’ÉD CAT OL U I NMAISON DE
Assistance
à la mise en scène
Dyssia Loubatière
Dossier
pédagogique
Scénographie
Jean Haas
Mise en scène
Didier Bezace
Lumres
Dominique Fortin
Costumes
Cidalia Da Costa
LES FAUSSES CONFIDENCES
Marivaux
© Marc Daniau
’ÉD CAT OL U I NMAISON DE
LES FAUSSES CONFIDENCES
Marivaux
Ce dossier pédagogique
destiné aux professeurs a été réalisé par
Caroline Jouffre,
professeur de lettres
relais de l’Inspection académique des Yvelines
auprès de la Scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines
Mars 2010 2
Biographie
Le texte
Les sources
L’influence des Italiens
L’argument
La construction de l’œuvre
L’analyse des personnages
L’analyse des thèmes
La dramaturgie
Les intentions du metteur en scène
La mise en scène
Quelques textes critiques
La réception du temps de Marivaux
Quelques critiques du XXe
La réception du spectacle monté par Didier Bezace
Ressources
Mise en scène
Didier Bezace
Assistance à la mise en scène
Dyssia Loubatière
Scénographie
Jean Haas
Lumières
Dominique Fortin
Costumes
Cidalia Da Costa
Remerciements au théâtre de la Com-
mune pour les prêts de documents
écrits et iconographiques.
Notes : toutes les références au texte
de Marivaux s’appuient sur le texte
paru chez Pocket Classique, n° 6162
qui présente l’édition de 1738.
© Marc Daniau
’ÉD CAT OL U I NMAISON DE
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Biographie
On proposera l’article de Catherine Bonfils
dans Le Nouveau Dictionnaire des Auteurs,
Tome II, Laffont-Bompiani, 1994 :
« Auteur dramatique et romancier fran-
çais. et mort à Paris : 1688 1763. En
1698, son père obtient une charge à la
Monnaie de Riom ; sa mort en 1719 met fin
à une laborieuse et honnête carrière ad-
ministrative. Marivaux a probablement été
inscrit au collège des oratoriens de Riom,
il aura reçu une sérieuse éducation clas-
sique. Envisageant de prendre la succession
de son père, ou convaincu qu’une vocation
littéraire ne s’épanouit que dans la capita-
le, il s’inscrit plusieurs fois à la faculté de
droit de Paris, à partir de 1710, et obtient
même sa licence en 1721. Neveu et cousin,
par sa mère, des grands architectes Pierre
et Jean-Baptiste Bullet de Chamblain, il
fréquente sans doute davantage les milieux
artistiques et littéraires que la faculté.
En 1717, Marivaux épouse Colombe Bol-
logne ; elle lui apporte une modeste for-
tune bientôt dissipée par la crise de Law.
Veuf en 1723, il lui reste une fille, Colom-
be-Prospère, qui entrera en religion en
1745. Élu à l’Académie Française en 1742,
Marivaux achève auprès de Mademoisel-
le de Saint-Jean, qu’il n’épousera pas, une
existence dont on ne connaît presque rien.
Seule l’œuvre témoigne d’une personnalité
littéraire qui compte parmi les plus remar-
quables de son siècle.
Son premier ouvrage publié est une co-
médie en vers, Le Père prudent et équitable
(1712), dont on ne sait si elle fut jamais
représentée. En 1713, de deux romans, Les
Effets surprenants de la sympathie et Phar-
samon ou les Nouvelles Folies romanesques,
seul paraît le premier. Ces romans « de jeu-
nesse » sont restés inconnus des historiens
de la littérature, et à plus forte raison du
public, jusqu’au jour Frédéric Deloffre
les a réédités (1972). Assurément, ils n’ont
pas reçu l’attention qu’ils méritaient au
moment de leur publication. Aujourd’hui,
le lecteur est frappé par la modernité et
l’acuité de la réflexion critique sur l’art du
romancier qu’ils proposent, et y reconnaît
la source et la première manifestation du
génie créateur de Marivaux. […] L’écriture
à la première personne, mémoires, lettres,
relations, entretiens, se développe [alors]
de manière remarquable.[…] D’une part, il
est intéressé par les structures anciennes,
le foisonnement, la fantaisie, les surprises
de l’univers romanesque baroque ; d’autre
part, il les reprend pour les soumettre à
l’épreuve de la parodie. […] En 1720, Mari-
vaux se tourne vers le théâtre : signe d’am-
bition, il se présente en même temps sur
les deux scènes officielles. Au Théâtre-Ita-
lien, il propose une comédie en trois actes,
LAmour et la Vérité, qui tombe immédiate-
ment et dont le texte est perdu. Au Théâ-
tre-Français où, comme tout débutant, il
attend la consécration du genre tragique,
il donne, en décembre 1720, un Annibal en
cinq actes et en alexandrins. La pièce n’a
que trois représentations. Dans le même
temps aux Italiens, une seconde comédie,
Arlequin, poli par l’amour, connaît un vif
succès ; Marivaux a la sagesse de reconnaî-
tre sa voie. Après Annibal, il donne à la Co-
médie-Française neuf comédies, dont deux
succès seulement, La Seconde Surprise de
l’amour (1727) et Le Legs (1736). […] Il
trouve des interprètes qui lui conviennent
parfaitement dans la troupe de Luigi Ric-
coboni. [Pour les Italiens], Marivaux com-
pose ses plus grands succès : La Surprise
de l’amour (1722), La Double Inconstance
(1723), Le Jeu de l’amour et du hasard
(1730), Les Fausses Confidences (1737),
L’Épreuve (1740).
