Vivre, Malgré L`absurde

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١٠١ ‫ ﺍﻟﻌﺩﺩ‬/ ‫ﻤﺠﻠﺔ ﻜﻠﻴﺔ ﺍﻻﺩﺍﺏ‬
M. Tahseen Kareem Mousa
Tentative De Dépasser L'absurde
Et Vivre Malgré L'Absurde
M. Tahseen Kareem MOUSA
Université de Koya
Faculté des sciences humaines
Et L'éducation
École des langues
Département de Français
Introduction
L’homme absurde se considère comme un homme libre
puisqu’il n’a pas à obéir à une exigence guidant sa vie ou à se
conformer à une seule manière d’être. La vérité limite la vie de
l’homme dans le sens où elle pourrait donner à l’existence un
but ou un sens précis. Or, la vie offre à l’homme plusieurs
vérités et cette pluralité prouve la relativité de ces vérités. En
fait, le relatif est plus accessible à l’homme, il réduit les efforts
pour rechercher une seule vérité et détourne l’homme de
l’universel insaisissable. Puisque sa vie n’est pas restreinte à
une seule vérité à poursuivre, l’homme absurde jouit
pleinement de sa liberté car il ne relie pas sa destinée à une
finalité qu’il devrait atteindre. La liberté de l’homme absurde
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l’entraîne dans toutes les directions possibles, elle lui permet
d’affirmer son indépendance à l’égard de toute exigence et de
démontrer son émancipation à l’égard de ce qui resserre sa vie
et la détermine. Un homme découvrant le caractère absurde de
son existence, se confrontant au silence d’un monde qui ne
présente aucun intérêt pour ses exigences, est un homme qui
devient à son tour un être absurde. Il ne trouve pas de preuve
pour vivre avec les autres personnes, ni pour sa vie personnelle.
L’homme absurde vit sans espoir c’est-à-dire qu’il refuse une
finalité à sa vie, un but qui la limiterait davantage et qui
l’emprisonnerait, puisque c’est un homme conscient de la
multiplicité des vérités. L’espoir consiste en effet dans la
recherche d’une vérité universelle qui resserre la vie de
l’homme. Or ce qui est vrai, c’est la relativité et la pluralité qui
naissent de l’absence de normes fixes, et d’une échelle de
valeurs universelles. La relativité des certitudes comble
l’homme absurde pour qui la liberté est le seul et unique bien
qu’il croit posséder. La pluralité des vérités n’est pas un facteur
qui accentue l’indétermination et la désorientation de l’homme
dans un monde absurde. Les vérités sont, au contraire, une
preuve de la liberté totale de l’homme ayant la possibilité de
choisir entre ces vérités ou même de les adopter toutes.
Admettant la justification, d’un seul vrai sens à sa vie, qui est
la liberté absolue, parce que l’homme dispose d’un autre droit,
le droit à la liberté, liberté d’esprit, liberté d’action. La liberté
a, à la fois, un caractère collectif et une dimension privée.
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- Définition de L'absurde.
En fait, ce n'est pas le monde qui est absurde mais la
confrontation de son caractère irrationnel et de ce désir éperdu
de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme.
Ainsi l'absurde n'est ni dans l'homme ni dans le monde, mais
dans leur présence commune. Il naît de leur antinomie.
((L'absurde est notre situation la plus essentielle, le divorce
inévitable entre l'esprit qui désire l'unité et le monde
déraisonnable qui déçoit cet esprit.)). .)).((Emmanuel :
١٩٥٣:p.٧٣)). Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle
l'un à l'autre comme la haine seule qui peut river les êtres.
L'irrationnel, la nostalgie humaine et l'absurde surgissent de
leur tête-à-tête. Si cette notion d'absurde est essentielle, si elle
est la première de nos vérités, toute solution du drame doit la
préserver. ((Camus déclare: l'absurde c'est la raison lucide
qui constate ses limites. Je tire de l'absurde trois
conséquences qui sont ma révolte, ma liberté, ma passion.
Par le seul jeu de ma conscience, je transforme en règle de
vie ce qui était invitation à la mort - et je refuse le
suicide)).(( Camus:١٩٦٠: p.٦١)) Camus récuse donc les
attitudes d'évasion qui consisteraient à escamoter l'un ou l'autre
terme : d'une part le suicide, qui est la suppression de la
conscience ; d'autre part les doctrines situant hors de ce monde:
les raisons et les espérances qui donneraient un sens à la vie,
c'est-à-dire soit la croyance religieuse, soit ce qu'il appelle le
suicide philosophique des existentialistes (Jaspers, Chestov,
Kierkegaard) qui, par diverses voies, divinisent l'irrationnel ou,
faisant de l'absurde le critère de l'autre monde . Au contraire, le
seul qui donne au drame sa solution logique, celui qui décide
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de vivre seulement avec ce qu'il sait, c'est-à-dire avec la
conscience de l'affrontement sans espoir entre l'esprit et le
monde. ((Qu'est-ce donc que le suicide philosophique? « Je
prends la liberté d'appeler ici suicide philosophique
l'attitude existentielle. Mais ceci n'implique pas un
jugement. C'est une façon commode de désigner le
mouvement par quoi une pensée se nie elle-même et tend à
se surpasser dans ce qui fait sa négation. Pour les
existentiels, la négation, c'est leur Dieu. Ces négations
rédemptrices, ces contradictions finales qui nient l'obstacle
que l'on n'a pas encore sauté, peuvent naître aussi bien
(c'est le paradoxe que vise ce raisonnement) d'une certaine
inspiration religieuse que de l'ordre rationnel. Elles
prétendent toujours à l'éternel, c'est en cela seulement
qu'elles font le saut)).(( Mélançon: ١٩٧٦: P.٣٦))
En fait, il ne s'agit pas de raison, mais de sensibilité, et les
limites attribuées à la raison sont réellement les limites données
à l'illimité linguistique. Cependant, l'intervention du mot raison
n'est pas accidentelle.
