais aussi le temps d’apparition du pic et le retour au niveau glycémique basal varient en 76 amplitude. Dans l’exemple de la figure 21, l’horaire du pic glycémique post prandial est décalé de la 40 à la 75 ème minute et sa valeur absolue s’élève de 39 à 91mg/dl lorsque le repas ingéré, initialement de 12,5% de la ration calorique totale journalière, est augmenté à 50% (120). On peut noter également que l’horaire des prises de repas, comme cela avait été identifié chez le sujet sain non diabétique, va influencer l’ensemble de la réponse glycémique post-absorptive, la période nocturne étant la moins favorable à un retour à la normale de la glycémie. Les valeurs physiologiques du MIME sont un ∆T=45± 5min, un ∆G=39±3mg/dl et un RB=90±15%. On peut cependant observer que l’application d’un tel indice glycémique est difficile à utiliser en pratique quotidienne. Figure 21 – Indice d’excursion glycémique lié à la prise alimentaire 77 Le LBGI : Low Blood Glucose Index Le LBGI est un indice qui permet d’apprécier le risque de survenue d’hypoglycémie sévère. Il s’agit d’attribuer à chaque valeur de glycémie capillaire un niveau de risque glycémique selon une formule de symétrisation où la valeur de 1,1 mmol/l (=20mg/dl) correspond au niveau maximum de risque, à savoir 100, et où la valeur de 6,25 mol/l (=110mg/dl) correspond à un niveau de risque minimum égal à 0. Le calcul du LBGI est donné par la moyenne des valeurs glycémiques transformées et n’est applicable que pour des glycémies comprises entre 20 et 60mg/dl. Par ailleurs, un nombre minimum de 120 mesures glycémiques réalisées sur une période d’étude d’au moins 1 mois est nécessaire à son calcul (Figure 22) (121) . Les formules permettant le calcul du LBGI par symétrisation des données glycémiques sont les suivantes : 1,509 x (log glycémie 1,084 - 5,381) où la glycémie est donnée en mg/dl 1,794 x (log glycémie 1,026 - 1,861) où la glycémie est donnée en mmol/l Risque glycémique LBGI = 10 x (symétrisation glycémique) ² où ne sont retenues que les valeurs de symétrisation dont le signe est négatif (<0). Les travaux de Kovatchev et Al (122) ont permis de déterminer qu’une valeur de LBGI < 2,5 témoignait d’un risque faible d’apparition d’épisodes hypoglycémiques sévères, que le risque était élevé au delà d’un LBGI = à 5 et qu’il était intermédiaire entre 2,5 et 5. Dans cette étude rétrospective sur un an et prospective sur 6 mois, les patients dont le LBGI était égal à 2,8 n’avait présenté aucun épisode d’hypoglycémie sévère sur l’année précédente et n’en ont présenté aucun dans les 6 mois suivants alors que ceux dont le LBGI était à 6,7 avait présenté plus de 6 épisodes hypoglycémiques sévères sur l’année 78 précédente et plus de 3 sur les 6 mois suivants. Enfin, dans un modèle d’analyse multivariée, l’historique d’hypoglycémies sévères et la valeur de LBGI constituaient les deux facteurs prédictifs significatifs expliquant 40% du risque de survenue d’hypoglycémies sévères dans les 6 mois suivants (122). Il est à noter que cet indice, à priori d’analyse complexe, peut être aisément incorporé à n’importe quelle base de données utilisant une sortie informatique des glycémies capillaires provenant des lecteurs à mémoire des patients. Figure 22 – Détail du calcul de l’indice LBGI 79 3.11. Disponibilité et prix (125) Appareil Pays Approbation CGMS Maroc 2007 CGMS Canada Mai 2000 CGMS Europe (suisse) Juin 2000 Coût Moniteur:25000DH Senseur: 800DH Moniteur: 1995$ Sensor: 30$ Moniteur : 6900CHF Sensor : 90CHF Tableau 1- Disponibilité et prix du CGMS De nouveaux lecteurs de glycémie en continu font leur apparition aux Etats-Unis. Après le Guardian RT, 2 nouveaux produits basés sur le même principe de mesure en continu de la glycémie, sont ou vont être mis sur le marché américain. Il s’agit du Abbott Freestyle Navigator et du DexCom STS. Le DexCom STS a déjà reçu l’autorisation de la FDA (Food and Drug Administration - Administration Américaine de l’alimentation et des médicaments) en Mars 2006. Le Freestyle Navigator quand à lui est en attente d’approbation. Quelques informations sur ces 3 lecteurs (126) Guardian RT (Figure 23) C’est un système qui permet la combinaison Pompe à Insuline/CGMS Monitor. La taille du sensor est de 14 mm avec un angle d’insertion de 45 degrés. La calibration de l’appareil se fait la première fois 2 heures après l’insertion du sensor et ensuite toutes les 6 heures. Il calcule la glycémie toutes les 5mn. 80 Figure 23 - Guardian RT 2- Dex COM STS (Figures 24, 25, 26,27) La taille du sensor est de 13 mm avec un angle d’insertion de 45 degrés. La calibration se fait toute les 2 heures avec le One Touch Ultra de Lifescan. Il Calcule la glycémie toutes les 5mn. Figure 24 - Dex Com STS 81 Figure 25 - Dex Com STS Couplé au One Touch Figure 26- Dex Com STS Couplé à une pompe Animas Figure 27 - Sensor 82 3- Abbot Freestyle Navigator La taille du sensor est de 6 mm avec un angle d’insertion de 90 degrés. La calibration se fait à 10, 12, 24 et 72 heures, ensuite plus besoin de calibration jusqu’a la fin des 5 jours. Il calcule la glycémie toutes les minutes. Cet appareil n’est pas encore approuvé. Figure 28 -Abbott Freestyle Navigator 3.12. Effets secondaires Dans la majorité des cas, aucun effet indésirable n’a été signalé lors des utilisations du CGMS, excepté la mise en place et la fixation du capteur qui pourrait éventuellement être à l’origine de rougeurs, de minimes saignements, d’ecchymoses ou inconfort au point d’insertion de ce capteur (125). 3.13. Limites du CGMS Le monitoring glycémique est un outil intéressant dans l’approche de la pathologie diabétique. Les nouvelles indications potentielles procurées par ce système sont nombreuses. Malheureusement cette approche comporte encore de multiples limites (127). 