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PHARMACEUTIQUES - OCTOBRE 2008
Le Medical Education a long-
temps été cantonné à des actions
tournées vers la cible médicale :
formation médicale continue,
colloques, symposiums. Aujourd’hui,
l’éducation thérapeutique se déploie
naturellement vers de multiples cibles
et le patient pourrait trouver enfin sa
place au cœur de ces actions. Le sujet
est tout particulièrement d’actualité
depuis la présentation par Roselyne
Bachelot du rapport Education thé-
rapeutique en 24 recommandations,
le 3 septembre dernier 1 : les patients
souffrant de maladies chroniques de-
vraient officiellement bénéficier d’un
accès privilégié à l’éducation thérapeu-
tique. Pour les professionnels
qui maîtrisent le sujet,
plus qu’un phénomè-
ne de mode, l’édu-
cation thérapeu-
tique du patient
est un cheval de
bataille depuis
de nombreuses
années. C’est le
cas de Catherine
Tourette Turgis,
chercheur en scien-
ces sociales, maître de
conférences en sciences
de l’éducation, reconnue com-
me l’une des pionnières en la matière.
C’est en collaborant avec différents
services hospitaliers qu’elle a conçu le
modèle d’accompagnement et d’édu-
cation thérapeutique MOTHIV. Ce
modèle brise certains préjugés sur
l’articulation entre l’observance théra-
peutique et l’éducation thérapeutique
du patient, prouvant qu’une approche
centrée sur la personne et le dévelop-
pement d’une relation de soin empa-
thique doivent remplacer le contrôle,
la surveillance, l’injonction de res-
pecter une prescription. On parle ici
d’une relation qui soigne, sans pré-
tendre guérir ; on considère tous les
facteurs psychosociaux déterminants
dans le maintien de la santé du pa-
tient. Le modèle, développé à l’origine
dans le cadre de la prise en charge de
l’infection à VIH, est implanté dans
différents services hospitaliers.
Nouveau visage du MedEd
Aujourd’hui soutenue par plusieurs
entreprises du médicament, Catherine
Tourette Turgis ouvre un master na-
tional en Education thérapeutique à
l’Université de Rouen. A partir du 20
octobre 2008, à raison de cinq jours
par mois pendant neuf mois, des pro-
fessionnels de santé – cadres de santé,
médecins, infirmières des consulta-
tions d’observance, pharmaciens tous
engagés dans des services de mala-
dies chroniques et venant de toute la
France… –vont apprendre l’éducation
thérapeutique en vue d’améliorer la
qualité de la prise en charge de leurs
patients. Abbott Virology, l’un des lea-
ders sur le marché du VIH, soutient ce
master depuis ses balbutiements. Mi-
chael Bensoussan, directeur marketing
d’Abbott Virology, explique sa démar-
che : « On sait qu’une prise en charge
de l’infection VIH ne supporte pas les
défauts d’observance, même mineurs.
Le modèle MOTHIV répond précisé-
ment aux enjeux d’une telle prise en
charge, en tenant compte de multiples
facteurs. » Ici, la formation des pro-
fessionnels à l’éducation thérapeuti-
que est distinguée d’une opération de
marketing : « Lorsqu’ Abbott soutient
des actions de formation à l’éducation
thérapeutique du patient, le laboratoi-
re n’intervient pas sur le contenu des
messages, précise Michael Bensous-
san. Ce type d’action, tourné vers les
équipes soignantes, se distingue très
nettement de nos campagnes marke-
ting produits, à destination des pres-
cripteurs. » Voici sans doute le nou-
veau visage du MedEd, directement
centré sur les équipes soignantes et le
patient, mais toujours « hors marque ».
Rappelons que l’agence de MedEd Re-
Imagine Health Agency a enquêté au
printemps dernier sur les pratiques des
entreprises du médicament en matière
de MedEd et a rapporque seuls 47
% des industriels interrogés avaient
mené un programme d’éducation thé-
rapeutique au cours des deux derniè-
res années, 43 % un partenariat avec
une association de patients, 25 % une
stratégie internet grand public 2.
Les actions fleurissent
Les entreprises du médicament ont
donc encore du chemin à faire pour
étendre leurs actions MedEd vers
toutes les cibles en attente. C’est
qu’entrent en scène les agences conseil
Medical Education
Place au patient
Longtemps orienté vers les seuls prescripteurs, le Medical Education
(MedEd) se tourne aujourd’hui vers le patient. Certaines agences conseil
ont saisi l’enjeu de l’éducation thérapeutique du patient bien avant
qu’elle ne devienne à la mode.
Industrie Communication/Formation
CATHERINE
TOURETTE
TURGIS,
CHERCHEUR
EN SCIENCES
SOCIALES,
EST L’UNE DES
PIONN!ÈRES
DE LA MEDICAL
EDUCATION.
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OCTOBRE 2008 - PHARMACEUTIQUES
spécialistes du MedEd. Pour Michael
Bensoussan, « l’agence MedEd est pour
donner une cohérence à l’ensemble des
actions menées en complément des opéra-
tions produit : programmes menés avec les
associations de patients, création de boards
d’experts, etc. ». Denis Granger, directeur de
l’agence conseil Axense, propose aux labora-
toires cette réflexion sur leurs actions MedEd
selon une approche très corporate : « Nous
conseillons aux laboratoires de s’appuyer sur
les qualités de la marque ou du produit pour
communiquer sur leurs actions MedEd. En
s’adressant directement aux patients et à
leurs représentants, en collaboration avec les
professionnels de santé, la marque
gagne une belle crédibilité »,
explique Denis Granger.
Performante sur les nou-
veaux médias, l’agence
Axense a notamment
créé le site Internet
grand public Aloïs.
fr site d’information
sur la maladie d’Alzhei-
mer avec Pfizer et Eisai.
Philippe Girault, président
de Re-Imagine Health Agency,
s’associe étroitement avec l’experte
de l’éducation thérapeutique Catherine
Tourette Turgis, lorsqu’il met en place des
actions MedEd tournées vers les patients.
Lagence a conçu par exemple une brochure
d’information à destination de patients at-
teints de la maladie de Fabry maladie gé-
nétique rare. Sa rédaction s’est appuyée sur
les principes clés de la méthode MOTHIV.
Rien n’est laissé au hasard et il n’y a pas de
place pour les lieux communs dans ce type
de document desti au patient ; table
ronde de patients, validation par un comité
scientifique, font partie des étapes de la fa-
brication d’un tel outil. Autre style d’action,
autres compétences : l’agence de relations
publiques Capital Image mène entre autres
des opérations hors marque grand public
sur des pathologies chroniques (maladie de
Parkinson). Au total, de nombreuses actions
de MedEd patients fleurissent ; elles se -
ploient le plus souvent via les médecins, les
équipes soignantes ou les médias. Quelques
agences proposent aussi des actions d’édu-
cation thérapeutique du patient via le phar-
macien, nouvelle cible prometteuse compte
tenu du rôle grandissant de cet acteur de
santé au sein de la chaîne de soins et de sa
proximité du patient… n
Emilie Soulez Barselo
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Les entreprises
du médicament
ont encore
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