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Psychiatrie pratique : dépression, suicide, anxiété
COMMENT FAIRE UNE ANALYSE
FONCTIONNELLE EN
20 MINUTES EN MÉDECINE
GÉNÉRALE ?
L’investigation clinique est complexe
car les symptômes anxieux et dé-
pressifs sont souvent très intriqués.
L’expression d’une empathie d’af-
fect, de pensée et motrice est essen-
tielle à la qualité de la relation d’aide
que le médecin construit avec le pa-
tient. Au début de l’entretien, la
souffrance du patient doit être
d’abord écoutée (environ 5 minutes).
Pour faciliter l’échange, le médecin
peut, par exemple, demander au pa-
tient de décrire une situation émo-
tionnelle agréable ou désagréable
dans les 3 jours précédant le rendez-
vous. Puis l’entretien se poursuit par
la réalisation d’une analyse fonction-
nelle longitudinale sur la vie entière
et celle d’une journée type (15 mi-
nutes). Les thèmes de souffrance
sont abordés dans une relation de
compréhension évolutive et respec-
tueuse. À chaque entretien, le risque
suicidaire est clairement, volontaire-
ment et systématiquement évalué.
La conclusion est un temps impor-
tant de l’entretien. Elle renforce
pour le patient l’idée d’un suivi régu-
lier. Elle résume ce qui a été dit. Elle
valide les options thérapeutiques.
Au début de la prise en charge, le
suivi du patient nécessite un entre-
tien tous les 8 jours le premier mois
puis tous les mois ensuite selon les
recommandations de l’HAS.
ORIENTATIONS
THÉRAPEUTIQUES
Elles sont très variées et doivent être
adaptées à la situation clinique
concernée. S’il s’agit d’un épisode
dépressif unique, le traitement anti-
dépresseur est proposé pour une du-
rée initiale de 6 mois. L’expérience
montre que la poursuite du traite-
ment entre 9 et 15 mois est souvent
justifiée. En cas de rechute ou de ré-
cidive dépressive, la durée de traite-
ment (médicamenteux et comporte-
mental) est plus prolongée.
Pour l’anxiété structurée en trouble
anxieux, la technique de
ventilation/relaxation est adaptée aux
attaques de panique isolées et peut
être associée à un traitement antidé-
presseur dans le trouble panique.
La prise en charge d’un épisode
anxio-dépressif peut associer un trai-
tement antidépresseur en complé-
ment d’une thérapie comportemen-
tale. Si le résultat est inférieur à 70 %
de l’efficacité escomptée, la durée de
traitement doit être soit prolongée
soit modifiée (neuroleptiques ou thy-
morégulateurs). La chronologie d’ap-
parition des troubles anxieux et dé-
pressifs est un élément à prendre en
considération. Soixante pour cent
des troubles obsessionnels compul-
sifs se dépriment car ils s’épuisent.
S’il existe une co-occurrence des
symptômes anxieux et dépressifs, il
ne faut pas se précipiter sur la prise
en charge des signes d’anxiété car ils
participent à équilibrer le sujet face à
la dépression. Les thérapies cogniti-
vo-comportementales associées ou
non à des traitements médicamen-
teux seront adaptées à chaque forme
clinique anxio-dépressive. Une bon-
ne hygiène de vie est toujours fonda-
mentale, en particulier lorsqu’il exis-
te une composante anxieuse :
rythme de sommeil, activité sporti-
ve, alimentation équilibrée.
LA DÉPRESSION PEUT-ELLE
GUÉRIR ?
La dépression peut guérir spontané-
ment, mais en l’absence de traite-
ment, il faut attendre plusieurs mois
et le risque de chronicisation est réel.
La forte prévalence du risque suici-
daire chez le patient anxio-dépressif
surtout s’il s’agit d’un homme âgé,
justifie une prise en charge précoce.
G. Roussey L’Encéphale (2009) Hors-série 1, S18-S19