RSCA 6 : Indécision face à une grossesse imprévue
Actuellement en stage de gynécologie-obstétrique, je reçois aux urgences Mme D. 22 ans, pour des
douleurs pelviennes avec un test de grossesse urinaire positif.
J’accueille cette patiente avec un grand sourire, elle rentre dans mon box la mine vraiment déconfite,
peu réceptive à mon accueil. En reprenant l’histoire avec elle, cette patiente sans antécédent
particulier, ayant déjà eu 2 enfants, prenait une pilule contraceptive et ne désirait pas de grossesse.
Elle me raconte avoir eu ses dernières règles normales le 28 avril (nous sommes le 29 juin), et dit ne
pas s’être inquiétée initialement devant son retard de règles car elle prenait la pilule et pensait être
protégée d’une éventuelle grossesse. Finalement devant des douleurs pelviennes et des
vomissements depuis une dizaine de jours, elle a fait un test de grossesse chez elle 2 jours avant de
venir aux urgences, qui s’est révélé positif. Elle vient aujourd’hui aux urgences pour la persistance
des douleurs et surtout probablement parce qu’elle était un peu perdue comme je le vois à sa mine
angoissée, même si en entrant dans le box elle met clairement en avant sa plainte de douleurs. Elle
est aujourd’hui à 8 semaines d’aménorrhée, elle m’explique donc qu’elle ne comprend pas, que ce
n’était pas prévu, etc.
Je ne sais pas trop initialement comment réagir à son comportement, si je dois la rassurer,
commencer à lui expliquer les options possibles, ou d’abord mener mon examen jusqu’à son terme.
Je choisis la deuxième solution : son examen clinique est sans particularité, hormis le fait qu’à la
palpation abdominale, je ressens franchement le fait qu’elle majore son ressenti des douleurs, elle
me prend limite la main lorsque je lui palpe le ventre pour la retirer… Je termine mon examen
clinique et poursuis avec l’échographie pelvienne.
Je commence par l’échographie sus-pubienne en me disant d’avance que je changerai vite pour
l’échographie par voie endo-vaginale pour mesurer l’embryon devant le terme annoncé. Finalement,
je tombe sur un fœtus avec mouvements actifs fœtaux, qui me semble bien grand, et que je mesure
donc : la LCC est à 81mm, ce qui correspond à un terme de 13SA+5. Je suis extrêmement surprise de
cet écart, je lui annonce dans la foulée, elle-même semble stupéfaite et encore plus démunie.
J’avais déjà prévu initialement de poursuivre en l’orientant vers le planning familial pour une
éventuelle IVG, mais devant ce terme, l’IVG en France est compromise : l’IVG n’est autorisée que
jusqu’à 13SA+6 ! Je ne sais trop que lui annoncer à ce moment, je décide donc de discuter un peu
avec elle pour savoir quels sont véritablement ses projets pour cette grossesse.
Elle est très hésitante et m’explique que son mari n’acceptera jamais, que c’était pour ça qu’elle
prenait la pilule, parce qu’il ne voulait pas d’autres enfants, qu’elle ne peut pas le garder parce qu’il
n’y aura personne pour l’aider à assumer, qu’il n’est pas encore au courant. Je lui demande si elle n’a
pas une famille, elle m’explique que non, qu’il n’y a que lui, et ne cesse de me répéter qu’il
n’acceptera jamais, comme un disque rayé. Je suis encore plus démunie qu’elle à ce moment parce
que je ne peux même pas lui expliquer qu’elle a le libre choix d’avorter, car dans son cas c’est trop
tard, du moins en France.
A ce moment, j’appelle à l’aide, je m’éclipse du box en annonçant à la patiente que je revient tout de
suite, et je trouve une de mes co-internes de DES gynécologie, qui vient confirmer avec moi ce terme
échographique. Elle retrouve la même chose. On explique donc à la patiente qu’il reste l’option de