Burkina Faso
PROGRAMMEDESNATIONSUNIESPOURLEDEVELOPPEMENT
Analysedel’impactdessubventionsde
fertilisantschimiquesdecéréalesau
BurkinaFaso:MEGCmicrosimulé
Numéro:01/2010
IsiyakaSABO
EconomistePrincipalPNUD
AlainSIRI
EconomisteNationalPNUD
AdamaZERBO
Enseignant/Chercheur‐UniversitéOuagadougou
Série:DocumentdeTravail
Analyse de l’impact des subventions de fertilisants chimiques de céréales
au Burkina Faso : MEGC micro-simulé
Résumé :
Les subventions de fertilisants chimiques sur la culture de maïs et de riz ont un impact positif sur la production
de ces deux céréales et sur la production de coton, ainsi que sur les revenus des agriculteurs vivriers et des
cotonculteurs. Mais, elles induisent un manque à gagner sur les revenus des ménages non agricoles. Les effets positifs
des subventions sont relativement plus importants chez les petits producteurs. Ainsi, outre l’amélioration de la sécurité
alimentaire, la mesure de subvention de fertilisants chimiques est pro-pauvre. Au plan macroéconomique, l’impact des
subventions sur la croissance économique peut être négatif, mais demeure faible. Par conséquent, cet effet négatif sur
la croissance ne saurait être un facteur déterminant pour renoncer à la mesure de subvention. Cependant, des taux de
subvention très élevés dégradent le déficit public et le solde extérieur. Ce qui nécessite de concilier l’efficacité de la
subvention et la préservation d’un cadre macroéconomique sain. Pour ce faire, la mesure de subvention pourrait être
combinée avec un système de crédits de fertilisants chimiques aux agriculteurs.
Abstract: Analysis of impact of chemical fertilizer subsidies of grain in Burkina Faso:
CGE micro-simulation
Grants of chemical fertilizers on corn and rice have a positive impact on the production of both grain and cotton
production and the income of subsistence farmers and cotton growers. But, they induce a shortfall on income of non-
farm households. The positive effects of subsidies are relatively more important for small producers. Thus, in addition
to improving food security, the extent of chemical fertilizer subsidy is pro-poor. At the macroeconomic level, the
impact of subsidies on economic growth may be negative, but remains low. Therefore, this negative effect on growth
can not be a determining factor to forego the subsidy measure. However, very high subsidy rates degrade the public
deficit and external balance. This needs to balance the effectiveness of the grant and the preservation of a healthy
macroeconomic framework. To do so, the extent of subsidy could be combined with a credit system of chemical
fertilizers to farmers.
Mots-clés : subventions, agriculture, effets redistributifs, Burkina Faso.
2
Sommaire
Introduction .................................................................................................................................... 3
I. Vue d’ensemble du secteur agricole au Burkina Faso ........................................................ 3
A. Poids du secteur agricole au niveau macroéconomique ............................................................... 4
B. Une stratification des unités de production agricole .................................................................... 5
C. Vue d’ensemble de l’opération de promotion de l’utilisation des fertilisants chimiques .......... 8
II. Méthodologie et estimations économétriques ...................................................................... 9
A. Bref aperçu des modèles de micro-simulation .............................................................................. 9
B. Les spécifications de la technologie de production agricole ....................................................... 10
C. Estimations de la technologie de production agricole ................................................................ 11
D. Le modèle de micro-simulation EGC ........................................................................................... 16
III. Résultats de la micro-simulation de l’impact des subventions de fertilisants chimiques
20
A. L’impact sur la production de maïs, de riz et de coton des ménages agricoles ........................ 20
B. L’impact des mesures de subventions de fertilisants chimiques sur la variation du PIB ....... 23
C. L’impact des subventions de fertilisants chimiques sur les revenus des ménages ................... 26
Conclusion ..................................................................................................................................... 27
Bibliographie ................................................................................................................................. 29
3
Introduction
A l’instar de tous les pays du monde, le Burkina Faso a connu entre la fin de l’année 2007 et
le milieu de 2008, une crise sans précédent des denrées alimentaires et des produits énergétiques.
Cette crise est liée d’une part, à une offre nationale insuffisante et d’autre part à la hausse des prix
des produits alimentaires et énergétiques sur le marché international. La hausse vertigineuse des
prix des denrées de base a entraîné des remous sociaux notamment dans les grandes villes du
pays.
Face à cette crise qui a pris une allure humanitaire et sociale, le Gouvernement du Burkina
Faso a pris des mesures et engagé des actions en vue de réaliser la sécurité alimentaire. Au plan
stratégique, le gouvernement a élaboré un « Plan d’urgence pour la réalisation de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle » centré sur la relance de la production agricole et sur la mise en
œuvre de programmes spécifiques de nutrition à l’endroit de groupes ciblés1. En ce qui concerne
les mesures de ce plan destinées à accroitre de la production agricole, figure notamment, (i) la
subvention des fertilisants chimiques et des semences améliorées, (ii) le renforcement de
l’irrigation, (iii) l’appui à la mécanisation et ; (iv) le renforcement de l’appui conseil et du suivi-
évaluation. Que ce soit la subvention des intrants, l’appui conseil, la promotion de la
mécanisation et de l’irrigation, la modalité de mise en œuvre de la mesure peut affecter la
dynamique de la pauvreté et des inégalités dans des sens différents. Plus la mesure profite aux
agriculteurs riches, plus elle creuse les inégalités et peut approfondir la pauvreté. Si au contraire,
elle profite davantage aux agriculteurs pauvres qu’aux riches, les inégalités et la pauvreté ont des
chances de reculer.
