COMMUNIQUE DE PRESSE
Paris, le 1
er
octobre 2012
L’influence des activités humaines sur l’évapotranspiration des
continents mise en évidence
L’évaporation de l’eau contenue dans les sols, directe ou via la transpiration de la
végétation, joue un rôle crucial dans la disponibilité en eau du sol. Mais son évolution sur
le long terme est encore mal comprise, notamment en raison de la rareté des observations
disponibles. Une étude menée par des chercheurs du Centre national de recherches
météorologiques (CNRM-GAME, Météo-France/CNRS) a permis de reconstituer à l’échelle
du globe les variations enregistrées au cours de la seconde moitié du XX
ème
siècle et, pour
la première fois, d’en attribuer la cause en partie aux émissions humaines de gaz à effet de
serre et d’aérosols. Ces résultats ont été publiés dans la version en ligne de la revue
Nature Climate Change
1
.
Chaque seconde, plus de 2 milliards de litres d'eau s'évaporent dans l'atmosphère depuis les
terres émergées du globe. Ce phénomène, appelé évapotranspiration, joue un rôle
fondamental dans le recyclage des précipitations, la disponibilité en eau du sol et, de ce fait,
dans la production alimentaire et la préservation des écosystèmes. Anticiper les évolutions
futures de l’évapotranspiration continentale apparaît donc crucial. Pour y parvenir, il est
important de comprendre ce qui a gouverné ses variations récentes.
Or, celles-ci restent mal comprises. Les mesures in situ sont rares et les quelques bases de
données reconstruites à l’échelle du globe sur la base de ces observations ne remontent pas
avant le début des années 1980. Elles montrent notamment que l’évapotranspiration
globale a augmenté jusqu’en 1998 avant de se stabiliser. Aucune étude n’avait jusqu’à
présent tenté de déceler dans ces variations récentes les prémices du changement
climatique d’origine anthropique. C’est l’objectif que se sont donnés les chercheurs du
CNRM-GAME.
Ils ont reconstruit les variations spatio-temporelles de l’évapotranspiration entre 1950 et
2005 à l’aide de deux modèles hydrologiques globaux (ISBA, développé par Météo-France et
VIC, développé par l’université de Princeton). Ces modèles, qui simulent les interactions sol /
biosphère / atmosphère, ont été alimentés par des observations de différents paramètres :
précipitations, rayonnements solaire et infrarouge reçus par la surface de la terre et
principales variables météorologiques gouvernant les bilans d’énergie
2
et d’eau en surface.
1 Anthropogenic influence on multidecadal changes in reconstructed global evapotranspiration
2 Le bilan d’énergie en surface détermine l’évapotranspiration « potentielle » (c’est-à-dire non limitée par la disponibilité en eau du sol) :
plus il y a d’énergie absorbée en surface, plus l’évapotranspiration potentielle est forte. Ce bilan dépend notamment du rayonnement
incident dont la composante infrarouge augmente globalement avec la concentration des gaz à effet de serre, mais dont la composante
solaire varie régionalement à l’inverse de la charge (contenu atmosphérique intégré sur la verticale) en aérosols.