La Lettre du Médecin Vasculaire n°35 - Juin 2016 14 - 15
facteurs persistants. En outre, les patients ayant une
thrombophilie biologique n’étaient pas inclus.
Les principaux résultats de cette étude est que le
rapport bénéfice-risque est favorable en prolongeant
l’apixaban à 2,5 mg deux fois par jour par rapport
au placebo et le rapport bénéfice-risque est à peine
en faveur du bras apixaban 5 mg deux fois par jour
comparé au placebo. En revanche, aucune différence
n’est observée dans le groupe demi-dose et le
groupe pleine dose en termes de récidives thrombo-
emboliques et d’hémorragies (or l’étude n’a pas été
calibrée pour cette démonstration).
En d’autres termes, pour des patients à haut risque
de récidive ou de récidive sévère (ex : embolie
pulmonaire non provoquée à risque intermédiaire
élevé, récidivante ou associée à un facteur de risque
persistant tel qu’une maladie inflammatoire), il n’a pas
été démontré qu’une demi-dose d’apixaban était aussi
efficace et plus sûre qu’une dose pleine.
5. Chez les patients ayant une TVP proximale des
MI ou une EP provoquée par une chirurgie, nous
recommandons un traitement anticoagulant d’une
durée de 3 mois plutôt qu’un traitement plus court
(grade 1B) ou qu’un traitement limité plus long (6, 12
ou 24 mois) (grade 1B) ou qu’un traitement prolongé
(grade 1B).
Pas de date d’arrêt planifiée pour le traitement prolongé.
6. Chez les patients ayant une TVP proximale des MI ou
une EP provoquée par un facteur de risque transitoire
non chirurgical, nous recommandons un traitement
anticoagulant d’une durée de 3 mois plutôt qu’un
traitement plus court (grade 1B) ou qu’un traitement
limité plus long (6, 12 ou 24 mois) (grade 1B).
Nous suggérons un traitement de 3 mois plutôt qu’un
traitement prolongé en cas de risque hémorragique
faible ou modéré (grade 2B), et nous recommandons un
traitement de 3 mois plutôt qu’un traitement prolongé
en cas de risque hémorragique élevé (grade 1B).
En cas de traitement prolongé, l’indication doit en être
réévaluée périodiquement (annuellement).
Francis Couturaud : un point important est ce que l’on
entend par MTEV provoquée, les facteurs provoquants
majeurs sont constitués par la chirurgie (facteur
transitoire majeur) et les facteurs provoquants non
majeurs sont non chirurgicaux (estrogènes, grossesse,
traumatisme des membres inférieurs, trajet en avion
de plus de 8 heures). En l’absence de ces facteurs
et en l’absence de cancer, la MTEV est considérée
comme non provoquée. Ainsi, des facteurs comme
l’immobilisation prolongée en médecine ne sont plus
considérés comme provoquants. Enfin, la remarque en
italique est importante : quand bien même le patient
demeure sous traitement anticoagulant au long cours,
une évaluation des bénéfices risques annuelle doit
être réalisée, susceptible de conduire à un arrêt de
traitement en cas, par exemple, de risque hémorragique
devenu élevé. Ces patients, souvent âgés, sont aussi
à haut risque de développer d’autres pathologies
nécessitant un avis spécialisé sur le maniement des
traitements (notamment péri-opératoire).
8. Chez les patients ayant une TVP non provoquée
des MI (distale isolée ou proximale) ou une EP, nous
recommandons un traitement anticoagulant d’une
durée de 3 mois plutôt qu’un traitement plus court
(grade 1B) et nous recommandons un traitement de
3 mois plutôt qu’un traitement limité plus long (6, 12
ou 24 mois) (grade 1B).
9. Chez les patients avec un 1er épisode de MTEV non
provoqué (TVP proximale des MI ou EP) et qui ont un
risque hémorragique faible ou modéré, nous suggérons
un traitement prolongé plutôt qu’un traitement
de 3 mois (grade 2B) ; pour les patients qui ont un
risque hémorragique élevé, nous recommandons un
traitement de 3 mois plutôt qu’un traitement prolongé
(grade 1B).
Un dosage des D-dimères réalisé un mois après l’arrêt
du traitement anticoagulant peut influencer la décision
de poursuivre ou d’arrêter le traitement.
Francis Couturaud : la remarque sur les D-dimères
est très imprécise car aucun groupe de patient
potentiellement éligible à un dosage de D-dimères
n’est défini. Un des résultats importants est que des
D-dimères négatifs (dosés un mois après l’arrêt de
traitement anticoagulant) ne permettent pas, à eux
seuls, d’identifier des patients à faible risque de
récidive thrombo-embolique chez qui le traitement
pourrait être stoppé (incidence annuelle d’une
récidive de 4,5 à 11% dans les essais prospectifs).
Si les D-dimères sont positifs, cela n’apporte rien
car les patients ayant une MTEV non provoquée sont
candidats à un traitement anticoagulant prolongé
non limité et le seul paramètre susceptible de contre-
indiquer un traitement au-delà de 3 mois est le
risque hémorragique. Ainsi, le dosage des D-dimères
n’apporte pas d’information utile.
10. Chez les patients avec un 2ème épisode de MTEV
non provoqué (TVP proximale des MI ou EP) et qui ont
un risque hémorragique faible, nous recommandons
un traitement prolongé plutôt qu’un traitement de 3
mois (grade 1B) ; pour les patients qui ont un risque
hémorragique modéré, nous suggérons traitement
prolongé plutôt qu’un traitement de 3 mois (grade
2B); pour les patients qui ont un risque hémorragique
élevé, nous suggérons un traitement de 3 mois plutôt
qu’un traitement prolongé (grade 2B).