Le contrôle glycémique à domicile : un moyen utile d`auto

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Contrôle glycémique
Décembre 2004 Volume 49 Numéro spécial
Le contrôle glycémique à domicile :
un moyen utile d’auto-gestion
[ Jan Alford
Il ne fait aucun doute que l’introduction du contrôle glycémique
à domicile a contribué à révolutionner la gestion du diabète et
à réduire le temps que les personnes doivent passer en milieu
hospitalier pour stabiliser leur condition. Elle a cependant
soulevé une série de problèmes de suivi et de gestion pour la
personne atteinte de diabète et le professionnel de la santé qui
la suit. Jan Alford nous explique.
>>
Deux études novatrices, la Diabetes Control and
Complications Trial et la UK Prospective Diabetes
Study, ont clairement démontré la nécessité
de cibler les taux de glucose afin de réduire le
risque de complications liées au diabète. De
nombreux pays ont défini des objectifs stricts
pour la gestion du glucose chez les personnes
atteintes de diabète, avec des taux de HbA1c
(une mesure de la glycémie au cours des 2-3
derniers mois) inférieurs à 7 %.
Dans la prise en charge du diabète, les
efforts visant à atteindre ces objectifs se
concentrent principalement sur la glycémie
à jeun. Toutefois, des études récentes
suggèrent que la glycémie avant et/ou
après les repas est tout aussi importante.
Cette hypothèse est soutenue par une
étude récente, principalement concentrée
sur des personnes atteintes de diabète de
type 2, qui suggère que la glycémie après
les repas peut avoir un impact important
sur les taux de HbA1c, notamment pendant
les phases précoces de la condition.1
Surmonter les obstacles
potentiels
Un certain nombre de facteurs peuvent
avoir un impact sur la capacité d’une
personne à réaliser un contrôle
glycémique à domicile. Parmi ceux-ci :
U
l’acuité visuelle
U
la dextérité manuelle
U
le soutien social si la personne
ne peut réaliser le test seule
U
le statut socio-économique.
Empathie
Le développement d’une série de mesures
et de méthodes de test visuel a permis à de
nombreuses personnes atteintes de diabète
de prendre en charge le suivi de leurs propres
taux de glycémie. Malgré les nombreuses
améliorations, tous les systèmes continuent
d’imposer aux personnes de réaliser ces tests
en se piquant le doigt pour obtenir un peu de
sang. Les professionnels de la santé qui aident
ces personnes à développer les compétences
nécessaires pour réaliser ces tests eux-
mêmes devraient être conscients que les
contrôles fréquents peuvent être difficiles à
réaliser, mais aussi inconfortables et chers.
Parrainage
Les éducateurs en diabète connaissent bien
les raisons invoquées par les personnes
pour interrompre ces contrôles ou réduire
leur fréquence. Enseigner simplement
à une personne atteinte de diabète à
surveiller sa glycémie n’est pas suffisant. Elles
doivent développer les compétences et les
connaissances nécessaires pour appliquer
les résultats à la gestion de leur condition.
Discussion ouverte
Dans la gestion du diabète, il est important
de choisir les bons moments pour ces
contrôles, c’est-à-dire ceux qui fourniront à
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la personne les informations les plus utiles
sur son profil glycémique tout au long de
la journée. Le plus souvent ces contrôles
se feront soit à jeun soit juste avant ou
1 à 2 heures après un repas. Si les raisons
de ces choix sont expliquées dès le départ,
les personnes atteintes de diabète seront
plus disposées à réaliser les contrôles.
Approches alternatives
De la même façon, le nombre de tests
recommandé par jour devrait être pris
en compte attentivement. Des études ont
confirmé que des contrôles fréquents
avaient un impact positif sur le contrôle
glycémique.2 Pourtant, bien que le nombre
idéal de contrôles soit de sept par jour, il faut
s’attendre à ce que la plupart des personnes
ne suivent pas ces recommandations pour
un certain nombre de raisons : le manque
de temps, l’incapacité de financer la quantité
de matériel de test nécessaire ou la gêne
ressentie par le fait de se piquer le doigt aussi
souvent. Cependant des alternatives existent,
comme de réaliser plusieurs tests certains
jours précis de la semaine ou effectuer
1-2 tests par jour à des moments différents.
