LE FRANÇAIS DANS LE MONDE / JUILLET 2010
satisfaire le plus grand nombre possible de lecteurs. La revue a toujours
proposé de façon équilibrée des articles portant sur les domaines prin-
cipaux : littérature, langue, civilisation, pédagogie. Le choix des articles,
de civilisation en particulier, montrait bien ce souhait de ne négliger per-
sonne et d’accompagner les transformations d’un domaine et d’une
société, dans une écoute très grande à l’actualité quelle qu’elle fût, sans
pour autant sacrifier à une modernité qui renierait le passé.
Tout en ayant de bons contacts avec les autorités de tutelle, André
Reboullet n’en a pas moins su garder une réelle autonomie et c’est en
se démarquant de ces instances de tutelle qu’il a cherché constamment
le contact avec ses lecteurs dont il a donné une définition très large :
son lectorat se composait pour lui de tous ceux qui d’une façon géné-
rale avaient pour tâche de faire connaitre la langue et la culture fran-
çaises dans le monde. Il avait ainsi très vite misé sur les professeurs
étrangers de français contrairement aux désirs officiels qui souhaitaient
au départ une revue conçue à l’intention des professeurs français à
l’étranger ; c’est un des mérites d’André Reboullet d’avoir reconnu
l’importance du rôle que des acteurs étrangers pouvaient jouer dans
l’enseignement du français à l’étranger. Il a cherché de cette façon à se
démarquer d’une idéologie élitiste et a fait très souvent appel à la
collaboration des professeurs étrangers de français. Nombreux ont été
les moyens mis en place pour les solliciter : appels à contributions,
concours, courrier des lecteurs, Tribune des lecteurs, questionnaires-
enquêtes, correspondants, Lettres ouvertes, etc.
La même ouverture et la même souplesse se retrouvaient dans le choix
des sujets aussi bien que dans celui des collaborateurs, très nombreux
et venant d’horizons divers. Cette grande ouverture a compensé le
caractère parfois solitaire de la responsabilité d’André Reboullet. Lui-
même a reconnu que la tâche de choisir, sélectionner, retenir des
auteurs, des sujets, des articles, des orientations lui incombait en
grande partie et que le comité de rédaction avait plus une fonction de
représentation qu’éditoriale.
Mais son besoin de renouvellement, son désir d’être au courant de l’actua -
lité universitaire, scientifique, pédagogique lui ont permis d’éviter la
répétition, l’habitude, l’usure des formules éditoriales. C’est ainsi que la
revue a évolué au cours du temps dans sa présentation matérielle, dans
son organisation intérieure, même si l’on retrouvait toujours les fonda-
mentaux d’une revue pédagogique : informer, analyser, proposer des
pratiques pédagogiques. Mais André Reboullet ne s’est pas contenté
de renouveler des formules éditoriales, de chercher des auteurs, des
sujets, ce qui supposait déjà une curiosité toujours en éveil ; il s’est inté-
ressé également à l’enseignement de la civilisation, ayant lui-même
occupé au Chili pendant une dizaine d’années une chaire d’enseigne-
ment de littérature et de civilisation françaises. L’enseignement de la
civilisation lui semblait un domaine moins fréquenté, où, selon ses
mots, il se sentait « de pair » avec la plupart des auteurs qui dominaient