83 Tout d’abord, il s’agit d’un examen supplémentaire que l’on propose au patient avec toutes les contraintes logistiques que cela impose. Il est donc parfois difficile de le faire accepter au sujet diabétique qui n’en comprendra pas toujours le bénéfice à moyen terme. D’autant plus qu’actuellement, il ne le dispensera en rien de son auto surveillance traditionnelle au bout du doigt. Ensuite, il existe une difficulté majeure à tous les systèmes de monitoring de glucose qui est le calibrage. En effet le capteur produit un signal qui doit être transformé en une estimation de la concentration en glucose par l’étape du calibrage. Même si le nombre de calibrage est moindre qu’auparavant, cette étape est primordiale pour le bon fonctionnement du système : La sensibilité du capteur varie, en effet au cours du temps entraînant une moindre exactitude du système. De plus, la qualité du calibrage dépendra de la précision de la mesure de la glycémie ; or, celle-ci présente 10% d’erreur pour la plupart des lecteurs de glycémies utilisés en pratique clinique. Enfin, le système présenté mesure la concentration du glucose interstitiel et non la glycémie; Or, même si la concentration en glucose interstitiel suit assez fidèlement les variations de la glycémie, les deux valeurs ne sont pas toujours identiques (128) . Les différences peuvent parfois être plus importantes, surtout en cas de variations rapides de la glycémie. Par exemple, lorsque la glycémie augmente, la concentration en glucose interstitiel s'élève après un certain délai. Dans cette situation, si le calibrage a été fait avec une valeur de glycémie élevée alors que le courant électrique généré était encore bas, on aura une sous-estimation de la sensibilité du capteur. Inversement, lorsque la glycémie chute, la concentration en glucose interstitiel diminue plus rapidement du fait que l'insuline fait rentrer le glucose du milieu interstitiel vers les cellules avoisinantes. Cette technique de 84 monitoring est donc intéressante pour étudier la cinétique basée sur des tendances et non pour une étude précise des valeurs glycémiques stricto sensu. L'information retirée du système de monitoring du glucose interstitiel en continu a d'autant plus de poids que les courbes glycémiques sont reproductibles d'un jour à l'autre, ce qui permet de tirer des conclusions solides et de donner au patient des conseils précis pour ajuster son traitement. Par contre, les ajustements thérapeutiques sont beaucoup plus difficiles à définir si les enregistrements de deux ou trois jours successifs aboutissent à des informations discordantes, voir contradictoires. Ce risque est d'autant plus grand que le patient est confronté à une véritable instabilité glycémique, situation où le monitoring continu présente l'avantage de clairement authentifier la problématique sans, hélas, pouvoir apporter nécessairement les remèdes adéquats. 85 Patients et Méthodes 86 I. But de l’étude Le but de cette étude est d’évaluer les variabilités glycémiques intra journalières obtenues par enregistrement CGMS chez des patients diabétiques durant 3 jours. Le médecin diabétologue responsable reçoit les données de l’enregistrement toutes les 24 heures. Après analyse des courbes, interprétation diététique, sportive et psychique du patient, il ajuste le traitement selon les résultats obtenus et ceci dans le but d’améliorer l’équilibre glycémique du patient. II. Recrutement des patients Ont été recrutés pour cette étude 11 patients diabétiques, dont 10 de type 2 traités, soit par insuline soit par ADO, et une seule patiente de type 1. Tous se plaignant d’alternance d’hyperglycémies et d’épisodes d’hypoglycémies objectivées par les données du carnet de surveillance capillaire. Il n’a pas été retenu de critère d’âge, ni de sexe. Il n’y avait pas de restrictions concernant l’HbA1c. Les patients étaient tous autonomes vis-à-vis de leurs auto-contrôles et de leurs injections et ils ont été informés de l’intérêt de l’étude. Le recrutement s’est effectué en plusieurs phases : 1. Sélection des patients susceptibles d’obtenir un bénéfice direct en participant à l’étude. (Analyse des dossiers et recrutement en consultation) 2. Convocation des patients 87 3. Information de chaque patient concerné sur l’objectif de l’étude, de ses contraintes et des bénéfices espérés. (Discours d’information : annexe 1) 4. Demande de consentement Au total 11 patients ont été inclus dans cette étude. III. Déroulement de l’étude 1. Préparation de l’étude Formation technique à l’utilisation du CGMS du médecin responsable de l’étude. Cette formation a inclus la pose de l’appareillage, son entretien et sa manipulation ainsi que le téléchargement des données et leur analyse. Installation du logiciel de téléchargement des données sur un ordinateur. 2. Moyens mis en œuvre L’investissement matériel du service dans 2 appareils CGMS et dans les senseurs et logiciels associés. La disponibilité sur place à l’hôpital militaire Mohamed V de Rabat du médecin responsable de l’étude. L’assistance technique ponctuelle de la secrétaire du service et des cadres infirmiers ainsi que du laboratoire Minimed. Un ordinateur 88 3. Déroulement de l’étude 3.1 Première visite des patients : J1 Le patient est tout d’abord interrogé (âge, état civil, profession, antécédents, ancienneté du diabète, complications connues du diabète, traitement suivi à la date de l’étude, nombre d’hypoglycémies sévères depuis la découverte du diabète, nombre d’hyperglycémies et d’hypoglycémies par semaine, nombre d’hospitalisations liées au diabète). (Annexe 2) Pendant l’heure qui précède le calibrage initial de l’appareil, le patient est dûment renseigné sur la manière de se servir de ce dernier. L’appareil calibré est implanté sur le patient. Ce dernier rentre à son domicile avec pour consigne de mener la vie quotidienne la plus normale possible, le but de l’enregistrement étant de l’aider à adapter son traitement à sa vie quotidienne habituelle. Le médecin confie au patient un carnet pour le système CGMS (Annexe 3) en lui expliquant comment le remplir. Le patient bénéficie de la possibilité de joindre le médecin responsable à tout moment sur un téléphone portable. 3.2 Deuxième visite des patients : J2 La deuxième visite s’initie par une vérification d’éventuels effets indésirables signalés par le patient ou des difficultés rencontrées lors de la manipulation de l’appareil. Le senseur toujours en place, le médecin bronche l’appareil et télécharge les données sur l’ordinateur. D’après les courbes obtenues, le médecin suggère des modifications thérapeutiques aux patients adaptées à leurs limites pratiques, physiques et psychologiques. 