La confrontation dans l'absurde où L'homme se trouve
devant l'irrationnel. Il sent en lui son désir de bonheur et de
raison. donc L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel
humain et le silence déraisonnable du monde. Ce n'est pas donc
à proprement parler, ni dans le monde ni dans l'esprit humain
que se situe l'absurde, mais dans leur présence commune :
((l'absurde n'est pas, à proprement parler dans l'homme ni
dans l'univers, il est seulement dans leur opposition.
Absurde est la confrontation entre le soif de comprendre
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qui torture l'homme et l'irrationnel du monde qui lui
résiste.)).((Hermet:١٩٩٠:P.٨٥)).
D'après ce qui précède, On peut définir l'absurde comme la
relation d'inadéquation métaphysique entre l'homme et le
monde. En l'occurrence, l'absurde est un rapport établi entre
deux choses comparées; il est une confrontation, et une
comparaison. C'est une Relation d'inadéquation : en effet il ne
s'agit pas d'une égalité entre deux termes, mais d'une
disproportion, d'un désaccord, d'une contradiction, d'un
divorce. ((La passion de l'absurde, cette passion d'abord
déchirante – la plus déchirante de toute-, qui brulait le
cœur en même temps qu'elle l'exaltait, devient une passion
somptueuse.)).((Emmanuel:١٩٥٣:p.٨٤)).
L'homme absurde laisse de côté le problème de la liberté en
soi qui n'aurait de sens qu'en relation avec la croyance en Dieu
; il ne peut éprouver que sa propre liberté d'esprit ou d'action.
Jusqu'à la rencontre de l'absurde, il avait l'illusion d'être libre
mais était esclave de l'habitude ou des préjugés qui ne
donnaient à sa vie qu'un semblant de but et de valeur. la
découverte de l'absurde lui permet de tout voir d'un regard neuf
: il est profondément libre à partir du moment où il connaît
lucidement sa condition sans espoir et sans lendemain. Il se
sent alors délié des règles communes et apprend à vivre sans
appel.
D'une part l'homme en tant qu'esprit, d'autre part, le monde en
tant qu'une chose acceptée toujours par l'homme, au sens
universel de l'ordre des choses, qui peut avoir une multitude
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d'applications concrètes. L’absurdité n’a rien à voir avec la
banalité de la vie quotidienne ni l’habitude, laquelle est au
contraire un formidable repère grâce auquel on peut donner
sens à tout ce qui nous entoure. De plus, comme l’écrit
Blanchot, le quotidien est ((le lieu de toute signification
possible)). ((Blanchot: ١٩٦٩: p. ٣٥٧)).
- L'absurde, un point de départ existentiel.
Camus est l’un des rares penseurs à avoir donné à l’absurde
une place importante dans le philosophique discours
contemporain. D’une certaine façon, il a fait de l’absurde une
question incontournable en l’associant à la condition humaine.
L’homme pris dans son destin ne peut que constater l’absurdité
de son existence. Celle-ci n’a ni sens ni finalité. C’est moins
dans son rapport au monde que dans ce qui l’unit au monde où
se trouve l’absurde. Il est l’entre-deux, entre l’homme et le
monde, pris entre notre besoin de comprendre et un monde où
il n’y a pas de signification. D’ailleurs, si l’on proclame
l’absence radicale d’un sens à l’existence, tout serait permis, y
compris le meurtre. Cette attitude marque l’indifférence à la
vie, la négation de toute valeur et la tolérance de n’importe
quelle action du fait que rien n’a de sens ni d’importance.
((C'est pourquoi l'homme a toujours été au centre de ses
préoccupations, en tant qu'il appartient à lui seul de forger
ses raisons de vivre et, livré à ses propres lumières, de
trouver sa voie dans un monde sans dieu.)).((Hermet :
١٩٩٠:p.١١))
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La vie est la seule certitude dont l’homme est capable et c’est
pourquoi il a le devoir de la protéger, de la défendre et de la
valoriser en lui conférant une signification. On voit bien à ce
niveau-là que ce sont précisément le sentiment puis l’évidence
de l’absurde qui mène à l’exaltation de la vie. L’absurde est
dans la philosophie de Camus une sensibilité qui, aboutissant à
une impasse, se retourne sur elle-même et s’anéantit pour
transporter l’homme vers une issue imprévue.
