SNP – Sémiologie des troubles de l'humeur et de l'anxiété; troubles de la personnalité
3) Troisième groupe syndromique à rechercher : perturbations cognitives: Les fonctions
cognitives regroupent la mémoire, l'attention, la concentration. Elles sont très souvent altérées dans la
dépression, il y a une distorsion cognitive.
–Le patient aura du mal à se concentrer, il peut même éprouver des difficultés au travail. Le fait de se
concentrer même sur tout un film devient très difficile, ou encore de se concentrer pour la lecture, etc...
Un patient dira par exemple : « Je lis trois lignes, j’ai déjà oublier le début de la phrase, et puis de
toutes façons je ne vois plus l’intérêt de lire ».
–La distorsion cognitive est la tendance à transformer tous les événement de vie en quelque chose de
négatif pour soi, même pour les choses les plus anodines. Par exemple : le patient casse un verre et
pense que de toute façon il rate tout, qu'il est incapable de quoique ce soit, qu'il n'est même pas capable
de tenir un verre. C'est en partie lié à la culpabilité, le patient se rabaisse.
Il est important de poser beaucoup de questions au patient, sans hésiter à lui proposer des sujets précis, à lancer
des pistes sur ses loisirs, ses activités, son travail pour évaluer le retentissement sur sa vie en globalité.
Un élément à toujours rechercher en cas de suspicion de dépression: (Très important!!!)
Idées ou conduites suicidaires: à évaluer systématiquement: important à rechercher tout le temps si
on suspecte une dépression !! Il ne faut pas hésiter à demander au patient s'il a envie de mourir, s'il a des idées
noires.
Une peur erronée pourrait laisser penser qu'en posant ce type de question à un patient dépressif, on le
pousserait à passer à l'acte. Ceci est faux, on ne génère pas les idées suicidaires chez un patient, au contraire si
le patient en a il sentira plutôt de l'empathie de la part du médecin, ce qui permet de renforcer l'alliance
thérapeutique. De plus l'entourage a tendance à ne pas comprendre ce que vit le patient et à sous-estimer le
retentissement de sa maladie, le médecin doit savoir se montrer compréhensif. Et si la personne n'a pas d'idées
suicidaires ce n'est pas le psychiatre qui va lui en donner.
Il faut évaluer le degré de sévérité : Y-a-t'il des crises suicidaires ou flash suicidaires, qui sont
l'équivalent des « idées noir », par exemple le patient dira : « j’aimerai m’endormir et pas me réveiller ». Ce
n’est pas quelque chose d'actif mais plutôt des pensées morbides, il n'a pas de scénario précis, pas de vraie
volonté de suicide.
Il faut donc savoir si le patient a ce genre d'idées, et si oui à quelle fréquence.
Le danger est que si les crises suicidaires ou flash se répètent plus en plus fréquemment et sont de plus
en plus importants dans la vie du patient, il va commencer à se demander comment il pourrait s'y prendre.
Il ne faut donc hésiter à poser ce genre de questions : « avez vous penser a comment vous y prendre ? ».
Si certains patients disent qu'ils y pensent, il faut aller encore plus loin dans l'interrogatoire : Comment voulez
vous le faire ? Si par exemple le patient évoque les médicaments, il faudra lui demander s'il en a stocké chez
lui . Si oui, c'est qu'en effet il prévoit de se suicider, on peut alors demander dans ce cas extrême si le patient a
pensé en pratique à passer à l'acte dans les jours qui viennent.
Grâce à une série de questions de ce type on peut estimer le risque de tentative de suicide en fonction
des réponses du patient. En résumé plus on avance dans la précision des moyens et du scénario et plus le risque
est grand. Il y a des conduites à tenir bien codifiées en fonction de la réponse du patient.
En revanche certains patients ne veulent pas dire qu'ils ont ce genre d'idées, ils veulent plutôt le cacher,
c'est donc travail du psychiatre de créer une alliance thérapeutique et avoir de l'empathie pour que le patient
arrive à se livrer.
3/16