1 Contexte
En 2013, 6% de la population belge âgée de 15 ans ou plus avait une consommation excessive
d’alcool. La notion de consommation excessive se réfère aux normes de l’Organisation mondiale de
la Santé (OMS), qui admet comme raisonnable une consommation de deux unités d’alcool par jour
pour une femme, et de trois unités pour un homme [1]. Le chiffre de consommation excessive monte
à 13% si on considère la consommation hebdomadaire, pour laquelle l’OMS considère que plus de 14
unités d’alcool pour une femme, et plus de 21 unités pour un homme sont nocives pour la santé. Si
l’on se réfère à la consommation problématique découlant des réponses au questionnaire CAGE, un
instrument de dépistage de l’abus chronique d’alcool, ce sont 10,5% de la population qui sont
concernés (14,6% des hommes et 6,3% des femmes)
. De plus, 15% des personnes interrogées
avaient déjà consommé du cannabis et 5% une autre drogue illégale [1]. Environ 15% de la
population avaient consommé des substances psychoactives au cours des deux semaines précédant
l’enquête : hypnotiques (9%), tranquillisants (7%) et antidépresseurs (6%) ; les femmes
consommaient plus que les hommes (20% contre 10%) [2].
Dans le monde du travail, les données internationales rapportent une utilisation fréquente de
substances psychoactives liée au contexte de travail, entrainant une majoration du risque d’accident
et une perte de productivité [3]. En Belgique, 15% des travailleurs boivent trop, par rapport aux
normes de l’OMS [4]. Les données manquent cependant pour les autres substances, mais le taux de
consommation dans la population générale est probablement extrapolable à la population au travail.
Parmi l’offre diversifiée de soins ambulatoires, les médecins généralistes (MG) apparaissent comme
des acteurs importants tant pour la détection que pour la prise en charge des problèmes en raison de
leur place de première ligne dans le système de santé. De façon similaire, on attend des médecins du
travail (MT) un rôle de promoteurs de la santé et de la sécurité sur les lieux de travail, y compris en
ce qui concerne les usages problématiques de substances (Convention Collective de Travail n° 100)
[5].
Les données manquent quant à l’attitude, le comportement, ou les connaissances par rapport aux
usages problématiques par ces deux acteurs. Peu de choses sont connues quant à leurs ressources et
leurs stratégies pour gérer ces problèmes, de même que concernant leur intérêt ou leurs attitudes en
ce domaine.
1.1 Objectifs
Le consortium UP TO DATE a cherché à donner la parole à ces médecins pour comprendre leur point
de vue sur la question. De plus, les autres professionnels du domaine ont été interrogés pour savoir
s’ils considéraient les MG et les MT comme des partenaires utiles et fiables. Cette étude a porté sur
l’ensemble du territoire, dans les deux communautés linguistiques principales du pays.
L’objectif de cette recherche était de savoir : 1) quelles est la demande de soins en première ligne ?
2) quelle est l’étendue de l’investissement des MG et des MT dans le domaine des abus de
substances ? 3) quelles ressources utilisent-ils pour fournir une réponse appropriée à tous les types
de demandes auxquelles ils sont confrontés ?
Le consortium de recherche a utilisé tant des méthodes qualitatives que quantitatives pour atteindre
ses objectifs.
1.2 Précisions
Les enquêtes dans les deux professions, MG et MT, ont toujours considéré la prise en charge de la
population adulte, dans les limites d’âge de la population active, soit de 18 à 65 ans. De cette façon,
les enquêtes dans les deux professions médicales ont pu être conduites de façon symétrique. Les
CAGE est un acronyme de Cutdown, Annoyed, Guilty and Eye-opener. Deux réponses positives indiquent un problème
d’alcool