Ces mesures, compte tenu de leur caractère urgent, n’ont pas été précédées d’une analyse de
l’impact ex-ante sur la production de ces céréales, le revenu des ménages et notamment la
croissance économique. Ainsi, cette étude dont le but est de mieux orienter les mesures de soutien
de la production céréalière se fixe pour objectif de cerner l’impact des subventions de fertilisants
chimiques sur la production des céréales. Il s’agit plus précisément de mesurer l’impact des
subventions de fertilisants chimiques de maïs et de riz en examinant leur effet sur la production de
maïs, de riz et de coton, sur le PIB, ainsi que leurs effets redistributifs.
Le travail est organisé en trois sections. La première section donne un aperçu général du
secteur agricole au Burkina Faso. La deuxième section porte sur les aspects méthodologiques,
ainsi que les estimations économétriques des comportements des unités agricoles. La dernière
section analyse les résultats des simulations et formule les recommandations de politiques.
I. Vue d’ensemble du secteur agricole au Burkina Faso
Le secteur agricole burkinabè constitue un pend important de l’économie nationale. Il se
compose d’unités de production très diversifiées qui pratiquent plusieurs cultures. Cette section
vise d’abord à cerner le poids de ce secteur dans l’économie nationale en termes de création de
richesse, d’exportation et d’interactions avec les autres secteurs économiques. Ensuite, la section
présente la stratification des unités agricoles et analyse les principales caractéristiques des
groupes obtenus.
1 Les groupes cibles sont les enfants, les scolaires, les femmes en sainte, les personnes vulnérables.
4
A. Poids du secteur agricole au niveau macroéconomique
Au Burkina Faso, le secteur agricole au sens strict (hors élevage et pêche) contribue
fortement à la création de richesse. Sa valeur ajoutée créée représente environ 19% du produit
intérieur brut. Les cultures céréalières qui sont de loin les plus importantes en termes de création
de richesse contribuent à hauteur de 10% au produit intérieur brut et à hauteur 52% à la valeur
ajoutée de l’agriculture. Les cultures de rentes (coton et autres cultures de rente) contribuent pour
5% à la création de richesse au niveau national et pour 26% à la valeur ajoutée du secteur de
l’agriculture.
Tableau 1.1 : Création de richesse dans le secteur agricole
Valeur ajoutée agricole
(en % du PIB) Contribution à la valeur
ajoutée agricole (en %)
Agriculture (hors élevage et pêche) 19,1 100,0
dont Céréales 10,0 52,4
dont Autres cultures vivrières 4,1 21,5
dont Culture de rente 5,0 26,1
dont Coton 3,3 17,3
Source : A partir des données de la MCS-agricole 2004, DGPSA/MARHR (2007).
Les autres cultures vivrières (fruits et légumes, tubercules, etc.) créent 4% de la richesse
nationale et contribution pour 21,5% à la valeur ajoutée agricole.
En termes de redistribution de la richesse créée, les salaires versés par le secteur agricole
représentent 24,8% de la valeur ajoutée et l’excédent brut d’exploitation (EBE) constitue 75,2%
de la valeur ajoutée. Le secteur agricole ne verse pas d’impôts ni sur la production ni sur les
revenus. Ainsi, la totalité de l’excédent brut d’exploitation constitue donc le revenu (monétaire et
autoconsommation) du secteur de l’agriculture.
En dehors du coton, une faible proportion des produits agricoles est exportée. En effet, les
produits agricoles hors coton exportés représentent 7,5% des exportations totales du pays, dont
6,7% pour les produits de rente autres que le coton. Ainsi, les produits vivriers exportés ne
représentent que 1,2% des exportations. En tenant compte de l’égrenage de coton, le secteur
agricole est directement à la base de 63,8% des exportations du Burkina Faso dont l’essentiel se
compose de coton exporté.
En termes d’interaction avec les autres secteurs de l’économie, les produits utilisés comme
consommations intermédiaires dans le secteur agricole représente 4,7% de l’ensemble des
consommations intermédiaires du processus de production nationale. Environ 51,7% des
consommations intermédiaires du secteur agricole se compose de semences et 48,3% de produits
industriels manufacturés (pesticides, fertilisants chimiques, etc.) et de produits pétroliers. A
l’inverse, les produits agricoles utilisés comme consommations intermédiaires dans le processus
de production nationale représente 13,1% du total des consommations intermédiaires. Le coton
représente un peu plus de 44% des produits agricoles utilisés en consommation intermédiaire ;
ensuite viennent les autres produits de rente (28,4%) et les céréales (16,7%).
1 / 30 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !