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Introduction
A l’instar de tous les pays du monde, le Burkina Faso a connu entre la fin de l’année 2007 et
le milieu de 2008, une crise sans précédent des denrées alimentaires et des produits énergétiques.
Cette crise est liée d’une part, à une offre nationale insuffisante et d’autre part à la hausse des prix
des produits alimentaires et énergétiques sur le marché international. La hausse vertigineuse des
prix des denrées de base a entraîné des remous sociaux notamment dans les grandes villes du
pays.
Face à cette crise qui a pris une allure humanitaire et sociale, le Gouvernement du Burkina
Faso a pris des mesures et engagé des actions en vue de réaliser la sécurité alimentaire. Au plan
stratégique, le gouvernement a élaboré un « Plan d’urgence pour la réalisation de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle » centré sur la relance de la production agricole et sur la mise en
œuvre de programmes spécifiques de nutrition à l’endroit de groupes ciblés1. En ce qui concerne
les mesures de ce plan destinées à accroitre de la production agricole, figure notamment, (i) la
subvention des fertilisants chimiques et des semences améliorées, (ii) le renforcement de
l’irrigation, (iii) l’appui à la mécanisation et ; (iv) le renforcement de l’appui conseil et du suivi-
évaluation. Que ce soit la subvention des intrants, l’appui conseil, la promotion de la
mécanisation et de l’irrigation, la modalité de mise en œuvre de la mesure peut affecter la
dynamique de la pauvreté et des inégalités dans des sens différents. Plus la mesure profite aux
agriculteurs riches, plus elle creuse les inégalités et peut approfondir la pauvreté. Si au contraire,
elle profite davantage aux agriculteurs pauvres qu’aux riches, les inégalités et la pauvreté ont des
chances de reculer.
Ces mesures, compte tenu de leur caractère urgent, n’ont pas été précédées d’une analyse de
l’impact ex-ante sur la production de ces céréales, le revenu des ménages et notamment la
croissance économique. Ainsi, cette étude dont le but est de mieux orienter les mesures de soutien
de la production céréalière se fixe pour objectif de cerner l’impact des subventions de fertilisants
chimiques sur la production des céréales. Il s’agit plus précisément de mesurer l’impact des
subventions de fertilisants chimiques de maïs et de riz en examinant leur effet sur la production de
maïs, de riz et de coton, sur le PIB, ainsi que leurs effets redistributifs.
Le travail est organisé en trois sections. La première section donne un aperçu général du
secteur agricole au Burkina Faso. La deuxième section porte sur les aspects méthodologiques,
ainsi que les estimations économétriques des comportements des unités agricoles. La dernière
section analyse les résultats des simulations et formule les recommandations de politiques.
I. Vue d’ensemble du secteur agricole au Burkina Faso
Le secteur agricole burkinabè constitue un pend important de l’économie nationale. Il se
compose d’unités de production très diversifiées qui pratiquent plusieurs cultures. Cette section
vise d’abord à cerner le poids de ce secteur dans l’économie nationale en termes de création de
richesse, d’exportation et d’interactions avec les autres secteurs économiques. Ensuite, la section
présente la stratification des unités agricoles et analyse les principales caractéristiques des
groupes obtenus.
1 Les groupes cibles sont les enfants, les scolaires, les femmes en sainte, les personnes vulnérables.