Enfin, dans certains cas, où il est trop tard pour interrompre la grossesse (déni de grossesse), ou que pour des
raisons diverses (croyances, émotions, principes) une femme refuse de recourir à un avortement, il est possible
d'envisager l'adoption à la naissance.
En effet, en France, toute femme a la possibilité d’accoucher de façon anonyme (accouchement sous X). Elle
doit simplement mettre au courant l’quipe mdicale de l’tablissement hospitalier où elle accouche. Aucune
pice d’identit ne peut lui être demandée et les frais médicaux de son accouchement sont pris en charge.
Aprs sa naissance, l’enfant est confi aux services dpartementaux de l’aide sociale l’enfance (ASE). Pendant
deux mois, il est placé en pouponnière ou dans une famille d’accueil. C’est le temps lgal accord aux parents
pour se manifester s’ils souhaitent revenir sur leur décision. A l’issue de cette priode, l’enfant devient pupille
de l’Etat et peut être adopt.
Ces femmes auront toujours la possibilit, aprs le recueil de l’enfant et même de nombreuses annes plus tard,
de laisser une lettre dans le dossier de l’enfant, de demander de ses nouvelles, ou de lever le secret de son
identité.
Enfin, même si la grossesse n'était pas désirée à l'origine, il arrive que la femme ou le couple concerné décide
de garder l'enfant. La grossesse se poursuit alors normalement, et l'enfant est, en règle générale, accueilli dans
la famille avec la même joie qu'un enfant planifié.
B- Soutien psychologique et accompagnement
Les circonstances pouvant conduire l’interruption d’une grossesse ou se sparer d’un enfant sont variées :
certaines font ce choix dans un contexte de pression de l’entourage (futur père, parents de la femme...), d’autres
suite à un événement traumatisant (viol par exemple) ; et bien sûr pour beaucoup c’est la dcision logique.
Certaines femmes le font à contre-coeur, d’autres restent ambivalentes et pour d’autres enfin c’est une
évidence.
Le deuil d’un enfant, même non n, peut être difficile. Dans les jours ou les semaines suivant l’IVG, plusieurs
femmes ressentent de la culpabilité, de la tristesse, il existe même des cas de dépression. Quelques femmes
développent le syndrome de stress post-abortif, qui s'apparente au syndrome de stress post-traumatique, et
doivent être aidée sans attendre.
Je pense qu'il y a deux difficultés particulière dans la prise en charge de ces patientes. En effet, ces femmes
peuvent être influencés par leur entourage, soit car elles subissent une pression psychologique et donc font le
choix de l’IVG contre-cœur, soit pour des raisons de croyances, soit même par le biais d’une assistante sociale
ou une psychologue qui, tmoin d’ une situation difficile peut donner son avis en fonction de sa propre vision
de la maternité. Du coup, le choix de ces femmes n’est parfois pas totalement neutre. D’autre part, j’ai
remarqué que nombreuses sont celles qui refusent un entretien psycho-social (obligatoire pour les mineures),
souvent parce qu'elles veulent que ce soit rapide, ne pas entrer dans les détails, et passer à autre chose.
Récemment, une femme à qui je posait des questions sur une précédente IVG (anne, mthode), m’a
clairement dit qu'elle ne voulait pas en parler. De plus, l’IVG reste mal vu dans la socit (femmes
irresponsables…) et je pense que cela joue beaucoup dans la prise en charge psychologique de ces patientes.
Beaucoup éprouvent un sentiment de honte ou de culpabilité même plusieurs années après, et ça expliquerais
en partie pourquoi elles refusent d’en parler. Mais l’accompagnement psychologique devient difficile dans ces
cas-là. Pour finir, je trouve que le soutien psychologique de ces femmes est insuffisant dans les centre d’IVG,
qui souvent ne les revoient plus après la consultation de contrôle. Nous, médecins généralistes de ville, nous
avons l’occasion de les voir plus souvent et sur une période plus longue. Du coup, cet axe m’ayant sensibilis
la « détresse psychologique » des femmes ayant subit une IVG, je pense qu’il serait intressant de les dépister
pour pouvoir leur proposer un accompagnement psychologique, n’importe quel moment.