Dossier Pédagogique SAISON 2011-2012 Mirum: Vivamus est ipsum, vehicula nec, feugiat rhoncus, accumsan id, nisl. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetuer Jeu ne p La Symphonie du Nouveau Monde Concert Programme : Rossini : Rendez-vous de Chasse Richard Strauss : Concerto n°1 pour cor Dvorak : Symphonie du Nouveau Monde Samedi 19 novembre 20h30 Distribution Sommaire Direction musicale : Mark Foster Cor soliste : David Guerrier Orchestre : Opéra de Reims Litterarum formas human itatis per seacula quart a decima et quinta deci ma. Per seacula quarta Opéra de Reims 13 rue Chanzy 51100 Reims Location tél : 03 26 50 03 92 [email protected] 2 2 3 4 La symphonie du nouveau monde Quand le cor s’échappe du répertoire cynégétique, il redevient un instrument incomparable de virtuosité et de modernité. Le corniste David Guerrier en est le magnifique exemple. Soliste de l’Orchestre National de France puis de l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg, il accompagne l’Orchestre de l’Opéra de Reims sous la direction de Mark Foster pour ce concert qui sublime le cor. OEuvre de jeunesse de Richard Strauss, le Concerto N°1 inscrit le cor et l’orchestre dans une palette très romantique. La 9ème Symphonie de Dvorák dite « du Nouveau Monde » offre, quant à elle, un continent d’expressivité que les interprètes peuvent sillonner à travers la limpidité de l’écriture, la qualité des motifs, les emprunts au folklore américain, l’impact dramatique de certains passages et la jubilation d’autres mouvements. La partition s'organise autour d'une succession de tableaux et l'emploi récurrent d'un thème cyclique, énoncé par les cors, en scelle l'unité . 1 DVORAK (1841 – 1904) Plutôt le nouveau monde que la Russie de Tchaïkovski Antonin Dvořák est né le 8 septembre 1841 à Mülhausen, petit village de Bohème non loin de Prague. Son père, Frantisek Dvořák, aubergiste et boucher dans le village est un homme sérieux dans son métier qui s’adonne à la musique dans ses moments libres. Dès l’âge de cinq ans, il joue du violon à l’auberge familiale puis fait partie de l’orchestre du village. Après un apprentissage sans lendemain du métier de boucher, il est envoyé chez son oncle (à Zlonice) pour y apprendre l’Allemand. Cet enseignement est indispensable sous le joug autrichien pour que le jeune Antonin puisse prétendre s’élever dans la société. L’instituteur, musicien passionné, lui enseigne l’orgue, le piano et l’alto. Il lui enseigne également l’harmonie et le contrepoint. Dvořák s’essaye rapidement à la composition. Sa première oeuvre est une polka. Malgré ses prédispositions, il lui faudra une bonne dizaine d’années pour maîtriser la composition. Ses parents viennent s’installer à Zlonice à leur tour. Ses études musicales prennent un nouveau tournant en 1856. Antonin Liehmann, l’instituteur de Zlonice, finit par persuader l’oncle de Dvořák. A l’automne 1857, Antonin Dvořák est inscrit à l’école d’orgue de Prague. Il apprend les rudiments de la musique classique et découvre avec avidité les œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) et de Ludwig Van Beethoven (1770-1825). Dès 1859, Dvořák obtient une place d’altiste chez Karel Komzak, un compositeur. Dvořák se passionne pour la musique de Richard Wagner (1813-1883). Afin d’améliorer l’état de ses finances, le jeune Antonin donne à son tour des cours de musique. A cette occasion, il fait la connaissance de Anna Cermakova, qu’il épousera le 17 novembre 1873. Leur union sera longue et heureuse, mais endeuillée par les décès successifs de trois enfants entre 1875 et 1877. Ces événements dramatiques sont directement à l’origine de la composition d’un Stabat Mater qui le rend célèbre dans toute l’Europe. Eduard Hanslick, célèbre critique musical, lui propose