Cet aboutissement nous surprend et nous dévoile la
persévérance de l’homme à sortir du gouffre de l’absurde dans
lequel il s’est précipité, afin d’atteindre la lumière. Camus a
donc été enfermé à tort dans le point de départ de sa
philosophie qu’est l’absurde. Le cheminement de sa pensée l’a
mené à chercher un sens à la vie et à éviter le nihilisme. (( Le
nihiliste est l’homme du dehors, tout en surface, sans
profondeur, sans état d’âme; il vocifère contre tout et
d’abord et avant tout contre son propre fait. Le nihiliste est
autodestructeur parce que l’homme, son existence, est
impossible.)).((Olivier:٢٠٠٧: P.١٠١)).l’absurdité est que la vie
mène à la mort, elle est aussi présente dans la guerre.
L'apparente absurdité de la vie est un thème existentialiste que
l'on trouvait chez Sartre et Camus mais ceux-ci utilisaient les
outils de la dramaturgie conventionnelle et développaient le
thème dans un ordre rationnel. le théâtre de l'absurde n'est ni un
mouvement ni une école et tous les écrivains concernés étaient
extrêmement individualistes et formaient un groupe
hétérogène. Cependant, ils n'appartenaient pas à la société
bourgeoise française qui résidait dans un rejet global du théâtre
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occidental pour son adhésion à la caractérisation
psychologique, en plus une intrigue mélangée par la confiance
et une communication par le dialogue. ((J’appelle absurde ce
que ne comprend pas. j’appelle aussi absurde, l’homme qui
erre sans but l’oubli du but, l’homme coupé de ses racines
essentielles, l’errance sans but c’est l’absurde de Kafka)).
((Jacquart: ١٩٩٨: p.٨٢)), mais la perte de l’homme est liée à
trois grands thèmes communs : la solitude, la souffrance et
l’absurdité de la condition humaine, les trois cas sont dominés
par le pessimisme qui est la souffrance douloureux, et c’est
l’homme mesquin qui est impeccable ; mais c’est son destin
éternel qui pousse cet homme à l’ignorance. le sentiment de
l’absurde est donc, dans la pensée de Camus, un point de
départ existentiel. On ne peut pas enfermer l’auteur dans cette
attitude qui n’est chez lui que provisoire. En effet, il (( n’avait
exploré l’absurde que pour mieux parier sur nos raisons
d’être )).(( Lebesque :١٩٦٣:p.٦٣)). Camus a voulu nous
prouver, en posant l’absurdité du monde, que même un homme
lucide, conscient de la vanité de sa vie et vivant sans espoir,
garde le courage et la force requises afin de lutter pour sa
survie dans un univers où règne l’absurde.
Le point de départ de la philosophie de Camus est un
existentialisme pathétique émanant de la déchirure entre les
appels continus de l’homme et le silence déraisonnable du
monde. L’effort déployé par l’homme afin de survivre dans un
univers absurde est en quelque sorte une tentative pour briser le
cercle vicieux et pour définir une règle de conduite adéquate à
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la réalité vécue. Camus cherche donc une morale pratique, il
s’intéresse à savoir comment l’homme pourrait se conduire
dans un monde absurde, dérisoire quand il refuse de faire un
saut du côté du religieux ou du côté des systèmes qui unifient
et rationalisent le réel. ((L'absurde est éprouvé d'une
sensibilité absurde, et non d'une conception absurde dans
la relation de l'homme avec le monde: un homme
questionneur qui se heurte au mutisme du monde. Ce qui
suppose, en effet, un monde déraisonnable, découragent
toutes
les
interrogations.)).((Bagot:١٩٩٣:p.١٠٨)).Ainsi,
l’absurde ne peut être chez Camus qu’une position provisoire
qui guide un raisonnement cherchant à savoir ce que pourrait
devenir la vie lorsque l’homme découvre qu’elle n’a pas de
sens. Le non-sens prouve à l’homme qu’il a une raison de plus
pour agir et donner à sa vie une signification. Le raisonnement
de Camus aboutit à affirmer la nécessité de maintenir la
conscience humaine éveillée face à l’absurde. Cette attitude
empêche l’homme de consentir ou de se résigner à l’absurdité
de son sort. Certes, la description de l’absurde est
indispensable pour rendre compte d’une réalité qui n’est autre
que la confrontation entre les aspirations de la conscience
humaine et le silence mystérieux du monde qui refuse de les
satisfaire.(( L’absurde est alors ce qui résiste à la question
pourquoi, à la question de la recherche d’un sens à
l’existence)).(( Encyclopédie:١٩٩٠: p.١٣)). L’expérience de
l’absurde est utile à la conscience dans le sens où elle lui
permet de se libérer des chaînes de la vie quotidienne pour
chercher un passage hors du domaine de l’absurde. La fuite
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face à l’absurde est une lâcheté, alors que le fait de maintenir
sa conscience éveillée fonde le premier pas vers la quête d’une
issue à l’absurde. Une conscience qui se maintient face à
l’absurde est une conscience lucide, prête à agir et à lutter
parce qu’elle est capable d’affronter clairement la réalité
écrasante.