89 Le médecin remet l’appareil au patient qui est de nouveau éduqué au fonctionnement de cet appareil. Calibrage fait, le patient rentre chez lui avec un nouveau schéma thérapeutique. 3.3Troisième visite des patients : J3 Cette troisième visite suit les mêmes étapes que la deuxième, le médecin dépendamment des résultats obtenus, soit il garde le même traitement prescrit à J2, soit propose un nouveau schéma thérapeutique pour un meilleur équilibre glycémique. Le senseur est retiré par le médecin en fin de consultation en remettant aux patients ses enregistrements ainsi qu’une fiche de synthèse concernant les paramètres étudiés. 4. Durée de l’étude L’étude a durée cinq mois, depuis le mois de janvier jusqu’á la fin du mois mai 2007. 90 IV. Paramètres étudiés Nous nous sommes intéressés particulièrement : - Au MAGE (Mean Amplitude of glycémic Excursions) : indice qui mesure la moyenne des écarts des pics aux nadirs glycémiques sur 24 heures (lorsque ces variations dépassent la valeur d’une déviation standard). Le MAGE mesure donc la variabilité glycémique intra journalière en négligeant les variations inférieures à la déviation standard (il a été démontré que chez le sujet non diabétique seules les variations glycémiques liées à la prise alimentaire excéderaient la déviation standard). Plus le MAGE est élevé, plus l’instabilité est grande. Par exemple, la valeur du MAGE chez les diabétiques stables est généralement comprise entre 20 et 60mg/dl, et chez les diabétiques instables elle peut atteindre 150mg/dl. Il est à noter que lors du DCCT, un MAGE élevé a été associé à une majoration du risque de rétinopathie diabétique.(129) Dans cette étude, le MAGE sera notre critère principal d’évaluation. - A l’hémoglobine glyquée 91 Résultats 92 Premier patient: Femme âgée de 51 ans, diabétique de type 2 depuis 10 ans, mariée, mère de 3 enfants, sans profession et ne pratique aucune activité sportive. Elle présente comme complication de son diabète, une neuropathie des membres inférieurs et une hypercholestérolémie sans complications microangiopathiques décelables. Elle a été hospitalisée à 2 reprises pour DAC. Patiente sous insulinothérapie, qui fait beaucoup d’hypoglycémies et d’hyperglycémies. Son HbA1c est de 14,65%. Glucose Concentration Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 450 400 350 300 250 24-Avr-07 25-Avr-07 200 150 100 50 0 11:00 26-Avr-07 15:00 19:00 23:00 3:00 7:00 11:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 260 97,4 139,5 93 Deuxième patient : Homme âgé de 56 ans, diabétique de type 2 depuis 7ans, marié, père de 3 enfants, travaillant comme sous-officier des FAR, il marche 7 heures par semaine. Il n’a pas de complications de son diabète hormis une légère hypercholestérolémie, il a été hospitalisé une seule fois pour diabète déséquilibré. Patient sous insulinothérapie, qui fait peu d’hypoglycémies ressenties (1fois par semaine). En revanche, plus de 10 glycémies capillaires supérieures à 2,5g/l par semaine. Son HbA1c est de 8,41% Il présente également un asthme sous traitement de fond. Glucose Concentration (mg/dl) Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 400 350 300 250 5-Avr-07 200 6-Avr-07 150 7-Avr-07 100 50 0 11:00 15:00 19:00 23:00 3:00 7:00 11:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 81,25 76 99,8 94 Troisième patient : Femme âgée de 56 ans, diabétique de type 2 depuis 14 ans, mariée, mère de 3enfants, femme au foyer, sédentaire, marche 2 heures par semaine. Elle présente comme complication de son diabète, une neuropathie des membres inférieurs et elle est hypertendue depuis 6mois. Patiente sous insulinothérapie, qui fait surtout des hyperglycémies et qui a été hospitalisée 2 fois pour équilibrer son diabète. Son HbA1c est de 7,9 % Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 300 250 200 19-Avr-07 150 20-Avr-07 21-Avr-07 100 50 0 14:00 18:00 22:00 MAGE (mg/dl) 2:00 6:00 10:00 14:00 J1 J2 J3 67,8 66 34,75 95 Quatrième patient : Femme âgée de 67 ans, diabétique de type 2 depuis 18 ans, veuve, mère de 5 enfants, sédentaire, ne pratique aucune activité sportive. Elle présente comme complications de son diabète, une rétinopathie, une néphropathie, une neuropathie des membres inférieurs et elle est hypertendue depuis 7 ans. Patiente sous insulinothérapie, elle fait beaucoup d’hyperglycémies, plus de 10 glycémies capillaires supérieures à 2,5g/l par semaine. Hospitalisée plusieurs fois pour déséquilibre glycémique. Son HbA1c est de 9% Glucose concentration (mg/dl) Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 350 300 250 06-Avr-07 200 07-Avr-07 150 08-Avr-07 100 50 0 10:00 14:00 18:00 22:00 2:00 6:00 10:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 93,5 89,75 85 96 Cinquième patient : Femme âgée de 65 ans, diabétique de type 2 depuis 12 ans, veuve, mère de 9 enfants, femme au foyer, ne pratique aucune activité sportive. Elle présente comme complications de son diabète une artériopathie des membres inférieurs, une HTA, et une hypercholestérolémie sans microangiopthies décelables. Elle présente également une insuffisance surrénalienne depuis 12 ans sous traitement substitutif. Patiente sous insulinothérapie, elle a fait 2 DAC ces deux dernières années ayant nécessité son hospitalisation. Son HbA1c est de 10,2% Glucose Concenteration (mg/dl) Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 11:00 11-Avr-07 12-Avr-07 13-Avr-07 15:00 19:00 23:00 3:00 7:00 11:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 123 91,5 75,5 97 Sixième patient : Homme âgé de 52 ans, diabétique de type 2 depuis 12 ans, marié, père de 3 enfants, fonctionnaire, il pratique comme sport du golf et de la marche à raison de 4 heures par semaine. Il n’a aucune complication de diabète et il n’a jamais été hospitalisé. Patient sous ADO et son HbA1c est de 7,2%. Glucose Concentration (mg/dl) Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 300 