alors de s’installer à Vienne mais Dvořák refuse La Bohème, en 1841, correspond à l’actuelle République Tchèque (partie occidentale de l’ancienne Tchécoslovaquie). BOII (la Bohême) est le nom de la peuplade celtique ayant donné son nom au territoire. Les Tchèques sont descendants d’une des tribus slaves venues d’orient; ils ont donné leur nom à la fédération de l’ensemble des tribus. Prague (Praha) fut successivement capitale de la Bohème, de la Tchécoslovaquie et de la République Tchèque. Antonin (prononcer Antonine) est le prénom Tchèque de Dvořák. Anton correspond à la version Germanique imposée par l’occupant autrichien. Le joug Autrichien. L’empire AustroHongrois règne dans cette partie de l’Europe orientale, et ce, jusqu’au lendemain de la guerre de 14/18 et le traité de Versailles Un musicien dans son temps Malgré la domination des Habsbourg et de l’empire Austro-hongrois, la Bohême débute sa lente émancipation politique à la fin du XVIIIe siècle. Au milieu du XIXe siècle, une véritable éclosion culturelle (littéraire et musicale) accompagne le processus. La musique devient ainsi, à partir du milieu du XIXe siècle, et particulièrement en Bohème, un instrument privilégié des revendications nationales. Antonin Dvořák nait, grandit et compose au coeur de cette période. Il perpétuera la tradition d’une école tchèque fondée par Bedrich Smetana (auteur de la très célèbre «Moldau») à laquelle appartiendra également Zdenko Fibich. Dvořák se révèlera au monde entier après la publication en 1878 de ses huit danses slaves inspirées de l’âme de son peuple. Prague est le foyer du mouvement nationaliste Tchèque qui connut son apogée en 1848 lors d’une véritable insurrection lourdement réprimée. Les musiciens s’inspirent essentiellement du folklore et des mélodies populaires nationales. Les écoles nationales éclosent en peu partout dans le monde (Bohême, pays slaves, baltes...). Un deuxième groupe de musiciens Tchèques suivra: Leoš Janáček (1854-1928), Josef Suk (gendre et élève de Dvořák) et Vítězslav Novák. A la mort d’Antonin Dvořák, en 1904, l’empire Austro-Hongrois achève sa lente agonie. A la fin de la première guerre mondiale, l’Europe est redessinée par les vainqueurs et l’Etat Tchécoslovaque (Bohême, Moravie et Slovaquie) est créé dés 1918. Prague (Praha) devient la capitale du nouvel Etat. La symphonie du nouveau monde Prague: les années d’apprentissage Piotr Illitch Tchaïkovsky (1840-1893) organise une tournée pour le compositeur tchèque en Russie. Celle-ci est un triomphe. Cependant, il ne reste pas en Russie, refuse les propositions qui lui sont faites et accepte au contraire une offre du Conservatoire de NewYork. On lui propose la direction de l’orchestre et des conditions financières très avantageuses. Le projet est également très intéressant. Dvořák, qui enseignait alors au Conservatoire de Prague, quitte donc sa Bohème natale en 1892. Aux Etats-Unis, il connaît un réel succès, à la fois comme chef d’orchestre et comme compositeur. Il réside, après New-York, au sein de la communauté Tchèque de Spilville dans l’Iowa. Il compose deux oeuvres majeures pendant son séjour, entre 1892 et 1895: la Symphonie du Nouveau Monde (n°9) et le quatuor Américain. Dvořák commence à travailler sur le concerto en si mineur aux Etats-Unis, il le finira de retour en bohème. Vers la fin de sa vie, Dvořák se consacre à l’opéra: le Diable et Catherine, Armide et Russalka. D’essence tchèque, ils couronneront son œuvre malgré l’échec d’Armide, son dernier opéra. Dvořák meurt brutalement à Prague le premier mai 1904, suite à une congestion cérébrale. Il est enterré comme Bedrich Smetana (18241884) au cimetière de Vysehrad où il repose désormais près de la Moldau. Sa fille Otylka (épouse de Josef SUK), élève et disciple du