Ainsi, une conscience qui ne se dérobe pas à l’absurde est apte
à dégager l’homme de sa situation intenable. ((L'absurde du
monde n'est pas cette hantise à chaque moment
oppressante ou poignant que décrivent les philosophies
existentielle: elle s'offre comme une très vieille et sobre
sagesse. Aujourd'hui accoutumée, dont les esprits avises
font la place s'ils veulent penser honnêtement.)).
((Emmanuel:١٩٥٣:p.٧١)). L’expérience de l’absurde, vécue
consciemment, constitue alors un passage de la passivité à
l’activité, de la résignation à la lutte. L’absurde est non pas un
enfermement définitif mais un facteur qui pousse l’homme hors
d’un univers qui l’écrase. la découverte de l’absurde n’est pas
une prison mais une invitation pour dépasser consciemment et
courageusement une situation intolérable. en d’autres termes,
lorsque l’homme constate que l’absurde ne mène nulle part et
ne satisfait pas sa quête essentielle, il entreprend une nouvelle
recherche qui lui ouvre la voie vers une autre dimension d’être
et de concevoir le monde. ((L’absurde, c’est l’inhumanité de
l’existence humaine, en son agitation sans proportion, sans
portée ; la chaîne des gestes quotidiens, des travaux et des
jours)).((Louisgrand:١٩٧٠: p.٣١٩)).
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- La morale de l'absurde.
Au Mythe de Sisyphe. Dans cet ouvrage publié en ١٩٤٢,
Camus pose le problème du suicide. Plus spécifiquement, il
traite de la relation entre le suicide et l’absurde. Il dit : ((Le
sujet de cet essai est précisément ce rapport entre l’absurde
et le suicide, la mesure exacte dans laquelle le suicide est
une solution à l’absurde.)).((Camus : ١٩٤٢:p.٢١)).ce travail
débute donc par une étude du concept de l’absurde, l’absurde
se dévoile, nous dit Camus, de deux manières. Il est dans un
premier temps opacité du monde, mais aussi absurde découvert
par l’intelligence. Il apparaît d’abord comme lié au monde luimême. l’absurde du monde se révèle à travers l’étrangeté de
celui-ci, lorsqu’il nous apparaît dans sa profondeur au cœur
même des activités quotidiennes qui le recouvrent de
l’habitude. le suicide et l’espoir sont, pour Camus, des fuites
face à la réalité. En fait, par le suicide, l’homme supprime
volontairement sa conscience ainsi que son existence ; par
l’espoir, il recourt à des croyances illusoires qui lui masquent
le réel. le mieux d’après Camus est de maintenir notre
conscience éveillée et de vivre d’une manière lucide d'après les
conditions qui nous sont attribuées. Afin de vivre
authentiquement un destin absurde, il suffit de définir soimême une règle de conduite lucide.
Conscient de l’absurde et rejetant le suicide, acceptant sa
condition et exaltant la vie, l’homme cherchera une règle de vie
pratique qui oriente son existence. alors, ((comment vivre
lorsque l’on éprouve la passion de vivre et que l’on a
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conscience, en même temps, du côté désespérant et absurde
de l’existence ? )).((Chavanes : ١٩٩٠: p.٥٧)). Ni l’espoir, ni le
suicide, comme déjà démontré, ne sont des issues à cette
problématique. La meilleure solution serait d’assumer notre
condition humaine avec tous ses défauts et toutes ses
imperfections. l’éthique spinoziste est effectivement une
recherche de la félicité à travers des voies qui ne s’écartent pas
de l’existence humaine. Pour Spinoza, ((l’homme s’efforce de
persévérer dans son être pour une certaine durée indéfinie,
et il est conscient de son effort)). ((Spinoza : ١٩٥٤: p.٤٢٢)). le
bonheur de l’homme découle précisément de cette conscience,
c'est l’effort dynamique de l’homme et son insistance pour
continuer d’exister. c’est dans ce sens-là que Camus s’est mis à
la recherche d’une doctrine de vie permettant à l’homme de se
dégager d’un univers absurde qui l’écrase, et de lutter pour
conserver son existence. cette règle de conduite est donc une
affirmation de la puissance de la volonté humaine qui cherche à
exister malgré l’absurde. déçu par ce monde où la mort règne et
met terme aux ambitions de l’homme, Camus a été conduit à
trouver un moyen pour contrecarrer l’invasion de l’absurde. ce
moyen devrait être à la portée de l’homme, issu de sa
souffrance essentielle mais la dépassant. Il devrait emporter
l’homme hors de l’emprise étouffante de l’absurde en lui
proposant une solution possible et réalisable. Camus affirme la
nécessité de définir une règle de conduite qui permet à
l’homme de vivre son destin absurde. ce désir d’exister encore
et toujours montre que l’être humain garde la force de lutter et
de combattre pour tenter de dépasser la déchirure initiale, sans
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pour autant la renier. ((Le sentiment de l'absurde semble être
en contradiction avec lui-même. Dire que l'existence est
absurde, c'est en effet dire quelque chose de l'existence, en
rendre raison. On affirme que l'existence a un sens en
disant qu'elle n'en a pas.)).((LA Balme: non date : P.٧٣)).