250 200 06-Mai-07 150 07-Mai-07 08-Mai-07 100 50 0 14:40 18:40 22:40 2:40 6:40 10:40 14:40 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 41 35 33,42 98 Septième patient : Femme âgée de 70 ans, diabétique de type 2 depuis 32 ans, mariée, mère de 4 enfants, femme au foyer, sédentaire, ne pratique aucune activité sportive. Elle présente comme complications de son diabète, une cardiopathie ischémique, une néphropathie, une neuropathie des membres inférieurs et elle est hypertendue depuis 11 ans. Patiente sous insulinothérapie, qui fait peu d’hypoglycémies (1resucrage par semaine) mais elle fait plus de 7 glycémies capillaires supérieures à 2,5g/l par semaine. La patiente a été hospitalisée 5 fois pour déséquilibre diabétique depuis la découverte de son diabète. Son HbA1c est de 8,4 Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 400 350 300 250 19-Mars-07 200 20-Mars-07 150 21-Mars-07 100 50 0 14:00 18:00 22:00 MAGE (mg/dl) 2:00 6:00 10:00 14:00 J1 J2 J3 81 152,5 57,33 99 Huitième patient : Femme âgée de 28 ans, diabétique de type 1 depuis 3 ans, célibataire, sans profession, elle marche environ 7 heures par semaine. Elle ne présente aucune complication de diabète, et elle a été hospitalisée une seule fois pour équilibrer son diabète. Patiente sous insulinothérapie, elle fait surtout des hyperglycémies, chiffrées à plus de 10 glycémies capillaires supérieures à 2,5 g/l par semaine. Son HbA1c est de 9,2% Glucose Concentration (mg/dl) Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 400 350 300 250 27-Mars-07 200 28-Mars-07 150 29-Mars-07 100 50 0 10:00 14:00 18:00 22:00 2:00 6:00 10:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 108 76,33 75,55 100 Neuvième patient : Femme âgée de 67ans, diabétique de type 2 depuis 28 ans, mariée, mère de 3 enfants, elle ne pratique qu’une heure de marche par semaine. Elle présente comme complications de son diabète, une rétinopathie ainsi qu’une neuropathie des membres inférieurs. Hospitalisée plusieurs fois pour déséquilibre glycémique. Patiente sous insulinothérapie. Son HbA1c est de 8,7% Glucose Concentration (mg/dl) Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 450 400 350 300 3-May-07 250 4-May-07 200 5-May-07 150 100 50 0 10:00 14:00 18:00 22:00 2:00 6:00 10:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 90 37,66 77 101 Dixième patient : Homme âgé de 45 ans, diabétique de type 2 depuis 8 mois, marié, père de 2 enfants, travaillant comme officier des FAR, il marche environ 3 heures par semaine. Il ne présente aucune complication de diabète et il été hospitalisé une seule fois lors de la découverte de son diabète. Patient actuellement sous ADO. Son HbA1c est de 5,5% Glucose Concentration (mg/dl) Courbe obtenue après enregistrement CGMS : 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0 10:00 5-Avr-07 6-Avr-07 7-Avr-07 14:00 18:00 22:00 2:00 6:00 10:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 21 24,83 29,66 102 Onzième patient : Femme âgée de 57ans, diabétique de type 2 depuis 25ans, marié, sédentaire, ne pratique aucune activité sportive. Elle présente comme complications de son diabète, une cardiopathie ischémique, une rétinopathie, et elle est hypertendue depuis 12 ans. Patiente sous insulinothérapie, elle fait plus que 10 glycémies capillaires supérieures à 2,5g/l par semaine. Elle a été hospitalisée 3 fois pour déséquilibre glycémique. Son HbA1c est de 12,3% Courbe obtenue après enregistrement CGMS : Glucose concentration (mg/dl) 600 500 400 08-Mai-07 300 09-Mai-07 10-Mai-07 200 100 0 10:00 14:00 18:00 22:00 2:00 6:00 10:00 Time MAGE (mg/dl) J1 J2 J3 179 146 145,66 103 Les données statistiques des observations effectuées sur les 11 patients recrutés sont représentées par les histogrammes suivants en fonction des paramètres étudiés. a- Age : L’âge moyen de nos patients est varié de 28 ans à 70 ans avec une moyenne 67 51 56 56 65 70 67 57 52 45 28 eu ier x Tr ièm oi e x Q ièm ua e tr Ci ièm nq e ui èm Si e xi è Se me pt iè H me ui ti N èm eu e vi è D me ix iè O me nz iè m e 80 70 60 50 40 30 20 10 0 D Pr em Age (en année) de 56 ans et un écart type de 12,1. Patient Figure 29- Répartition des malades selon l'age 104 b- Sexe : L’échantillon étudié est prédominé par les femmes avec un pourcentage de 72,7%, les hommes ne représentent que 27,3 %. Homme 27, 3% Homme Femme Femme 72, 7% Figure 30- Répartition des malades selon le sexe c- Type de diabète 90,9 % des cas étudiés sont de type 2 et seulement 9,1 % sont de type 1. Aussi, il a été observé que l’ancienneté du diabète chez les patients étudiés est de 15 ans de moyenne. Type 1 9, 1% Type 1 Type 2 Type 2 90, 9% Figure 31- Répartition des malades selon le type de diabète 105 d- Traitement de diabète Insuline 81, 8% Insuline ADO ADO 18, 2% Figure32- Répartition des malades selon le traitement suivi 81,8 % des malades suivent un traitement à base d’insuline, alors que 18,2 % se traitent par les antidiabétiques oraux. e- Pratique de sport Le sport est pratiqué par la moitié des patients étudiés (essentiellement la marche). La moyenne de temps de marche déclarée par les patients est de 2heures/semaine. f- Complications de diabète Sur les 11 patients étudiés, 3 cas seulement n’ont pas manifesté encore des complications de leur diabète. La figure ci jointe représente le pourcentage de chaque complication des 8 patients restants. 106 Non Compliqué Compliqué Néphropathie Coronaropathie Métabolique Rétinopathie Neuropathie HTA Pourecentage 100% 90% 37.50% 80% 37.50% 62.50% 62.50% 70% 75% 75% 60% 50% 40% 30% 62.50%62.50% 37.50%37.50% 20% 25% 25% 10% 0% Type de complication Figure 33- Répartition des malades selon le type de complication La neuropathie et l’HTA représentent les complications les plus fréquentes (62,5 % des cas valides), le reste des complications se situe entre 25% et 37,5 % des cas valides. g- HbA1c Le dosage de l’HbA1c chez les patients étudiés présentait une moyenne de 9,22% avec un écart type de 10,07. L’analyse statistique établie par la méthode de Pearson n’a pas objectivé une corrélation entre l’HbA1c et le MAGE de J1 avec un coefficient de corrélation de 0.43 (Figure : 34). 