Post Scriptum 108e session d'un Congrès à l'autre.. N° 3 Conférence Warot : La maladie d'Alzheimer Session franco-belge : Prise en charge des psychoses LE PRIX "PREMIÈRE COMMUNICATION DU CPNLF" Les Échos du CPNLF P ost Scriptum, ce mois-ci comme chaque mois, rapporte dans la rubrique "Les Échos du CPNLF" une partie des interventions communiquées dans le cadre du 108e congrès du CPNLF. Vous pourrez notamment prendre connaissance des interventions dans le cadre de la Session scientifique associative franco-belge et de la conférence Warot. L’association du CPNLF a instauré l’attribution d’un prix dit de la "Première communication du CPNLF" dont le but est d’offrir à des internes et jeunes médecins et/ou acteurs de santé mentale la possibilité de communiquer et d’avoir leurs travaux publiés. Cette année, six communications ont été sélectionnées et trois prix attribués. Les communications sélectionnées pour le "Prix de la Première Communication" Les communications retenues et présentées dans le cadre du 108e congrès du CPNLF, sous la présidence du Pr Laurent Schmitt (Toulouse), du Pr Marc Bourgeois (Bordeaux), du Dr Jean-Paul Chabannes (St-Egrève) et du Pr Patrick Martin (Paris) ont été les suivantes : • La démarche participative et la mémoire transactive améliorent-t-elles la qualité de vie au travail des infirmiers en psychiatrie ? par Paul Brunault (Tours) Contexte : Chez les soignants en psychiatrie, peu d’études se sont intéressées aux déterminants de la qualité de vie au travail alors que cette population est particulièrement exposée à l’épuisement professionnel. Objectifs : Étudier le lien entre le type d’organisation d’un service (démarche participative et mémoire transactive) et la qualité de vie au travail de ses infirmiers. Méthode : Quatre-vingt quatre infirmiers en psychiatrie ont rempli des questionnaires autoadministrés évaluant la démarche participative, la mémoire transactive, la justice organisationnelle perçue, le soutien organisationnel perçu et la qualité de vie au travail. Résultats : Il existe un lien significatif entre démarche participative, mémoire transactive et qualité de vie au travail. Conclusion : Cette étude suggère que l’amélioration de la démarche participative et de la mémoire transactive en service de psychiatrie pourrait améliorer la qualité de vie au travail des infirmiers, en améliorant la justice organisationnelle et le soutien organisationnel perçus. Mots clés : qualité de vie au travail ; démarche participative ; mémoire transactive ; infirmier en psychiatrie. • Le syndrome du QT long chez les patients psychiatriques chimiorésistants : prévalence, facteurs de risque, et implications thérapeutiques, par Nadia Chaumartin (Villejuif) Les patients psychiatriques présentent une surmortalité liée en partie aux morts subites, favorisée par certains neuroleptiques et d’autres psychotropes par un allongement de l’intervalle QT. Une étude a été menée à l’Unité pour Malades Difficiles de Villejuif afin de mesurer la prévalence du syndrome du QT long, de ses facteurs de risque, ainsi que le lien avec les traitements. Ces résultats montrent : - une prévalence de QT longs de 40 %, dont 6% > 500ms. - le facteur de risque médicamenteux est très présent. Les autres facteurs de risque sont peu retrouvés. - une variabilité de la mesure de l’intervalle QT selon l’opérateur et la méthode de calcul. - une augmentation du nombre et de la valeur moyenne des QTc parallèlement au nombre de coprescriptions et de posologies élevées. Ces résultats ont permis la sensibilisation des soignants et la mise en place d’un protocole de surveillance renforcée du risque lié au QT long. Mots Clés : QT long, psychotropes, coprescription, Unité pour Malades Difficiles 2 • Le sentiment de familiarité chez les sujets psychotiques, par Laetitia Delbos (Lille) Les délires d’identification des personnes sont mal caractérisés et peu explorés. Leur étude pourrait apporter un éclairage