compositeur, meurt l’année suivante. + d’info 2 Ecrite en 1893, elle est la plus populaire de ses symphonies et l'une des oeuvres les plus jouees du repertoire symphonique moderne. Dvorak l'a composee durant son sejour aux Etats-Unis (1892-1895) alors qu'il travaille comme directeur du Conservatoire de New York. Il a le mal du pays et des difficultes a trouver ses reperes dans cette immense contree. Ce sentiment est heureusement tempere par l'emerveillement du Tcheque devant tant de nouveautes. "Il me semble que le sol americain aura un effet benefique sur mes pensees, et je dirais presque que vous entendrez deja quelque chose de cela dans cette nouvelle symphonie", ecrit-il en 1893 a un ami. Mais le plus important pour Dvorak est la decouverte des musiques des Indiens et des Noirs. C'est dans ce contexte qu'il commence, en janvier 1893, l’ecriture de sa neuvieme symphonie. Le compositeur a indique que la Symphonie du Nouveau Monde, premiere des oeuvres composees en Amerique, a ete en partie inspiree par le poeme de Hiawatha, precisement par les passages des danses (noces de Hiawatha) et des funerailles dans la foret. « Je n'ai utilise aucune des melodies indiennes. J'ai simplement ecrit des themes originaux englobant les particularites de cette musique et, Une oeuvre dans l’époque Dans une période en proie aux plus grandes contradictions, une musique demeure immuable: celle de Johannes Brahms (1833-1897). De structure classique, elle est très largement inspirée par le romantisme qui règne en maître dans la création artistique de l’époque. Il sera un modèle pour tous les musiciens modernes de son temps. Dvořák n’échappe pas à l’attraction du mouvement Ses compositions sont souvent marquées par des évènements dramatiques de sa vie. Les décès successifs de ses trois enfants entre 1875 et 1877 inspireront une oeuvre majeure. Dvořák puisera dans son chagrin le splendide Stabat Mater qui le rendra célèbre dans toute l’Europe. En 1895 le Concerto pour violoncelle en si mineur est inspiré d’un de ses propres lieder « Lässt mich allein in meinen Traümen gehen » (« laissez-moi aller seul dans mes songes »). Jospéhine Kauric, sa belle-soeur et amour de jeunesse vient de mourir. Antonin est bouleversé et lui rend hommage en citant un extrait du lieder dans la partie centrale du deuxième mouvement. L’ensemble de son oeuvre est à la fois très marqué par la musique populaire tchèque et par le modèle romantique de J Brahms. Ses neuf symphonies, dont la dernière, dite Symphonie du Nouveau Monde (1893), sont fameuses. Les plus jouées sont les symphonies 5, 6, 7, 8 et 9. La musique de chambre occupe une place centrale dans son oeuvre et comprend des trios avec piano, des quatuors à cordes un quintette avec piano, etc. Neil Armstrong emporta un enregistrement audio de cette symphonie lors de la mission Apollo 11, la premiere a deposer un homme sur la Lune, en 1969. Durant la période américaine (1892/1895), le célèbre quatuor « Américain » (1893), doit beaucoup au « nouveau monde », mais il conserve des accents slaves. La musique de Dvořák les conservera toujours. À noter également les très beaux Concerto pour piano en sol mineur (1876), le Concerto pour violon en la mineur (1880) et surtout le Concerto pour violoncelle en si mineur (1895) qui fera l’admiration de Johannes Brahms. On lui doit aussi des oeuvres vocales, profanes et religieuses (Stabat Mater, 1877 ; Requiem, 1890 ; Te Deum, 1892), des opéras (dont Russalka en 1901), des ouvertures, des poèmes symphoniques (dont le Rouet d’or, 1896, et la Palombe, 1896), et les très célèbres Danses slaves (1878 et 1887). Récapitulatif des oeuvres instrumentales majeures de Dvorák • 1877 Stabat mater, B.71 (3 enfants morts) • 1878 Danses slaves, B.83 • 1879 Suite tchèque en ré