Prenons le cas d'une compote dans laquelle 10% de
sucre ajouté serait remplacé par 10% de fruits en plus.
Du fructose -sucre simple- se substitue au saccharose,
autre sucre simple. Dans ce cas la teneur en sucres
simples et le nombre de calories restent identiques.
Dans un biscuit, un apport de farine peut reconstituer
le croustillant apporté par le sucre. Cette fois un glucide
complexe prendra la place d'un sucre simple pour une
quantité de glucides inchangée, et donc un apport
calorique identique. Un additif conservateur, et parfois
un correcteur d'acidité, devront y être incorporés.
Les exemples pourraient être multipliés sans que
l'intérêt de ces produits pour la santé du consommateur
puisse être démontré.
Le cas des allégés
Un produit allégé en sucre doit contenir au minimum
25% de sucres en moins que le produit standard. Mais
c'est souvent l'industriel qui construit lui-même sa réfé-
rence, faute de produit standard clairement identifié.
Dans ce cas, le sucre est soit enlevé, soit remplacé par
des matières grasses, et souvent par des additifs.
Certains de ces produits peuvent donc contenir autant,
voire plus de calories que le produit de référence. Ce
qu'ignorent de nombreux consommateurs puisque
60% d'entre eux pense qu'un allégement en sucre
implique un allégement en calories1.
Globalement, aucune étude scientifique ne permet de
prouver que les allégés font maigrir, ni qu'ils contri-
buent à contrôler son poids à long terme. Les données
sont rares et difficiles à interpréter.
De nombreux praticiens observent des surconsomma-
tions compensatoires de produits allégés qui favori-
sent des dérèglements du comportement alimentaire.
Après s'être privé de produits nourrissants et récon-
fortants, leurs patients, qui avaient ingérés de gros
volumes de produits désénergisés, finissent par "cra-
quer" et par enchaîner sur des aliments à forte densité
calorique qu'ils engloutissent sur le même mode.
Ainsi, non seulement les allégés apportent bien des
calories, mais ils sont soupçonnés de conduire à une
surconsommation nocive.
Le sucre remplacé par de nombreux
additifs complexes.
Réduction et allégement supposent donc, pour des rai-
sons gustatives et technologiques, le recours à des
additifs. Parmi les vingt-quatre recensées, cinq caté-
gories d'additifs sont particulièrement concernées
1 Enquête TNS Sofres (échantillon de i 000 personnes
âgées de 15 ans et plus représentatif de la population
française). Avril 2006.
lorsqu'il s'agit de remplacer le sucre : les édulcorants,
les agents de charges, les épaississants, les gélifiants
et les conservateurs.
Ces produits, qu'ils soient d'origine naturelle ou de
synthèse obéissent au principe de la liste positive
selon lequel tout ce qui n'est pas autorisé est interdît.
Ils sont soumis à des tests toxicologiques qui garan-
tissent l'absence de risques pour la santé humaine. Un
certain nombre d'entre eux sont soumis à une DJA
(Dose journalière admissible) qui spécifie la quantité
d'additif qui peut être ingéré quotidiennement sans
risque. Même après autorisation, l'emploi des additifs
fait l'objet d'une attention suivie, puisque les direc-
tives européennes concernant les additifs et les édul-
corants ont été revues plusieurs fois, et le seront à
nouveau dans l'avenir, pour tenir compte des évolu-
tions scientifiques et techniques.
En revanche, ce qui est fort peu étudié, ce sont les
conséquences de l'interaction de ces produits entre
eux au regard de la santé humaine. Une question d'au-
tant plus importante que la puissante incitation des
promoteurs du Programme national nutrition santé sur
les industriels, les artisans et les distributeurs pour
réduire la teneur en sucre des aliments aura pour
conséquence mécanique une augmentation brutale de
la consommation d'additifs.
Le Cédus a maintes fois attiré l'attention du
Programme National Nutrition Santé sur ce sujet,
mais aucune étude d'impact n'a été mise en œuvre, ce
qui est pour le moins étonnant au regard du principe
de précaution qui figure désormais dans le préambule
de la Constitution.
Le consommateur est-il informé ?
Le consommateur n'a guère conscience des modifica-
tions profondes apportées aux aliments qu'il ingère
quotidiennement. A l'heure où les associations de
consommateurs réclament, à juste titre, un étiquetage
des produits alimentaires plus informatif, la réduction
en sucre conduit à substituer un produit parfaitement
connu, le sucre, par d'autre parfaitement inconnus.
Certes, cela ne signifie pas que ces additifs aux noms
étranges soient nocifs, mais que le consommateur n'a
aucune capacité à se représenter comment est élaboré
le produit qu'il a en main ou dans son assiette.
Une enquête TNS Sofres de 2006 est à cet égard éclai-
rante. 86,2% des consommateurs, confrontés à une
liste d'ingrédients couramment utilisés pour remplacer
le sucre, déclarent ne pas connaître ces produits.
Le bon sens commande pourtant de penser que l'on se
nourrit mieux si l'on connaît ce que l'on mange.
SUCRERIE FRANÇAISE
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JUILLET
2006 - 147e
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