[Après 1720, la production littéraire de
Marivaux consiste essentiellement en piè-
ces de théâtre, accessoirement en journaux,
dont l’écrivain est le rédacteur unique, en-
fin, à partir de 1727, en romans, auxquels
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Marivaux s’intéresse jusqu’en 1740.]
Dans les trois domaines littéraires abor-
dés par Marivaux, théâtre, roman et jour-
naux, la peinture des mouvements du cœur
et l’expression du Moi, la recherche de la
vérité de l’être sous tous ses masques, la
variété et le naturel des tons, le renouvel-
lement des techniques propres à chaque
genre et leur langage, ont été son souci
essentiel. À la fin de sa carrière, Marivaux
constate que « le fond de l’esprit humain
va toujours croissant parmi les hommes ».
On rajoutera, en s’appuyant sur la bio-
graphie proposée par les ressources docu-
mentaires du théâtre de l’Odéon, que Ma-
rivaux a été considéré comme un auteur
mineur par la génération des Encyclopé-
distes même s’il a été un des auteurs
les plus joués du XVIIIe avec Voltaire – et
ce jusqu’au milieu du XXe, que son théâtre
emprunte certains traits à la Commedia
dell’Arte (typologie de personnages autour
desquels il brode des situations, use du
travestissement et privilégie l’amour) et
qu’enfin on peut voir en lui un utopiste.
En effet, son théâtre devient un lieu
d’expérimentation sociale sur la parité
comme dans La Colonie (1729, perdue puis
réécrite en 1750) les femmes veulent
établir une république ; sur l’égalité com-
me dans l’Île des Esclaves, 1725, maî-
tres et serviteurs échangent leurs rôles.
Pourtant, la fin de ces pièces marque la fin
des expérimentations et la fin des utopies.
On retourne à la normale.
Marivaux est surtout connu pour ses piè-
ces qui traitent de « la métaphysique du
cœur », ce qu’on a appelé le marivaudage :
La Surprise de l’amour (1722), La Double
Inconstance (1723), Le Jeu de l’amour et
du hasard (1730), Les Fausses Confidences
(1737).
Marivaux dit avoir « guetté dans le
cœur humain toutes les niches différentes
peut se cacher l’amour lorsqu’il craint
de se montrer », et chacune de ses comé-
dies a pour objet de le faire sortir d’une de
ses niches.
Pistes de travail
Réaliser une courte biographie. À partir
des éléments ci-dessus, les élèves réalise-
ront une fiche biographique qui présentera
les dates de vie et de mort de l’auteur ;
les deux genres dans lequel il s’est il-
lustré ; son genre de prédilection ;
cinq titres particulièrement célèbres.
Le texte
Les sources
Les Fausses Confidences a été créée pour
la première fois le 16 mars 1737 par les
Comédiens italiens à l’Hôtel de Bourgogne,
puis reprise au Théâtre-Français en 1793.
Les Fausses Confidences est la dernière
grande pièce de Marivaux. Reçu à l’Acadé-
mie Française en 1743, il n’écrira plus que
des pièces en un acte.
Il a alors quarante-neuf ans et il est de-
venu un auteur célèbre depuis le succès de
ses comédies dans les années vingt.
On ne sait rien de la manière dont Marivaux
travaillait. Par contre, on peut citer certai-
nes œuvres qui peuvent être des sources
d’inspiration pour le dramaturge.
