Causes de la decolonisation

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Causes de la décolonisation [modifier]
La situation des colonies dans le monde en 1936, trois ans avant la grande déflagration
mondiale.
L'ébranlement des empires coloniaux sous la Seconde Guerre mondiale [modifier]
La Seconde Guerre mondiale entraîna une énorme perte de prestige pour les puissances
coloniales : L'image de leur invincibilité y fut très atteinte, en raison des victoires allemandes
puis japonaises.
En outre, pendant la guerre, Britanniques et Français ont eu besoin des colonies et ont
multiplié les promesses d'émancipation, à commencer par celle de l'Empire des Indes.
Certes, en 1944 lors de la conférence de Brazzaville, la France préconisa plutôt l'assimilation,
sous la forme de l'accession par degrés des indigènes à la citoyenneté, plutôt que l'autonomie
des colonies ou leur indépendance. Mais si l'on considère que cette conférence réunissait
essentiellement des gouverneurs des colonies, il faut admettre qu'elle a tout de même été
émancipatrice. En outre, il faut savoir que le CFLN et l'Assemblée consultative d'Alger, prêts
à aller très loin pour défendre la souveraineté française, contre les Allemands et vis-à-vis des
Américano-britanniques, ne se reconnaissaient pas le droit de renoncer à la moindre parcelle
du territoire français, remettant les décisions de cet ordre aux futures instances
démocratiquement élues de la France après la libération. Après 1945, l'opinion politique mit
d'ailleurs très longtemps à évoluer en France, malgré la guerre d'Indochine, la révolte de
Madagascar et la guerre d'Algérie.
L'influence des diverses chartes internationales [modifier]
Situation des colonies en 1945, au sortir de la Dernière guerre : la décolonisation va s'opérer
avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux superpuissances de la Guerre
froide en devenir, qui transfèreront leur opposition via leur influence sur ces nouveaux pays
indépendants, nonobstant l'affirmation ultérieure d'un "troisième bloc" des non-alignés.
L'opinion internationale, elle, fut de plus en plus favorable à la décolonisation, sous
l'influence de la Charte de l'Atlantique du 14 août 1941, par laquelle Roosevelt et Churchill
reconnaissent le droit de tous les peuples à l'autodétermination, de l'ONU, de la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme.
Le renversement de position des mouvements de pensée [modifier]
Les Églises qui avaient joué un rôle important dans l'œuvre de colonisation, tant par l'envoi de
ses missionnaires, que par le déclenchement d'expéditions militaires pour les protéger
lorsqu'ils étaient persécutés, ont commencé à renoncer à leurs positions colonialistes, pour
prendre la défense des indigènes. Cela était déjà arrivé sporadiquement aux siècles
précédents, notamment par les interventions de Las Casas ou des Jésuites du Paraguay. Mais
après la Seconde Guerre mondiale, cette orientation a tendu à se généraliser, en même temps
que des prélats indigènes ont progressivement accédé aux fonctions de haut rang auparavant
monopolisées par les Européens. Les intellectuels, étaient encore en majorité favorables à la
colonisation, avant la guerre de 1939-45. L'œuvre coloniale de la France apportant la
civilisation aux peuples déshérités était l'un des thèmes incontournables des discours sur la
colonisation. Mais à la suite du choc produit par l'effondrement de la France et du RoyaumeUni en 1940, le point de vue des indigènes a été moins méconnu par les intellectuels. Ceux-ci
se sont dès lors montrés de plus en plus réservés ou carrément hostiles, parallèlement au
développement des idéologies socialistes dans les métropoles, surtout après la Seconde guerre
mondiale.