L’homme n’est plus une proie à la déception et au désespoir ;
cette doctrine, basée sur un humanisme éblouissant, redonne à
l’homme le goût de vivre. cette lueur proposée par un sens
relatif pourrait déboucher sur un élan nouveau pour la vie et sur
une recherche d’une signification plus profonde et plus
consistante pour l’existence.les valeurs morales ont été dans un
premier moment attaquées par Camus puisqu’elles ne
pouvaient pas constituer des repères pour orienter et diriger la
vie des hommes. mais Il a reconnu plus tard que cette
indifférence à l’égard des valeurs ((conduisait à accepter
l’inacceptable, et notamment le meurtre des innocents)).
((Chavanes:١٩٩٠: p.١٢)). alors, même si le monde n’a pas de
sens, l’homme ne saurait se passer d’une éthique, ni renoncer à
l’action. Camus a essayé d’entrevoir une règle de conduite
respectant la qualité de la vie, sa profondeur et sa signification
incontestable, qu’il exploitera plus à fond lorsqu’il développera
sa conception sur la révolte. ((L’homme absurde était lié à
son destin, l’homme révolté est lié à l’humanité. Il se
solidarise avec les autres hommes par une communauté de
nature et de condition de l’homme.)).((Olivier:٢٠٠٧:p.٣٨))
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- Vivre, Malgré L'absurde
- Vivre une expérience, un destin, c'est l'accepter pleinement.
Or on ne vivra pas ce destin, le sachant absurde, si on ne fait
pas tout pour maintenir devant soi cet absurde mis à jour par
la conscience. Vivre, c'est faire vivre l'absurde. Le faire
vivre, c'est avant tout le regarder. L'une des seules positions
philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. Elle est un
confortement perpétuel de l'homme et de sa propre obscurité.
Elle remet le monde en question à chacune de ses secondes.
Elle n'est pas aspiration, elle est sans espoir. Cette révolte
n'est que l'assurance d'un destin écrasant, moins la
résignation qui devrait l'accompagner. l'absurde est cette
tension entre un monde irrationnel et la volonté de connaître
de l’être humain. Il est ce déchirement d’une pensée qui
cherche à quadriller, à clarifier, à rendre compte d’un monde
qui la dépasse essentiellement. Camus ajoute ((l'absurde
n'est pas dans l'homme, ni dans le monde, il est dans leur
divorce, dans leur opposions : donc il est opposition, il
n'a de sens que dans la mesure où l'on n'y consent pas,
car un contraste, une incommensurabilité, un
déchirement n'est pas une lutte. Et une lutte même, une
lutte de fait, n'est pas de soi, une lutte justifiée, un devoir
de lutter.)). ((Emmanuel:١٩٥٣:p.٧٨)).l'homme absurde ne
pourrait s'échapper de son état qu'en niant l'une des forces
contradictoires qui le fait naître : trouver un sens à ce qui est
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ou faire taire l'appel humain. Or aucune de ces solutions n'est
réalisable. dans Le mythe de Sisyphe, Camus prend
l’absurde comme point de départ à sa réflexion, mais il ne
reste pas attaché à ce point particulier de son raisonnement,
puisqu’il cherche à le dépasser vers d’autres horizons. Dès
son essai sur l’absurde, Camus pose le problème du
dépassement du non-sens:(( L’unique donnée est pour moi
l’absurde. Le problème est de savoir comment en sortir))
.((Camus:١٩٤٢:p.٥١)) . S’il cherche à se dégager de
l’impasse à laquelle mène l’absurde, c’est qu’il a reconnu
que la vie ne peut être vécue si elle ne reçoit pas un certain
sens. Mais avant d’explorer le sens de la vie, il importe selon
Camus d’aimer la vie. Il affirme lui-même dans Les
Nouvelles Littéraires: ((Si on pense que rien n’a de sens,
alors il faut conclure à l’absurdité du monde. Mais rien
n’a-t-il de sens ? Je n’ai jamais pensé qu’on puisse rester
sur cette position)).((Moeller:١٩٥٧:p.٥٦)). la pensée
camusienne est en fait une pensée qui évolue parce que
guidée par un idéal :la défense de l’homme contre la
violence et la mort injustifiable. l’homme est le seul être
capable de dépasser une situation sans la nier et de la
résoudre sans éliminer ses principales caractéristiques. la
révolte apparaît dans la philosophie de Camus comme la
première des solutions à l’absurde. Elle consiste à ne pas fuir
l’absurde, une fois qu’on en a pris conscience. la révolte est
un incessant défi à la condition humaine écrasante. Il s’agit
de ne pas se résigner mais de se battre. La révolte est l’issue
suprême à l’absurde car elle consiste à entretenir en soi une
lutte permanente à l’égard de notre destin. ((La vraie
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grandeur de cette révolte réside dans l’affirmation
implicite
de
la
transcendance
de
l’esprit
humain)).((Chavanes:١٩٩٠: p.٦٣)). en fait, l’homme ne
peut pas se résigner à l’absurde parce que sa conscience
refuse d’y consentir et de s’humilier. Elle continue à
chercher la clarté contre l’obscurité, l’ordre contre
l’irrationalité, et le sens contre le nihilisme. L’esprit humain
lutte pour garder ses pouvoirs et ses facultés éveillées, c’est
précisément ce combat quotidien qui fait la grandeur de
l’homme.une deuxième méthode est envisagée par Camus et
proposée à l’homme voulant vivre en acceptant l’absurde ;
c’est la liberté. celle-ci est une conséquence directe de la
découverte de l’absurde. c’est une liberté totale à l’égard de
la vie, une liberté qui devient la seule et unique valeur dans
un monde absurde, dans le sens où elle dégage l’homme de
toute illusion et institue en lui une lucidité victorieuse.
