Charles Gounod (1818-1893) Symphonie n°1 en Ré Majeur Premier Grand Prix de Rome, Charles Gounod hésita entre la prêtrise et la carrière de compositeur. Son immense catalogue demeure aujourd’hui encore largement méconnu. Son répertoire purement symphonique comporte deux symphonies ainsi qu’une série de marches d’un intérêt certain. En effet, l’auteur de Faust est cité avant tout pour sa production lyrique. Elle fut évidemment prédominante dès 1859, après le triomphe de son opéra. On ne peut nier aussi l’influence considérable de Gounod dans le domaine de la mélodie car il fut l’initiateur d’un nouveau langage, celui du drame lyrique français. Les deux symphonies font partie des pièces instrumentales marquantes de leur époque, jusqu’à la Petite Symphonie pour 9 instruments (1889). Gounod composa une Première Symphonie en Ré majeur datée de 1855, puis, la même année, une Seconde Symphonie en mi bémol majeur. A cette époque, Gounod était directeur de l’enseignement du chant dans les écoles communales de Paris. En 1855, il venait de connaître un véritable triomphe grâce à l’orchestration de son Ave Maria, puis du nouvel hymne national, Vive l’Empereur en l’honneur de Napoléon III. Un hymne créé, sous sa direction lors de l’Exposition Universelle de 1855 avec pas moins de 1500 choristes ! La Première Symphonie est largement influencée par l’écriture de Haydn et, dans une moindre mesure, par celle de Mendelssohn. Ses quatre mouvements (Allegro molto, allegretto moderato, Scherzo et Finale, Adagio puis Allegro vivace) sont à la fois légers et possèdent un soupçon de maniérisme, écho de l’écriture de l’époque où il fallait briller sans appuyer le caractère des mélodies. On pourrait facilement assimiler cette partition délicate à plusieurs ouvertures d’opéras car sa théâtralité (la marche sinistre de l’Allegretto moderato) et son énergie volubile dissipent une élégance charmante et désinvolte. Tout comme chez Haydn, la partition ménage de nombreuses surprises quant à la balance sonore et les dynamiques. On remarque d’ailleurs que les solistes sont astucieusement servis, notamment dans le troisième mouvement, qui offre un véritable duo d’opéra entre le hautbois et le basson. Le finale est de facture mozartienne avec une introduction lente et une écriture particulièrement virtuose pour les vents. La Première Symphonie fut créée à Paris, aux Jeunes Artistes, le 4 février 1855. Il en existe plusieurs arrangements dont l’un pour piano à quatre mains réalisé par Georges Bizet. Enfin, l’œuvre servit de musique à un ballet de Balanchine représenté à l’Opéra de Paris entre 1958 et 1959. A LIRE Charles Gounod par Gérard Condé (Ed. Fayard, 2009)