pété de l’expérience traumatisante dans un en-
vironnement sûr, il s’agit de créer une mémoire
explicite du traumatisme la plus complète possi-
ble, mais à condition que les structures cortica-
les puissent inhiber les impulsions anxiogènes de
l’amygdale. La confrontation aux stimuli anxio-
gènes peut s’avérer nécessaire pour cela. Des
études montrent, parallèlement à l’amélioration
de la symptomatologie, des modifications au
fMRI, encore trop peu consistantes à l’heure ac-
tuelle. Une étude avec la paroxétine a montré une
amélioration de la mémoire explicite, et même
une augmentation de volume de l’hippocampe
[6] – ce qui indique que les antidépresseurs non
seulement atténuent les répercussions négatives
du stress, mais peuvent même éventuellement
les faire régresser. C’est exactement ce que nous
souhaiterions dans le traitement du SSPT: une
amélioration des fonctions neuronales, créant
les conditions pour le stockage contextuel d’élé-
ments mnésiques.
Les troubles obsessionnels présentent une dys-
fonction au niveau du CPF orbito-frontal, du
noyau caudé, des ganglions de la base (corps
strié) et du thalamus, et plus précisément une hy-
peractivité du circuit cortico-striato-thalamique.
Le modèle actuel veut que des activités motrices
et cognitives soient entretenues par un feedback
pathologiquement accentué entre le COF et le
thalamus. Etonnamment (ou peut-être justement
pas) les clichés PET montrent une similitude
frappante avec la corrélation neurobiologique de
la passion amoureuse. Dans ces deux situations,
l’hyperactivité du système dopaminergique et
l’hypoactivité du système sérotoninergique té-
moignent d’une attitude attentiste. Il y a plus de
dix ans déjà que des études PET ont montré que
la pharmacothérapie par un ISRS et la thérapie
comportementale cognitive peuvent donner une
normalisation à long terme de l’activité typique
dans les troubles obsessionnels, et tout spéciale-
ment une correction de l’hyperactivité dans le
noyau caudé [7], ce qui est une preuve puissante
qu’un type de comportement négatif peut être
«désappris» par des expériences correctrices
(exposition).
De manière générale, le fait que les répercus-
sions neurophysiologiques et neurobiologiques
de la psychothérapie soient actuellement saisis-
sables ouvre des dimensions entièrement nou-
velles à la psychothérapie. Elle n’est plus «sim-
plement» quelque chose de psychologique,
d’insaisissable, voire de louche, mais nous
pouvons dire aujourd’hui que la psychothérapie
modifie certaines structures cérébrales. Les
concepts psychologiques qui se sont avérés uti-
les par le passé ont soudain tout leur sens, vus
sous l’angle neurobiologique. La plasticité du
cerveau signifie que les anciennes et nouvelles
expériences ont en tout temps des corrélations
biologiques. La recherche va toujours plus devoir
s’intéresser dorénavant à la question de savoir
CURRICULUM Forum Med Suisse 2006;6:569–575 573
l’effet des antidépresseurs, nous savons mainte-
nant qu’ils stimulent non seulement l’inhibition
présynaptique de la recapture de la sérotonine et
de l’adrénaline, qui s’accumulent dans la fente
synaptique, mais aussi la neurogenèse dans
l’hippocampe et la croissance des dendrites et
synapses – en normalisant la dysfonction de
l’axe HPA et la synthèse accrue de CRH. Des fac-
teurs neurotropes tels que le BDNF, qui jouent un
rôle central dans la sélection et la stabilisation
des liaisons synaptiques, sont produits en plus
grandes quantités sous l’effet des antidépres-
seurs, et soutiennent les processus adaptatifs ou
les rendent enfin de nouveau possibles. Ces pro-
cessus dépendent dans une très large mesure de
l’activité, ce qui signifie en d’autres termes que
l’input de l’extérieur est essentiel pour la plasti-
cité synaptique. Ceci comprend les activités cor-
porelles (dans le cas des souris, le choix de cou-
rir dans la roue renforce les neurogenèses) et les
interactions sociales, comme dans la psychothé-
rapie par exemple. Les antidépresseurs peuvent
être la condition nécessaire à une amélioration –
mais nul ne sait encore s’ils réalisent de nou-
velles voies neuronales. En plus des antidépres-
seurs, il y a par ailleurs de très nombreuses
autres substances neuroprotectrices telles que
lithium, Ginkgo biloba, œstrogènes, ocytocine,
éventuellement aussi les neuroleptiques atypi-
ques. L’halopéridol et la morphine par contre ne
semblent pas avoir de tels effets, et la morphine
abaisse même la neurogenèse.
Dans le syndrome de stress post-traumatique
(SSPT), l’hippocampe présente une diminution
de volume pouvant atteindre 25%, qui n’a long-
temps été comprise que comme la conséquence
des effets du stress. Le fait que des jumeaux uni-
vitellins, ayant un SSPT ou non, ont générale-
ment tous deux des hippocampes de plus faible
volume, indique qu’une vulnérabilité préexis-
tante joue également un rôle. Donc le SSPT est
actuellement principalement considéré comme
un problème de l’élaboration d’expériences trau-
matisantes (souvent multiples). Le traumatisme
provoque un trouble de la réception des stimuli,
de la mise en mémoire et de l’évocation mnési-
que. Font partie de ce tableau clinique une hy-
peractivité au niveau de l’amygdale et une hypo-
activité au niveau du cingulum antérieur et de
l’hippocampe. Ce type d’activité se voit lorsqu’un
patient sous fMRI ou PET active son souvenir de
la situation traumatisante par la lecture d’un
script autobiographique.
L’hypothèse est que le stress extrême provoque
une dissociation fonctionnelle entre l’amygdale
et l’hippocampe. Les souvenirs ne peuvent ainsi
plus être codés et le transfert de l’expérience
traumatisante dans le système de mémoire ex-
plicite n’est plus possible. Le traumatisé n’est
donc plus capable de classer son expérience
traumatisante dans sa mémoire autobiographi-
que. Dans le traitement du SSPT, par travail ré-