L’homme libre est alors un être pleinement conscient de sa
situation dans le monde, un être libéré de ses habitudes et de
ses gestes machinaux, pour choisir une voie par laquelle il
dépasserait sa condition absurde. En effet, la gratuité de
l’existence pousse l’homme à se déterminer lui-même dans
ses choix et dans ses actions. ((Camus déclare: ‹‹l'absurde
c'est la raison lucide qui constate ses limites)).(( GayCroisier :١٩٨٥ :p.٦١ )).pour Sartre, la liberté émane de la
conscience humaine, lucide du caractère tragique de
l’existence. Parce qu’il est libre de choisir sa propre voie,
l’homme doit, selon Sartre, accepter le risque et la
responsabilité inhérents à son engagement.(( Il est libre
parce qu’il peut toujours choisir d’accepter son sort avec
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résignation ou de se révolter contre lui)).
((Sartre:١٩٧٦:٥١)). Dans sa philosophie, la liberté est, en
fait, la conséquence de la contingence du monde et de sa
futilité qui placent l’homme dans une situation d’angoisse
face à sa vie. c’est pourquoi, le sentiment de l’absurde naît
quand la conscience humaine se heurte à l’irrationnel qui
pousse l’homme à être aliéné dans ce monde, en l’occurrence
le sentiment de l’absurde se trouve contre la permanence de
la vie (( la réalité humaine peut se choisir comme elle
l’entend, mais ne peut pas ne pas se choisir, elle ne peut
même pas refuser d’être… par cet être qui lui est donné,
elle participe à la contingence universelle de l’être, et, par
là même, à ce que nous nommions absurdité ))
.((Sartre:١٩٧٦:p.٥٥٨-٥٥٩)). Sartre affirme que tout être
humain est obligé à faire des choix librement et sans aucune
référence. D’où l’angoisse qui naît chez chaque individu
bénéficiant d’une liberté absolue. tout homme doit inventer
ses propres valeurs et sa propre nature, ce qui le rend
pleinement responsable de ses choix. Pour Camus, cette
confrontation avec la vie devrait se faire, non avec angoisse
mais avec passion. c’est la troisième attitude possible à
l’égard de l’absurde, une attitude qui offre à l’homme la
possibilité de vivre intensément et d’accueillir tout ce que lui
offre le moment présent. l’homme est un projet, sa
conscience se jette en avant d’elle-même vers l’avenir, il est
fondamentalement une liberté: ((Libéré à la fois de son
passé et de son avenir, il vit avec passion ce qui lui est
donné à l’instant présent)).(( Chavanes:١٩٩٠:p.٦٥)).
Étant Lucide du caractère absurde et vain de la vie, l’homme
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recourt à la multiplication passionnée de ses expériences,
considérant que cette conduite comblera la vacuité de son
existence et lui permettra d’accroître son désir de rester en
vie. Pourtant, l’homme qui opte pour la passion comme
solution à l’absurde, resserre sa vie entre les barreaux du
superficiel et du factice. ces trois conséquences tirées de
l’évidence de l’absurdité de la vie dévoilent trois possibilités
différentes d’agir face à la réalité. elles permettent à
l’homme de vivre malgré l’absurde et de persévérer dans la
recherche d’une issue à sa situation. cependant, la conduite
la plus authentique est certes la révolte parce qu’elle montre
la lucidité et le courage de l’homme à affronter une condition
supposée lui être supérieure Par sa lutte, l’homme s’affirme
et affirme la valeur de son existence. Par ailleurs, la liberté
totale, ainsi que la passion, prouvent que l’homme n’est pas
encore prêt à l’affront, il croit agir mais, en réalité, il ne fait
que réagir face à son destin. La liberté et la passion
n’engagent pas une lutte contre l’absurde parce qu’elles
n’aboutissent pas à un combat permettant à l’homme de
dépasser réellement sa situation tragique. ((L'absurde est
un divorce entre l'esprit qui désire et le monde qui déçoit
cet esprit et ce monde, reboutés l'un contre l'autre sans
pouvoir s'embrasser . )) . (( Emmanuel : ١٩٥٣: p .٧١ )) .
l'inhumanité des hommes participe encore à l'absurdité.