M, B. 93 • 1891 Trio pour piano, violon et violoncelle n° 4 « Dumky », B. 166 (op. 90, 1891) • 1893 Symphonie n°9 « du Nouveau Monde », B. 178 • 1893 Quatuor à cordes n°12 « américain »,, B.179 • 1894-1895 Concerto pour violoncelle en si mineur, B. 191 Le nombre correspond à la numérotation instaurée par Burghauser L’histoire de la SYMPHONIE C’est au XVIIeme siecle que le terme « symphonie » commence a prendre son acception moderne, a savoir une piece purement instrumentale. Au cours de la seconde moitie du XVIIeme, le genre symphonie voit poindre ses origines a travers les ouvertures d’operas, appelees Sinfonia. Elle est construite en 3 parties (vif/lent/vif), faisant appel aux trompettes, hautbois, flutes et cors aux cotes de la section des cordes. Elle anticipe donc la symphonie moderne. Au XVIIIeme siecle, en Italie, la Sinfonia se detache de l’opera et se presente comme une piece de concert a part entiere. L’école de Mannheim innove en matiere orchestrale. A l’origine de l’orchestre symphonique moderne, Johann Stamitz cree un orchestre constitue de professionnels. Progressivement, la forme de la symphonie se structure en 3 ou 4 mouvements. La symphonie classique est incontestablement d’essence germanique. La symphonie classique : Haydn a longtemps ete considere comme le pere de la symphonie. Haydn individualise les instruments lors de dialogues et etoffe l’orchestre dans lequel il ajoute une flute, un basson, deux trompettes et des timbales. Il adopte le plan en 4 mouvements, caracteristique de la symphonie classique : - Allegro – Adagio – Menuet/Trio - Moderato molto presto ou Allegro Beethoven et son influence Beethoven, a la suite de Mozart et de Haydn, a perpetue le genre de la symphonie pour finalement le faire completement eclater. Il etoffe et intensifie les possibilites orchestrales grace aux progres de la facture instrumentale et au developpement de nouveaux instruments (clarinette – trombone percussion ….) Il innove dans la forme et le style, tire des effets de masse saisissants au service d’un dramatisme naissant, caracteristique du romantisme. Au XIXeme siecle, Schumann, Schubert, Mendelssohn et Brahms amenent la symphonie a un degre de perfection. Berlioz avec sa Symphonie fantastique et Liszt avec ses Dante Symphonies s’eloignent de l’esprit formel, lui preferant des arguments extramusicaux, sorte de musique a programme qui devient narrative. Dvorak est un des derniers compositeurs a avoir ecrit des symphonies dans leur forme traditionnelle, le XIXeme siecle ayant ete marque par le poeme symphonique (oeuvre symphonique qui se base sur une histoire ou un conte en un seul mouvement) La symphonie du nouveau monde La Symphonie du Nouveau Monde utilisant ces themes comme sujets, je les ai developpes avec les moyens des rythmes modernes, contrepoints et couleurs orchestrales. » La symphonie comporte, classiquement, quatre mouvements : Adagio, Allegro Molto - Largo Scherzo, Molto Vivace - Allegro con fuoco. 3 Europe ou Amérique La symphonie du nouveau monde Il est indéniable que par cette symphonie un style américain est créé. Les milieux musicaux des EtatsUnis reconnurent immédiatement dans cette symphonie la première grande oeuvre à avoir été composée sur leur sol. Dvořák restera désormais comme un précurseur par son intérêt alors incompréhensible pour les musiques noires. Les conséquences du succès de cette symphonie dépassent le seul cadre artistique, en provoquant une subite prise de conscience de la richesse du patrimoine autochtone et en combattant à sa manière les préjugés racistes, donnant ses lettres de noblesse à des cultures jugées jusqu'alors inférieures. Soulignons également l'importance de ce fait : les Américains se détournent enfin des modèles artistiques européens. La vie