IGAS, RAPPORT N°2014-066R 5
A l’inverse, l’avis du NICE détermine le panier de soins pris en charge par le National
Health Service (NHS). La décision est fonction d'un seuil monétaire rapportant l’efficacité
thérapeutique additionnelle du produit au supplément de coût induit. Il a été établi en 2004, par
consensus d'experts, sous la forme d'un intervalle de 20 000 à 30 000 £ par QALY. Cet intervalle
de décision ne s'applique cependant pas à certains types de traitements, pour lesquels d'autres
considérations ont conduit à abaisser l'exigence d'efficience, comme par exemple les traitements en
fin de vie, les anticancéreux ou les médicaments orphelins.
Les liens entre recherche et évaluation médico-économique sont encore ténus en France
alors qu’ils sont centraux en Angleterre.
Depuis 2000, la direction générale de l’offre de soins (DGOS) a lancé un programme de
soutien aux technologies innovantes et coûteuses (PSTIC), transformé en 2013 en programme de
recherche médico-économique (PRME). Mais le nombre de projets financés est faible : seuls 7
programmes ont été sélectionnés en 2013. Ils représentent un total de près de 13 M€. De même, le
bilan des programmes de recherche sur la performance du système de soins (PREPS) visant à
financer des projets de recherche relatifs à l’organisation de l’offre de soins, est modeste : 20
projets ont été financés depuis 2007, pour un montant total de 4,3 M€.
En Angleterre, le lien entre les missions du NICE et le milieu académique repose en grande
part sur une institution partenaire et complémentaire, l'Institut national de la recherche en santé
(National Institute of Health Research - NIHR). Ce dernier joue un rôle capital à la fois dans la
structuration de l'offre académique, que dans l'intermédiation des commandes du NICE auprès des
centres de recherche et dans l'orientation de l'effort de recherche vers des sujets touchant
concrètement aux pratiques professionnelles et aux résultats de santé. Il centre en effet les travaux
de recherche sur les zones où l’allocation des ressources du NHS est jugée peu efficiente. Cela
reviendrait, en France, à envisager qu’une partie des financements de recherche soient alloués en
lien avec les constats des rapports charges et produits de l’union nationale des caisses d’assurance
maladie (UNCAM).
Le NIHR a ainsi contribué de manière essentielle à l'expansion de la capacité de recherche en
économie de la santé en Angleterre, capacité sur laquelle est assise la mission d'évaluation des
technologies de santé du NICE. Aujourd'hui la majorité du financement de la recherche en santé et
en économie de la santé passe par cette institution.
2. L’EVALUATION MEDICO-ECONOMIQUE FAIT L’OBJET DE CRITIQUES
PARFOIS FONDEES, SOUVENT CONTESTABLES
L’évaluation médico-économique est souvent jugée compliquée et longue à réaliser. Parfois
elle est considérée comme inutile ou impossible. Confondue avec un rationnement des soins, elle
peut être estimée par certains comme néfaste pour la santé des personnes.
La qualité des évaluations est parfois décevante
Les défauts de qualité des évaluations s’expliquent en grande partie parce que les moyens
consacrés en France par les administrations et établissements publics à l’évaluation médico-
économique sont modestes. Les agences régionales de santé (ARS) par exemple ne disposent pas
des professionnels ayant des compétences suffisantes pour leur permettre de préparer de façon
satisfaisante le cahier des charges de telles études confiées à des opérateurs externes et de suivre
leur bonne mise en œuvre.
Par ailleurs, le vivier des économistes de la santé compétents dans cette matière n’est pas
abondant. Les évaluations médico-économiques ne sont pas un domaine d’investissement
intéressant pour les économistes français : la participation à de tels travaux n’est pas valorisée par
le milieu universitaire car ils ne sont pas considérés comme de la recherche.