La Distribution de L`électricité et le Rôle D`état dans la Sou

MOST Policy Brief
La Distribution de L'électricité
et le Rôle D'état dans la Sou-
Region du Mashrek
Dr. Eric Verdeil
L’objectif principal du programme Gestion des Transformations Sociales (MOST) est de transférer les résultats
pertinents de recherche en sciences sociales et des données aux décideurs et autres intervenants. Le Programme
(MOST) se concentre sur la construction de liens efficaces entre la recherche, la politique et la pratique.
Les idées et les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement
celles de l’UNESCO. Les appellations employées et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la
part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs
autorités, ni quant à leurs frontières ou limites.
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La Distribution de L'électricité et le Rôle
D'état dans la Sou-Region du Mashrek
Dr. Eric Verdeil*
Le domaine de l’électricité est propice pour étudier
les mutations du rôle de l’Etat. Dans les pays
arabes, l’etat se dote d’un pouvoir quasi-monopoliste
dans ce secteur, en instaurant des institutions
responsables de la production et de la distribution
sur tout le territoire. Il s’agit de remplir les objectifs
de l’intégration territoriale et du développement
économique à travers l’industrie et les services.
Dans le contexte actuel de la demande d’énergie
accrue sous l’effet de la croissance démographique,
se produit une fragilité a cause de l’incapacité des
Etats de grandir l’extension du réseau. Toutefois, il
sera hasardeux d’attribuer les remises en cause du rôle de l’Etat uniquement aux réformes libérales
en cours. Car les effets de déstabilisation politique interne et externe, les dysfonctionnements
et les affirmations d’indépendance pèsent fortement sur la gulation du secteur électrique. En
conclusion, le retrait d’Etat n’est pas envisageable avec les systèmes d’interconnexions régionales
dans lesquels l’Etat demeure central dans l’achat et la distribution de courant sur le territoire.
Contexte et problématique
Les perspectives de croissance de la population et le développement économique constituent
pour les Etats un nouveau défi, alors même que ce secteur connaît de nombreuses difficultés,
confronté aux injonctions libérales et aux tensions internes.
La recherche souligne la nécessité de politiques et programmes qui garantissent une évolution
des modes de production. La génération à partir des hydrocarbures soit largement dominante
tandis que la part de l’hydroélectrique est faible en regard du potentiel de ce secteur à cause du
niveau insuffisant des investissements et de la maintenance. Le gaz est de notre temps de plus
en plus demandé.
Eric Verdeil est chercheur, chargé de recherche au CNRS UNR5600 Environnement, Ville, Sociétés, Universités de
Lyon II et Lyong III, St Etienne, ENS LSH Lyon, ENTPA, INSA de Lyon.
Eric Verdeil a présenté son papier de recherches, intitulé comme « La distribution de l’électricité et le rôle d’Etat dans
la sous-region du Mashrek » dans la réunion de recherches sur « Le Rôle d’Etat dans le développement social dans
les pays arabes » (Beyrouth, 1-2 Octobre, 2009), organisé conjointement par UNESCO Beyrouth, Association Arabe de
Sociologie et l’Institut international de Doha pour les études de famille et le développement auprès de la Fondation
de Qatar.
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Résultats de la recherche
Pour cette recherche, une série d’entretiens avec des acteurs locaux ingénieurs et cadres
de l’entreprise publique et avec des observateurs et consultants auprès des institutions
internationales a eu lieu au Liban. En Jordanie, des enquêtes ont été effectuées auprès des
représentants du ministère de l’Energie, des Affaires municipales et de représentants des
entreprises opérant dans le secteur électrique. Les informations sur Irak et Palestine sont
basées sur l’exploitation de sources secondaire.
Le cas jordanien : la nouvelle architecture du secteur électrique s’inscrit dans une plus grande
mutation de l’action de l’Etat grâce à la réalisation de reformes prônées par les bailleurs de
fonds internationaux. En espèce de quelques années, le secteur électrique a connu une mutation
radicale. Il a été réorganisé selon une logique de marché, nonobstant le fait que l’Etat conserve
un rôle important à travers l’opérateur publique qui achète l’énergie des producteurs privés
et est en charge de l’interconnexion régionale. En général, il semblerait que la privatisation
du secteur de l’électricité ait été entourée de précautions concernant les nationalités et les
intentions des investisseurs qui apparaissent très proche du régime; cette irruption des nouveaux
acteurs paraît donc contrôlée par des liens étroits qu’une partie d’entre eux maintient avec
l’Etat jordanien. Toutefois des conséquences négatives pourraient naitre pour ce qui concerne
la hausse des tarifs. Ce dernier pourrait affaiblir le pacte sociale entre le régime hachémite et
les populations bédouines, et par les situations budgétaires des municipalités qui, bien qu’elles
soient actionnaires des nouvelles sociétés, ont vu leurs dépenses énergétiques croient dans une
façon considérable.
Au Liban, la crise de l’électricité est largement un héritage de la guerre civile. La société
Electricité du Libano (EDL) se montre encore aujourd’hui peu efficiente soit pour l’alimentation
soit pour la lutte contre la fraude et la collecte des factures. Les pertes techniques se montent
à 15% et le vol à 17,6%. Ces différents éléments contribuent à un déficit chronique, qui atteint
en moyenne 1 milliard de dollars entre 2005 et 2007 compensés par des avances de la caisse
nationale ; la dette d’EDL est le principal facteur de l’aggravation de la situation financière du
Liban. Une première expérience a été tentée entre 2001 et 2005 mais n’a apporté de résultats
positifs, parce que parvenir à un meilleur encaissement et limiter la fraude suppose d’aller
contre des systèmes de redistribution à base clientéliste organisé au niveau local. Le secteur
d’énergie est largement étatisé mais la marge de manœuvre réformiste de l’Etat est très
fortement conditionnée par les intérêts et les stratégies des groupes politiques territorialisés.