musicale est dominée par Wagner et les autres grands compositeurs du Vieux Continent ? Après le séjour de Dvořák apparaîtront les premières gloires de la musique américaine, Copland, Gerschwin, Ives, Duke Elliginton... Tous ces noms étant liés, de près ou de loin, à l'enseignement de deux années du compositeur tchèque à New York, et tous ayant choisi d'exploiter leur propre patrimoine culturel. Qu'en est-il de nos jours ? Il ne faut pas perdre de vue que nous écoutons la Symphonie du Nouveau Monde à travers un siècle de compositions américaines, de jazz, de comédies musicales, de musiques de films. C'est donc rétrospectivement que cette musique sonne à nos oreilles comme étant américaine, car elle nous renvoie à des références qu'elle a elle-même influencées. Comme c'était déjà le cas pour la huitième symphonie, cinq années plus tôt, Dvořák se démarque de ses contemporains. A la même époque, Piotr Illitch Tchaïkovski compose la Symphonie Pathétique, sorte de cri de désespoir s'achevant par un Adagio d'une grande tristesse. La monumentale Résurrection, seconde symphonie de Gustav Mahler, comme la mystique Neuvième Symphonie du "Ménestrel de Dieu" Anton Bruckner, ne sont pas encore terminées. Le message d'espoir dvořákien est un singulier et salutaire soleil au milieu du romantisme finissant. Mais l'essentiel est ailleurs. Dvořák exprime dans sa symphonie l'universalité des sentiments, de la douleur, de la nostalgie. Peu importe l'appartenance à une culture, à une nation ; la douleur d'un Indien n'est pas moins véridique et respectable que la nostalgie d'un esclave noir, ou d'un paysan tchèque. Seul en définitive compte l'Homme, au-delà des cultures, au-delà des différences et des destins. Le fait que cette symphonie ait été revendiquée par de multiples cultures est révélateur. Message de fraternité, assurément ; musique sincère, sans fard, issue d'un homme simple dépourvu de snobisme. La première audition de cette symphonie est pratiquement contemporaine du début de l'Affaire Dreyfus, en France. Cela n'est assurément pas une simple coïncidence. 4 Premier mouvement - Adagio - Allegro Molto L'introduction mystérieuse est brutalement interrompue par des interventions forte des cors puis des cordes, appuyées par les timbales. Le premier mouvement enchaîne sur un Allegro Molto très entraînant. Le caractère "américain" du thème initial (mesure 24), au rythme pointé, nous plonge aussitôt dans une ambiance mouvementée. Nous pouvons ressentir l'émerveillement du nouveau venu dans cette contrée si différente, le tourbillon de la vie américaine et peut-être aussi les trépidations des locomotives et des bateaux à vapeur. Un second thème nostalgique (mesure 91) s'apparente à un rythme de polka. Un troisième thème (mesure 149) sera même introduit de façon suprenante par la flûte solo - une entorse à la forme sonate qui, à l'époque, disqualifia la partition auprès de certains milieux conservateurs français... Très lumineux, ce premier mouvement introduit de façon habile les thèmes musicaux qui parsèment la symphonie, de façon cyclique. Une fougueuse coda termine de brillante façon ce mouvement initial. Deuxième mouvement - Largo Avec le Largo, Dvořák plonge l'auditeur dans un recueillement qui tranche totalement avec l'allure exubérante du mouvement précédent. Dvořák a expliqué que ce mouvement, à l'origine intitulé "Légende", fut inspiré par la poignante scène des "funérailles dans la forêt" du poème de Longfellow. Ce passage est extrait du chapitre XX : Hiawatha est parti chasser au milieu de la forêt désolée, en plein hiver ; il doit à tout prix ramener de quoi manger au foyer, car la famine sévit, et son épouse Minehaha ("Eau-riante") souffre d'inanition. Chap. XX La famine (extrait) Alors ils enterrèrent Minnehaha; Dans