La force exemplaire de chaque nouvelle indépendance sur les colonisés [modifier]
L'accession à l'indépendance de toute une série de nouveaux pays encouragea les mouvements
politiques anti-colonialistes dans tous les pays d'outremer non encore indépendants: En 1946,
Philippines, en 1947, Union indienne et Pakistan, en 1948, Birmanie et Ceylan, etc. C'est
particulièrement l'accession à l'indépendance de l'Empire des Indes, promise en pleine guerre
par le Royaume-Uni, qui a impressionné les opinions des pays encore colonisés ou
colonisateurs. L'Inde britannique, connue par les romans de Rudyard Kipling et par de
nombreux films, ainsi que par sa surface imposante sur les cartes des manuels scolaires, était
imaginée comme un pilier de la colonisation. Si le Royaume-Uni victorieuse qui dominait les
mers l'abandonnait, comment imaginer que les colonies des autres pays pourraient être
conservées ? La division de cet Empire en deux États séparés, l'Union indienne, dont la
population était en majorité de religion brahmaniste, et le Pakistan peuplé principalement de
musulmans, qui avaient accédé séparément à l'indépendance démontrait que la décolonisation
n'avait pas que des avantages : Elle s'était en effet traduite par de terribles massacres des
exodes massifs, et avait laissé subsister de terribles tensions, et de nombreux problèmes non
résolus. Mais les massacres semblaient éloignés et seul subsistait l'image colossale des
nouveaux États indépendants. Les mouvements coloniaux militaient, les uns pour
l'indépendance, PPA de Messali en Algérie, Viet Minh et Daï-Viet en Indochine, les autres
pour l'autonomie, UDMA de Ferhat Abbas en Algérie, RDA d'Félix Houphouët-Boigny en
Afrique noire française, etc., etc. C'est souvent, en accédant à la conscience politique et en
retournant contre les pays colonisateurs leurs propres valeurs, que ces mouvements, allaient
développer de la sympathie pour leur action dans les opinions métropolitaines.
Le coût des empires coloniaux [modifier]
La prise de conscience du coût élevé pour l'économie des empires coloniaux européens, qui
sera appelé plus tard complexe hollandais, a beaucoup pesé sur les puissances coloniales. En
effet, suite à la perte de l'Indonésie, les Pays-Bas ont connu un réinvestissement des capitaux
coloniaux dans leur économie ainsi que le redéploiement des dépenses publiques sur la
métropole néerlandaise. Il est ainsi apparu dès le milieu des années 1950 que la perte de
l'Indonésie, loin d'être une catastrophe pour l'économie néerlandaise, fut au contraire
favorable.
En France, Raymond Cartier (voir Cartiérisme), journaliste à Paris-Match, à la fin des années
1950, estimait que les colonies coûtaient trop cher, et qu'il valait mieux financer « la Corrèze
avant le Zambèze ». Il écrira :
« Le colonialisme a toujours été une charge en même temps qu'un profit, souvent une
charge plus qu'un profit. Dans les conditions et sous les servitudes politiques
actuelles, c'est plus vrai que jamais » (Paris-Match, 18 août 1956)
De Gaulle dira également de la décolonisation : « c'est un fait : la décolonisation est notre
intérêt et, par conséquent, notre politique ». On notera par exemple que la France dépensa
dans ses colonies, entre 1945 et 1960, deux fois le montant reçu des États-Unis au titre du
plan Marshall.
La thèse du « pillage » colonial est contestée, et il est notable que le développement récent du
capitalisme a exigé au contraire un abandon des colonies, un divorce à l’amiable entre les
deux parties. Si un des divorcés en a largement profité, la métropole, le cas du second est plus
nuancé.
La question "raciale", le cas français [modifier]
•
Jacques Soustelle, gouverneur général de l'Algérie en 1955, pensait qu'il fallait
transformer progressivement les Algériens en Français à part entière, allant même
jusqu'à proposer la fusion des économies algériennes et françaises, en considérant
l'Algérie comme la Bretagne ou la Lorraine et ses habitants comme des métropolitains.
•
Les reflexions de Jacques Soustelle ne furent pas prises en compte par le général De
Gaulle qui, lui, pensait qu'il ne s'agit que d'une utopie universaliste. De Gaulle voulait
la décolonisation en raison de l'impossibilité pour la France, selon lui, de pouvoir
assimiler les populations des colonies. Dans ses confidences à Alain Peyrefitte, il fut
très clair à ce sujet:
"Lorsque la monarchie ou l'empire réunissait à la France l'Alsace, la Lorraine, la
Franche-Comté, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex, ou le comté de Nice, on
restait entre Blancs, entre Européens, entre chrétiens [...]. Nous sommes quand même
avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de
religion chrétienne. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au
bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont arabes, les Français
sont français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de
musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante! [...]
