Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (7)
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LES COMPLICATIONS OCULAIRES…
rétinites, le cytomégalovirus est le plus impliqué dans les
rétinites chez les sidéens. Dans les pays développés, la pri-
se en charge thérapeutique des sidéens a énormément évo-
lué ; de nombreux protocoles sont disponibles. Le traite-
ment classique de la rétinite à cmv comprend les anti-rétro-
viraux tels le ganciclovir ou le foscarnet ; avec des perfu-
sions voire des injections intravitréennes. Le traitement de
la rétinite à CMV par le 9-(1-3, dihydroxy-2 pro-poxyme-
thyl) guanine (ganciclovir) ou le trisodium phos-phono-
formate hexahydrate (foscarnet) est effectif dans ces pays ;
cependant, on a rapporté des cas de rechutes sous traite-
ment avec des proportions de l’ordre de 50% dans certains
cas. Ces deux produits sont des virostatiques. Le ganci-
c l o v i r, par ailleurs très toxique était le seul médicament
disponible jusqu’en 1990 avant l’apparition du foscarnet.
La prise en charge thérapeutique des sidéens inclut surtout
la prophylaxie de la pneumonie à Pneumocystis carinii.
Cette prophylaxie aurait eu comme corollaire l’émergence
des lésions à cmv ; le cytomégalovirus est ainsi apparu
comme l’une des infections opportunistes les plus fréquen-
tes chez les sidéens, avec des taux de morbidité allant par-
fois à 45% durant la période comprise entre le diagnostic
de sida et le décès. Dans le but de comparer les protocoles
existants, le CRRT (8) (The Cytomégalovirus retinitis
retreatment trial) a dans un rapport récent datant de 1996
analysé les différents protocoles existants en particulier les
monothérapies simples et les traitements combinés (6). Les
traitements combinés seraient plus efficaces que les mono-
thérapies. En effet, ces derniers contrôleraient mieux les
récidives de rétinites à cmv ; néanmoins, les complications
classiques des antiviraux seraient plus accrues avec leur
utilisation (anémie, neutropénie, thrombocytopénie,
néphrotoxicité) réduisant de ce fait les scores d’index de
qualité de vie.
C’est un lieu commun de dire que le profil épidémiologique
de l’infection à Vih est très sombre dans nos pays africains ;
on y note une croissance du nombre de séropositifs et de
malades, une diminution voire une absence totale de ressour-
ces permettant une prise en charge efficiente (4,5). De ce fait,
il n’y a pratiquement pas de traitement antiviral, les malades
recevant essentiellement des thérapeutiques symptomatiques
(traitement des diarrhées, de la tuberculose pulmonaire,
etc...). Dans ces conditions les délais de survie des sidéens
sont réduits ; leur comparaison avec les études américaines
ou européennes devient biaisée.
On note que 4 de nos malades sont décédés quelque temps
après le diagnostic de rétinite. Ces malades avaient un âge
compris entre 28 ans et 51 ans. Chez nos malades, les
lésions rétiniennes associées sont la papillite, la chorio-
rétinite toxoplasmique, les périvascularites etc...
Selon R O A RTY (9), l’amélioration de la survie avec les
antiviraux a pour corollaire l’apparition d’autres complica-
tions oculaires. La progression de la rétinite à cmv serait de
74% des cas pour R O A RT Y (9), alors que G R O S S ( 3 )
trouve 33%. Il est admis généralement que la mortalité
après rétinite à CMV est en rapport avec une encéphalite à
cmv. Pour HENDERLY (2), la propagation du cytomégalo-
virus d’un organe à un autre se ferait par voie hématogène.
Ainsi donc, un marqueur de l’encéphalite à cmv serait la
rétinite à cytomégalovirus. Nos malades ne pouvant pas
bénéficier de traitement antiviral, leur surveillance est
essentiellement clinique ; d’où l’intérêt de rechercher les
rétinites qui sont un marqueur des encéphalites. Après
autopsie, B Y L S M A (10) et collaborateurs ont démontré
que l’encéphalite à cmv survenait rarement en l’absence de
rétinite à cmv ; rejoignant ainsi les conclusions précédem-
ment faites par DE GIROLAMI et LE HOANG (11).
Il existe un lien entre le taux de lymphocytes CD4 + et
l’apparition des rétinites à cmv. Aucun de nos malades n’a
bénéficié d’un dosage de lymphocytes CD4 faute de moyens
matériels. KUPPERMAN (12) pense que les patients dont le
nombre de lymphocytes CD4 est inférieur à 100 présente-
raient des rétinites à cmv. Néanmoins F E K R AT et D U N N
(13) ont rapporté des rétinites chez des malades ayant des
taux de lymphocytes CD4 supérieurs à 200. Chez certains
malades américains, S PA I D E (14) a trouvé dans 33.9% des
rétinites à cmv avec des taux de CD4 entre 0 et 50 ; et 8.6%
de rétinites à cmv avec des taux de CD4 allant de 51 à 100.
Plus les taux de C D4 sont bas, plus il y aurait de rétinites.
B R E M O N D - G I G N A C (15) a décrit des rétinites évolutives
survenues chez 5 enfants ayant contracté un sida par trans-
mission materno-foetale ; chez 2 malades, les taux de C D4
sont supérieurs à 300, chez les autres, ils sont compris entre 0
et 4. Il existe donc une grand variabilité entre les taux de
C D4 et la survenue des rétinites à cmv selon les diff é r e n t s
auteurs.
CONCLUSION
Les rétinites à cytomégalovirus représentent une compli-
cation oculaire majeure au cours de l’évolution du sida ; la
survenue des rétinites précédant généralement les localisa-
tions cérébrales et les encéphalites à cytomégalovirus, et le
décès. Nous avons rapporté dans ce travail 5 observations