la neige une tombe ils lui firent Dans la forêt profonde et sombre Sous les fleurs plaintives; Ils la vêtirent de ses plus riches vêtements Ils l'enveloppèrent dans ses robes d'hermine, La recouvrirent de neige, comme l'hermine; Ainsi ils enterrèrent Minnehaha.... Si l'inspiration est, du moins en partie, littéraire et "indienne", certains procédés sont proches du Negro Spiritual. L'introduction par le choral des vents, une sorte d'équivalent de l' "Il était une fois..." des légendes, laisse bientôt la voix au cor anglais solo pour une touchante et délicate mélodie. Excellent orchestrateur, Antonín Dvořák aurait choisi le cor anglais pour une raison précise : cet instrument lui rappelait sans doute la voix de l'un de ses élèves favoris, Harry Burleigh, qui lui chantait souvent des chants d'esclave. La symphonie du nouveau monde … Et le malheureux Hiawatha, Loin au milieu de la forêt, Très loin au milieu des montagnes, Entendit le soudain cri d'angoisse, Entendit la voix de Minnehaha L'appelant dans l'obscurité, "Hiawatha! Hiawatha! " Par les champs enneigés et désolés, A travers les branches recouvertes de neige, Hiawatha revint en hâte, les mains vides, le cœur gros, Il entendit Nokomis, gémissant, pleurant: "Wahonowin! Wahonowin! Il vaudrait mieux que j'aie péri à ta place, Il vaudrait mieux que je sois morte comme tu l'es! Wahonowin! Wahonowin!" Et il s'est précipité dans le wigwam, a vu la vieille Nokomis doucement se balancer d'avant en arrière en gémissant, Il a vu sa belle Minnehaha Etendue morte et froide devant lui, Et, son cœur en éclatant dans sa poitrine, Poussa un tel cri de douleur, Que la forêt gémit et frissonna, Que les étoiles mêmes dans le ciel S'émurent et tremblèrent de son angoisse. Alors il s'est assis, toujours sans rien dire, sur le lit de Minnehaha, aux pieds d'Eau-Riante, à ces pieds chéris, qui jamais plus ne courraient légèrement à sa rencontre, Qui jamais plus ne le suivraient légèrement. Avec les deux mains il se couvrit le visage, Sept long jours et sept longues nuits il resta assis là, Comme sans conscience il restait là, Sans voix, immobile, sans connaissance Du jour ou de la nuit. 5 Troisième mouvement - Scherzo Brutal retour sur terre : le scherzo démarre forte et avec une grande acuité rythmique, à la façon de Beethoven dans le scherzo de sa 9ème symphonie. Nous retrouvons instantanément l'atmosphère fiévreuse du premier mouvement. Dvořák a indiqué que ce scherzo devait évoquer une "scène dans la forêt où les Indiens dansent". La fête de mariage de Hiawatha (chapitre XI, extrait) Au son des flûtes et du chant, Au son des tambours et des voix, Se leva le beau Pau-Puk-Keewis, Et il commença ses danses mystiques. D'abord il dansa une mesure solennelle, Au pas et au geste très lent, Se glissant parmi les pins, A travers les ombres et le soleil, Marchant délicatement comme une panthère, Puis plus vite et encore plus vite, Tourbillonnant, tournoyant en cercles, Sautant par-dessus les invités réunis, Tourbillonnant en cercles autour du wigwam, Jusqu'à ce que les feuilles se mettent à tourbillonner avec lui, Jusqu'à ce qu'ensemble la poussière et le vent Balayent tout alentour par leurs remous tournoyants. Le délicat trio central est cependant d'inspiration européenne, évoquant une sousedská, danse tchèque. Il s'agit d'un îlot de lyrisme et de sérénité, où l'on peut de nouveau se croire en Bohême au coeur de la nature. Mais l'urgence de ce mouvement prend rapidement le dessus. Le scherzo se termine de façon dramatique, sur un ralentissement presque cinématographique et un accord tranchant. Quatrième mouvement - Allegro con fuoco La symphonie du nouveau monde Malgré les beautés des parties précédentes, c'est par cet ultime mouvement que la symphonie de Dvořák a pu