sur les mécanismes impliqués dans les troubles psychotiques. Dans cette présentation, nous proposons de parler d’une étude portant sur le sentiment de familiarité dans la schizophrénie. Il s’agit de mesurer une réponse électrophysiologique, la réponse électrodermale, chez des sujets psychotiques avec des troubles de la reconnaissance cliniques à la présentation de photos de visages organisés selon différentes conditions : célèbres, familiers et inconnus et de la comparer à celle des sujets psychotiques sans troubles N°3 - Novembre 2010 Directeur de la publication : Pierre Thomas - Rédacteur en Chef : Patrick Martin Infographiste : Vivianne Lambert - Photos de ce numéro : Martine Bertheuil Post Scriptum de la reconnaissance et des sujets témoins sains. Les résultats permettent de conclure à l’existence de troubles de la reconnaissance infracliniques chez tous les sujets psychotiques et à la présence d’un continuum allant des sujets sains aux sujets psychotiques avec des troubles de la reconnaissance, en passant par les sujets psychotiques sans troubles de la reconnaissance. Mots-Clés : Délires d’identification des personnes, psychose, réponse électrodermale • Impact de l’amniocentèse sur la psychopathologie maternelle et sur les représentations maternelles d’attachement, par Aude Delcuze (Tours) L’amniocentèse est largement utilisée pour un diagnostic prénatal. Le but de l’étude était d’évaluer ses effets sur la psychopathologie maternelle, pendant la grossesse et en postpartum, en termes d’anxiété, de stress, de dépression et des représentations maternelles d’attachement. Cette étude prospective observationnelle a comparé un groupe exposé de 232 femmes et un groupe non exposé de 160 parturientes. Les participantes ont répondu à quatre évaluations différentes : juste après l’amniocentèse, au second semestre, au 7ème mois et en post-partum. Lorsqu’elle est indiquée pour des marqueurs sériques élevés ou une anomalie échographique, l’amniocentèse est associée à une augmentation significative et transitoire des scores d’anxiété et de dépression. Globalement, les représentations maternelles d’attachement étaient intégrées et équilibrées dans les deux groupes. Cependant les parturientes du groupe amniocentèse étaient plus orientées sur elles-mêmes que sur l’enfant. L’amniocentèse est associée à des réactions affectives d’adaptation qui se normalisent avec l’évolution rassurante de la grossesse. Mots clé : amniocentèse, attachement prénatal, dépression prénatale, anxiété prénatale • Théorie de l’esprit, empathie et trouble de la personnalité borderline, par Anne-Hélène Moncany (Toulouse) Le trouble de la personnalité borderline (TP BDL) est caractérisé par des relations interpersonnelles perturbées, attribuées à un défaut de mentalisation. Le but de notre étude était de mettre expérimentalement en évidence une altération de la théorie de l'esprit (ToM) et de l’empathie chez ces patients. Nous avons comparé les performances de 15 patients borderline et de 16 sujets contrôles sur trois tests évaluant la ToM et un test mesurant l’empathie. Nous retrouvons une altération des performances du groupe de patients borderline aux deux tests de ToM reposant sur le raisonnement sur l’état mental de l’autre (mental state reasoning) ; en revanche nous n’avons pas mis en évidence de différence sur le test vidéo reposant sur la perception de l’état mental de l’autre (mental state decoding) et sur l’échelle d’empathie. Ces résultats suggèrent une altération de la ToM dans le TP BDL, avec une dissociation entre ses deux composantes et sans déficit de l’empathie. Mots-clés : Trouble de la Personnalité Borderline - Théorie de l'esprit - Empathie - Mentalisation • Evaluation de l’efficacité d’une intervention cognitivo-comportementale ultra-brève, pour des patients déprimés hospitalisés, menée par des thérapeutes en formation, par Julie Rieu (Toulouse) Peu de travaux ont porté sur la prise en