L'opinion internationale, elle, fut de plus en plus favorable à la décolonisation, sous
l'influence de la Charte de l'Atlantique du 14 août 1941, par laquelle Roosevelt et Churchill
reconnaissent le droit de tous les peuples à l'autodétermination, de l'ONU, de la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme.
Le renversement de position des mouvements de pensée [modifier]
Les Églises qui avaient joué un rôle important dans l'œuvre de colonisation, tant par l'envoi de
ses missionnaires, que par le déclenchement d'expéditions militaires pour les protéger
lorsqu'ils étaient persécutés, ont commencé à renoncer à leurs positions colonialistes, pour
prendre la défense des indigènes. Cela était déjà arrivé sporadiquement aux siècles
précédents, notamment par les interventions de Las Casas ou des Jésuites du Paraguay. Mais
après la Seconde Guerre mondiale, cette orientation a tendu à se généraliser, en même temps
que des prélats indigènes ont progressivement accédé aux fonctions de haut rang auparavant
monopolisées par les Européens. Les intellectuels, étaient encore en majorité favorables à la
colonisation, avant la guerre de 1939-45. L'œuvre coloniale de la France apportant la
civilisation aux peuples déshérités était l'un des thèmes incontournables des discours sur la
colonisation. Mais à la suite du choc produit par l'effondrement de la France et du Royaume-
Uni en 1940, le point de vue des indigènes a été moins méconnu par les intellectuels. Ceux-ci
se sont dès lors montrés de plus en plus réservés ou carrément hostiles, parallèlement au
développement des idéologies socialistes dans les métropoles, surtout après la Seconde guerre
mondiale.
La force exemplaire de chaque nouvelle indépendance sur les colonisés [modifier]
L'accession à l'indépendance de toute une série de nouveaux pays encouragea les mouvements
politiques anti-colonialistes dans tous les pays d'outremer non encore indépendants: En 1946,
Philippines, en 1947, Union indienne et Pakistan, en 1948, Birmanie et Ceylan, etc. C'est
particulièrement l'accession à l'indépendance de l'Empire des Indes, promise en pleine guerre
par le Royaume-Uni, qui a impressionné les opinions des pays encore colonisés ou
colonisateurs. L'Inde britannique, connue par les romans de Rudyard Kipling et par de
nombreux films, ainsi que par sa surface imposante sur les cartes des manuels scolaires, était
imaginée comme un pilier de la colonisation. Si le Royaume-Uni victorieuse qui dominait les
mers l'abandonnait, comment imaginer que les colonies des autres pays pourraient être
conservées ? La division de cet Empire en deux États séparés, l'Union indienne, dont la
population était en majorité de religion brahmaniste, et le Pakistan peuplé principalement de
musulmans, qui avaient accédé séparément à l'indépendance démontrait que la décolonisation
n'avait pas que des avantages : Elle s'était en effet traduite par de terribles massacres des
exodes massifs, et avait laissé subsister de terribles tensions, et de nombreux problèmes non
résolus. Mais les massacres semblaient éloignés et seul subsistait l'image colossale des
nouveaux États indépendants. Les mouvements coloniaux militaient, les uns pour
l'indépendance, PPA de Messali en Algérie, Viet Minh et Daï-Viet en Indochine, les autres
pour l'autonomie, UDMA de Ferhat Abbas en Algérie, RDA d'Félix Houphouët-Boigny en
Afrique noire française, etc., etc. C'est souvent, en accédant à la conscience politique et en
retournant contre les pays colonisateurs leurs propres valeurs, que ces mouvements, allaient
développer de la sympathie pour leur action dans les opinions métropolitaines.
Le coût des empires coloniaux [modifier]