Les leçons d’Histoire sociale de la musique MUSIQUE ET POUVOIR DANS L’EUROPE DES XIXe ET XXe SIÈCLES (Stéphane Dado, Orchestre Philharmonique Royal de Liège) du 28 septembre 2015 au 18 avril 2016 Depuis la nuit des temps, la musique a beau être un objet de consommation esthétique, elle n’en remplit pas moins d’autres fonctions moins liées au divertissement. On connaît son usage au sein des cultes, pour servir le rituel, on parle moins de son utilisation dans un environnement plus politique. La 9e Symphonie de Beethoven est emblématique de ce type d’usage, elle est l’exemple même d’une partition qui a servi les idéologies les plus contraires. Que ce soient les utopies de la Révolution, les valeurs de l’Allemagne nationale-socialiste ou les idéaux pacifistes de l’Union européenne. À sa manière, le « grand opéra » des années 1820-1870 - incarné notamment par les œuvres fastueuses de Halévy (La Juive), Meyerbeer (Les Huguenots, Le Prophète) et Auber (La Muette de Portici) reflète sur scène les idées des différents gouvernements de France, de la Restauration au Second Empire. La musique peut également faire l’objet de réflexions dans la définition d’une identité ethnique. Les politiciens et intellectuels grecs n’ont pas manqué de s’interroger sur les contours nationaux que doit prendre la musique à partir de l’Indépendance de 1830. Une question qui se pose aussi au moment où les réfugiés grecs d’Asie Mineure s’installent dans les banlieues d’Athènes et de Thessalonique créant un genre nouveau, le rebetiko (le fado grec), et qui ressurgit à travers les chansons de maquisards de la Guerre civile (1946-1949). La musique peut aussi fasciner les hommes politiques : le sinistre Adolf Hitler est un grand admirateur de Wagner. Dans les années 20, il fréquente les descendants du compositeur et notamment Winifred Wagner, l’épouse de Siegfried, qui fera de Bayreuth un bastion du national-socialisme. La musique est également une occupation en temps de conflits politiques. La Première Guerre mondiale a été un moyen de survie pour les soldats des tranchées, parmi lesquels certains compositeurs belges comme Georges Antoine. En 1933, l’arrivée au pouvoir du NSDAP, le parti d’Hitler, passe par la réorganisation de la vie artistique en Allemagne et l’exclusion des Juifs ou des communistes de la scène musicale. De 1933 à 1945, les nazis favorisent la création d’orchestres ou d’ensembles dans les camps de concentration souvent à des fins de propagande. Le Paris de l’Occupation connaît ses propres déboires, partagé entre ses artistes collaborateurs (le pianiste Alfred Cortot) et ses résistants. Enfin, un détour par la Russie permettra de comprendre la genèse de la Symphonie n°7 de Chostakovitch écrite dans le contexte tragique du Siège de Leningrad. Au programme : 28 septembre Musique et idéologie politique dans la 9e Symphonie de Beethoven 12 octobre Le grand opéra romantique en France (1820-1870) : un art au service du pouvoir 9 novembre Musiques et musiciens des tranchées (1914-1918) 14 décembre Le théâtre de Bayreuth au temps de Winifred Wagner et d’Adolf Hitler 18 janvier Musique et identité nationale en Grèce de l’Indépendance (1830) à la fin de la Guerre civile (1949) 15 février La musique à Paris sous l’Occupation 7 mars La musique sous le IIIe Reich (partie 1) 21 mars La musique sous le IIIe Reich (partie 2) 18 avril La 7e Symphonie de Chostakovitch, emblème du siège de Leningrad Rendez-vous : le lundi de 13h45 à 15h45, Grand amphi de l'Institut d'anatomie, rue de Pitteurs 20, 4020 Liège Formulaire d’inscription disponible en cliquant ici.