107 300 250 y = 11.607x - 5.448 R2 = 0.1935 200 150 100 50 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 Figure 34 – Corrélation entre l’HbA1c et le MAGE de J1 h- MAGE Le tableau ci après fait ressortir les variations (amélioration/ détérioration) du MAGE sur 3 jours calculées chez les 11 patients. 108 Patient J1-J2 J2-J3 J1-J3 Premier 63% -43% 46% Deuxième 6% -31% -23% Troisième 3% 47% 49% Quatrième 4% 5% 9% Cinquième 26% 17% 39% Sixième - - - Septième -88% 62% 29% Huitième 29% 1% 30% Neuvième 58% -104% 14% Dixième - - - Onzième 18% 0,2% 19% Tableau2: Variations du MAGE sur 3 jours calculées chez les 11 patients Le calcul des MAGE établi durant les trois jours sur les 11 patients fait apparaître une série de mesures dont les médianes se situent pour le J1 à 90, J2 à 76,3 te pour le J3 à 75,55. Ces résultats nous font constater une nette amélioration entre J1 et J3 chez 82% de nos malades. Les 18% des malades restants ont un indice MAGE normal. Le test de Friedman met en évidence l’amélioration constatée avec un coefficient d’amélioration p < 0,05 soit de 0,029. 109 Discussion 110 I. Variabilité glycémique asymptomatique Chez le patient diabétique insulinotraité, la variabilité glycémique est directement liée à la perte de l’homéostasie glycémique en rapport avec la diminution puis la carence de la sécrétion endogène insulinique. En pratique cela se traduit par un pic glycémique post-prandial le plus souvent exacerbé et tardif, et une incapacité à un retour à un niveau basal dans l’heure ou les deux heures suivant ce pic post –prandial. L’absence de maintien d’un niveau glycémique basal entre les différentes prises alimentaires caractérise également la variabilité glycémique du sujet diabétique. Ce degré d’instabilité glycémique peut être différemment analysé, sur une journée ou en comparant des journées successives, tout en tenant compte de la fréquence des épisodes hypoglycémiques et /ou des excursions hyperglycémiques survenant au cours d’un nycthémère. (130) On peut ainsi définir des sujets diabétiques insulinotraités présentant un diabète qualifié d’instable dont la glycémie moyenne va être plus élevée que celle des patients diabétiques qualifiés de stables ou de témoins non diabétiques, mais cette seule moyenne glycémique ne reflète que partiellement la variabilité glycémique intra- et inter journalière (figure 35) (131). 111 Figure 35 – Variabilité glycémique asymptomatique chez le sujet diabétique instable insulinotraité Par conséquent, il convenait de mieux quantifier l’instabilité glycémique des patients diabétiques. En effet, les mesures classiquement utilisées pour témoigner de la qualité du contrôle glycémique des patients diabétiques ne fournissent qu’une information partielle voir erronée sur la qualité de la stabilité glycémique. C’est le cas de l’hémoglobine glyquée qui apparait dans l’étude DCCT (132) comme un reflet partiel de l’exposition à l’hyperglycémie chronique en risque de développement de la rétinopathie diabétique. Les valeurs moyennes de l’hémoglobine glyquée durant l’étude DCCT, mais également la valeur initiale d’hémoglobine glyquée lors de l’entrée dans l’étude ainsi que la durée d’exposition à l’hyperglycémie chronique, n’expliquent que 18,9% du risque de développement de la rétinopathie diabétique. Ceci renforce le rôle émergent des excursions hyperglycémiques post prandiales et plus largement nycthémérales 112 dans la pathogénie des complications de type micro et macroangiopathiques. (133134) La variabilité glycémique asymptomatique témoigne parfois du manque de pertinence des traitements diététiques et /ou médicamenteux instaurés en terme de choix du traitement, de schéma thérapeutique plus ou moins intensifié, de répartition de doses d’insuline et / ou de fractionnement alimentaire. La détermination de la variabilité glycémique asymptomatique est susceptible d’aider à optimiser les choix thérapeutiques chez les sujets diabétiques, en s’aidant en particulier d’outils d’enregistrement des glycémies : Certains utilisés depuis plusieurs années tels que les lecteurs de glycémie à mémoire pour le calcul de la moyenne, de la déviation standard, du LBGI, d’autre plus modernes tel que le holter glycémique pour mesurer des valeurs de MAGE, de MODD, d’aires sous courbes de la glycémie post prandiale ou de LBGI. Cette démarche s’inscrit dans une nécessaire augmentation du service médical rendu aux contraintes qui leur sont imposées en terme de schéma thérapeutique et d’autosurveillance glycémique. II. Choix de l’appareil La gamme des outils aidant à la prise en charge des patients diabétiques s’est étoffée à partir de l’an 2000 d’un enregistreur continu du glucose interstitiel sous le nom de CGMS. Notre choix est porté sur le CGMS en raison de : - Son caractère peu invasif - Son aspect peu encombrant - Sa fiabilité 113 - Son recul bibliographique considérable - Son caractère ambulatoire et autonome des patients - Sa disponibilité au Maroc III. Choix des paramètres Les indices de variabilité glycémique présentent des avantages mais aussi des limites d’utilisation. La moyenne glycémique est facile à obtenir, simple à expliquer aux patients et elle est corrélée en général à l’HbA1c, notamment dans l’étude DCCT (135) . Par contre, elle ne reflète ni l’amplitude, ni le nombre d’excursions glycémiques. La déviation standard de la glycémie moyenne est également facile à obtenir, mais elle enregistre sans distinction des oscillations mineures et majeures. Le LBGI est un indice aussi intéressant dans l’évaluation du risque d’hypoglycémie sévère. Malheureusement, il ne peut pas être appliqué à tous les schémas insuliniques comme cela a été démontré dans des études portant sur des patients traités par insulinothérapie intensive par pompe portable ou implantable. L’indice MIME présente quand à lui l’inconvénient de la non disponibilité à tout moment des données pré et post prandiales des patients. L’indice MODD, mesurant la variabilité inter journalière, n’a pas été calculé par souci de simplification. L’étude de la variabilité intra journalière des