68 Journal Médical Libanais 2012 •
Volume 60 (2)
G. CHEHAB et al. – Traitement percutané de l’atrésie pulmonaire
– Le 5eet dernier patient a eu une P-D de la valve pul-
monaire sans la nécessité de mise de stent dans le canal
artériel. Il a actuellement 1 mois [de vie] et [il] est asymp-
tomatique. La SaO2est à 85% et l’échocardiographie
montre une fonction cardiaque normale.
DISCUSSION
La réparation biventriculaire chirurgicale des APSI,
ayant une forme anatomique favorable, est standardisée.
Elle consiste à pratiquer une valvulotomie chirurgicale
avec ou sans élargissement de l’anneau pulmonaire et
à réaliser dans le même temps chirurgical un shunt de
Blalock-Taussig modifié. Cependant, cette chirurgie exige
une circulation extracorporelle à cœur ouvert chez des
nouveau-nés en état critique, ce qui augmente le risque
opératoire et le taux de mortalité [5]. La recherche d’une
alternative moins invasive via le développement du cathé-
térisme cardiaque lui a redonné de la popularité ces der-
nières années, tant sur le plan instrumental que sur les
compétences des opérateurs, si bien que, dans les centres
spécialisés, le traitement de premier choix est devenu la
perforation à la radiofréquence de la valve pulmonaire
atrétique suivie au besoin d’une mise de stent dans le
canal artériel [6]. Cette technique, bien qu’elle soit sédui-
sante, demande un équipement de pointe.
Depuis quelques années, notre équipe a élaboré une
technique de perforation particulière, ayant comme avan-
tage non seulement un coût moins élevé adapté aux pays
en voie de développement, mais aussi d’autres supério-
rités en termes de sécurité et peut-être d’efficacité. Notre
méthode mécanique économise le prix de l’appareil de
perforation à radiofréquence [7]. Par ailleurs, l’utilisation
du lasso évite la dilatation progressive avec plusieurs bal-
lonnets et permet d’intervenir avec un seul ballon de dia-
mètre final. D’autre part, l’accrochage au lasso placé dans
l’artère pulmonaire est une preuve que le bout du guide
rigide est bien placé dans la lumière de l’artère pulmo-
naire et non pas dans le péricarde, ce qui baisse considé-
rablement le risque d’épanchement péricardique par per-
foration au cathéter de la paroi infundibulaire. Cependant,
le guide rigide introduit dans le sens inverse aboutit à un
redressement du bout distal du cathéter et à la perte de sa
position prévalvulaire. La manœuvre de « préformer » ce
dernier pour lui donner la courbure du cathéter, permet
de surmonter cette complication. L’utilisation d’un guide
de perforation spécial moins rigide a été décrite par une
équipe espagnole et pourrait être une alternative [8].
L’application de la méthode mécanique a été un succès
chez quatre des cinq patients dans notre série. L’échec
est survenu chez le quatrième patient indépendamment
du niveau d’expertise acquis. La survenue de troubles du
rythme cardiaque avec instabilité hémodynamique a fait
opter pour l’arrêt de la procédure et par la suite pour la
décision chirurgicale.
D’autre part, cette manœuvre est difficile et longue
(temps de procédure : 80, 135, 45 et 110 minutes dans les
quatre cas successivement). L’acquisition de la technique
« biplan » de scopie pourrait dans l’avenir raccourcir le
temps de procédure et minimiser ainsi le taux d’irradiation.
L’utilisation des stents dans les cardiopathies ducto-
dépendantes a débuté à la fin des années 80. Durant cette
dernière décennie, et grâce aux avancées techniques,
plusieurs publications ont souligné l’efficacité de ce traite-
ment palliatif comme alternative non chirurgicale autant
pour remplacer le shunt de Blalock-Taussig que pour gar-
der une circulation systémique dans le canal artériel de
l’hypoplasie du cœur gauche [9-11].
La levée d’obstacle dans les APSI aboutit paradoxale-
ment à une aggravation du shunt droite-gauche à l’étage
auriculaire suite à une altération de la fonction diastolique
du VD. Cette détérioration, généralement transitoire, né-
cessite quelques mesures thérapeutiques comme les rem-
plissages et les bétabloquants. Malgré ces manœuvres,
quelques patients restent ducto-dépendants et ceci pendant
quelques semaines ou mois. Chez ces derniers, la mise de
stent dans le canal artériel serait une alternative non chirur-
gicale au shunt de Blalock-Taussig.
Cette technique est un défi pour l’interventionniste au-
tant pour la délicatesse des manœuvres effectuées, que
pour le choix du matériel et le timing de la procédure. La
manipulation des cathéters exigent des compétences de
pointe pour vaincre la tortuosité des trajectoires miniatu-
risées chez les nouveau-nés. Les stents utilisés sont ceux
initialement conçus pour les coronaires de l’adulte. Les
caractéristiques requises pour ces endoprothèses sont
aussi la haute malléabilité et la haute densité des cellules
pour éviter la redondance du tissu ductal réduisant la
lumière du stent.
Pour éviter la migration secondaire du stent, il doit être
implanté dans un canal en voie de fermeture avec une
restriction anatomique à son bout pulmonaire. Le « juste
temps » d’implantation, défini par le délai entre l’arrêt de
PGE1 et la formation d’une sténose ductale suffisante, est
retrouvé par les tests répétitifs de sevrage en PGE1.
Dans notre série, nous avons réussi à stenter le canal
artériel chez les deux patients qui l’ont nécessité. Leur
perméabilité a été démontrée un an après l’implantation.
CONCLUSION
Le traitement percutané de l’APSI permet d’éviter la
chirurgie à cœur ouvert dans un groupe sélectif de nou-
veau-nés. La particularité de la méthode mécanique de la
perforation a été soulignée dans notre étude. La mise de
stent dans le canal artériel remplace le shunt Blalock-
Taussig classique. Le pronostic par ailleurs à moyen terme
reste lié à la gravité de la maladie elle-même [12].
RÉFÉRENCES
1. Vernant F, Saliba Z, Vouhe P. Sténose et atrésie pulmo-
naire à septum interventriculaire intact. EMC-Cardiologie
2002 ; 11 : 940-90.
2. Daubeney PEF, Delany DJ, Anderson RH et al. Pulmonary
atresia with intact ventricular septum : range of morpholo-
gy in a population-based study. JACC 2002 ; 39 : 1670-9.