CSA / COMMISSION PROSPECTIVE
Le marché publicitaire télévisuel français en 2009 : (r)évolution ?
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Introduction
L’annonce par le Président de la République, le 8 janvier 2008, d’engager une réflexion sur la
suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques a suscité réflexions et débats dans
l’audiovisuel français, tant sur le positionnement éditorial de l’audiovisuel public que sur son
financement et les nouveaux équilibres à venir du marché publicitaire.
S’agissant du marché publicitaire, les analyses, produites par les régies, les instituts d’études et les
analystes financiers, se sont concentrées, d’une part, sur l’estimation du montant des recettes
publicitaires de France Télévisions, et, d’autre part, sur la répartition de cette ressource, appelée
également « effet d’aubaine », dans la mesure où les chaînes de télévision hertziennes historiques
(TF1, M6) semblent en première analyse les mieux placées pour capter les investissements des
annonceurs qui n’ont plus accès aux écrans publicitaires de France Télévisions.
Parallèlement à la réforme de la publicité sur France Télévisions s’opère une modification des règles
de diffusion de la publicité en France. En effet, à l’occasion de la transposition de la directive
européenne « Services de médias audiovisuels » (SMA) en droit français, plusieurs règles de diffusion
de la publicité sur les chaînes privées vont être assouplies.
Ainsi, les principales dispositions du décret n° 2008-1292 du 19 décembre 2008 sont les suivantes :
- l’allongement de 6 à 9 minutes de la durée horaire moyenne quotidienne de publicité diffusée
sur les chaînes privées historiques (des assouplissements sont également prévus pour les
chaînes de la télévision numérique terrestre, du câble et du satellite) ;
- la comptabilisation en heure d’horloge au lieu de l’heure glissante de la durée maximale de
publicité pour une heure donnée (12 minutes) ;
De plus, la loi « Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévision » devrait
autoriser les éditeurs privés à pratiquer une seconde coupure publicitaire dans les œuvres
audiovisuelles et cinématographiques.
L’ensemble de ces réformes intervient dans un contexte de changements structurels du marché
publicitaire pluri-média. On note en particulier l’arrivée, le 1er janvier 2007, de la grande distribution à
la télévision ; la forte progression (accélérée en 2008) de l’audience des chaînes de la télévision
numérique terrestre (TNT) au détriment des parts de marché des chaînes nationales historiques ; la
diminution des recettes publicitaires de certains grands médias traditionnels (principalement la radio et
la presse) qui peinent à renouveler leur attractivité auprès des annonceurs ; et la très forte croissance
de la publicité sur internet.
Enfin, le ralentissement de la croissance économique, confirmé en 2008, devrait produire rapidement
des effets sur les investissements des annonceurs, attendus en forte baisse en 2009.
Ces modifications structurelles, réglementaires et conjoncturelles sont autant de champs
d’incertitudes sur le comportement des annonceurs et sur les recettes publicitaires des médias en
2009 et au-delà.
Dans ces circonstances, quels seront les principaux bénéficiaires du report des recettes publicitaires
de France Télévisions ?
La présente étude a pour objet :
- de rappeler les données de cadrage du marché publicitaire français et les principales
évolutions de ce marché ;
- d’analyser les réformes réglementaires et leurs effets envisageables, afin d’identifier les
nouveaux équilibres du marché publicitaire et ses bénéficiaires potentiels à l’issue de la
suppression de la publicité sur France Télévisions.