●Définition de la technique. La technique et la nature. La technique et l’utile.
I - La technique au fondement de l’humanité
1/ La technique est au cœur de l’existence et de l’essence même de l’humanité
●La technique comme condition d’existence des hommes. Le mythe de Prométhée. Les grandes inventions
techniques.
●L’homme se définit essentiellement comme homo faber (Bergson).
●Distinctions entre la production animale et la production humaine. 4 points de vue : (i) les matériaux utilisés
(matériaux sécrétés par le corps de l’animal ou bien trouvés dans la nature vs. matériaux inventés) ; (ii) la
structure du produit (la structure du produit est le résultat de l’instinct vs. la structure du produit est le fruit
d’une réflexion [cf. Marx], qui elle-même repose sur un savoir-faire, un apprentissage) ; (iii) les moyens pour
produire (le corps de l’animal lui-même vs. la main [cf. Aristote], des outils, des machines) ; (iv) la finalité (la
survie, la simple continuation de l’existence dans la durée vs. une extension de l’existence, une ouverture à
d’autres dimensions [notamment ludiques, artistiques, théoriques…]).
●La technique manifeste la capacité d’invention de l’homme, c’est-à-dire à la fois son intelligence et sa liberté.
2/ Le progrès technique : passage du savoir-faire empirique à la technologie
●La technologie : une technique qui repose sur la science, et non plus sur un simple savoir-faire empirique.
L’exemple de 2001, L’odyssée de l’espace : passage de l’usage de l’os comme arme au vaisseau spatial.
●Quand la technique devient technologie, la technique permet de “nous rendre comme maîtres et possesseurs
de la nature” (Descartes). Maîtrise théorique et maîtrise pratique de la nature. Un changement dans la
conception de la nature : le grand Tout dans lequel l’individu s’inscrit vs. le réservoir d’énergie dans lequel on
peut puiser. L’arraisonnement de la nature (Heidegger) : la compréhension rationnelle des lois de la nature
(maîtrise théorique) permet l’exploitation des forces de la nature (maîtrise pratique).
3/ En quel sens peut-on dire que la technique représente un progrès pour l’homme ?
●Une libération des contraintes que nous impose la nature : (i) La machine comme substitut de l’esclave (la
définition par Aristote de l’esclave comme “instrument animé”) : satisfaction plus facile des besoins, réduction
de la pénibilité de certains efforts, libération de temps pour autre chose, amélioration des conditions de vie. (ii)
une extension de notre capacité d’action, un dépassement des limites de notre corps (l’exemple du transport
et de la vision).
●Progrès technique et croissance économique. Technique et gains de productivité. Cycles de la croissance et
cycles de l’innovation technique. La notion de destruction créatrice (Schumpeter).
●Progrès technique et progrès intellectuels. La science et les instruments techniques de mesure et
d’observation. Les technologies de l’information et de la communication (l’imprimerie, internet).
II - Les critiques de la technique
1/ Vivons-nous dans un monde davantage maîtrisé grâce à la technique ?
●Les risques techniques. Virilio : “Inventer un objet technique, c’est inventer une nouvelle possibilité
d’accidents”. Peut-on contrôler ces risques ? La technique peut-elle nous échapper ? Le mythe d’Icare, la
figure de Frankenstein. Le cas du nucléaire (la question de l’instabilité au niveau physique et au niveau
social), le cas des biotechnologies (le clônage et l’eugénisme, les OGM, le principe de précaution), le cas des
nanotechnologies (miniaturisation et contrôle citoyen).
●La question écologique. Pourquoi devrait-on respecter la nature ? Le respect de la nature et la question des
conditions d’existence des individus. La “transformation de l’essence de l’agir humain” et la responsabilité vis-
à-vis des générations futures (Hans Jonas : le principe responsabilité). L’exemple de l’automobile (la critique
d’Ivan Illitch).
●Qui a véritablement une maîtrise de l’objet technique ? La technique participe-t-elle véritablement
d’un “désenchantement du monde”, d’un univers davantage rationalisé ? La technique comme “magie”. Ni
l’utilisateur lambda, ni l’ouvrier n’ont une véritable maîtrise de la technique (la critique de Simondon). La figure
du bidouilleur (Crawford : éloge du carburateur ; l’exemple du hacker informatique). La dépendance vis-à-vis
de l’objet technique (la critique de Rousseau).
2/ La technique représente-t-elle véritablement une libération de l’individu ?
●Le cas de la télévision. Régis Debray à propos de la télévision : “Ce par quoi nous voyons le monde construit
simultanément le monde et le sujet qui le perçoit”. La construction par le “journal” d’une vision du monde. La
construction d’un type d’individu : comparaison entre le rapport à l’écrit et le rapport à l’écran (passivité dans
la réception d’une information/activité de recherche ; immédiateté / patience de la compréhension ; rapidité,
vitesse / lenteur ; zapping / attention constante [Stiegler]). Analyse critique de cette perspective médiologique
selon laquelle une technique particulière peut définir une certaine forme de vie et de pensée.
●La vie au rythme des objets : “Comme l’enfant-loup est devenu loup à force de vivre avec eux, nous devenons
lentement fonctionnels nous aussi. Nous vivons le temps des objets” (Baudrillard). 3 niveaux d’analyse : (i) la
présence massive des objets techniques dans notre espace (“à force de vivre avec eux”) ; (ii) la vie assujettie
au rythme de la production des objets, l’insatisfaction cyclique du désir dans la société de consommation
(“nous vivons le temps des objets”) ; (iii) L’extension de la norme de la performance et de la fonctionnalité
(dans le travail, l’éducation et la culture, la sexualité…).