diabétiques, source de fatigue, de trouble de concentration, de polyurie, et d’hypoglycémie, nous a paru très 114 importante. Notre étude a porté donc sur le MAGE à partir des observations effectuées à l’aide du CGMS. IV. MAGE 1. Corrélation entre l’indice MAGE et les complications du diabète Les fluctuations glycémiques survenant dans les périodes postprandiales et, plus généralement, lors des mouvements d'oscillation du glucose ont un effet déclencheur plus spécifique sur le stress oxydant que l'hyperglycémie permanente (136). On a présumé pendant longtemps que les oscillations glycémiques aigues pourraient jouer un rôle important dans le risque de complications diabétiques à long terme (137) . De nombreuses études physiopathologiques ont démontré que les hyperglycémies post prandiales transitoires sont accompagnées d’une série de changements de la coagulation et d’une production exagérée des radicaux libres (138) qui seront responsables d’un dysfonctionnement endothélial et des dommages vasculaires. (139 ,140). Il est raisonnable de suspecter que les montées subites des glycémies post prandiales peuvent favoriser le début ou la progression des complications diabétiques et par conséquent considérer ces hyperglycémies post prandiales comme des vagues dangereuses qui exercent des effets délétères sur les murs vasculaires. Plusieurs preuves épidémiologiques (143,144) (141,142) , suivies de cohortes , et de méta-analyses (145) ont soutenu cette hypothèse. D’autres études (146) faisant participer des patients diabétiques de type 2, ont trouvé une forte corrélation entre le taux urinaire des radicaux libres et l’ampleur des fluctuations glycémiques estimée par le calcul de l’indice MAGE. 115 Comme la corrélation avec les fluctuations glycémiques, considérées comme un ensemble, était plus forte que celle trouvée avec l’hyperglycémie post prandiale seule, nous avons conclu que les variations ascendantes et descendantes de ces fluctuations amplifient l’effet déclencheur de l’hyperglycémie post prandial transitoire sur l’effort oxydant. Cette conclusion peut fournir une explication pour certaines observations épidémiologiques de l’étude DCCT. Par exemple, dans les sous groupes avec un HbA1c soutenu à 9%, le risque de rétinopathie, de néphropathie et de neuropathie a été réduit par plus de 50% dans le groupe de suivi intensif comparé au groupe de suivi conventionnel (Tableau 4), quoique ces deux groupes de patients aient eu le même HbA1c (147). La différence pourrait être due à la variabilité glycémique intra-journalière basse chez le groupe de suivi intensif. Sur les données réactualisées du DCCT, le MAGE constitue le deuxième paramètre d’évaluation glycémique juste après la moyenne glycémique à être significativement associé au risque de développement de rétinopathie diabétique (148) , il représente ainsi un indice particulièrement informatif de la variabilité glycémique asymptomatique. 116 Rétinopathie Stades de la complication Réduit de Première apparition de changement 27 % dans l'œil Prévalence d'une progression 36-76 % Prolifération sévère (stade avancé) 45 % Néphropathie Stades de la complication Réduit de Première apparition de néphropathie 35 % Progression de la maladie 56 % Neuropathie Stade de la complication Réduit de Sévère et avancé 56-60 % Tableau 4 : Effets du contrôle glycémique sur les complications et résumé des résultats de la thérapie intensive 117 Dans notre série : patients MAGE J1 (mg/dl) MAGE J2 (mg/dl) MAGE J3 (mg/dl) Premier 260 97,4 139,5 Deuxième 81,25 76 99,8 Troisième 67,8 66 34,75 Quatrième 93,5 89,75 85 Cinquième 123 91,5 75,5 sixième 41 35 33,42 Septième 81 152,5 57,33 Huitième 108 76,33 75,55 Neuvième 90 37,66 77 Dixième 21 24,83 29,66 Onzième 179 146 145,66 Complications Neuropathie hypercholestérolémie hypercholestérolémie Neuropathie HTA Rétinopathie Néphropathie HTA Neuropathie HTA hypercholestérolémie 0 Néphropathie Coronaropathie HTA Neuropathie 0 Rétinopathie Neuropathie 0 Rétinopathie Coronaropathie HTA Tableau 5: MAGE et complications 118 Dans notre échantillon (Tableau 5), seuls 2 patients ont une valeur de l’indice MAGE J1 dans les normes, et n’ont aucune complication de diabète (le sixième et le dixième patient), le huitième patient présente un indice MAGE un peu plus élevé par rapport à la valeur normale, sans complications dégénératives. Ceci peut être expliqué par le jeune age du malade, l’ancienneté du diabète qui n’a pas dépassé 3 ans et par le traitement intensif qu’il suit. En ce qui concerne le reste des malades, trois ont été compliqués de rétinopathie, deux de néphropathie et cinq de neuropathie tous ayant un MAGE J1 élevé dépassant les 67 mg/dl. 2. Corrélation entre l’indice MAGE et la glycémie moyenne La moyenne glycémique ne reflète que partiellement la variabilité glycémique intra et inter-journalière, son calcul se révélant inefficace dans l’évaluation des fluctuations glycémiques car elle ne reflète ni l’amplitude ni le nombre de ces excursions et elle est corrélée généralement avec l’HbA1c. Quand à l’indice MAGE, il reflète toutes les variations intra-journalières majeures de la glycémie, il est indépendant de cette glycémie moyenne, et il est par contre bien corrélé à la déviation standard quelque soient les modalités de traitement entrepris. 3. Corrélation entre l’indice MAGE et l’ HbA1c Pour déterminer les rapports entre l’HbA1c, les caractéristiques de l’hyperglycémie et la variabilité glycémique, une étude a été réalisée sur 63 diabétiques de type 2 ayant un diabète bien contrôlé (HbA1c <7%), en utilisant un système de surveillance continue de la glycémie (CGMS) et un test standard de repas (MMT). 