En premier lieu, on évoquera la fausse
confidence employée par Moron dans La
Princesse d’Élide de Molière (1664) pour
inviter le prince Euryale et la princesse
à dompter leur fierté et à s’avouer leur
amour.
En second lieu, La Fontaine en 1668 pro-
pose un portrait de la veuve qui s’ouvre à
l’amour d’un jeune homme « beau, bien
fait, jeune » dans la Jeune veuve (VI, 21).
En troisième lieu, on pensera au Chien
du jardinier (1618) du dramaturge espa-
gnol Lope de Vega dont les Comédiens
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Italiens dirigés par Luigi Riccoboni ont
tiré l’intrigue de La Dame amoureuse par
envie (1717). Xavier de Courville dans sa
biographie du maître des Italiens résume
ainsi la trame de la pièce : « la comtesse
(…) est éprise de son secrétaire (…) alors
que celui-ci avait déjà porté ses yeux sur
la soubrette. Elle écarte de lui sa rivale,
sans vouloir s’en avouer les raisons. Elle
cherche à lui laisser entendre une flamme
qu’elle n’ose lui déclarer, ne lui avoue ses
tourments qu’en les lui présentant comme
les tourments d’une amie, et se laisse choir
pour être relevée par sa main. Elle espè-
re éveiller sa jalousie en lui demandant
conseil sur le prétendant qu’elle doit épou-
ser. Quand il s’est laissé prendre au jeu et
correspond à cet amour, offensée dans son
amour-propre, elle le repousse et décide de
le chasser. Mais quand la pauvre soubrette
demande à le suivre, elle refuse de la lais-
ser partir avec lui. La scène qui devrait être
d’adieux, pousse à l’extrême le conflit de
ses sentiments contradictoires ».
En dernier lieu, Marivaux s’inspire sur-
tout de lui-même : de ses pièces précé-
dentes et de la fin de la première partie
de son roman Le paysan parvenu (1734).
L’auteur y campe un jeune homme, Jacob,
ruiné après la disparition de son maître.
Ce dernier secourt une femme d’âge mûr,
Mademoiselle Habert, victime d’un ma-
laise sur le Pont-Neuf. Jacob la reconduit
chez elle. Par reconnaissance, elle l’engage
comme valet malgré les réticences de l’ab-
Doucin, son confesseur, qui craint les
commérages. La suite du roman est très
semblable à la pièce puisque Mademoiselle
Habert prendra Jacob chez elle, à son ser-
vice. Il finira par l’épouser.
Pistes de travail
Comprendre ce qu’est une source. On peut
donner à lire la fable de La Fontaine et de-
mander aux élèves d’établir les points com-
muns entre le texte du fabuliste et celui de
Marivaux. On leur fera prendre conscience
qu’une source peut n’être qu’à l’origine d’un
seul élément de la création et qu’une œu-
vre est une création nouvelle à partir d’un
savant assemblage de lectures disparates...
L’influence des Italiens
Après la mort de Molière, en 1673, toutes
les troupes parisiennes se regroupent en
une seule : la Comédie-Française. Parallè-
lement, il existe une autre troupe, celle
des comédiens italiens. Leur jeu repose
sur l’improvisation : seul un canevas de
l’intrigue est connu des comédiens qui
improvisent ensuite sur scène, multipliant
les lazzi (gags ils font valoir autant
leurs qualités d’acrobates que leur talent
verbal). Les comédiens jouent toujours
masqués et il s’agit moins de personnages
que de types reconnus tout de suite du
public grâce aux masques et aux costumes
(exemple : personnage du zanni : un valet
un peu balourd et grossier, parfois agres-
sif ; Arlequin incarne ce personnage et on
le reconnaissait très vite à son costume
bariolé). Très aimés du public populaire,
ils reçoivent pourtant en 1697 l’ordre de
quitter Paris. À leur départ se multiplient
les théâtres de foire, pour compenser le
vide créé par leur absence. Les Comédiens
italiens seront rappelés par le Régent en
1716. Dès lors ils se franciseront de plus
en plus, ne serait-ce qu’en choisissant
la langue française pour s’exprimer. En
1769, les Comédiens italiens fusionnent
ave l’Opéra comique, puis ils disparaissent
définitivement en 1779, chassés une der-
nière fois.
Outre la source citée dans la partie
précédente et qui renvoie aux Italiens,
le personnage d’Arlequin est directement
emprunté au répertoire. Il est un person-
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