Points clés de l’auto-surveillance
Fréquence
Lors de la prise de décision
individuelle concernant la fréquence
des tests, les éléments suivants
doivent être pris en compte :
U
la durée du diabète (une personne
récemment diagnostiquée ou qui est en
train de modifier son traitement doit
prendre de nombreuses décisions ; une
personne plus âgée peut avoir besoin
d’objectifs thérapeutiques plus souples)
U
la fréquence à laquelle une personne
est disposée à procéder aux tests
– un point critique souvent négligé
par les prestataires de soins
U
le style de vie d’une personne, qui peut
influencer la fréquence (des douleurs
aux doigts, par exemple, peuvent rendre
difficile un travail de frappe sur un clavier)
U
d’autres facteurs relatifs au style de
vie pouvant influencer la fréquence
de test recommandée (une personne
peut être souffrante ou subir des
hypoglycémies fréquentes).
Précision
Il faut également se rappeler que la
fiabilité des contrôles glycémiques
à domicile peut être altérée par un
certain nombre de facteurs, tels que :
U
technique : il est important de réviser
régulièrement les techniques, en
particulier en cas de divergences entre
les résultats et ceux du laboratoire
ou d’autres instruments de mesure
(cela peut se produire lorsqu’une
quantité insuffisante de sang est
déposée sur la bandelette de test)
U
hygiène (se laver les mains) : la plupart
des systèmes de contrôle glycémique
à domicile détecteront tous les types
de glucose, y compris des traces
d’aliments manipulés récemment
U
les effets des substances utilisées
dans le traitement d’autres conditions
médicales (par exemple, chez les
personnes qui subissent une dialyse
péritonéale continue ambulatoire, les
fluides utilisés peuvent être absorbés
dans le flux sanguin et influencer les
résultats du contrôle glycémique). 3
Le coût de l’autonomisation
Le contrôle glycémique à domicile, en
offrant un feedback rapide, constitue un
moyen extrêmement efficace pour la
gestion quotidienne du diabète. Cependant,
ce feedback a un prix et n’est pas garant
d’un meilleur contrôle ou un meilleur suivi
du programme de gestion. Les personnes
atteintes de diabète doivent développer les
compétences nécessaires pour interpréter
les résultats obtenus et les appliquer en vue
d’améliorer la gestion de leur condition.
Il est important pour ces personnes
de reconnaître qu’elles ont la capacité
de prendre des décisions relatives à la
gestion de leur diabète et que le contrôle
glycémique est un moyen utile pour les
aider à atteindre leurs objectifs de santé.
[ Jan Alford
Jan Alford est infirmière et sage-femme
agréée. Elle possède une maîtrise en
éducation pour adultes et est éducatrice
en diabète accréditée. Jan Alford est
infirmière en chef auprès du Diabetes
Centre, St Vincent’s Hospital, Darlinghurst,
Sydney, Australie.
Références
1 Monnier L, Lapinski H, Collette C. Contributions
of fasting and postprandial plasma glucose
increments to the overall diurnal hyperglycemia
of type 2 diabetic patients: variations with
increasing levels of HbA1c. Diabetes Care 2003;
26: 881-5.
2 Karter AJ, Ackerson LM, Darbinian JA, D’Agostino
RB, Ferrara A, Liu J, Selby JV. Self-monitoring of
blood glucose levels and glycaemic control: the
northern Californian Kaiser Permanente Diabetes
Registry. Am J Med 2001; 111: 1-9.
3 Oyibo SO, Pritchard GM, Mclay E, Janes E,
Laing I, Gokal R, Boulton AJM. Blood glucose
overestimation in diabetic patients on continuous
ambulatory peritoneal dialysis for end-stage renal
disease. Diabet Med 2002; 19: 693-6.
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