charge psychothérapeutique de patients déprimés hospitalisés. Cette étude a évalué l’efficacité d’une intervention cognitivo-comportementale ultra-brève dispensée par des thérapeutes en formation, pour des patients déprimés hospitalisés. Vingt-deux patients souffrant d’un épisode dépressif majeur ont été randomisés pour recevoir, en plus des soins médicamenteux et institutionnels, les entretiens de soutien habituels (11 patients) ou la thérapie ultra-brève (11 patients). Le critère principal d’évaluation a été l’évolution de l’intensité dépressive mesurée à l’aide des échelles de Beck (BDI-II) et Hamilton (HDRS). Les deux prises en charge ont été efficaces. La réduction des scores à l’HDRS a été significativement plus importante dans le groupe "thérapie ultra-brève". Cette différence s’est confirmée, à 2 mois, sur les scores obtenus à l’échelle de Beck. Cette étude suggère l’efficacité d’une intervention ultra-brève pour des patients déprimés hospitalisés et sa faisabilité par des thérapeutes non aguerris. Mots-clés : hospitalisation, dépression, psychothérapie cognitivo-comportementale ultra-brève, thérapeutes en formation. Le premier prix a été attribué à Anne-Hélène Moncany (Toulouse), le deuxième à Julie Rieu (Toulouse) et le troisième à Paul Brunault (Tours). Post Scriptum 3 LES ECHOS DU C P N L F. . . L E S E C H O S Dans le cadre de la Conférence Pierre Warot, avec le Pr Philippe Robert (Nice) comme discutant le Pr Florence Pasquier (Lille), est intervenue sur la thématique : "Alzheimer : perspectives d'avenir" La maladie d’Alzheimer représente 35 millions de personnes dans le monde et 5 millions de nouveaux cas par an. Elle est la première cause d’inva-lidité et est une cause de dépendance et d’entrée en institution. Le coût mondial estimé de cette maladie est de 315 millions de dollars dont 1/3 est à la charge de la famille. Ces constats ne peuvent pas laisser indifférents face à la nécessité de promouvoir et de financer de nouvelles études sur cette maladie. Actuellement, cette maladie est toujours stigmatisée. Parfois, elle n’est pas perçue comme une maladie et n’est pas toujours prise en charge par manque d’information des proches et des médecins. Par conséquent, les proches sont les principaux soignants et sont peu soutenus. Le Pr Philippe Robert et Les soignants familiaux le Pr Florence Pasquier présentent une morbi lors de leur intervention dité psychologique et physique majeure et une prévalence de dépression multipliée par 3 à 40. En plus de poser le diagnostic et de prendre en charge le(a) patient(e), les médecins ont d’une part, un rôle de dépistage des troubles chez les aidants et d’autre part, un rôle d’informations sur ce que peut exprimer et communiquer le(a) patient(e). Une lueur d’espoir est que les proches aidants sont en mesure d’identifier les aspects positifs de l’aide donnée, de trouver un plaisir et un sens à l’accompagnement du patient et ont conscience d’améliorer sa qualité de vie. Le soutien psychologique de l’aidant dépend de son histoire et de ses interactions avec le(a) patient (e) antérieurement à la maladie. Ainsi, la prise en charge du patient et de son entourage ne peut pas être standardisée mais doit être personnalisée. La maladie d'Alzheimer est également le sujet qu'avaient choisi d'évoquer A. Soltani (Boulogne s/Mer) et al. dans la communication : "Diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer. Marqueurs biologiques" Introduction : L’objectif de ce travail est d’identifier et de décrire les principaux marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer. 4 DU C P N L F. . . Méthodologie : Méta analyse des publications (1993 – 2009). La recherche documentaire a été réalisée par interrogation des banques de données MEDLINE, NLM (National Library of Medecine), PubMed et centrée sur les Revues de la littérature, Marqueurs biologiques - Marqueurs des tissus périphériques : peau - Marqueurs génétiques :gène APP, gènes PS1 et PS2, gène de l’apolipoprotéine E, - Marqueurs du liquide céphalo-rachidien : protéine Tau, ubiquitine, marqueurs liés à la dégénérescence neurofibrillaire, peptide Aβ 1-42 plus mutation sur le géne PS1. - Marqueurs sériques : peptide Aβ.