C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns.
Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races [...]. Mais à condition qu'ils
restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France [...]. Si nous
faisions de l'intégration, si les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme
Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le
niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village [natale] ne s'appelerait plus
Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-deux-mosquées!"
•
Une des raisons qui ont conduit à la décolonisation était le refus des autorités des
métropoles à intégrer l'ensemble des populations colonisées lorsque la question s'était
posée.
Les intrigues des États tiers [modifier]
Le rôle de l'Allemagne et du Japon [modifier]
L'Allemagne, bien qu'ayant perdu toutes ses colonies après la Première Guerre mondiale fut
un acteur influent dans le processus de décolonisation. En participant à la surenchère
internationale que ces pays durent subir pendant la Seconde Guerre mondiale. Le régime nazi
tenta grâce à la radio de saper le moral et de créer des révoltes dans les colonies. Elle tenta de
se rapprocher des pays dominés par les alliés afin d'en obtenir des matières premières, et se
présenta de cette manière comme une amie des colonisés. En réalité Hitler dans Mein Kampf
avait clairement exprimé son mépris pour les colonisés arabes et indiens. Néanmoins la
propagande nazie participa au processus de décolonisation, car en proposant plus que les
métropoles, l'Allemagne encouragea les revendications à l'encontre des colonisateurs. Le
Japon fit de même dans le sud-est asiatique en soutenant les autonomistes locaux. Mais ces
derniers, après avoir accueilli favorablement les Nippons constatèrent rapidement le mépris
dans lequel ceux-ci tenaient les autres asiatiques. Néanmoins par la constitution de
gouvernements fantoches contre les Hollandais (aux Indes néerlandaises), contre les ÉtatsUnis (aux Philippines), contre le Royaume-Uni (en Malaisie et Birmanie) et contre la France
(au Viêt-Nam, au Cambodge, et au Laos), ils démontrèrent aux indigènes que les occidentaux
avaient cessé d'être invincibles.
Le rôle de l'Union soviétique [modifier]
Avec la conférence de Bakou, en 1920 déjà, les Soviétiques s'intéressèrent activement aux
problèmes de la décolonisation : ils assimilaient les colonisés au prolétariat, ceux-ci étaient
donc à libérer. Leur propagande portait, parce qu'ils apparaissaient comme sincères : après
tout, ils avaient eux-mêmes donné l'exemple en effectuant apparament leur propre
décolonisation par la voie de l'autonomie interne, alors que d'autres pays colonisateurs comme
la France en étaient bien loin. Leur appui à la décolonisation ne fut cependant pas illimité
après la mort de Lénine. En effet, deux thèses s'opposèrent alors, celle de Staline, pour une
consolidation de l'État soviétique, et celle de Trotsky pour une priorité à l'internationalisme.
C'est Staline qui l'avait emporté, et avait dès lors concentré ses efforts sur l'Europe.
Ce fut surtout après la mort de Staline (5 mars 1953) que l'URSS commença à soutenir les
indépendances, avec la guerre froide. L'URSS s'opposa alors dans les pays du tiers monde à
l'action des Américains. Il y eut une surenchère incessante entre ces deux pays pour obtenir le
plus large contrôle, et la plus grande influence possible dans ces pays.
Le rôle des États-Unis [modifier]
Les États-Unis se disent clairement anti-colonialistes, avec par exemple Franklin Roosevelt.
Symboliquement, Harry Truman lors de son discours sur l'état de l'Union de 1949 ouvrit l'ère
du développement (par opposition au sous-développement caractéristique des pays colonisés)
et prône l'aide. Après ce discours, le Congrès des États-Unis adoptera l'Act for international
development, et tant l'ONU que l'Europe créeront des institutions de coopération. Les
pressions et interventions américaine contribuérent notablement à la fin des empires
européens. Mais ce discours, s'il est porteur d'espoir, n'en est pas moins jugé par certains
comme paternaliste. De plus, il ne s'adressait qu'aux peuples pacifiques, c'est-à-dire
principalement aux pays non communistes.
Territoire des colonies 1898
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