nité aux récepteurs de la progestérone
et avec une affinité faible aux récep-
teurs des androgènes. Le mécanisme
d’action de la mifepristone est à l’ori-
gine d’une augmentation des concen-
trations d’ACTH et de cortisol plas-
matiques, ce qui rend impossible leur
utilisation dans la surveillance et l’adap-
tation du traitement [22].
Posologie
La mifepristone se présente sous
forme de comprimés à 200 mg. Le trai-
tement doit être débuté à faible posolo-
gie (200 à 400 mg/jour) avec augmenta-
tion progressive jusqu’à 800-1000 mg/
jour, selon l’efficacité clinique (HTA,
signes cliniques d’hypercorticisme) et
la survenue d’effets secondaires.
Efficacité
Trente-sept patients (présentant
diverses étiologies de syndrome de
Cushing) ont été rapportés dans la litté-
rature, le traitement ayant été instauré
en addition ou en substitution d’autres
anti-cortisoliques [23]. La durée du
traitement était en général inférieure
à 3 mois. Plus de 85 % des patients
ont présenté une diminution rapide
de leurs signes cliniques d’hypercor-
ticisme au cours du premier mois. La
moitié a présenté une amélioration de
leurs chiffres tensionnels et/ou de leurs
chiffres glycémiques (avec diminution
des doses d’insuline et/ou de la posolo-
gie du traitement antidiabétique oral).
Enfin, la majorité des rares patients
présentant une forme psychiatrique
ont été améliorés dès les premiers jours
de traitement [23].
Effets secondaires
et surveillance
Le risque d’hypokaliémie est majeur,
lié à une fixation du cortisol en excès
sur les récepteurs aux minéralocorti-
coïdes, ou à une stimulation directe de
la sécrétion d’aldostérone par l’ACTH
en excès. Plus d’un tiers des patients ont
présenté un épisode d’hypokaliémie,
ou l’aggravation d’une hypokaliémie
préexistante au cours de leur traitement
[23]. Ce même mécanisme physiopa-
thologique explique aussi la surve-
nue d’épisodes d’HTA chez certains
patients. Dans ce cas, la spironolac-
tone est en général efficace. Le second
risque est celui d’insuffisance surré-
nalienne, évalué à 16 % dans la litté-
rature. Une suspicion d’insuffisance
surrénalienne sous mifepristone pose
2 problèmes : l’impossibilité de confir-
mation biologique du diagnostic (corti-
sol plasmatique non interprétable), et
l’inefficacité du traitement par hydro-
cortisone. Le diagnostic est donc prin-
cipalement clinique, et le traitement
repose sur l’arrêt de la mifepristone,
et la prescription de dexamethasone
(1 mg pour 400 mg de mifepristone)
pendant au moins 48 heures [24]. Il
est possible de reprendre le traitement
par la suite, mais à doses plus faibles,
sous surveillance. La surveillance se fera
donc essentiellement sur la recherche
de signes cliniques d’insuffisance surré-
nalienne, la mesure de la TA et le dosage
de la kaliémie. Enfin, du fait de son
mécanisme anti-progestatif, la mife-
pristone peut être à l’origine d’une
hyperplasie endométriale avec métror-
ragies, à surveiller par une échographie
pelvienne annuelle en cas de traitement
prolongé.
En pratique
Du fait du faible nombre de données
publiées, en particulier sur l’efficacité à
long terme, la mifepristone ne peut pas
être recommandée en 1ere intention de
traitement anti-cortisolique. Son utili-
sation devrait être réservée à l’ineffica-
cité ou la contre-indication des autres
anti-cortisoliques, ou, par exemple,
en association dans la prise en charge
d’un corticosurrénalome malin métas-
tatique. A noter, la rapidité d’efficacité
qui pourrait être un atout majeur dans
la prise en charge des formes psychia-
triques de syndrome de Cushing.
Traitements
à effets centraux
(sécrétion d’ACTH)
Les données sur les traitements
ayant une action centrale sont limitées
en comparaison avec les études publiées
sur les drogues à effets surrénaliens. La
plupart sont des cas cliniques ou des
études avec un effectif limité et/ou un
suivi relativement court.
Agonistes dopaminergiques
• Cabergoline
La cabergoline est un agoniste
dopaminergique qui constitue le trai-
tement de référence des prolactinomes.
Quelques études récentes ont rapporté
l’efficacité de la cabergoline dans la
maladie de Cushing [13]. Pivonello
et al. ont traité 20 patients porteurs
d’une maladie de Cushing pour inef-
ficacité d’une chirurgie transsphénoï-
dale [14]. La cabergoline était donnée à
raison de 1 mg/semaine avec augmen-
tation progressive à raison de 1 mg/
mois jusqu’à 7 mg/semaine ou jusqu’à
normalisation des concentrations de
cortisol libre urinaire. A 3 mois, le corti-
sol libre urinaire était normalisé chez
10 patients. A 18-24 mois, 8 patients
(avec une dose moyenne de 3,5 mg/
semaine) conservaient une valeur
normale de cortisol libre urinaire sous
cabergoline. Deux patients ont présenté
un échappement thérapeutique à
12 et 18 mois de traitement. La caber-
goline était généralement bien tolérée :
2 patients ont du arrêter leur traitement
pour hypotension artérielle sévère [14].
D’autres études (avec un faible effec-
tif) ont également rapporté une effi-
cacité dans environ 50 % des cas de
patients traités par cabergoline, ce qui
souligne le rôle potentiel de cette molé-
cule dans la maladie de Cushing. Une
étude a rapporté l’efficacité d’un traite-
ment conjoint cabergoline (2 à 3 mg/
semaine) – ketoconazole (200 à 400 mg/
jour) : il est cependant difficile de déter-
miner le rôle précis d’une molécule par
rapport à l’autre dans le contrôle de
l’hypercortisolisme.
Plusieurs études portant sur le trai-
tement dopaminergique de la maladie
de Parkinson ont rapporté un risque de
valvulopathie [15]. Les données sont
contradictoires sur un tel risque chez
les patients traités pour un prolacti-
nome, mais ce risque semble faible : les
doses sont très inférieures à celles utili-
sées pour la maladie de Parkinson. Une
surveillance échographique annuelle
48 Médecine Clinique endocrinologie & diabète • Hors-Série •
Syndrome de Cushing
Cusching Brue.indd 48 14/12/10 14:10