(1-40)amyloïde, protéine Tau, marqueurs de l’inflammation, autoanticorps, apolipoprotéines E, AI, AII, protéine p97. Conclusion : Cette méta analyse met en évidence une augmentation du dosage des marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer dans le liquide céphalo-rachidien, les tissus périphériques et dans le sérum. L’intérêt de ces dosages serait d’augmenter la précision du diagnostic clinique précoce de la maladie d’Alzheimer pour une meilleure prise en charge. Bibliographie 1) Hannequin D,Frebourg T,Martinez M,Agid Y, ClergetDarpoux F Les facteurs génétiques dans l’étiologie de la maladie d’Alzheimer. M.S.médecine scientifique 1996, 12 : 6-7. 2) Thomas P, Hazif-Thomas C, Billon R et al : Un nouvel instrument de dépistage de la démence chez la personne âgée, le Gpcog. Rev Ger et Gerontol 2004 ; 102 : 83-8 Mots clés : Maladie d’Alzheimer, démence, diagnostic précoce, marqueurs biologiques. Dans le cadre des Petits-déjeuners scientifiques du congrès du CPNLF, les Prs Nicolas Franck (Lyon) et Pierre Vidailhet (Strasbourg) ont exposé de leur point de vue d'experts l’intérêt de la Remédiation cognitive. Les troubles cognitifs constituent incontestablement une des caractéristiques les plus invalidantes de la schizophrénie. Ils sont fortement corrélés aux perturbations de la vie quotidienne et à l’insertion socioprofessionnelle des patients. Ces troubles sont assez stables, peu mobilisables, associés à des Post Scriptum LES ECHOS DU C P N L F. . . L E S E C H O S altérations cérébrales structurales et fonctionnelles et concernent la plupart des patients. Appliquée depuis longtemps chez les patients cérébro-lésés, la remédiation cognitive commence à trouver sa place en psychiatrie. Ces objectifs sont de réduire le handicap vécu au quotidien, de permettre au patient d’être plus autonome, d’améliorer le suivi du traitement et la qualité de vie et enfin de mieux comprendre les relations entre difficultés cognitives et handicap psychique. La première étape de la remédiation est d’identifier le plus précocement possible, les difficultés et les plaintes du patient pour lui proposer un programme ciblé et une approche "sur-mesure" en tenant compte de son profil cognitif propre. Plusieurs études ont mis en évidence des résultats spécifiques, appropriés et persistants dans le temps. Il existe donc une légitimité à utiliser ces techniques efficaces en complément des médicaments et de la psychothérapie chez les patients schizophrènes. Les recommandations suscitent un espoir majeur dans la prise en charge du patient c’est pourquoi, elles doivent être plus répandus. La thématique concernant la Prise en charge des Psychoses en Belgique et en France a été exposée dans le cadre de la Session scientifique associative francobelge, sous la présidence des Drs Michel Floris (Tournai), Jean-Paul Chabannes (St-Egrève) et Yann Hodé (Rouffach). Le Dr Marc-André Domken (Liège) a abordé la Prise en charge précoce du patient schizophrène : bilan des programmes de détection précoce. Afin de détecter précocement les troubles psychotiques, des populations à ultra haut risque de psychose (UHR) ont été identifiées et intégrées dans des programmes de prévention (EPPIC, CAARMS, DU C P N L F. . . EPOS). Chez ces patients à UHR, présentant des facteurs de risque génétiques, des troubles intermittents ou des syndromes psychotiques atténués, 30% ont développé un trouble psychotique. Des programmes d’intervention précoce ont été mis en place dans plusieurs pays, permettant de diminuer la transition vers la psychose (EPPIC-PACE en Australie, EDDIE en Angleterre, PRIME aux Etats-Unis), montrant un intérêt pour le traitement précoce par thérapie