DISSERTATION
PLAN DETAILLE
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I AU THEÂTRE, TOUT SEMBLE REPOSER SUR LES MOTS.
1. Le personnage théâtral : un être de parole.
Le « caractère » d'un personnage tel que Madame Argante se laisse appréhender à l'aune des
traits dominants de sa parole : une parole faite d'affirmations, d'ordres, de répliques
cinglantes Adieu, Monsieur l'homme d'affaires, qui n'avez fait celles de personne », Acte
I, scène 10).
Arlequin : un personnage naïf ou particulièrement fin ? Difficile de le dire, car le personnage
ne peut s'appréhender que par ses mots, qui sont souvent équivoques, dénotant à la fois la
naïveté et la finesse (« Est-ce que je ne serai plus à moi ? Ma personne ne m'appartiendra
donc plus ? », Acte I, scène 8).
2. Le rôle déterminant de la parole dans la progression de l'intrigue des Fausses Confidences.
Les paroles de Dubois (notamment les « fausses confidences » qu'il fait à Araminte) comme celles de
Dorante (qui accepte tout au long de la pièce de tenir devant Araminte le langage de la soumission
tendre) expliquent pour une grande part la naissance du sentiment amoureux dans le cœur de la jeune
veuve.
Ce sont les paroles de mise en garde contre Dorante que l'entourage d'Araminte lui tient qui portent
la jeune veuve à déployer un stratagème visant à garder dans sa maison son nouvel intendant.
3. Le théâtre marivaudien est métalinguistique et métathéâtral : il nous parle de la parole et du
théâtre... ce qui confère à la parole un rôle particulièrement important dans les Fausses
Confidences.
Le titre de la pièce, métalinguistique, nous laisse entendre dès le seuil du texte que le sujet principal
de la pièce est peut-être la parole.
Le dénouement de la pièce est riche d'enseignement quant à l'intérêt de la parole théâtrale: son
pouvoir d'illusion, son artifice peuvent servir des sentiments sincères.
II MAIS CETTE PAROLE VERBALE EST INCARNEE ET DESTINEE A REMPLIR UNE SCENE ;
AUSSI, LA PAROLE THEÂTRALE N'EST PAS UNIQUEMENT VERBALE.
1. Des personnages incarnés, qui parlent à l'aide de leur corps.
Les personnages marivaudiens sont loin d'être désincarnés ; du reste, si l'on en croit les
propos de Dubois, c'est la vue d'Araminte qui a fait naître en Dorante la passion amoureuse.
Acte II, scène 5 : Dorante se « jette [aux] genoux [d'Araminte] » pour exprimer les
sentiments qu'il nourrit à son égard.
Le personnage de Dubois est associé à des gestes, à des expressions du visage
particulièrement « parlants », riches de significations : il affiche à plusieurs reprises « un air
de mystère », il sait feindre la surprise quand il le faut, etc.
2. Des décors et des objets qui accompagnent, prolongent les mots, et parfois même se substituent
à eux.
Les objets dont Dubois tire parti pour mener à bien son projet (un portrait, une lettre)
nourrissent les dialogues et participent largement à la progression de l'action.
La parole théâtrale se réfère constamment à l'espace scénique qui lui permet d'exister; c'est
ce dont témoigne les premières paroles de la pièce (prononcées par Arlequin): « Ayez la
bonté, Monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle ».
III LA PAROLE THEÂTRALE : UN LANGAGE PHYSIQUE ET CONCRET DESTINE AUX SENS
AUTANT QU'A L'ESPRIT
1. Enoncer un texte consiste en un acte physique le verbe est indissociable du langage
paraverbal.
La façon dont Valère Novarina, dans sa Lettre aux acteurs, parle du travail de l'acteur, peut
bien sûr concerner celui des acteurs chargés de dire le texte de Marivaux: parole, gestuelle,
mimiques ne cessent de s'interpénétrer.
La parole théâtrale est émaillée de « gestes vocaux » qui donnent aux mots écrits par le
dramaturge un relief sonore: on entend Marton rire, Arlequin pleurer et sangloter, etc.
Ton et rythme varient à l'infini et font vivre les mots du dramaturge (on trouve dans la pièce
des didascalies telles que « d'un ton doux » ou encore « d'un air vif »).
2. La forme même des répliques des personnages est au service de leur contenu ; comment
dissocier, alors, forme et fond ?
Dans la scène 12 de l'Acte III, l'amour D'Araminte et de Dorante s'exprime enfin de
façon réciproque, Marivaux utilise la stichomythie: cet échange de répliques brèves, entre
les nouveaux amants, ne mime-t-il pas les battements de deux coeurs désormais à l'unisson?
Dans cette même scène, l'aveu d'Araminte est contenu dans une réplique brève, qui paraît
proférée avec une grande spontanéité: un véritable « cri » émanant du cœur.
3. Les didascalies constituent une parole au statut hybride, qui rend particulièrement ténue la
frontière entre le verbe et le non verbal.
Parole à la fois informative (pour le lecteur) et performative (pour l'acteur), et qui disparaît, pour le
spectateur, au profit de sa traduction scénique, la didascalie est une parole propre au genre théâtral
dont le statut est particulièrement complexe: parole verbale, certes, au sein du texte de la pièce...
mais vouée à s'émanciper de cette nature verbale!
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