L'aspect mécanique de leurs actes ou de leurs gestes, donc
leur pantomime privée de sens rend stupide tout ce qui les
entoure. ((Les trois termes dans l'absurde Trois termes
sont présents dans l'absurde. Ils constituent, dans le
langage de Camus les trois personnages du drame, la
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singulière trinité. En premier lieu, il y a l'homme luimême, qui tire sa grandeur de son intelligence éprise de
clarté et d'unité. En second lieu, il y a le monde fermé,
divisé, déraisonnable, peuplé de ces irrationnels. Il est un
univers indicible où règnent la contradiction, l'antinomie,
l'angoisse ou l'impuissance. En troisième lieu se trouve la
confrontation elle-même de l'homme et du monde,
confrontation qui est déchirement, divorce, fracture,
lutte sans repos)). ((Mélançon: ١٩٧٦: P.٧٦ )).cette
confrontation crée la passion essentielle de l'homme déchiré
entre son appel vers l'unité et la vision claire qu'il peut avoir
des murs qui l'enserrent. Mais où se situe l'absurde ? Dans le
monde, dans l'homme ? Non, dans leur confrontation.
L'homme se trouve devant l'irrationnel. Il sent en lui son
désir de bonheur et de raison. L'absurde naît de cette
confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable
du monde. Ce n'est donc, à proprement parler, ni dans le
monde ni dans l'esprit humain que se situe l'absurde, mais
dans leur présence commune. le monde est absurde, ce
monde en lui-même n'est pas raisonnable, c'est tout ce qu'on
peut dire. mais ce qui est absurde, c'est la confrontation de
cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel
résonne au plus profond de l'homme. pour chacun d'entre
eux (irrationnel et de ce désir éperdu), l'absurdité naît d'une
comparaison. le sentiment de l'absurdité ne naît pas du
simple examen d'un fait ou d'une impression, mais qui surgit
de la comparaison entre un état de fait et une certaine réalité,
entre une action et le monde qui la dépasse. L'absurde est
essentiellement un divorce. Il n'est ni dans l'un ni dans l'autre
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des éléments comparés. Il naît de leur confrontation. JeanPaul Sartre remarque avec justesse que l'absurde peut être
pris objectivement ou subjectivement, d'une façon relative et
d'une façon absolue. ((le choix même de l’absurde, un
véritable
suicide
de
la
conscience)).
((Sartre:١٩٧٥:P.١٦٣)). la liberté véritable commence avec
la découverte de l'absurde. Auparavant, l'homme quotidien
qui vivait avec ses buts, comptait sur le futur ; il agissait
comme s'il était libre. mais après la découverte de l'absurde,
tout est changé : ((l'homme absurde comprend que,
jusqu'ici, il était lié à ce postulat de liberté sur l'illusion
de quoi il vivait. Dans un certain sens, cela l'entravait.
Dans la mesure où il imaginait un but à sa vie, il se
conformait aux exigences d'un but à atteindre et devenait
esclave de sa liberté)). ((Mélançon: ١٩٧٦: P.١٥٨)). la
liberté ne s'exerce pas en fonction de la vie éternelle, il lui
reste comme un champ d'exercice tout le temps de la vie
présente.les principes de la seule liberté raisonnable, Sartre
justifie le rapport d’une part entre la liberté et le choix, et
d’autre part entre ce choix et l’absurdité, en disant : (( La
liberté est choix de son être, ce choix est
absurde )).((Sartre:١٩٧٦:P.٥٥٨)). La condition humaine
est absurde : il y a divorce entre l'homme et le monde, et
divorce entre les hommes eux-mêmes. Il se poursuit dans les
relations avec le monde dans les rapports des hommes entre
eux. L'homme se trouve en désaccord avec son univers, et
c'est le caractère essentiel de l'homme d‘être absurde dans le
monde.
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Conclusion
La pensée absurde est évidemment une pensée en
mouvement dans le sens où elle réalise une évolution
remarquable entre son point de départ qu’est le sentiment de
l’absurde, et son point d’aboutissement qui est la recherche
d’un sens existentiel à travers la révolte. L’absurde, la révolte
et l’amour représentent, dans la pensée absurde, trois approches
avec lesquelles l’homme a appréhendé l’existence humaine. En
effet, le vertige du non-sens et la quête incessante pour rendre
intelligible notre existence, demeurent des sujets inépuisables
qui captivent la conscience humaine, des interrogations
inassouvies qui sont ancrées dans la nature humaine insatisfaite
et des problèmes qu’aucune réponse ne résout définitivement.