enthousiasmer un si large public. Son introduction spectaculaire et dramatique - une vertigineuse ascension des violons, prodigieuse d'intensité - aboutit à l'exposé ff du thème "américain" enfin dans son intégralité. Le thème est repris par les cuivres, soutenus par des accords telluriques des violons, puis par les cordes seules. L'agitation de cette première partie laisse la place à une intime mélodie de la clarinette. Ce mouvement constitue à la fois la synthèse des éléments déjà exposés dans la symphonie et leur aboutissement. On y retrouve les influences européennes et "locales", y compris un rythme obstinato proche du cake-walk écossais. Tantôt impétueux, tantôt lyrique ou méditatif, ce mouvement s'achève dans un mode majeur inattendu, sur une longue note jouée par tout l'orchestre et qui s'éteint pianissimo. 6 La symphonie du nouveau monde Écrite entre janvier et mai 1893, la symphonie "Du Nouveau Monde" est la première grande oeuvre "américaine" de Dvorak. Créée le 15 décembre 1893 au Carnegie Hall de New York, elle remporta immédiatement un immense succès. C'est la neuvième et dernière symphonie du compositeur. Certains de ses éléments proviennent d'un projet d'opéra basé sur The song of Hiawatha, poème épique de Henry Longfellow dont la lecture avait permis à Dvorak de se familiariser avec quelques-uns des aspects de la civilisation des indiens d'Amérique. Certains des thèmes de l'œuvre reflètent également l'esprit des airs traditionnels noirs américains. Toutefois, Dvorak n'utilise aucun élément préexistant. Il adapte avec une grande homogénéité des éléments mélodiques (modes pentatonique et mineur) et rythmiques (rythme pointé et syncopé) imités des musiques rencontrées en Amérique. Cependant, l'élément bohémien est également présent dans cette oeuvre. Éléments thématiques du 1er mouvement : Adagio - molto allegro Les cors et les cordes exposent un thème très décidé, héroïque qui reviendra, plus ou moins ostensiblement, de manière cyclique dans tous les autres mouvements de la symphonie. Le rythme pointé et syncopé de ce thème atteste une certaine influence américaine. Par son rythme de polka, le second thème exposé par les flûtes et les hautbois rappelle les danses paysannes d'Europe centrale. Cependant, son modalisme le rapproche de la musique du continent américain. Le troisième élément thématique, présenté par la flûte, fait référence par son rythme et son aspect au thème initial de l'œuvre. Éléments thématiques du second mouvement : Largo Le cor anglais chante un belle et nostalgique mélodie, imitation des chants du Far West Les hautbois présentent un épisode plus pastoral qui précèdera le premier retour cyclique du thème du 1er mouvement. La symphonie du nouveau monde La flûte et le hautbois développent une sorte de longue arabesque qui s'articule autour de la note do dièse. 7 Éléments thématiques du troisième mouvement : Scherzo molto vivace L'esprit de la danse anime ce mouvement avec un premier élément énergique frénétique et bondissant. Les bois présentent une mélodie fraîche et gracieuse. La partie centrale du mouvement nous fait entendre une danse populaire qui semble bien venir d'Europe centrale. La coda ramène le thème cyclique de l'œuvre qui passe plusieurs fois à divers pupitres. Éléments thématiques du quatrième mouvement : Allegro con fuoco Le premier thème de ce finale, énoncé aux cuivres, est puissant et assez austère. Il est écrit sur la gamme de mi mineur naturel (sans sensible). Des traits en triolets apportent un dynamisme plus fluide et plus léger. Le mouvement s'achève par un brassage des thèmes de l'œuvre, le thème cyclique s'imposant à part égale avec celui du finale. La symphonie du nouveau monde La clarinette chante une mélodie contrastante, douloureusement pensive. 8