119 Les résultats obtenus ont montré que l’HbA1c est fortement corrélé à l’hyperglycémie chronique (p<0.001), alors qu’il n’y a aucun rapport avec la déviation standard et le MAGE (p=0.20). (149) 4. Evolution de l’indice MAGE A travers notre série, nous avons pu constater par l’analyse statistique des données observées qu’il y’a une amélioration significative de l’indice MAGE de J1 à J3, chez 82% de nos malades, après ajustement diététique, thérapeutique et éducatif. Alors que les 18% restants ont une valeur normale de l’indice MAGE. Le calcul des MAGE établi durant les trois jours sur les 11 patients fait apparaître une série de mesures dont les médianes se situent pour le J1 à 90, J2 à 76,3 et pour le J3 à 75,55. Ces résultats nous font constater une nette amélioration entre J1 et J2, J1 et J3 et une légère amélioration entre J2 et J3. En 2004, une étude réalisée au service de diabétologie de l’hôpital Georges Pompidou, incluant 11 malades insulinotraités, a pu noter pour la première fois une amélioration significative de l’instabilité intra journalière après utilisation du CGMS, et là encore notre étude vient confirmer ce qui a été démontré avant. Le CGMS permet donc d’avoir accès de manière simplifiée à des indices d’instabilité glycémique jusque là peu utilisés, notamment le MAGE. Et il est probable que ce paramètre, mieux documenté, pourrait donner lieu à la mise en place de nouveaux critères de bon contrôle métabolique au même titre que l’hémoglobine glyquée ou mêmes meilleurs. 120 5. L’HbA1c L’échantillon étudié est très peu homogène en ce qui concerne l’HbA1c vu qu’il n’y avait pas de restrictions vis-à-vis de ce critère en cours de recrutement. L’analyse statistique effectuée n’a montré aucune corrélation entre l’HbA1c et le MAGE de J1 avec un coefficient de corrélation (r² =0.19), ce qui confirme encore une fois les données de la littérature, qui affirme que l’HbA1c est fortement corrélé avec tous les marqueurs de l’hyperglycémie chronique mais pas avec la variabilité glycémique. (149) Les hypoglycémies représentent une complication majeure dans la prise en charge du patient diabétique sous insulinothérapie, elles surviennent en cas d’inadéquation entre les doses d’insuline administrées et les besoins. L’objectif pour la prévention des complications du diabète d’un contrôle métabolique de 7% pour un diabétique sous insulinothérapie, se fait au prix d’un risque statistique de 2 à 3 hypoglycémies modérées diurnes par semaine, auxquelles il faut ajouter un risque d’hypoglycémies nocturnes fréquentes mais le plus souvent asymptomatiques. Donc, le contrôle métabolique HbA1c seul peut masquer l’existence d’événements non traduisibles (fluctuations glycémiques pathologiques). 6. Holter glycémique et éducation diabétique L'analyse des données recueillies par de tels systèmes est un outil pédagogique majeur. En effet, contrairement à l'autosurveillance classique, le patient ne doit pas adapter son schéma suivant une valeur sporadique, mais prend conscience de l'existence d'une réelle cinétique glycémique qu'il intègre à son propre vécu. Il réalise l'impact de nombreux paramètres tels que le délai et la durée d'action de ses différentes insulines, l'effet de l'activité physique, de 121 l'alimentation, de ses collations et des resucrages ainsi que de nombreux autres paramètres influençant son équilibre glycémique. Il réalise, de manière concrète, les conséquences de tous ces effets sur la glycémie, ce qui devrait lui permettre de mieux tenir compte de ces données dans son mode de vie ultérieur. Le holter glycémique est également un outil intéressant pour la mise en évidence de conduites inadaptées par le patient. Citons, à titre d'exemple, les resucrages excessifs en cas d'hypoglycémies ressenties ou le maintien des doses d'insuline habituelles dans différentes situations particulières qui exigent un ajustement de l'insulinothérapie. C'est le cas lors d'un exercice physique prévisible susceptible d'entraîner secondairement des hypoglycémies ou lors d'épisodes de stress (infectieux ou autres) responsables de phase d'hyperglycémie, toutes situations qui peuvent être mises en exergue par la technique du monitoring continu de la glycémie. Les tracés d'enregistrement représentent donc un support particulièrement adapté à la discussion entre le soignant et son patient. Cet exercice va faciliter la recherche des causes d'un déséquilibre et des moyens pour le corriger. (150) Par ailleurs, certains tracés sélectionnés peuvent être utilisés comme illustration d’une situation rencontrée en pratique, et se servir de support à des sessions de formation collective des patients. 7. Perspectives A court terme, de telles approches de monitoring continu du glucose interstitiel devraient s'améliorer sur le plan technique tout en réduisant le coût. A moyen terme, le but ultime du développement des capteurs de glucose est de les insérer dans une boucle de régulation automatique d'administration d’insuline (151) . Il existe déjà un modèle sur le marché, celui de la pompe Paradigm Real Time (Figure 36) qui est formée d’un capteur sous cutané et 122 d’une pompe portable, et un autre qui est actuellement en cours de validation, il se compose d'un capteur placé dans la veine cave supérieure et relié à une pompe implantable délivrant l'insuline par voie péritonéale. La pompe asservie délivre de manière continue l'insuline en fonction du taux instantané de la glycémie. Le «glucose sensor» est en cours d'évaluation dans une étude multicentrique franco-américaine. Il sera ensuite relié à la dite pompe lorsque tous les gages de sécurité auront été apportés. Une fois ces garanties obtenues, il restera le problème de définir les meilleurs algorithmes d'adaptation du débit d'insuline en fonction des variations instantanées de la glycémie de façon à prévenir toute augmentation ou diminution intempestive de la concentration plasmatique de glucose liée au temps de réaction inéluctable propre à une boucle de régulation basée sur un rétrocontrôle (152). Figure 36 - La pompe Paradigm Real Time 123 Conclusion 124 Le CGMS (Continuous Glucose Monitoring System) est un holter glycémique électro-enzymatique sous forme d’un dispositif portable, qui permet un enregistrement continu d’au moins 72 heures des variations du glucose interstitiel. Son principal avantage est de permettre une visualisation de l’ensemble des fluctuations glycémiques de la journée, beaucoup plus détaillée (288 mesures /jour) que celle fournie par l’autosurveillance glycémique classique. Son utilisation sur le plan pratique, a