cognitivo-comportementale ou encore par les Oméga 3. Mc Gorry, Arch Gen Psy,2002 ; Morrison, Bri J Psy, 2004 ; Mc Glashan Am J Psy, 2006 ; Amminger et al, Arch Gen Psy, 2010 Le Dr Benoit Giliain (Louvain-la-Neuve) a abordé la place de la famille et de l’environnement social du patient. L’environnement social dans lequel vivent les patients atteints de schizophrénie a une influence considérable et profonde sur le pronostic. Leff et son équipe (1972) ont introduit le concept d’ "Expressed Emotion" (émotion exprimée). Ils montrent que dans une famille présentant un niveau élevé d’émotions exprimées, la fréquence des rechutes chez un patient schizophrène augmente ; alors qu’une famille avec un faible niveau d’émotions exprimées constitue un support bénéfique pour le patient. L’objectif pour l’entourage du patient, famille et équipes de soins, est donc de diminuer le climat émotionnel afin de favoriser le rétablissement du patient; en adoptant des attitudes personnelles, un soutien mutuel ou en assistant à des formations (psychoéducation, gestion de l’éprouvé émotionnel). Boblington et Kuipers, 1994 ; Mary P.0.Brien, 2009 ; Chambon et Marie-Cardine, 1993 ; Leff et al., 1972 Session scientifique associative franco-belge : de g. à d. : les Drs Benoit Delatte, Benoit Giliain, Marc-André Domken, Yann Yodé et Michel Floris Post Scriptum 5 LES ECHOS DU C P N L F. . . L E S E C H O S Le Dr Benoit Delatte (Namur) est intervenu sur la Place des thérapies non médicamenteuses La notion de rétablissement dans la schizophrénie est vaste, multidimensionnelle et individualisée, et inclue des paramètres sociaux. Elle prend en compte l’autonomie du patient, les activités professionnelles et de loisirs, l’harmonie des relations et d’autres composantes subjectives comme l’espoir ou l’empowrement. Associés aux traitements médicamenteux et à la psychothérapie, le rétablissement nécessite des traitements psychosociaux, comme le support en emploi, les traitements proactifs dans la communauté ou l’entraînement aux habiletés. NgRM Int J Soc Psy 2010 ; Shravasta A, Curr Opin Psy, 2010 ; Srivastava AK, Ann Gen Psy, 2009 ; Kern RS, Schiz Bull, 2009 Le Dr Jean-Paul Chabannes, chef de pôle psychiatrie à St-Egrève a conclu sur l’Actualité dans la schizophrénie : prévention des rechutes Les stratégies à mettre en place pour lutter contre les rechutes doivent être de trois ordres : organisationnelles (collaboration avec le médicosocial), relationnelles (prise en charge des familles, qualité de vie) et thérapeutiques (remédiation cognitive, psychoéducation et réhabilitation). Dans le cadre de ce 108e congrès lors d’un petitdéjeuner scientifique il a été débattu la thématique concernant : "Emotions et cognitions sociales entre psychiatrie et neurologie" Le Dr Jean-Yves Baudouin de Dijon a abordé le sujet suivant : Schizophrénie et communication non verbale : un problème de décodage de l'expression faciale émotionnelle ? Le déficit de décodage de l’expression faciale émotionnelle est un marqueur de la schizophrénie. Les différentes explications cognitives avancées pour expliquer ce déficit sont un déficit de traitement de (toute) l’information faciale ; un déficit cognitif général, ou un déficit attentionnel. De nombreuses autres populations (enfants, le syndrome de Williams et Beuren..) présentent également des difficultés dans le traitement de l’information faciale. L’intérêt de comparer ces populations est de pouvoir progresser, d’une part, dans la compréhension des difficultés des schizophrènes et, d’autre part, dans la compréhension des mécanismes de traitement du visage et de l’expertise. Le déficit des patients schizophrènes dans le traitement de l’expression faciale émotionnelle concerne toutes les expressions, mais plus ou moins intensément. Chez l’enfant, il y a une amélioration des 6 DU C P N L F. . . Petit-déjeuner scientifique : Le Dr J.Y. Baudouin performances de l’âge de 5 ans à l’âge adulte. Les performances