Ici la question du rôle de l’Etat n’est pas liée à l’application de la réforme. Au contraire,
l’application de la réforme paraît suspendue en dépendant des rapports avec d’autres acteurs
territorialisés, acteurs clés de la négociation des politiques publiques.
Dans les territoires occupes de Palestine, la crise du secteur électrique reflète l’inachèvement
de la construction nationale et étatique palestinienne. En effet, les territoires palestiniens
disposent d’une seule unité prive de production la bande de Gaza et en Cisjordanie ou le réseau
est fragmenté. Une série des villages située sur la ligne de la démarcation est alimentés
directement par Israël. 65 villages restent sans connexion à l’électricité et la région de Jéricho
est alimentée par le réseau jordanien. A cet éclatement du système technique et de l’alimentation
s’ajoute d’une fragmentation en termes spatiaux et statutaires, les pertes et le vol sont
très fréquents. L’enjeu financier de l’électricité dévoile la tension dans le système politique
palestinien entre les municipalités et l’Autorité qui cherche a imposer sa souveraineté sur le
territoire et sur les acteurs et les collectivités locales. En conclusion, la difficulté à redresser le
secteur de l’électricité est étroitement liée à sa propre autonomie d’Israël.
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En Irak, la crise des infrastructures électriques fait figure de symbole de la faillite de
reconstruction de ce pays. En effet, l Irak dispose de pétrole et de gaz en quantité quasiment
illimitée et le problème tient donc pour une part à des choix techniques erronés. A cela s’ajoute
les effets de l’insécurité. Tandis que les reformes de management d’inspiration libérale tardent
à montrer leurs effets, les réticences face au nouveau cours politique dans un pays traversé par
des lignes de clivages confessionnels et ethniques se manifestent comme une crise à l’échelle
nationale. Les autorités américaines en Irak et le ministère de l’Electricité qui est l’opérateur
électrique en Irak ont défini un programme de reconstruction basé sur la construction de plus
de trente unités de génération à cycle combiné, utilisant du gaz. Toutefois, ce choix s’est heurte
à plusieurs problèmes parce que le réseau de distribution de gaz est encore trop peu développé
et la plupart de ces centrales n’y sont pas raccordées. Ces nouvelles centrales peuvent
utiliser comme combustible aussi le pétrole, mais étant donné qu’il représente la principale
source de recettes du gouvernement, le Ministère de l’Electricité privilégie son exportation et
doit se contenter d’acheter des produits pétroliers lourds. En général, les rapports de force
locaux expriment une nouvelle territorialisation de l’Irak selon des lignes de clivages ethnico-
confessionnelles : à l’échelle régionale, entre les zones kurde, chiite et sunnite et même à
Bagdad et à l’échelle locale, la territorialisation confessionnelle gagne aussi du terrain. Les
forces miliciennes sont en mesure de contrôler les nœuds de transmission du réseau qui
résulte cruciale pour assurer l’équilibre entre la production et la consommation, et tel équilibre
n’est pas assurée de manière automatique, bien que des projets en ce sens soient en cours de
conception et de mise en œuvre.
En realite, les projets de coopération transfrontalière et interétatique sont rarement uniquement
liés à l’électricité mais plutôt ils concernent d’autres ressources dont l’un des produits de
l’exploration est la production électrique, pas nécessairement à titre principal. Par exemple,
la question de l’eau est l’un des defis géopolitique de la sous region du Mashrek. Le projet
d’équipement du Wadi Araba s’inscrit comme une opération de relance de la paix entre la
Jordanie et Israël, avec une implication et des bénéfices attendues par l’Autorité Palestinienne.
L’alimentation électrique transfrontalière est mise sous tension sur la base d’impératifs
stratégiques ou de conflits interétatiques, comme témoigné des épreuves de force israéliennes
contre les centrales et les stations électriques libanaises pour forcer le gouvernement à faire
pression sur le Hezbollah ou des tensions entre Liban et la Syrie du point de vue de l’électricité.
Conclusions et recommandations
Pour ce qui concerne les implications politiques, on ne saurait conclure à la marginalisation
du rôle des Etats car ces derniers conservent dans le domaine électrique de nombreuses
prérogatives. Ainsi, à travers l’examen du système d’interconnexion qui entre en phase
operationnelle aujourd’hui lentement (en raison des limitations techniques), le rôle des Etats,
à travers leurs entités nationales uniques responsables de l’achat de courants et de leur
distribution sur le territoire national et entre pays voisins, demeure central. Le modèle mis en
place ne s’apparente aucunement à la réalisation d’un marché régional sur le modèle européen.
Du reste, les usages stratégiques de l’électricité dans les relations étrangères en apportent la
preuve manifeste.
En autre, l’Etat doit inciter a développement de nouvelles capacités productives dans le domaine
des énergies nouvelles. En effet, un tel développement serrait susceptible d’une part de
limiter la dépendance stratégique et financière des Etats vis-à-vis des autres Etats dans des
configurations de rapports de force potentiellement très contraignants. L’exemple jordanien est
ici intéressant pour la volonté de développer des énergies renouvelables, même si la littérature
scientifique montre aussi en ce domaine le role complémentaire et parfois pilote que peuvent
jouer les collectivités locales, en focalisant la question sur les modalités d’actions partenaires
entre différents niveaux de gouvernement.
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