Notions d’agroclimatologie appliquée aux analogies agrobioclimatiques.
Ing. A.-B. Ergo MSc.
Généralités et définitions.
L’agroclimatologie est l’ensemble des moyens scientifiques et techniques permettant, par l’exploitation simultanée de données
climatologiques et agronomiques, de donner aux réalisateurs du développement agricole, des éléments utiles à la bonne gestion de
l’agriculture.
La climatologie peut être étudiée de 4 manières différentes.
1. La climatographie consiste dans la présentation des données de base et de leur description verbale ou cartographique.
2. et 3. La climatologie physique et la climatologie dynamique concernent la physique et la dynamique de l’atmosphère ; la première étudie
principalement les échanges d’énergie et les composantes physiques de l’atmosphère, la seconde concerne plus particulièrement les mouvements
atmosphériques et ce qui en résulte.
4. La climatologie appliquée est l’utilisation scientifique des données climatiques appliquées à des problèmes spécifiques de domaines tels que
l’agriculture, la foresterie ou l’industrie.
L’approche de la climatologie peut prendre différentes formes. La présentation des observations sous une forme facilement compréhensible concerne
l’approche descriptive qui peut être complétée par les approches statistique et mathématique. Quant à l’approche synoptique, c’est essentiellement
une méthode analytique.
L’échelle d’application des études est essentielle car elle conditionne les méthodes et les paramètres utilisés. Ainsi, la microclimatologie étudie le
climat d’une zone de distribution horizontale de 10² m et d’une distribution verticale de 10m (Exemple, un jardin, ou les alentours d’une maison). Le
climat local est celui sui étudie une zone de distribution horizontale comprise entre 10² et 104 m et de distribution verticale de 10³m (Exemple,
le climat d’une vallée de rivière et de ses versants). La mésoclimatologie étudie particulièrement le climat d’une zone de distribution horizontale
comprise entre 10³ et 2.105m et de distribution verticale allant jusqu’à 6.10³m. (Exemple : le climat de la Hesbaye, le climat du bassin mosan). La
macroclimatologie étudie le climat de zones de distribution plus grande que les distributions précédentes. (Exemple : le climat de l’aire de
distribution du palmier Elaeis).
L’ensemble des facteurs liés directement au climat forme le climatope qui est une composante de l’écosystème avec l’édaphotope (ensemble des
facteurs liés directement au sol, pédologie) et avec le biotope qui est l’ensemble des organismes vivants, des unicellulaires au plus évolués.
Le climatope et l’édaphotope forment ensemble l’écotope.
Les effets du climat sur le biotope, c’est-à-dire un des lieux d’action de l’agronome, sont en relations fondamentales avec les plantes, les animaux et
l’homme, mais les réactions de chacune de ces cibles sont différentes :
- La plante est statique et subit le climat, elle meurt si un des paramètres atteint un seuil létal (par exemple sécheresse) ; elle s’adapte
généralement par son système de reproduction ; on verra qu’une même plante peut vivre dans plusieurs écotopes, dans ce cas, cette plante
présente différents écotypes.
- L’animal est mobile et subit le climat, (exemple, les migrations pendant lesquelles les animaux vont chercher autre part de meilleures
conditions de vie) ;
- L’homme est mobile et peut agir sur le climat, aussi bien pour les plantes (serre, ombrage, irrigation, drainage) que pour les animaux
(bâtiments de stabulation, abris, etc.) que pour lui (habitation, conditionnement d’air, humidificateur, etc.)
Les domaines d’application de l’agroclimatologie sont nombreux :
1. Développement régional et orientation de l’agriculture :
- estimation de la potentialité agricole en fonction des sites et des types de productions (zonages pédoclimatiques)
- introduction de variétés agricoles nouvelles, de types agricoles nouveaux ;
- introduction de méthodes culturales et d’équipements mieux adaptés ;
- estimation des besoins en recherche dans ces domaines.
2. Choix d’une orientation technico-économique à moyen terme pour une communauté agricole
- comparaison entre les exigences écoclimatiques de spéculations envisageables en un lieu et les paramètres climatiques de ce lieu ;
- introduction de critères climatiques dans les modèles de gestion agricole.
3. Techniques de production agricole et sylvicole
- adaptation des interventions culturales et des équipements aux caractéristiques physiques de l’environnement en tenant particulièrement compte de
la fréquence et de la durée des époques, notamment :
- travail du sol et interventions culturales,
- épandages des engrais, récoltes, fanaison etc.
- mise en application de ces interventions au moment le plus opportun en s’appuyant sur les observations climatologiques récentes ou à courtes
échéances.
4. Protection sanitaire (incidence du climat sur l’hôte et sur la pathologie)
- fréquences des interventions qui dépendent des conditions climatiques habituelles,
- décision d’intervention résultant de la situation climatique du moment et des prévisions,
- mise en évidence des périodes critiques de sensibilité aux maladies.
5. Gestion des ressources hydriques
- choix et dimensionnement d’un système d’irrigation,
- mise en place d’un réseau de drainage ;
- calcul de l’évolution du bilan hydrique et de la réserve utile du sol.
6. Aménagement de l’espace rural
- étude des modifications de climat résultant de certains travaux et leur impact sur l’agriculture (par exemple : déforestration, enlèvement des haies,
plantation de brise-vents etc.) notamment sur les gelées et les variations de l’évapotranspiration potentielle.
7. Prévention des calamités atmosphériques
- étude permettant de connaître les fréquences de gel, de grêle, de sécheresse et de déterminer les zones les moins atteintes en fonction des types de
culture et de la sensibilité de leurs stades phénologiques,
- détermination des équipements les plus rentables pour la prévention de ces calamités.
8. Etude des analogies agrobioclimatiques
- recherche d’écotopes semblables de manière à y transférer des techniques culturales et des plantes qui ont fait la preuve de leur efficacité et de leur
valeur dans des écotopes particulièrement bien étudiés par la recherche agronomique ; choix des variétés témoins dans les expériences
- choix des écotypes d’origine pour l’introduction de nouvelles plantes