d’un schizophrène équivalent à celles d’un enfant de 7 ans pour certaines émotions. Les enfants et les sujets avec un syndrome de Williams et Beuren ont un déficit pour certaines catégories et adaptent leurs difficultés à leurs capacités : ils s’appuient sur les émotions pour lesquelles ils sont efficients. Les trois populations (schizophrènes, enfants, adultes avec syndrome de Williams et Beuren) présentent des performances inférieures aux adultes sains et un effet du renversement sur la discriminabilité .Elles se différencient entre elles sur la discriminabilité des différentes émotions et, sur le biais de réponse et l’effet du renversement sur ce biais. Il existe différents types d’informations faciales : d’une part, l’information configurale formée par l’information holistique (gestalt) et les informations relationnelles (distances) ; d’autre part, les informations componentielles (traits). Chez le schizophrène, les traitements holistique et componentiel sont préservés, mais le traitement relationnel est déficitaire. Chez les schizophrènes, les frontières catégorielles sont identiques, mais les limites catégorielles sont moins nettes. En revanche, chez l’enfant, certaines frontières catégorielles sont différentes et certaines limites catégorielles sont moins nettes. Le Dr Eric Fakra de Marseille a traité : Les Bases neuroanatomiques de la reconnaissance des émotions faciales dans la schizophrénie La reconnaissance des émotions faciales dans la schizophrénie a, d’une part, une valeur pronostique (valeur prédictive des symptômes et des fonctions cognitives ; qui sont fortement liées aux habiletés sociales et professionnelles) et, d’autre part, une valeur étiopathogénique, les patients schizophrènes étant plus sensibles aux événements de vie par augmentation de la réactivité émotionnelle. Il existe des régions cérébrales très spécifiques qui traitent de Post Scriptum LES ECHOS DU C P N L F. . . L E S E C H O S DU C P N L F. . . façon sélective les informations extraites des visages comprenant le gyrus occipital inférieur, le gyrus fusiforme latéral et le sillon temporal supérieur. Le modèle traditionnel de Bruce & Youg distingue deux circuits neuronaux : celui de la reconnaissance de Le Dr Eric Fakra l’identité traitant les caractéristiques structurelles et celui de la reconnaissance de l’expression traitant les caractéristiques changeantes. Le traitement de l’information visuelle se fait en deux temps : un long, passant par le cortex visuel et un court passant par le colliculus supérieur et l’amygdale, permettant d’attirer l’attention sur le stimulus saillant notamment en situation de danger. Le système limbique, impliqué dans la reconnaissance des émotions, interagit avec les aires visuelles et les régions préfrontales. L’information émotionnelle est donc traitée avant l’identification, qu’elle influence. Chez les schizophrènes, il existe un déficit d’activation de l’amygdale lors des taches de reconnaissance émotionnelle. Lors de la perception "intuitive" des émotions, les patients schizophrènes montrent un profil d’activation cérébrale similaire a celui qu’ils présentent lors d’une reconnaissance "sémantique" .Ce profil d’activation suggère que les patients schizophrènes semblent s’appuyer d’avantage sur des stratégies cognitives compensatrices avec un mode de résolution analytique plutôt que holistique pour décrypter les émotions faciales. Toutefois l’observation temporelle de leurs réponses montre que ces patients peuvent engager de manière appropriée leur système limbique, bien que cette stratégie semble moins efficiente. Les stratégies de résolution cognitive pourraient donc traduire un mécanisme d’adaptation face à un ressenti émotionnel exagéré. Inscrivez-vous dès à présent pour assister au 109e congrès du CPNLF, qui aura lieu du 7 au 10 juin 2011 à Paris au Palais des Congrès www.cpnlf.fr Post Scriptum 7 Le CPNLF remercie ses partenaires officiels 2010