été principalement proposée dans l’exploration de l’équilibre glycémique des patients diabétiques. Il permet l’identification des épisodes d’hyper et d’hypoglycémies passés inaperçues sans aucune traduction sur les paramètres de surveillance usuels (HbA1c et glycémie capillaire). Sa bonne acceptabilité en fait un instrument de choix pour l’exploration de la période nocturne, pour le dépistage des hypoglycémies non ressenties ou du phénomène de l’aube, et comme aide à l’adaptation thérapeutique des patients. La restitution graphique des résultats obtenus fournit un support appréciable dans le dialogue soignant-soigné, que ce soit dans un cadre de consultation individuelle ou de séances de formation collective des patients. Le CGMS est un outil performant pour calculer les paramètres d’instabilité glycémique, ces derniers plus faciles à mettre en évidence et à documenter, pourront déboucher ultérieurement sur la mise en place de nouveaux critères de bon contrôle métabolique qui viendront s’ajouter à l’hémoglobine et la fructosamine. 125 Résumé 126 Résumé Les fluctuations glycémiques chez les patients diabétiques passent souvent inaperçues sans aucune traduction sur les paramètres de surveillance usuels qui sont l’HbA1c et la glycémie capillaire. Dans le but d’évaluer ces excursions glycémiques nous avons recruté 11 diabétiques (8 femmes et 3 hommes), (10 type 2 et 1 type 1) présentant une instabilité glycémique. Ces patients ont bénéficié d’un enregistrement continu de la glycémie (Holter glycémique) sur 3 jours moyennant le CGMS Gold de Medtronics et d’un dosage de l’HbA1c. Nous avons évalué l’indice « MAGE » (Mean Amplitude of Glycémic Excursions) de J1 à J3 et prescrire des ajustements diététiques, éducatifs et thérapeutiques journaliers. L’étude statistique s’est basée sur les tests de Wilcoxon et Freidman Ces patients ont un âge moyen de 56 ± 12,1 ans. Leur diabète est ancien de 15±10,07 ans, compliqué de rétinopathie (37,5%), néphropathie (25%), coronaropathie (25%), HTA (62,5%), neuropathie (62,5%) et de d’hypercholestérolémie (37,5%). Leur HbA1c moyenne est de 9,22± 2,47%. L’analyse des fluctuations glycémiques a montré que le MAGE de J1 est élevé chez 82% (9/11) de nos malades et non corrélé à l’HbA1c de base (r=0.43). Les ajustements thérapeutiques ont permis une amélioration significative du MAGE de J1 à J3 avec un р<0,05 (0.029). Ces résultats attestent que le holter glycémique est un outil d’exploration de l’équilibre métabolique et un moyen d’ajustement thérapeutique. Il représente aussi un complément utile à l’auto surveillance classique. 127 bA Medtronics .HbA MAGE . bA c MAGE bA 128 MAGE 129 Annexes 130 Annexe 1 : discours d’information Monsieur Y, Madame X Vous avez la gentillesse de faire confiance à notre service pour votre problème de diabète. Comme vous le savez, ce dernier est parfois difficile à équilibrer malgré toute l’attention que l’on peut y apporter. Il existe un appareil qui permet d’enregistrer la glycémie en continue 24 heures sur 24 pendant environ 3 jours. C’est un appareil très léger qui se porte à la ceinture et se pose à l’aide d’une fine aiguille indolore. Cela ressemble à ce qui existe déjà depuis longtemps pour la mesure continue en ambulatoire de la tension artérielle. L’appareil mesurant la glycémie toutes les 5 minutes, permet de détecter des variations glycémiques tant vers le haut que vers le bas qui passeraient inaperçues par faute de symptômes malgré une autosurveillance glycémique même rapprochée (5 à 6 glycémies capillaires par jours). L’étude des courbes obtenues permet donc d’affiner le traitement pour améliorer l’équilibre glycémique. Nous avons la chance de disposer de quelques appareils et nous pensons que vous pouvez bénéficier de cet outil moderne pour améliorer votre prise en charge. Il n’est pas nécessaire de recourir à une hospitalisation et le temps nécessaire est celui d’une consultation prolongée. 131 Annexe 2 : Fiche d’exploitation Nom / Prénom Sexe Age Statut familial Profession : Sédentaire : Oui Horaires réguliers : Oui Non Non Oui Non Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Non Non Non Non Non Couverture sociale Type : Statut sportif Type : Durée : Intensité : Fréquence : Antécédents Médicaux : Endocrinopathies associées : Chirurgicaux : Gynéco obstétricaux : Toxiques : Hérédité diabétique : Type et Ancienneté du diabète Traitements antérieurs du diabète Hospitalisations liées au diabète Motif : Complications dégénératives du diabète : Cardiopathie ischémique : HTA : Athérosclérose : Rétinopathie : µalbuminurie : 132 Néphropathie : Oui Neuropathie : Oui Pied diabétique : Oui Complications métaboliques : Dyslipidémie : Troubles hépatiques : Hyper uricémie : Traitement actuel du diabète Non Non Non Autres traitements : TA (mm Hg) Tour taille (cm) P (Kg) T (m) BMI (Kg/m²) Profil glycémique initial : GAJ GPP HbA1c Nombre de glycémies capillaires < 0 .6 g /l Nombre de glycémies capillaires > 2.5 g /l (Par semaine) Profil diététique initial : Régime respecté : Ecart de régime : Nombre par semaine : Horaires repas fixes : Collations : Horaires des collations : 133 Oui Oui Non Non Oui Oui Non Non 2ème visite -J1- Tolérance du CGMS : Douleur Oui Encombrement Oui Réaction cutanée Oui Cycle glycémique J1 (capillaire) Ci-joint Profil glycémique (CGMS): Excursions glycémiques : MAGE : Tendance glycémique : Fond Post prandiale médicamenteuse Modifications thérapeutiques : 134 Non Non Non 3ème visite -J2- Tolérance due CGMS : Douleur Oui Encombrement Oui Réaction cutanée Oui Cycle glycémique J2 (capillaire) Ci-joint Profil glycémique (CGMS): Excursions glycémiques : MAGE : Tendance glycémique : Fond Post prandiale médicamenteuse Modifications thérapeutiques : 135 Non Non Non Annexe 3: Carnet du patient pour le système CGMS 136 137 Bibliographie 138 1- Grimaldi A. 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Je maintiendrai le respect de la vie humaine dès la conception. 165 Même sous la menace, je n'userai pas de mes connaissances médicales d'une façon contraire aux lois de l'humanité. Je m'y engage librement et sur mon honneur. 166