L'absurde n'est pas un savoir, c'est un état acquis par la
confrontation consciente de deux forces qui sont le monde et
mon esprit. la maintenance de cet état demande une lucidité et
nécessité, donc
l'absurde c'est la conscience toujours
maintenue d'une
fracture entre le monde et l'esprit. la
condition absurde est à la foi la malédiction de l'homme qu'il
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M. Tahseen Kareem Mousa
doit refuser sa situation fondamentale qu'il doit entrer tenir
pour maintenir positivement en forme, et la situation active de
révolte où il s'engage devant elle
Bibliographie
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‫ﻤﺠﻠﺔ ﻜﻠﻴﺔ ﺍﻻﺩﺍﺏ ‪ /‬ﺍﻟﻌﺩﺩ ‪١٠١‬‬
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‫‪Presses de l’Université du Québec.٢٠٠٧‬‬
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‫‪• Sartre, Jean Paul, l’Être et le Néant, Editions Gallimard. Paris .١٩٧٦.‬‬
‫‪‬‬
‫ﯾﺘﻤﯿﺰ ھﺬا اﻟﺒﺤﺚ ﺑﻄﺮﺣﮫ ﻟﻤﺴﺎﻟﺔ ﻣﮭﻤﺔ ﻓﻲ اﺑﺠﺪﯾﺎت اﻻدب اﻟﻌﺎﻟﻤﻲ وﺧﺼﻮﺻﺎ‬
‫اﻻدب اﻟﻔﺮﻧﺴﻲ اﻻ وھﻲ ﻣﺴﺎﻟﺔ اﻟﻌﺒﺚ ودور اﻟﻌﺒﺜﯿﺔ ﻓﻲ ﺣﯿﺎﺗﻨﺎ وﻛﺬاﻟﻚ ﻛﯿﻒ ﯾﻤﻜﻦ‬
‫ﻟﻨﺎ ان ﻧﺼﺒﺢ ﻋﺒﺜﯿﻦ ﺑﻮﻋﯿﻨﺎ او دون وﻋﯿﻨﺎ‪ .‬ان اﻛﺜﺮ اﻟﻜﺘﺎب اﻟﺬﯾﻦ ﻧﺠﺤﻮا ﻓﻲ ﺗﺠﺴﯿﺪ‬
‫اﻟﺤﯿﺎة اﻟﻌﺒﺜﯿﺔ ﻓﻲ رواﯾﺘﮭﻢ وﻛﺘﺎﺑﺎﺗﮭﻢ ھﻢ ﻣﻦ اﻣﮭﺮ ﻛﺘﺎب اﻟﻘﺮن اﻟﻌﺸﺮﯾﻦ اﻣﺜﺎل‪:‬‬
‫ﺳﺎرﺗﺮ وﻛﺎﻣﻮ وﻛﯿﺎﻛﺎﻛﺎر وھﯿﻜﺎر‪ .‬ﻛﻞ واﺣﺪ ﻣﻨﮭﻢ ﻃﺮح ﻣﻮﺿﻮع اﻟﻌﺒﺚ ﻣﻦ رؤﯾﺘﮫ‬
‫ﻓﻤﺜﻼ رﺑﻂ ﻛﺎﻣﻮ ﻣﺴﺎﻟﺔ اﻟﻌﺒﺚ ﺑﺎﻟﺘﻤﺮد واﻋﺘﺒﺮ ان اﻻﻧﺘﺤﺎر ھﻮ وﺟﮫ ﻣﻦ اوﺟﮫ اﻟﻌﺒﺚ‬
‫اﻟﻤﺘﻌﺪده وﻟﯿﺲ ﺷﺮﻃﺎ ان ﯾﻜﻮن ھﺬا اﻻﻧﺘﺤﺎر ﺟﺴﺪي اذ ﻣﻦ اﻟﻤﻤﻜﻦ ان ﯾﻜﻮن اﻧﺘﺤﺎرا‬
‫ﻓﻠﺴﻔﯿﺎ ‪ .‬ان اﻟﻌﺒﺚ ﻻﯾﻮﺟﺪ ﻓﻲ اﻻﻧﺴﺎن واﻧﻤﺎ ھﻮ ﻓﻲ ﺣﺎﻟﺔ اﻻﻧﻔﺼﺎل اﻟﻤﻮﺟﻮده ﺑﯿﻦ‬
‫روح اﻻﻧﺴﺎن وﻣﺠﺘﻤﻌﮫ وﺑﻠﺘﺎﻟﻲ ﺗﺆدي ھﺬه اﻟﺤﺎﻟﮫ اﻟﻰ اﻟﺘﻤﺮد‪ .‬ﻛﺬاﻟﻚ رﺑﻂ ﺳﺎرﺗﺮ‬
‫ﻣﺴﺎﻟﺔ اﻟﻌﺒﺚ ﺑﺎﻟﺤﺮﯾﮫ‪ .‬ﻓﺎﻟﺤﺮﯾﺔ اﻟﻤﻔﺮﻃﺔ وﺟﮫ ﻣﻦ اوﺟﮫ اﻟﻌﺒﺚ واﺣﺪى اﺧﺘﯿﺎراﺗﮫ‬
‫اﻟﺨﻄﺮه‪.‬‬
‫‪Abstract‬‬
‫‪٢١٣‬‬
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M. Tahseen Kareem Mousa
This research is distinguished by presenting us a famous question
in the literary world, and in particular in the French literature. This
question is the absurd, and the role of the absurdity in our life. As
well as how we can be absurd with consciousness or without
consciousness. One of The most and best writers who succeeded in
embodying the absurd life in his novels, is Camus, also Sartre,
Kierkegaard as well. For example, Camus attached the question of
the absurd with the revolt , and He considered the suicide, as a face
of the faces of the absurd, and not to be a physical suicide; but a
philosophical suicide. The absurd does not exist in the human
being; but it exists in the divorce, existed between the spirit of this
human being and his society, and this case leads to the revolt. As
well as Sartre attached the question of the absurd with the liberty
because the extreme liberty is a case of the absurd cases.
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